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04/05/2009

Ce 1er mai, à Paris...

J’étais à Paris dans l’après-midi du 1er mai, non loin du grand défilé syndical, et je profitais de mon passage dans la capitale pour glisser sous les vitrines des commerces des tracts monarchistes intitulés « La crise n’est pas une fatalité » et publiés par le Groupe d’Action Royaliste. J’en accrochais aussi quelques uns au pare-brise des voitures garées près du boulevard Saint-Germain, et quelques autocollants de l’Alliance Royale fleurissaient sur les lampadaires que je croisais… Après-midi ordinaire d’un militant royaliste !

 

Profitant de quelques rayons de soleil, je m’attardais ensuite à une terrasse de café, boulevard Saint-Michel, le titre de « L’Action Française » bien en évidence sur la table : « Contre les nouveaux privilégiés, une révolution royale ! ». Celui-ci m’a valu quelques regards étonnés tandis que, à quelques centaines de mètres de là, ma fidèle « roycomobile » subissait (sans que je le sache évidemment alors) la dégradation de sa décoration fleurdelysée par quelques mains indélicates…

 

En même temps que je sirotais mon café, j’écoutais les propos de mes voisins des tables proches, propos à la fois peu amènes à l’égard de M. Sarkozy, président qui, s’étant privé par son activisme du traditionnel fusible institutionnel qu’est généralement le premier ministre, focalise toutes les peurs et les ressentiments. La colère de mes voisins qui arboraient moult autocollants revendicatifs et partisans était à la fois sonore et… impuissante : en effet, ce qui m’a marqué, en cette heure de repos et d’écoute (le café est le parlement du peuple, disait Balzac, ce monarchiste subtil), c’est une sorte de fatalisme colérique assez étrange.

 

Je m’explique : ces manifestants avaient marché, hurlé, tempêté ; ils s’étaient réconforté au milieu d’une foule colorée qui semblait agitée du même souffle, de la même houle, et pourtant, ils semblaient ne rien en attendre de plus, comme s’ils avaient accompli un rituel nécessaire et ordinaire, et qu’ils savaient que, « demain, rien n’aura changé »… Fatalisme étonnant et même surprenant à l’heure où les médias posaient la question d’un possible « Mai 2009 » !

 

Cela ne laisse d’être inquiétant, d’une certaine manière, car cette absence apparente de débouchés politique à la colère pourrait bien entraîner, au-delà de la « fatigue démocratique » évoquée par Bruno Frappat il y a quelques années déjà dans « La Croix », de cruelles épreuves pour nos sociétés. Les syndicats, trop souvent décrédibilisés (à tort ou à raison, la réponse n’est d’ailleurs pas si simple), mais aussi les partis, semblent désormais incapables de canaliser le lit d’un fleuve populaire dont la colère bouillonne et pourrait bien effondrer les digues du système démocratique classique, au risque, peut-être, d’une désespérance nihiliste sans retour.

 

« Tout est possible », mais il n’est pas certain que cela soit toujours pour le meilleur… Néanmoins, l’erreur serait de croire qu’il ne peut pas, aussi, en sortir du bon : au-delà des inquiétudes que j’exprime ici, je ne peux m’empêcher de penser qu’ « une autre voie » est possible et que le rôle politique, historique, des monarchistes est de « savoir prendre le taureau par les cornes » et d’avancer, à visage découvert, sur ce terrain social dangereux mais susceptible de « belles renaissances ». Les colères d’un Georges Bernanos, les fortes raisons d’un Thierry Maulnier ou, plus proche de nous, d’un Bertrand Renouvin, les éternels combats d’un René de La Tour du Pin  ou d’un Albert de Mun, tout cela n’a pas été vain et peut fournir, sinon de simples arguments, l’état d’esprit nécessaire pour comprendre la question sociale et, encore plus important, pour pouvoir la traiter, sans démagogie mais avec détermination, dans le sens de la toujours nécessaire justice (justesse, aussi) sociale. Justice sociale sans laquelle il n’est pas de société équilibrée et apaisée. Justice sociale que la République, celle issue du Fouquet’s et du règne des Nicolas Fouquet, semble négliger, particulièrement à la tête de l’Etat qui, pourtant, devrait être, sinon toujours exemplaire, du moins digne et arbitrale, protectrice des citoyens face aux excès de l’Economie sauvage.

 

Firmin Bacconnier, ce royaliste social aujourd’hui (à tort) bien oublié, résumait ses espérances par la formule : « La Monarchie sera populaire, ou elle ne sera pas ! ».

 

Les monarchistes n’ont pas vocation à sauvegarder les prébendes de ceux qui ont oublié leurs devoirs sociaux. Ni à tomber dans le piège égalitariste tout aussi scandaleux et, l’histoire l’a maintes fois prouvé, souvent malfaisant et terrible. Mais il leur appartient de rappeler que, comme le clame « La Royale », ce vieux chant royaliste d’Action Française : « le roi, seul fort, protégeait les petits ».

 

Un manifestant du 1er mai, voyant le titre « Une révolution royale ! » près de ma tasse presque vide, hocha la tête avec un sourire un peu las, semblant me dire silencieusement : « Après tout, pourquoi pas ? »… Sur le bitume parisien, le parfum d’une espérance, celle de Senlis…

02/05/2009

Jean, notre prince.

Samedi 2 mai est célébré le mariage religieux du prince Jean d’Orléans, Dauphin de France de jure, avec Philomena de Tornos, en cette même ville de Senlis qui a vu les débuts de la dynastie capétienne en 987, par l’élection du roi Hugues Capet… Faut-il y voir un de ces intersignes chers à Léon Daudet ?

 

Je ne serai malheureusement pas à Senlis ce jour-là, mais je fêterai à ma manière cet événement princier qui annonce, peut-être, d’autres bonheurs, dont celui de la naissance d’un héritier (ou héritière, car je ne suis pas hostile à l’idée d’une reine au sens politique…) qui poursuivra la lignée et incarnera, un jour à son tour, la continuité dynastique.

 

En 1987, j’avais assisté à Amboise à la cérémonie organisée par le défunt comte de Paris pour titrer Jean d’Orléans de « duc de Vendôme » : nous avions pu, avec mes amis bretons, approcher les princes venus se mêler simplement à la foule après la cérémonie pendant laquelle le prince avait prononcé quelques mots qu’il n’est pas inutile de rappeler : « Servir, ce beau mot de la langue française, a toujours été mis en honneur dans notre Maison qui a partagé, dans les épreuves comme dans les heures de paix et de faste, l’existence de ce peuple de France auquel, depuis mille ans, nous n’avons cessé d’appartenir ».

 

En fait, si les jeunes princes étaient sous les feux des projecteurs, c’était bien le patriarche, le comte de Paris, qui organisait et tenait les choses en main, tandis que le prince Jean et son frère Eudes suivaient timidement leur grand-père. Si le comte de Paris, malgré toutes ses espérances et tous ses efforts, n’a pas réussi à conquérir la tête de l’Etat, il avait pourtant toute l’autorité et tout le charisme d’un Chef de l’Etat, et cela était bien visible alors.

 

Quelques années après, Pierre Pujo et moi nous sommes entretenus avec le prince Jean pour le compte de « L’Action Française ». Ce qui m’avait favorablement impressionné lors de cette rencontre avec le prince, dans son petit appartement situé à deux pas du palais de l’Elysée, c’était son écoute et sa curiosité : lorsque je lui avais dit que j’étais professeur d’histoire dans une ville de la banlieue parisienne, il m’avait alors posé de multiples questions sur l’enseignement, ses difficultés, ses qualités… Sa curiosité n’était pas feinte et marquait son envie de savoir, de comprendre notre société et ses acteurs, divers dans leurs professions comme dans leurs convictions. Je m’étais alors lancé dans une longue explication, dont il ressortait, en somme, que l’école vivait une crise de confiance et d’autorité, qu’elle avait du mal à trouver sa place dans la société de consommation et de loisirs, et qu’elle souffrait de la concurrence des nouveaux médias, etc. Ainsi, alors que j’étais venu pour l’interroger, le prince Jean avait renversé les rôles et sa modestie et son attention m’avaient confirmé dans mon impression qu’il était « le » prince que nous attendions, nous les royalistes, pourtant perpétuellement insatisfaits et trop souvent critiques à l’égard d’une Maison de France que nous voudrions voir plus remuante…

 

Les années ont passé, ma fidélité n’a pas varié : elle est tout autant politique que sentimentale, et c’est très bien ainsi ! Ainsi, à défaut d’être physiquement présent sur le parvis de la cathédrale de Senlis ce 2 mai, j’y serai au moins par le cœur et l’esprit.

 

Senlis, « cent lys » : Noël pour la Maison de France !