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12/11/2007

Pierre Pujo, royaliste (1929-2007).

C’est ce samedi midi que j’ai reçu le message téléphonique m’annonçant la mort de Pierre Pujo, « l’éternel directeur » de L’Action Française : une page de l’histoire du royalisme venait, dans la nuit, de se tourner, et cette triste nouvelle faisait remonter à la surface bien des souvenirs, ceux de mes 27 ans de militantisme, de discussions et de débats acharnés, d’engueulades parfois et de désaccords certains, mais aussi d’espérances et de bons moments au sein de la « famille d’Action Française » : Pierre Pujo, s’il agaçait parfois, avait au moins cette qualité d’être fidèle à ses engagements, pour la France (et son outre-mer) et pour le Roi, et de n’en avoir pas varié, malgré les ingratitudes et les vicissitudes…

Je l’avais lu pour la première fois, perché sur mon vélo, dans une rue de Saint-Lunaire, en la fin du mois de juillet 1980, et c’était un article sur Mayotte, cette île de l’Océan indien qui avait, contre le « sens de l’Histoire », voulu rester française, envers et contre tout. Dans les années 80, certains se moqueront de cet acharnement à défendre la « France du grand large » dont il gardait tant de souvenirs dans son bureau de la rue Croix-des-petits-champs. Et pourtant ! Son amour pour la France était un amour complet et ne se limitait pas à l’hexagone ; il avait fait sienne la maxime de Jacques Bainville : « La France est un composé », ce qui lui valait les railleries des ethno-nationalistes, souvent européistes, qu’il a toujours combattu au nom d’un nationalisme qui refusait le racisme.

J’ai encore dans l’oreille les derniers échanges que nous avions eu, il y a quelques semaines, autour du souverainisme que j’avais, selon lui, tendance à sous-estimer : c’était un vendredi soir et je le vis partir des locaux de cette Action Française pour laquelle il avait donné depuis tant d’années toutes ses énergies, parfois de façon maladroite mais toujours sincère, sans penser un instant que je ne le reverrai plus vivant.

Cet après-midi, les yeux de mes vieux amis, de mes compagnons d’espérance monarchique, étaient rougis par l’émotion : Michel, Nicole, Les frères Castelluccio,… ils étaient là, dans ces bureaux du journal, d’ « Aspects » comme nous disions jadis. La relève aussi était là, discutant gravement et rédigeant les communiqués pour la presse. Etrange ambiance, tandis que les téléphones ne cessaient de sonner…

J’avais cherché en vain dans les kiosques du Quartier latin un numéro de « L’Action Française » à acheter : je voulais reproduire ce geste fait tous les jeudis de mes années de terminale, et déployer, comme une bravade ou comme une bannière, ce journal qui avait accompagné ma jeunesse. Mais j’en saisissais un exemplaire en partant des locaux de la rue Croix-des-petits-champs et arpentais les rues du Quartier avec ce trophée en main, à la grande surprise de quelques badauds pour qui le titre n’était sûrement pas inconnu… C’est à la terrasse du « Danton », ce café qui me tient lieu de QG quand je suis à Paris, que je relisais les derniers éditos de Pierre Pujo, comme un dernier hommage à ce vieux combattant de la Cause royale au cœur de ce Paris intellectuel et bruyant.

Mais la vraie fidélité à sa mémoire, c’est d’abord de ne pas cesser de clamer la nécessité de la France et des institutions susceptibles de la pérenniser. C’est une fidélité critique mais vive, en espérant, non pas seulement mourir royaliste, mais vivre, demain ou après-demain, en Monarchie, comme l’aurait souhaité Pierre.

10/11/2007

La Commission européenne contre les pêcheurs.

La Commission européenne vient de déclarer que les aides annoncées par le président Sarkozy aux pêcheurs du Guilvinec étaient « incompatibles avec la réglementation européenne » parce qu’elles seraient en contradiction avec les conditions de la libre concurrence… En somme, pas de solidarité nationale possible parce que les lois du Marché ne souffrent aucune remise en cause : ainsi, meurent les pêcheurs bretons pourvu que les règles du libéralisme économique soient respectées… Cette logique terrible, qui ne souffre visiblement aucune exception, me révolte et m’enrage : doit-on l’accepter sans coup férir ? Sûrement pas, et il ne me choque pas, de fait, que la colère des pêcheurs sacrifiés à la logique d’un libéralisme oublieux des hommes se transforme en une violence contre les symboles d’une Union Européenne qui se moque des peuples : que brûlent des drapeaux bleus étoilés, ces chiffons du « désordre établi » selon l’expression du personnaliste Emmanuel Mounier, ne serait que la réponse logique à la violence froide, légale et réglementaire d’une Commission arrogante et si peu humaine.

 

Mais cela ne sera qu’une vaine révolte si elle ne cherche pas une expression politique qui soit aussi « fondatrice » et pose les bases d’une nouvelle politique d’Etat, affranchie des oukases du « tout-économique » et susceptible de garantir les droits sociaux des citoyens et des travailleurs. En somme, le combat à mener est un combat tout à la fois « indépendantiste français » et « social » : il me semble que, loin d’être inutile ou retardataire, ce combat est une nécessité, tournée vers une conception de l’avenir qui ne se replie pas sur une conception étriquée et fataliste d’une Europe-carcan mais bien plutôt sur l’ambition d’une France libre au sein d’une grande Europe confédérale, de cette « maison » qui comprend aussi la Russie et ne raisonne pas en simples termes comptables… Je suis bien certain que c’est un langage que ne peuvent pas comprendre les « nains de Bruxelles », ces eurocrates pour qui j’éprouve un mépris qui n’a rien de feint…

 

Il y a quelques années, j’avais avancé, dans deux articles parus dans « L’Action Française », des propositions concrètes et réalistes pour assurer l’avenir et la pérennité de la pêche française : je garde espoir, aujourd’hui encore, qu’il est possible de faire vivre cette activité, en particulier sur nos côtes bretonnes. Mais il semble bien que la Commission européenne soit désormais un obstacle à cette politique de sauvegarde de la pêche artisanale… Une nouvelle chouannerie des gens de mer pourrait bien voir le jour contre une Commission européenne trop libérale pour être vraiment humaine…

 

08/11/2007

Essence.

Le prix de l’essence ne cesse d’augmenter et c’est en somme assez logique si l’on suit les règles du Marché, puisque la demande en pétrole, en particulier des puissances émergentes, continue d’exploser tandis que les découvertes de nouveaux gisements d’or noir, elles, sont insuffisantes pour assurer l’avenir des approvisionnements au-delà de quelques années.

De nombreux consommateurs français réclament la baisse des taxes de l’Etat sur les carburants ou le rétablissement de la TIPP flottante, suivis en cela par un Parti Socialiste qui cherche à récupérer les mécontentements qui montent dans le pays. Mais sans doute faudrait-il rappeler à M. Hollande que la politique n’est pas la simple satisfaction de l’Opinion consumériste mais l’art de prévoir et prévenir, d’agir aujourd’hui pour le lendemain que l’on souhaite à son pays, de ne pas céder aux tentations de la facilité pour, au contraire, montrer l’exemple aux citoyens… Non, il ne faut pas baisser les taxes, solution à court terme : ce serait donner un mauvais signal aux consommateurs en remettant à plus tard les nécessaires remises en cause de notre mode de consommation et les changements qu’il faut dès maintenant initier pour affronter l’avenir et la diminution des ressources énergétiques fossiles, non renouvelables à échelle humaine.

Pour une fois, Mme Christine Lagarde, ministre de l’économie et des finances, malgré de possibles revirements « conseillés » par le président Sarkozy, a au moins tenu des propos sensés même s’ils ne sont pas forcément populaires : « J’en appelle à l’intelligence des Français. Le postulat de départ est simple : les énergies fossiles vont devenir de plus en plus rares. Or, ce qui est rare est cher… En réponse, les Français doivent adopter des comportements et des modes de consommation différents à la fois pour préserver leur pouvoir d’achat et pour préparer l’avenir. Concrètement, il s’agit par exemple de conduire moins vite, plus souvent en sous-régime qu’en surrégime : sur autoroute, lever le pied, c’est rouler intelligent. (…)

Il faut de temps en temps oublier son véhicule au profit de ses deux jambes et de ses deux-roues. Sur des petits trajets, quand on n’est pas très chargé, pourquoi ne pas laisser la voiture au garage ? Dans les grandes agglomérations ou dans les petites villes de province, utilisons les bicyclettes. C’est parfois presque aussi rapide et plus économique. Les transports en commun sont considérés en France comme de grande qualité. » Ce sont des propos que, mes élèves le savent bien, je tiens depuis longtemps et il me plaît de les voir repris en si haut lieu…

Mais il faut aller plus loin, en particulier en repensant une politique d’aménagement du territoire qui réduise les distances entre lieu de travail et résidence ; en privilégiant, pour les branches d’activité pour lesquelles c’est possible, le « télétravail » grâce à l’ordinateur et à la Toile ; en améliorant les réseaux de transport en commun et en privilégiant le maintien et l’ouverture de lignes ferroviaires entre les petites villes de province et les métropoles régionales… Vaste programme, à l’heure où la métropolisation et la rurbanisation semblent faire fi des exigences d’économie d’énergie et du souci environnemental…

Une dernière remarque : l’automobile a été présentée depuis ses origines, en particulier à travers la publicité, comme « la liberté ». Il semble que la crise actuelle montre combien elle est devenue une « charge » et une « contrainte » qui se pare de la vertu de mobilité et de rapidité pour se légitimer aux yeux des consommateurs qui semblent ne plus pouvoir s’en passer… En sont-ils esclaves à ce point ? Personnellement, je ne conçois la voiture que comme un moyen et non comme une obligation, ce qui me permet de bien supporter cette crise et de ne pas en être dépendant : du coup, mon budget n’en souffre pas vraiment et mon pouvoir d’achat n’a pas diminué…