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18/11/2007

Epargne environnementale...

La semaine qui vient de s’écouler ne m’a guère laissé de repos, au regard de l’actualité politique comme de mes activités professionnelles et personnelles : alors que le pays s’enfonçait dans la grève des transports et dans les rigueurs d’un automne froid, j’étais, pour la première fois depuis 6 ans, inspecté au lycée lors d’une séance d’éducation civique, juridique et sociale (ECJS), au jour et à l’heure même des obsèques de Pierre Pujo. J’avais choisi comme thème « Citoyenneté et environnement » et, au-delà de l’état des lieux de la planète, j’avais demandé aux élèves de calculer leur empreinte écologique et de réfléchir à des moyens de diminuer leur impact sur l’environnement, en tenant compte du « rétrécissement de la planète » provoqué logiquement par la poussée démographique des pays du Sud, pourtant en décélération de croissance des populations.

 

En faisant ce calcul, les élèves ont pu constater que notre mode de vie consumériste n’était plus adapté aux enjeux environnementaux et que si tous les habitants du monde vivaient comme eux, il faudrait au moins prévoir deux planètes supplémentaires, ce qui n’est évidemment pas possible.

 

Les propositions faites pour diminuer leur impact sur l’environnement, si elles étaient fort intéressantes et parfois très astucieuses, suffiront-elles ? Sans doute non si elles ne sont mises en pratique que par nos quelques dizaines d’élèves qui ont suivi ces séances d’ECJS. Mais il n’est pas interdit d’imaginer que l’Etat français, grand ordonnateur et organisateur du « Grenelle de l’environnement », va donner l’exemple aux citoyens comme à d’autres pays pour faire du « souci environnemental » une préoccupation de chacun, non pas dans une optique d’ « écologie punitive », mais dans une pensée de durabilité et de prévention, de préparation de l’avenir que chacun souhaite à ses descendants. Le souci environnemental ne doit pas être une mode mais une politique et une pratique de vie, non pas axées sur la gêne ou la seule contrainte (il faudra sans doute en passer par quelques mesures peu populaires dans l’Opinion), mais sur la prise de conscience qu’il n’y a d’avenir que pour les sociétés qui « épargnent » (au sens de l’écureuil…) intelligemment les ressources de notre planète, renouvelables ou non.

 

16/11/2007

Produit en France.

En économie comme en politique, il n’y a pas de fatalité et l’actualité nous en donne encore des exemples récents : le fabricant Vuarnet, contrairement à de nombreuses marques, a décidé de rester en France pour fabriquer ses lunettes de sport et il a même ouvert la semaine dernière une nouvelle usine à Arbent, dans l’Ain. Comme le signale « La Croix » dans son édition du 8 octobre, « ce choix (…) mérite d’être salué. Bien des marques de luxe n’ont aucun scrupule à faire fabriquer à très bas coût en Extrême-Orient pour vendre à prix d’or dans des boutiques très cossues. Vuarnet cependant n’agit pas seulement par sens moral ou civique. Fabriquer en France est l’assurance d’une grande qualité des produits, d’économies sur les coûts de transport et de protection contre les risques de pillage des secrets de fabrication ».

En quelques mots sont évoquées les qualités d’une fabrication et d’une vente « au plus près », en France : il faut aussi, en ces temps de « Grenelle de l’environnement », souligner l’intérêt d’une proximité entre le lieu de production et celui de consommation, car c’est tout autant de CO2 en moins rejeté dans l’atmosphère, et cela devrait engager à ouvrir d’autres chantiers comme, par exemple et sans tomber dans ce seul paradigme mais en l’exploitant intelligemment, celui de la « relocalisation » de certaines activités industrielles ou, même, agroalimentaires. En effet, est-il normal de délocaliser des entreprises au risque d’entraîner des mises au chômage dans notre pays et la perte de savoirs faire parfois ancestraux, tout cela pour le bénéfice de quelques rentiers actionnaires ou des retraités états-uniens ?

Comme on le voit, produire au maximum ce que l’on consomme en France, loin d’être une simple maxime « nationaliste », est aussi un devoir écologique tout comme il est une garantie de voir respectées des règles sociales « oubliées » dans de nombreux pays du Sud qui ne s’embarrassent pas de considérations morales sur la condition ouvrière. Certains rétorqueront que cette pratique économique nous fermerait les marchés étrangers : mais cela est moins certain si la qualité française reste une référence (et une obligation) et si nous en faisons un point fort de notre « carte de visite ». D’autre part, il est des productions, en particulier agroalimentaires, qui sont attachées à nos terroirs et qu’il s’agit de promouvoir auprès de consommateurs français aujourd’hui plus sensibles à une nourriture de qualité et plus « naturelle ».

Bien sûr, cela remet en cause certaines habitudes prises depuis quelques décennies, mais notre pays comme ses citoyens y ont tout à gagner.

13/11/2007

Commémorer...

Il est des moments où je suis moins attentif à l’actualité immédiate, malgré mon écoute radiophonique et ma lecture des journaux, toutes deux quotidiennes : la mort de mon vieil ami Pierre Pujo à la veille du 11 novembre, juste le lendemain de la commémoration de celle du général de Gaulle (qu’il n’appréciait guère) m’a distrait de suivre le fil des événements. Cette « suspension de l’attention » m’a permis de flâner au long des années passées, au fil d’une mémoire qui parfois se fait oublieuse ou, au contraire, douloureuse : que de souvenirs, d’espérances, de visages dont beaucoup, désormais, se perdent dans une sorte de brume qui voilent les contours ou les obscurcissent…

La commémoration de l’Armistice de 1918, en un dimanche venteux où le ciel hésitait entre le gris acier et le bleu léger, coïncidait étrangement cette année avec cette remontée des souvenirs personnels mais aussi avec la bousculade des « événements » professionnels et l’annonce d’une inspection pour le jour même, à l’heure exacte, des obsèques de Pierre Pujo : Léon Daudet y aurait sûrement vu un « intersigne » mais je ne vois pas exactement encore quel sens lui donner…

En tout cas, la cérémonie du 11 novembre, pour laquelle j’avais invité mes élèves à se motiver, par égard et reconnaissance envers ceux qui, il y a tant de décennies déjà, se sont battus, ont souffert et sont souvent morts, a été un moment fort de recueillement et de mémoire, et la présence massive de jeunes était un bel hommage à cette génération foudroyée sur les champs de bataille de la Somme ou de Champagne. Les poèmes composés et lus par des élèves du lycée Hoche étaient simples et beaux, et mon ami Sébastien Lapaque, un ancien du lycée aujourd’hui écrivain et journaliste, semble les avoir appréciés, en particulier dans leur esprit. En cette heure de commémoration, il ne s’agit pas de se laisser dominer par la seule émotion mais d’en apprécier la valeur symbolique, de mesurer combien ces moments sont aussi fondateurs pour les jeunes générations et rappellent ces liens mystérieux au-delà des temps qui nous permettent d’être ce que nous sommes, libres héritiers des héritages passés, parfois critiques (« la vraie tradition est critique », affirmait avec raison Maurras), jamais prisonniers… Ceux qui font du passé un « devoir de mémoire » en oublient le nécessaire dépassement, non pour trahir mais pour poursuivre l’histoire : notre pays a encore tant à dire…

La sonnerie aux Morts retentit et je revois quelques photos de ceux qui ne sont pas revenus : Léon de Montesquiou, Henri Lagrange, Augustin Cochin, ces royalistes « couchés froids et sanglants » évoqués par Maurras dans ce livre nécrologique que, presque rituellement, j’ai toujours dans mon sac en ce jour du Souvenir et qui s’intitule le plus simplement possible « Tombeaux » ; Charles Péguy et tous ceux que je ne connais pas ; « les miens », mon arrière grand-père, le lieutenant François Mauxion, porté disparu en 1915, l’aviateur Monnier qui a son monument à l’entrée du cimetière de Saint-Brieuc ; je pense aussi à ceux qui sont revenus : mon grand-père maternel, Marcel Lechaptois, qui a si profondément marqué ma petite enfance, l’oncle Lesaige dont j’ai encore dans l’œil le grand tableau où il pose en uniforme chamarré et qui trônait dans la pièce « coloniale » de sa maison de Rennes… Ils forment ce panthéon de ma mémoire historique, celui qui débouche, en d’autres noms et visages, sur les allées de ma propre mémoire, intime, celle qui s’éteindra avec moi mais en laissant quelques traces en d’autres panthéons intimes, en d’autres personnes. « Mort, où est ta victoire ? » : la mémoire dépasse nos vies, elle se transmet tant qu’il y a des héritiers pour la recevoir…