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30/07/2012

L'hypocrisie socialiste à propos des délocalisations.

La décision du Syndicat des transports d'Ile-de-France de confier son contrat de plate-forme téléphonique à une société basée au Maroc a montré les contradictions, voire peut-être pire, de socialistes qui, désormais, cumulent tous les pouvoirs politiques, exécutif comme législatif, de l'Etat aux régions, et n'ont plus l'excuse d'un gouvernement de Droite qui pourrait les gêner... C'est aussi la démonstration que cette Gauche-là a les mêmes fondements idéologiques sur le plan économique que la Droite libérale précédemment au pouvoir : ce qui leur importe, à l'une comme à l'autre, ce n'est pas exactement la qualité du service ou le maintien de services publics locaux ou nationaux, mais bien la rentabilité, voire la profitabilité dans le sens le plus capitaliste du terme. Après tout, ce n'est pas une opinion forcément condamnable mais c'est une idéologie néfaste, en particulier pour ceux qui travaillent mais aussi pour l'environnement, les uns et l'autre étant ainsi trop facilement sacrifiés à des intérêts financiers et à cet alibi fourre-tout de la lutte contre les déficits... Bien sûr, ceux-ci existent et posent problème mais leur nécessaire réduction ne doit pas se faire au détriment des intérêts sociaux, nationaux et environnementaux.

 

L'argument principal du président socialiste de la région d'Ile-de-France, M. Huchon, est celui du « strict respect du Code des marchés publics », consolidé par celui de « l'offre la mieux disante », c'est-à-dire la moins coûteuse : il est vrai que l'offre du prestataire basé au Maroc est alléchante puisque le coût du travail horaire y est moitié moins élevé qu'en France et que la flexibilité des horaires y est maximale, avec un minimum de droits syndicaux et sociaux... « L'offre la mieux disante », selon l'expression employée par M. Jean-Paul Huchon, est donc celle qui, en définitive, est « la moins disante » sur le plan strictement social et évidemment sur le plan national et local ! Car, en définitive, cette décision menace 80 emplois en France, au moment même où le chômage explose littéralement et que certains annoncent 180.000 chômeurs de plus d'ici l'hiver prochain !

 

La réaction, justifiée, du ministre du Redressement productif, M. Montebourg, d'en appeler à reconsidérer cette décision, est fortement critiquée au sein même du Parti socialiste et paraît peu soutenue par le président François Hollande qui explique doctement qu'il n'est « pas favorable à une surenchère protectionniste » même s'il en appelle (cela ne mange pas de pain...) à l'attention des responsables publics sur la question de l'emploi en France... Ainsi, si je comprends bien l'actuel président, le fait de préférer sauvegarder des emplois en France plutôt que de contredire les règles d'un libre-échange rendues encore plus inégales par la mondialisation, serait la marque d'un « protectionnisme » visiblement considéré comme un « mal absolu » par ceux qui nous gouvernent... Alors qu'il aurait fallu rappeler la volonté du politique de ne pas laisser l'économique détruire l'équité sociale, M. Hollande, à rebours de ce que n'avait pas hésité à faire Outre-Atlantique Franklin Delano Roosevelt, préfère rester dans une logique qui privilégie l'Argent à l'Humain... D'ailleurs, dans la rage de déconstruction législative qui a agité la majorité socialiste au mois de juillet, certains aspects les plus condamnables de la politique sarkozienne ont été étrangement préservés, en particulier sur l'ouverture dominicale des grands magasins, et il n'y a même pas eu d'annonce sur ce sujet pourtant important... Il faudra pourtant bien rouvrir le débat et pas seulement au seulement au seul bénéfice des consommateurs !

 

Dans son édition du lundi 30 juillet 2012, le quotidien économique « Les échos »rappelle qu'un ancien ministre de l'Intérieur, en 2010, avait déclaré que « l'introduction d'un critère de préférence locale dans le Code des marchés publics est impossible car elle constituerait une méconnaissance des règles communautaires [européennes]», ce que confirme l'un des administrateurs du STIF, Philippe Sainsard, qui explique aussi que « nous ne pouvons pas tenir compte de la localisation d'un prestataire », car les lois européennes et celles de l'OMC ne l'autorisent pas : ainsi la dictature du libre-échange, à travers l'Union européenne et ses institutions politiques et judiciaires, a, avec un tel renoncement, de beaux jours devant elle !

 

M. Montebourg a beau se battre contre une telle logique de l'abandon social, il me paraît bien isolé au sein d'un gouvernement et d'un Parti socialiste gagnés, l'un et l'autre depuis fort longtemps, par l'idéologie d'un libre-échange mondial (baptisé « mondialisation » pour tant de nos concitoyens) qui se moque bien des protections sociales ou des frontières nationales.

 

Au regard de cette République si peu protectrice de la France quand, dans le même temps, elle contraint fiscalement de plus en plus les ménages et, surtout, les classes moyennes encore solvables, il est temps de réfléchir au moyen politique institutionnel de remettre l'économique à sa place qui, si elle ne doit évidemment pas être méconnue ou négligée, ne doit jamais être la première dans une société digne de ce nom...

 

 

 

25/07/2012

Industrie automobile.

 

Les plans sociaux de PSA étaient malheureusement prévisibles, et la campagne électorale présidentielle n'a fait que retarder l'échéance, pour des raisons facilement compréhensibles : les multinationales savent qu'il est « maladroit » d'annoncer des mesures qui portent atteinte à l'emploi au moment où les candidats rivalisent parfois de démagogie pour se faire élire ou engranger le maximum de voix pour peser sur la scène politique, voire ministérielle.

 

 

Mais l'élection est faite depuis plus de deux mois, confirmée par les législatives de juin, et M. Hollande dispose d'un quinquennat pour mener sa politique et en montrer la pertinence ou, au contraire, en démontrer l'impuissance.

 

 

Ainsi, l'annonce de PSA de supprimer 8.000 emplois apparaît-elle comme l'occasion de soumettre au jeu cruel de la vérité le gouvernement social-démocrate et son ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg (peut-être moins libéral que nombre de ses confrères gouvernementaux...) : que va faire, que peut faire ce gouvernement ? Le politique, à travers l'Etat, est-il encore en mesure de s'imposer à l'économique ? Ce ne sont pas des questions anodines et les réponses nous intéressent au plus haut point.

 

 

Précisons d'abord notre position à l'égard de ce gouvernement : s'il m'apparaît comme beaucoup trop conformiste (entre libéralisme économique et social-démocratie moralisatrice et impolitique, entre européisme affirmé et fédéralisme [européen] inavoué), je crois discerner en M. Montebourg un politique avisé, un serviteur honnête de l'Etat (on eut dit jadis, sans dévalorisation aucune, un « bon commis de l'Etat »), et un patriote certain, soucieux du Bien commun français : au sein d'un gouvernement comme celui de M. Ayrault, sa tâche n'est pas forcément facilitée et beaucoup, dans le camp socialiste, espèrent ou prédisent son échec pour mieux décrédibiliser ses idées sur la primauté nécessaire du politique sur l'économique et ses velléités démondialisatrices exprimées lors de la primaire du Parti socialiste à l'automne dernier.

 

 

En tout cas, quelles que soient les annonces faites pour tenter de préserver les emplois dans l’industrie automobile en France, il va bien falloir passer à la vitesse supérieure, si je puis me permettre l’expression, et sans doute changer de modèle, non pas seulement social comme le voudraient les « experts » et autres partisans du libéralisme actuel, mais aussi et surtout économique et, au-delà, écologique : cela soulève beaucoup de questions et, ne nous leurrons pas, de problèmes… Celui qui croirait que les mesures gouvernementales pourraient tout sauver se trompe, mais celui qui hausserait seulement les épaules en refusant de penser au-delà d’une « logique économique » qui s’avère destructrice d’emplois, serait coupable d’une situation sociale qui pourrait mener à des catastrophes humaines difficiles à résoudre. Mieux vaut prévenir que guérir, dit-on, et l’on a raison !

 

 

L’avenir est à de nouveaux modes de circulation, sans doute moins individualistes et, en tout cas, moins énergivores et moins polluants. Mais amorcer dès maintenant la révolution énergétique pour le secteur de la locomotion passe certes aussi par le développement de transports électriques ou à gaz, mais surtout par le développement de la maîtrise des énergies renouvelables et non-polluantes, recherche entamée au… XIXe siècle mais abandonnée sous la pression des producteurs de pétrole, reprise lors des grandes crises et guerres (la Seconde guerre mondiale a aussi été l’occasion de multiples inventions dans ce secteur, inventions souvent négligées une fois la prépondérance pétrolière rétablie par les Etats-Unis…) et source de multiples pistes qui mériteraient d’être rouvertes… La bataille industrielle se gagnera aussi par le développement d’une Recherche forte et décomplexée, que l’Etat peut favoriser et, si besoin est, orienter vers ses propres objectifs nationaux et internationaux.

 

 

D’autre part, il faut bien que l’Etat reprenne ses marques dans le secteur automobile français et, pourquoi pas, y dise son mot, y compris par le biais d’une intervention directe si nécessaire, intervention temporaire et réfléchie, néocolbertiste, loin de toute cette frénésie législative actuelle qui apparaît bien brouillonne ! Au-delà de la commande de véhicules électriques pour le parc automobile administratif français, il faut penser à une politique d’aménagement du territoire qui, au lieu de tout centrer sur les métropoles et les réseaux de ville à ville, permette des flux transversaux et favorise la fluidité au sein des territoires ruraux comme urbains et rurbains : la disposition et la richesses de nos territoires sont autant d’atouts qu’il serait bon d’exploiter plutôt que de poursuivre sur la voie de l’encombrement citadin et de la métropolisation sans limites ! Dans ce cadre-là d’une nouvelle politique de l’aménagement du territoire, le rôle des voitures et des camions pourrait bien être redéfini, et revalorisé dans un sens positif et… moins encombrant !

 

 

En tout cas, dans l’urgence, il appartient à l’Etat de défendre les emplois dans le secteur automobile français, à PSA comme à Renault, mais sans oublier que c’est en voyant plus loin que le seul lendemain que l’industrie automobile et de la locomotion en général a des chances de survivre et de prospérer en France

 

 

En France, ce ne sont pas les idées ou les possibilités qui manquent, mais le plus souvent, d’une part la volonté politique, d’autre part, le long terme… Il est vrai que la France est en République… temporairement, faut-il souhaiter, ne serait-ce que pour le secteur industriel et ses ouvriers…

 

 

 

L'amitié franco-allemande (bis).

 

Le journal L'Action Française a publié il y a quelques jours un article que j'avais rédigé pour mon blogue et que j'ai, à la demande de la rédaction de l'AF, complété de quelques phrases supplémentaires... Voici, donc, cette nouvelle version sur les conditions de l'amitié franco-allemande, avec les titres et intertitres rajoutés par le journal.

 

 

Paris et Berlin : les conditions de l'entente.

 

Cinquante ans après la réconciliation franco-allemande, Jean-Philippe Chauvin rappelle les conditions d'un partenariat équilibré : une France assez forte pour maîtriser la tentation hégémonique de l'Allemagne éternelle...

 

L'amitié franco-allemande est un bienfait, même si elle n'est pas toujours un fait avéré, en particulier en ces temps de crise et de cartes rebattues en Europe (ce qui n'est pas, en soi, nouveau...), et il est bon que la France et l'Allemagne, à travers leurs dirigeants respectifs aient rappelé, en ce dimanche 8 juillet, le cinquantenaire de cette amitié née d'abord de la rencontre de deux grandes et fortes personnalités qui, l'une et l'autre, connaissaient leur histoire et savaient la force des symboles et des gestes, le général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer.

 

Deux êtres de chair et de sang

 

Autant les actes fondateurs de la construction européenne, de la création de la CECA (en 1951) au traité de Rome (en 1957) apparaissaient comme des textes sans âme, trop technocratiques pour susciter autre chose qu'un enthousiasme froid, artificiel, autant la rencontre de deux êtres de chair et de sang, enracinés dans des histoires nationales parfois douloureuses et sanglantes, au cœur d'une ville qui fut celle du sacre des rois de France avant d'être la martyre symbolique de la guerre de 1914-1918, a marqué les esprits : l'amitié franco-allemande s'incarnait à ce moment précis où de Gaulle et Adenauer se recueillaient en la cathédrale, en appelant d'une certaine manière (et le choix du lieu n'était sans doute pas anodin) à une légitimité supérieure pour sceller ce « pacte » entre les deux adversaires de la veille...

 

Sans cette incarnation, l'amitié franco-allemande aurait-elle été autre chose qu'un voeu pieux porté par des gens raisonnables et sérieux, sortes de « cornichons sans sève » tels que les moquaient Bernanos dans les années 30-40 ?

 

L'amitié n'est pas la compromission, elle est parfois la rude franchise de gens différents (elle est exigeante pour être vraie), et il est bon de savoir garder sa liberté (qui n'est pas l'isolationnisme...) à l'égard de ses propres amis pour, parfois, mieux les sauver d'eux-mêmes ! D'ailleurs, de Gaulle n'a pu initier cette amitié franco-allemande que parce qu'il l'appuyait sur deux nations différentes et décidés à s'entendre plutôt que sur des cadres techniques ou des zones économiques désincarnées ou anhistoriques, ce que n'avaient pas compris les Monnet et autres Schuman qui, il faut bien le rappeler, n'ont guère fait avancer, concrètement et sentimentalement (sans doute le plus important dans cette histoire), la réconciliation entre les deux pays issus de la division ancienne, par le traité de Verdun de 843, de l'empire carolingien.

 

Suprématie allemande

 

Aujourd'hui, l'Allemagne est la principale puissance économique de l'Union européenne et elle se verrait bien comme directrice des destinées européennes : il n'est pas sûr que cela soit souhaitable ni même convaincant. Seule et trop sûre d'elle-même au point d'en oublier ses devoirs en Europe, l'Allemagne risquerait de se perdre dans un rôle trop grand pour elle : au contraire, dans une alliance forte avec la France, l'Allemagne inquiète moins et limite ses ambitions propres en les ordonnant au bien commun européen, qu'il s'agit parfois encore de définir pour éviter tout malentendu sur le continent.

 

L'amitié de la France et de l'Allemagne est un bienfait, disais-je, mais elle n'est pas la seule amitié que la France doit entretenir en Europe et au-delà : celle-ci ne pourra être l'amie des autres puissances qu'en maintenant et renforçant sa propre puissance, nécessaire pour que les liens qu'elle a noué et qu'elle peut nouer encore avec d'autres, soient eux-mêmes solides. Et c’est aussi en « faisant de la force » que la France pourra concrètement peser sur les choix que feront ses partenaires, et non en voulant s’abandonner dans des constructions chimériques ou en brandissant de grands principes pour mieux ensuite les renier, faute de moyens pour les faire respecter.

 

Piège fédéraliste

 

M. Hollande saura-t-il relever le défi ? En tout cas, il lui faudra éviter le piège fédéraliste dans lequel Mme Merkel voudrait l’entraîner : car l’Europe fédérale qu’évoque Mme Merkel ne serait rien d’autre qu’un fédéralisme « à l’allemande », déséquilibré au profit d’un pays qui se voudrait le fédérateur suprême, l’Allemagne… Lorsque Maurras expliquait qu’il n’y avait pas de fédération sans fédérateur, il avait touché du doigt (et de l’esprit) l’une des constantes de l’histoire des sociétés et des peuples : l’amitié franco-allemande ne doit pas être la condescendance d’un Etat envers l’autre mais un lien réciproque et assumé.

 

Les mois qui s’annoncent encore chauds (malgré la météo…) pour la zone euro et l’Union européenne seront déterminants pour la suite et les formes de l’amitié franco-allemande : il n’est pas certain, en tout cas, que les institutions françaises et son actuel président, dernier fruit de celles-ci, soient à la hauteur de l’enjeu…