12/03/2012
Le quinquennat, c'est trop court...
La grande réunion sarkoziste de Villepinte a-t-elle relancée la campagne du président-candidat ? Les analystes ont besoin d'un peu de temps pour le dire mais est-ce, en fait, le plus important ? Dans ce combat des chefs qu'est une élection présidentielle au suffrage universel direct, ce qui m'intéresse, en définitive, ce sont les idées, les propositions, les projets et ce qu'ils peuvent entraîner, que cela soit en positif ou en négatif.
Ainsi, les propos de M. Sarkozy sur l'Europe et la gestion de l'immigration ont-ils retenu toute mon attention, et suscité mon scepticisme, et j’en reparlerai dans une prochaine note. Contrairement à ce que je pourrai être tenté de faire si j'étais moi-même candidat et adversaire du président sortant, je ne m'attarderai pas sur le fait, indéniable, que M. Sarkozy n'a pas, en cinq ans de présidence, tenu une grande part de ses promesses de 2007 ni sur celui qu'il propose aujourd'hui ce qu'il a eu cinq ans à l'Elysée pour faire et qu'il n'a pas fait. Simplement parce que je suis persuadé que le temps du quinquennat est beaucoup trop court pour engager des politiques à long terme, surtout si elles doivent être impopulaires dans le court terme des 5 ans de la présidence, quel qu'en soit le représentant du moment. D'autre part, l'on sait que les 100 premiers jours d'un nouveau président sont déterminants et il faut bien avouer que ces 100 premiers du Sarkozy 2007 ont été brouillés dès le départ par des erreurs, voire des fautes, symboliques, entre le Fouquet's et le yacht Bolloré : plus rude ensuite fut le chemin d'un président qui passait pour le président des riches, et qui confondait « être populaire » et « être vulgaire », au risque de dégrader la figure présidentielle...
De plus, M. Sarkozy a eu à affronter une crise qui, en fait, couvait depuis longtemps et qui n'est que l'accélération de la « grande transition » entre pays de la Triade (et donc de la zone euro) et puissances émergentes (en fait, déjà émergées depuis quelques années), et globalisation de la domination des grandes féodalités financières mondiales au détriment des Etats politiques anciens.
Pas facile alors de mettre en place tout ce que l'on a annoncé ou promis, me semble-t-il, et ceux qui attaquent M. Sarkozy sur son seul bilan commettent une erreur dont ils pourraient avoir, eux aussi, à se repentir s'ils arrivent au pouvoir dans les mois prochains !
Je vous rassure, je ne suis pas devenu sarkoziste ! Mais je ne trouve pas heureux de faire de la démagogie, y compris contre l'actuel locataire en bail précaire de l'Elysée : ni heureux ni constructif ! De plus, faire porter à M. Sarkozy toutes les insuffisances, errements et malheurs de son propre quinquennat c'est laver la République de tout soupçon quand, justement, c'est son principe même d'un « temps politique raccourci » qui empêche toute politique du long terme pourtant nécessaire ! L'écueil sur lequel la présidence Sarkozy est en train de s'échouer est le même que celui qui risque, demain, de déchirer la coque d'une éventuelle (et déjà annoncée sans beaucoup de précautions) présidence Hollande...
Si l’on veut redonner sa juste place au temps dans la pratique politique de l’Etat, à l’inscription des politiques fondamentales dans la durée, encore faut-il penser à enraciner la magistrature suprême de l’Etat dans le long terme et dans la suite naturelle des générations… N’accusons pas M. Sarkozy de tous les maux : il en a sa part et elle est importante, bien sûr, mais la République quinquennale fait aussi son propre malheur et celui des Français. D’ailleurs, certains évoquent désormais de plus en plus ouvertement l’erreur qui fût faite de raccourcir le mandat présidentiel en 2000, erreur que les royalistes avaient signalé avec force arguments : ces derniers, dont j’étais et suis toujours, proposaient plutôt l’allongement du mandat du Chef de l’Etat, jusqu’à la « perpétuité » !
S’il est des règnes qui ont duré moins de temps qu’un quinquennat, la continuité dynastique a cet immense mérite de ne pas remettre en cause à chaque changement de souverain les « grandes politiques engagées » ou, plus sûrement, la pérennité de l’Etat et de sa représentation, ce qui est déjà beaucoup et plus rassurant que ces « inachèvements » présidentiels dont la France n’a pas eu, dans l’histoire politique, à se réjouir…
21:37 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : quinquennat, présidentielle, durée, temps, monarchie, dynastie, sarkozy.
11/03/2012
Un tabou historique en train de tomber...
Un de mes collègues a glissé une coupure de presse dans mon casier, en arguant du fait qu'elle pouvait m'intéresser, en particulier par ce qu'elle annonçait : une émission de télévision sur la Révolution française et, plus particulièrement, sur les débuts terribles de la République en 1793-1794.
L'article lui-même est effectivement intéressant mais aussi révélateur. Le titre : « la face sombre de la Révolution », en lui-même, annonce que cet événement fondateur de la République n'est sans doute pas le « bloc » que voulait y voir Georges Clémenceau ou, plutôt, que tout en accepter serait risquer d'en occulter les aspects terribles, désormais perçus de façon négative (cela n'a pas toujours été le cas...). En repensant à la formule de Clémenceau, d'ailleurs, je me suis dit que lui-même n'en méconnaissait pas les horreurs (il était Vendéen...) mais qu'il les excusait en arguant de la nécessité de sauver, coûte que coûte, la Révolution qui se faisait alors et d'en préserver l'héritage sans risquer de l'amoindrir par une critique de certains de ses moments violents. Les temps ont changé et les enjeux ne sont plus les mêmes, et il n'est pas certain qu'aujourd'hui Clémenceau serait aussi affirmatif...
L'article qui suivait le titre était illustré d'une gravure ainsi légendée : « Les noyades à Nantes sont un épisode de la Terreur où des milliers de personnes, suspectes aux yeux de la République, et sur ordre de Jean-Baptiste Carrier, ont été noyées dans la Loire. » Vous avez compris que l'article annonçait donc l'émission documentaire de France 3 du mercredi 7 mars (à 23 heures...) sur « Robespierre, bourreau de la Vendée ? », émission diffusée au moment même où ont repris les débats sur la notion de génocide et sur ses applications pratiques dans l'histoire, de l'Arménie de la Grande Guerre à la Vendée des débuts de la République française.
Carrier, si l'on suit la légende de la gravure, semble le principal coupable des crimes de la Terreur commis dans l'Ouest, ce qui pourrait décharger Robespierre et ses proches compagnons de la responsabilité des crimes républicains de Nantes et de Vendée : en fait, le corps de l'article lui-même rétablit (en partie) les faits et les véritables responsabilités. Après tout, Carrier ne fut qu'un exécutant, sans doute plus zélé que d'autres, prenant au pied de la lettre les discours enflammés des républicains de Paris appelant à la « régénération guillotinière », à cette sorte de table rase humaine (tout à fait inhumaine, en vérité…) nécessaire à l'avènement de « l'homme nouveau » révolutionnaire.
Voici l'article en son intégralité, avec quelques commentaires : « En 1793, la France bascule dans la Terreur. A la fin de l'année, et particulièrement dans la nuit du 13 au 14 décembre, l'armée républicaine va se livrer au massacre minutieux de milliers de Vendéens. Les textes de l'époque parlent de près de 3000 morts. » L'auteur de l'article veut sans doute parler des massacres du Mans, dont de récents travaux dans la ville ont dévoilé quelques charniers jusque là méconnus malgré les témoignages de l'époque des survivants.
« Cette répression sanglante, initiée par le comité de salut public commandé par Robespierre, est mal connue. Et pour cause. Elle entache par sa violence et par sa cruauté toute la séquence révolutionnaire. Richard Vargas revient sur cet épisode trouble où ce qu'on appelait « la Vendée militaire », territoire de 10 000 kilomètres carrés recouvrant aujourd'hui quatre départements, a vu sa population paysanne s'élever contre les conscriptions militaires. » Il est vrai que les paysans de Vendée n'appréciaient guère l'idée d'aller se battre loin de chez eux pour les couleurs d'une République qui, dans le même temps, s'en prenait à leurs traditions religieuses et décrochaient les cloches des églises pour en faire des canons... La révolte contre l'obligation militaire se fit aux cris à la fois de colère et de fidélité de « Vive Dieu, vive le roi ! », et les paysans s'en furent chercher quelques nobles habitués à commander pour les mettre à leur tête, malgré les réticences de ces derniers, trop conscients de la « folie » de ce soulèvement spontané face à la violence assumée de la République naissante.
« Considérés comme « le chancre qui dévore le coeur de la République », les Vendéens seront exterminés, sans aucune distinction d'âge ou de sexe. » Reynald Sécher n'hésite pas, en s'appuyant sur les lois votées en août et en octobre 1793 par les parlementaires français de la Convention nationale, et sur la pratique de l'extermination de masse par les fameuses « colonnes infernales » de l'année 1794 (c'est-à-dire après la fin du soulèvement vendéen...) à employer le terme de « génocide », ce qui n'a pas l'heur de plaire à quelques « gardiens du temple » qui veillent à préserver certains « tabous » de la Révolution française, envers et contre toute vérité historique. Reynald, qui est un ami de longue date, en sait quelque chose, et moi aussi, réprimandé par l'Education nationale en 1991 pour avoir fait un cours où j'avais « osé » parler de ce fameux « génocide vendéen » ! D'ailleurs, je me souviens que l'inspecteur d'histoire m'avait aussi expliqué qu'il n'y avait qu'un seul génocide au regard de l'Histoire (du moins celle que la République entend enseigner...), le génocide juif... Ce qui signifie que, aujourd'hui, cet inspecteur pourrait être dénoncé pour « négationnisme », non pas tellement du génocide vendéen mais du génocide... arménien, reconnu par la loi depuis quelques années déjà, même si cette négation n'est pas encore (et c’est tant mieux !) reconnue comme un délit passible des tribunaux, du fait de la censure récente du Conseil constitutionnel... Les temps changent, et j'aimerai savoir ce qu'en pense désormais cet inspecteur désavoué, a posteriori, par l'Etat qui le paye !
« Historiens et intellectuels décryptent un massacre jugé tabou. », conclue l'article, dans un élan « politiquement incorrect »...
Ah, au fait, une dernière chose : ce court article annonçant un documentaire télévisé n'a pas été publié par « Le Figaro » ou « Valeurs actuelles », mais dans les colonnes de... « L'Humanité-dimanche », hebdomadaire communiste ! Etonnant, n'est-ce pas ?
23:53 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vendée, génocide, révolution, république, terreur, massacres, tabou.
05/03/2012
Le royalisme n'est pas une nostalgie, qu'on se le dise !
J'ai profité des vacances scolaires qui s'achèvent désormais pour suivre de près les débats présidentiels, n'y trouvant pas toujours, d'ailleurs, mon compte, comme je l'ai déjà indiqué ici même...
Chaque jour a été, aussi, l'occasion de discussions au café, dans le métro, voire dans la rue, sur les questions politiques et je n'ai jamais caché mon royalisme qui, en fait, surprend plus qu'il ne choque : il y a bien quelques moqueries mais pas d'agressivité à mon égard. Il est vrai que le royalisme que je défends se veut approprié aux défis contemporains et que je n'éprouve guère de nostalgie à l'égard d'un Ancien Régime passé et qui ne reviendra pas ! Cela ne veut pas dire qu'il n'était pas compréhensible et défendable en son temps, mais il ne l'est plus aujourd'hui, tout simplement.
La mondialisation, l'urbanisation, la société de consommation, si elles sont tout à fait critiquables au regard des déracinements, des atteintes à l'environnement et des guerres qu'elles provoquent, sont des faits qu'il faut intégrer à la réflexion, ce qui n'empêchent pas, bien sûr, de chercher d'autres modes d'appréhension et de direction du monde et de notre pays en particulier, d'autres modes de vie moins énergivores et plus respectueux de la nature humaine. Ce qui est certain, c'est qu'il faudra plus d'un jour et plus qu'une « révolution » politique pour changer les choses : mais j'insiste sur le fait que le moyen politique est nécessaire, à l'échelle de la France, pour impulser et accélérer les mutations qui permettront de surmonter ou de contourner les difficultés et les limites (tout en les connaissant) du moment et des lieux.
Et la politique, comme je l’explique à mes interlocuteurs, ne se limite pas au « cirque électoral » actuel : elle vaut beaucoup mieux que le spectacle que les hommes (et femmes) politiques en donnent aujourd’hui !
23:11 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : république, nostalgie, présidentielle, royalisme, roi.