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06/07/2009

Le président Sarkozy, Michelle Obama et le travail du dimanche.

Et revoilà la question du travail du dimanche ! Mardi 7 juillet, alors que les vacances scolaires sont engagées et que de nombreux Français se sont déjà transformés en touristes tandis que les autres attendent avec impatience leur tour de déposer « pioche et sacoche » (en fait, aujourd’hui, d’éteindre leur ordinateur et la lumière dans leur bureau…), les députés vont à nouveau plancher sur la question de l’ouverture des commerces le dimanche, véritable obsession du président Sarkozy.

 

Le dernier argument utilisé par le président me navre et est véritablement révélateur de son état d’esprit : « Nous sommes le pays au monde qui reçoit le plus de touristes, 80 millions de touristes à l’année. Est-ce qu’il est normal que le dimanche, quand Mme Obama veut avec ses filles visiter les magasins parisiens, je dois passer un coup de téléphone pour les faire ouvrir ? » Ainsi, le tourisme serait juste une activité commerciale, en particulier d’achats… J’avais l’idée que cela pouvait être l’occasion de se promener, de découvrir le patrimoine (et Paris, me semble-t-il, ne manque pas de musées, monuments, parcs, etc., sans compter les nombreuses animations artistiques, picturales ou musicales) et que, ma foi, les grands magasins pouvaient, ce jour-là, faire « relâche », donnant ainsi aux gens l’occasion de reposer leur porte-monnaie. Que soient ouverts, comme le prévoit la loi du 13 juillet 1906 sur le repos dominical (car, après tout, n’était-ce pas l’un des objectifs de cette loi, de rendre un peu de temps libre aux travailleurs, de « temps libre commun au plus grand nombre » plus exactement ?), un certain nombre de commerces des métiers de bouche, d’activités de tourisme patrimonial ou de services publics (de transports, policiers ou médicaux), n’est pas en soi une mauvaise chose, mais il est bon que cela reste des « exceptions » et non la règle : « banaliser le dimanche », en faire un jour comme un autre n’est pas sain ni juste, comme le rappellent dans le même mouvement le Prince Jean de France, la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens), mais aussi les socialistes et… les communistes !

 

D’autre part, je croyais que les lois s’appliquaient, en cette République cinquième du nom, à tous, y compris au Chef de l’Etat : mais apparemment, « un coup de téléphone » peut passer par-dessus les lois, et « le fait du prince » (pour autant que l’on puisse comparer M. Sarkozy à un « prince »… Bon, d’accord, je suis un peu  caustique…) semble indiquer que la séparation des pouvoirs, tant vantée (à tort, d’ailleurs) comme une marque de la démocratie, n’est qu’une formule facile et pas exactement appliquée, au grand dam des disciples de Montesquieu sans doute (dont je ne suis pas, je le rappelle).

 

Dernier point : que les centres commerciaux ou les magasins de luxe que Mme Obama voulait « visiter » (sic !) soient devenus les exemples mis en avant par le président Sarkozy me semble tout à fait révélateur de ce « pouvoir de classe » qu’est « devenue » (re-sic !) la République. Nulle démagogie ou gauchisme dans mon propos, mais une certaine colère devant ce triomphe visible des puissances économiques et ce règne de l’Argent et de la Consommation : il me semble que la vie ne peut se résumer à cela, ne doit pas se plier à cela, et que les vraies valeurs ne sont pas celles que l’on compte

 

Le temps où le dimanche ne sera plus qu’un jour ordinaire supplémentaire, il manquera à notre société cette pause qui permet de faire la différence entre une semaine et la suivante, tout simplement…