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01/10/2012

Quand la République se fait douloureuse pour les fonctionnaires aussi...

 

L’annonce du budget 2013 a fait grincer des dents parmi mes collègues : pour la 3ème année consécutive, les salaires des fonctionnaires sont gelés, du moins le « point d’indice », ce qui ne remet certes pas en cause les progressions salariales liées à l’ancienneté ou à l’avancement dans la carrière, mais se traduit néanmoins par une diminution concrète de notre pouvoir d’achat. Et encore faut-il se féliciter, d’après certains économistes hexagonaux et bruxellois, de ne pas subir le sort des fonctionnaires espagnols, irlandais ou grecs qui ont vu leurs salaires diminuer ces dernières années de 5 à 25 % selon les cas, au nom de la sauvegarde de l’euro et du désendettement des Etats…

 

En fait, pour les enseignants comme pour les autres fonctionnaires, c’est « la double peine » : car, s’ils comprennent le gel des salaires et peuvent l’accepter pour la plupart comme une manière de participer à l’effort national, il leur est plus difficile d’admettre que, dans le même temps, le gouvernement socialiste ait décidé de refiscaliser les heures supplémentaires ! Effectivement, puisque nos salaires étaient (et sont toujours) condamnés à ne plus progresser annuellement malgré l’inflation (certes réduite, mais néanmoins bien réelle, en particulier dans les transports et l’alimentation), beaucoup d’entre nous se rattrapaient sur ces fameuses heures supplémentaires que nous nous disputions parfois âprement : « travailler plus pour (espérer) gagner (un peu) plus ». Or, cette année, la refiscalisation désormais effective depuis la rentrée de septembre décourage les bonnes volontés et elle est même un des éléments forts de la véritable impopularité de ce gouvernement-ci et de ce président-là qui, au-delà d’un antisarkozisme jadis fédérateur mais désormais dépassé, semble enclencher le « changement » dans un sens qui n’était pas forcément celui espéré par nombre de mes collègues…

 

D’autant plus que, simple coïncidence ou calcul perfide, nous n’avons jamais eu autant d’heures supplémentaires que cette année, en tout cas dans la filière « histoire-géographie » de mon lycée ! Le seul gagnant, en définitive, sera un Etat qui semble plus capable de taxer et créer de nouveaux impôts que d’engager de véritables réformes de structure et une politique à long terme de désendettement et d’investissement ! Un de mes amis et collègue, pourtant peu suspect de royalisme (cela peut changer, bien sûr…), me soufflait la semaine dernière avec un petit sourire bordé d’amertume : « la République sème des promesses, les Français récoltent des impôts » ! Juste et terrible formule qui révèle aussi la déception de tant de Français qui croyaient, à tort, que l’élection présidentielle allait accoucher d’un « sauveur » qui parlait si bien de « réenchanter le rêve français » ou quelque chose d’approchant… Il est visiblement des rêves qui finissent mal et des réveils douloureux !

 

Bien sûr, il faut laisser du temps au temps : c’est d’ailleurs l’une des formules préférées des royalistes qui cherchent à raisonner au-delà même du temps démocratique des élections successives et à privilégier le long terme et la continuité politique. Mais cela n’enlève rien à l’urgence des grandes décisions d’avenir et là, rien à l’horizon ! La République semble renoncer à agir et à lancer de grands projets, de grandes politiques pour nourrir de grandes ambitions…

 

Et pourtant ! Il n’est pas une minute à perdre et cela dans tous les domaines, qu’ils soient industriels, agricoles, maritimes, énergétiques, environnementaux, militaires même !

 

L’impression dominante dans la salle des professeurs est que cette République hollandaise n’a pas de gouvernail et qu’elle navigue à vue au milieu des icebergs… Les prochaines années risquent d’être encore plus rudes, faute de direction sûre, et la prochaine feuille d’impôts d’être fort douloureuse ! Heureusement que j’aime mon métier, mon lycée et mes élèves : cela me console, en partie, des bêtises des incompétents de la République !

 

30/09/2012

Mondialisation et automobiles françaises.

 

Le Mondial de l’automobile est une occasion pour les constructeurs de présenter leurs nouveaux modèles et leurs projets, et d’évoquer les tendances et les perspectives du secteur, leurs difficultés et leurs objectifs, parfois leur stratégie. Avec le marché chinois qui annonce entre 15 et 18 millions de véhicules vendus annuellement dans ce pays, mais aussi les autres marchés émergents d’Amérique du Sud, les enjeux sont énormes, d’autant plus que le marché des pays européens apparaît en voie de saturation et, même, en régression possible dans les années prochaines, ne serait-ce que par le simple effet de la crise qui dévalue le pouvoir d’achat des populations européennes.

 

Pour les constructeurs français, l’heure est visiblement au désengagement productif en France, préférant produire dans des pays aux normes sociales plus « souples », c’est-à-dire moins « favorables » aux ouvriers qu’elles ne le sont chez nous : cela confirme mon idée (certains parleraient peut-être de préjugé, mais c’est en fait une prise de conscience de certaines réalités sociales, prise de conscience acquise lors de recherches sur le sujet et d’entretiens avec des travailleurs de l’automobile…) qu’il n’y a pas, aujourd’hui, de croissance possible sans l’exploitation d’une population productrice (les ouvriers, principalement « spécialisés », c’est-à-dire les « O.S. ») aux marges de la pauvreté, voire complètement pauvre et à laquelle on fait croire à une fatalité de leur condition présente et à la possibilité future et éventuelle d’un meilleur sort pour la génération suivante (celle de leurs enfants), au moins dans les puissances émergentes ou émergées comme le Chine ou le Brésil… C’est d’ailleurs ce qui s’est concrètement passé lors des révolutions industrielles du XIXe et XXe siècles dans les pays occidentaux, dont la France !

 

Du coup, la France pourrait bien ne plus avoir d’usines d’automobiles de marque française sur son territoire d’ici quelques années, et les menaces de délocalisations futures émises par le patron de Renault, M. Carlos Ghosn (le patron le mieux payé de France…), sont inquiétantes tout comme elles révèlent, ou plutôt confirment l’avidité de quelques chefs d’entreprise et de leurs actionnaires pour qui seuls les dividendes et la rentabilité (à leur profit…) importent vraiment.

 

En fait, c’est aussi par ce thème que l’on peut constater les effets pervers d’une mondialisation qui n’est pas heureuse pour tout le monde : en lisant les déclarations des patrons automobiles demandant plus de flexibilité du travail (en fait, des travailleurs eux-mêmes…) et des coûts moins élevés de ce même travail (c’est-à-dire moins de charges patronales, ce qui peut parfois se défendre, mais aussi des salaires moins « élevés » pour les ouvriers, ce qui apparaît comme une régression sociale certaine…), on mesure combien la mondialisation est une véritable mise en concurrence des salariés du monde entier entre eux pour « favoriser » ceux qui coûteront le moins cher aux entreprises et, donc, permettront de plus grands profits aux actionnaires…

 

Pourtant, est-il impossible de produire utilement pour les entreprises comme pour les salariés de l’automobile en France, au bénéfice de chacun et non de quelques uns ? Bien sûr que non ! La meilleure preuve c’est… Toyota ! Aujourd’hui, c’est la seule grande marque automobile qui a obtenu le label Origine France Garantie et qui, en plus de produire des voitures en France, va exporter des Yaris fabriquées ici vers les Etats-Unis ! Comme quoi, il est tout à fait possible de fabriquer français et de vendre à des prix abordables en France sans délocaliser en Roumanie ou en Chine !

 

 

 

 

23/09/2012

Quelques idées pour pérenniser l'industrie automobile en France.

 

Au mois de juillet dernier, la direction de l’entreprise PSA annonçait un vaste plan malencontreusement qualifié de « social » car profondément antisocial (et là, sans guillemets !), plan qui prévoyait 8.000 licenciements en France dans les usines du groupe, dont 1.400 sur le site de Rennes-La Janais. C’est, en fait, la conséquence directe des erreurs stratégiques de la famille Peugeot et d’une certaine désinvolture à l’égard des salariés, moins considérés, en définitive, que les actionnaires : est-ce si étonnant que cela dans un système économique qui compte plus en valeurs financières qu’en valeurs humaines, et qui a oublié ce principe humaniste énoncé par le véritable théoricien de la monarchie absolue, Jean Bodin, du temps du roi François Ier : « il n’est de richesses que d’hommes » ?

 

Aujourd’hui, à Rennes comme à Aulnay, il faut parer au plus pressé, peut-on dire : éviter la disparition de 8.000 emplois, militer pour un moratoire sur ces licenciements programmés et, au-delà, penser l’avenir de la filière automobile en France : par exemple avec la création et la construction de nouveaux modèles adaptés aux conditions (et obligations) nouvelles des circulations urbaines et rurbaines, mais aussi au « souci environnemental », pour limiter consommations et pollutions des hydrocarbures, entre autres.

 

Les projets dans les cartons ne manquent pas, et la crise actuelle de l’automobile en France peut inciter à explorer de nouvelles pistes industrielles : « l’imagination au pouvoir », pourrait-on clamer et espérer !

 

Néanmoins, cela ne suffira pas, au regard même des enjeux environnementaux et de l’épuisement progressif (mais de plus en plus rapide) et inéluctable des matières premières non-renouvelables aujourd’hui nécessaires dans la construction automobile. Aussi, il n’est pas inutile de proposer une transformation d’une partie de la branche « fabrication » en branche ou filière « réparation » ou « reconversion » des véhicules déjà en circulation. Il y a là une piste à explorer, et cela d’autant plus que les usines de Rennes-La Janais et d’Aulnay-sous-Bois (entre autres) connaissent bien, pour les avoir fabriqués, une partie des modèles de Peugeot-Citroën qu’il s’agirait de réparer ou reconvertir. Je précise qu’il s’agirait de réparations lourdes (voire très lourdes) et non de celles déjà effectuées dans les garages de la région, et c’est pour cela que le terme « reconversion » peut sembler mieux adapté à cette proposition, avec reconstruction de grandes pièces et possibilités d’adapter de nouvelles pièces, voire des éléments de carrosseries et des moteurs (moins énergivores, par exemple), au lieu d’envoyer les véhicules très abîmés ou trop fatigués à la casse, comme cela se fait aujourd’hui. Cette stratégie, qui de toute façon s’imposera tôt ou tard à l’ensemble des filières industrielles d’ici quelques décennies, voire quelques années, par le simple fait de la raréfaction des matières premières non-renouvelables (et donc de leur surenchérissement consécutif), peut permettre à PSA de prendre de l’avance en ce domaine d’avenir que sera, justement, « la reconversion » ! De plus, cela permet de préserver, à longue échéance, l’emploi dans la filière automobile qui, au niveau mondial, va bientôt atteindre son niveau de saturation, en unités roulantes comme en possibilités circulatoires

 

Il est fort dommage qu’aujourd’hui la direction de PSA et l’Etat soient si peu réactifs face à la crise automobile, et que la République semble abandonner les ouvriers de PSA-Rennes comme ceux d’Aulnay à une sorte de fatalité économique qui cache, en fait, une absence de volonté d’agir à la tête de l’Etat pour sauver l’industrie française (et cela malgré les velléités de M. Montebourg, peu soutenu par le ministre de l’économie, M. Moscovici…) : les propos de M. Hollande ne sont guère à son honneur ! Alors qu’il devrait être le protecteur des salariés français, il les abandonne à une mondialisation destructrice des forces vives de notre pays : quel gâchis et, au-delà, quelle honte !

 

Décidément, les salariés de notre pays ne peuvent pas attendre grand-chose de cette République si libérale et si peu sociale…