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07/01/2018

De l'amertume à l'espérance, le parcours d'un royaliste contemporain.

L'an dernier, j'avais initié le projet d'une « Nouvelle enquête sur la Monarchie », voulant profiter du temps et de la campagne de l'élection présidentielle pour la mener, sous la forme d'une réflexion large sur la Monarchie telle qu'elle pourrait retrouver ses chances et sa place dans l'espace politique et institutionnel français. J'espérais que les plumes et les autorités intellectuelles monarchistes s'en saisiraient, mon rôle se limitant à présenter et à commenter les réponses à cette enquête, et à susciter le débat plutôt qu'à le diriger vraiment : après tout, l'époque s'y prêtait, nos concitoyens ayant soif de politique et d'idées, de propositions aussi, lors d'une campagne présidentielle qui semblait « ouverte » et, parfois, bien indécise et surprenante.

 

Mais, je l'avoue avec une certaine amertume, cette « enquête » n'a guère été concluante et elle s'est arrêtée avant même les journées électorales, faute d'écho et d'intérêt, en particulier chez les royalistes eux-mêmes : les mouvements, les journaux et les sites qui se prévalent du royalisme, occupés à d'autres débats et suivant d'autres « stratégies » (parfois plus « politiciennes » ou électoralistes que proprement royalistes...), n'en ont guère fait état ni n'ont cherché à répondre aux questions qui pouvaient légitimement se poser sur cette problématique, hormis évidemment le Groupe d'Action Royaliste qui accueillait cette enquête et la répercutait sur la toile, au-delà de mon propre site. Il y a bien eu un léger frémissement sur les réseaux sociaux et chez des militants monarchistes motivés dont certains m'ont envoyés quelques réactions, commentaires ou remarques, parfois critiques mais constructives, et j'ai rédigé une petite quinzaine d'articles dans le cadre de cette « nouvelle enquête », toujours lisibles sur la toile, et qui fourniront la matière d'une prochaine publication synthétique. J'ai, de plus, constitué un fort dossier sur ce thème, et retrouvé un grand nombre de brochures, feuillets, articles ou coupures de presse qui, un jour, pourront, pour certains, être (re)publiés ou discutés : il faut juste souhaiter que cela ne soit pas dans un cadre purement historique mais bien plutôt dans une intention éminemment politique !

 

Cette expérience ratée aurait pu me dissuader de poursuivre le combat pour l'instauration d'une nouvelle Monarchie française et me contenter de reprendre « mes chères études » sur l'histoire d'un royalisme décidément « plus historique que politique » : mais cela aurait été transformer un échec en défaite, et aurait rendu bien peu crédible une espérance que je ne cesse d'évoquer et de vanter depuis presque quatre décennies, et qui me semble, aujourd'hui plus encore qu'hier, nécessaire, ne serait-ce que pour les générations qui nous suivent et qui comptent parmi elles mes élèves comme mes neveux et les enfants de mes amis...

 

La Monarchie est-elle pour cette année ? Je me souviens que, lors des vœux militants de l'Action Française, en ce 10, rue Croix-des-Petits-Champs que j'ai tant fréquenté jadis (et où j'ai même eu, un temps, un bureau sur lequel il m'arrivait, certains soirs, de corriger des copies de lycée ou de collège...), se déroulait chaque début d'année le même rituel qui voyait Pierre Pujo, le véritable maître des lieux, annoncer la Monarchie pour les mois à venir ou, du moins, une avancée considérable du mouvement royaliste dans le pays, avancée préparatoire à la prochaine Restauration... Les quelques participants à cette cérémonie , dont certains avaient connu Maurras vivant et (presque) jeune, opinaient du chef et lançaient de vigoureux « Vive le Roi » avant d'attaquer le maigre buffet : tout le monde était bien content, et l'ambiance fort sympathique. En privé, Pierre était moins optimiste quant à la proximité de la restauration monarchique, mais il a toujours gardé cette espérance royale chevillée au corps, tout comme sa fidélité indéfectible au comte de Paris et à ses successeurs : combien d'autres n'ont eu ni sa patience ni sa droiture !

 

Je ne promettrai pas la Monarchie pour 2018, au risque d'en désespérer certains, j'en suis sûr... Mais, s'il est une (double) promesse à faire et à tenir, c'est celle de faire, en tous les domaines politiques, sociaux ou environnementaux, tout ce qu'il est possible (et un peu plus) de faire pour servir le pays, ses peuples et toutes ses générations, et pour réduire le temps d'attente et d'atteinte de la Monarchie.

 

En cela, je n'oublie pas non plus la formule que j'ai souvent employée et dont l'auteur premier était, je crois, Bertrand Renouvin, le seul candidat royaliste présent au premier tour d'une élection présidentielle française, en 1974 : « il ne s'agit pas de mourir royaliste, mais de vivre en Monarchie ! ». Alors, travaillons, sur tous les terrains possibles ; travaillons à convaincre autrui de la nécessité d'un État arbitral et fédératif, héréditaire et successible, dont la légitimité ne reposera pas que sur une histoire familiale ancienne ou sur un vieux Droit coutumier, mais sur « le besoin du peuple » comme le disait le philosophe royaliste Pierre Boutang, et, aussi, sur le trinôme « Unité française, justice sociale, souci environnemental ».

 

Un royaliste conséquent doit refuser le fatalisme comme la facilité ou le dilettantisme : il doit bien plutôt privilégier, pour un militantisme efficace et convaincant, « la recherche, la discussion, l'action », sans méconnaître les enjeux du moment et les perspectives du lendemain, et il doit saisir les opportunités qui se présentent, non par démagogie mais par discernement. Si le royalisme n'est pas un « dîner de gala », il ne doit pas être non plus un repoussoir pour nos concitoyens : la bonne tenue des royalistes dans la société française (ce qui ne signifie pas leur ralliement aux principes de la société de consommation, si peu « sociale » dans ses applications) et leur capacité d'écoute du « pays réel » dans toutes ses particularités, y compris parfois les plus dérangeantes, n'est pas, pour autant, l'abandon d'une certaine rigueur politique et intellectuelle, mais la mise à portée des idées monarchistes à un nombre suffisant et satisfaisant de nos concitoyens et la possibilité d'un consentement « démocratique » à la proposition royale pour la magistrature suprême de l’État par une large part du corps social et électoral de notre pays. Car l'on ne fera pas la Monarchie contre les Français, mais bien avec eux ou, du moins, sans leur hostilité : dans l'ordre chronologique et stratégique, la « royalisation » des forces vives de la nation, de celles qui entraînent les autres, apparaît bien comme cette nécessité qu'il faut reconnaître et assumer pour établir dans de bonnes conditions et durablement la Monarchie à la tête de l’État...

 

 

 

 

05/10/2012

Ne pas désespérer de la France, mes amis !

 

Il souffle en ce moment comme un vent de défaitisme et de fatalisme dans ce pays, et je le regrette profondément, je l’avoue ! Ainsi, quand un de mes amis et collègues me dit d’un air presque fâché que l’avenir de ses enfants n’est pas en France ou qu’un ancien élève, brillant et prometteur, considère que la France n’a pas d’autre destin que de devenir une province d’une Europe fédérale à venir, je m’insurge, avec toute l’amitié que j’ai pour ces personnes si diverses et si proches de moi sur d’autres sujets, en particulier littéraires ou sociétaux : non, la France n’est pas finie ! Non, elle n’est pas non plus condamnée à se dissoudre dans un grand « machin » européen ! Oui, elle a un avenir ! Oui, elle est notre avenir ! Et je le prouve !

 

La France possède un territoire métropolitain vaste et riche d’un patrimoine historique et environnemental à nul autre pareille, et cette particularité est aussi valable pour notre Outre-mer, de La Réunion aux Antilles, de la Polynésie à Mayotte, de Saint-Pierre-et-Miquelon à la Guyane. Elle est la première destination touristique mondiale, la principale puissance agricole européenne avec des produits du terroir d’une telle diversité que le général de Gaulle plaisantait sur la difficulté à gouverner un pays qui avait autant de fromages différents. Mais la France a aussi un immense territoire maritime qui s’étend sur toutes les mers du monde et elle possède la 2ème Zone économique exclusive (ZEE) de la planète, ce qui lui ouvre de multiples possibilités énergétiques, halieutiques et environnementales. Elle a aussi une maîtrise technique exceptionnelle dans le domaine aérospatial, avec, en prime, la base de lancements de Kourou, en Guyane, maîtrise et base que lui envient les puissants voisins états-unien et brésilien.

 

La France, c’est aussi une des meilleures armées du monde, aujourd’hui aguerrie par son engagement de longue date en Afghanistan et malgré ses pertes cruelles. C’est aussi une langue et un espace géopolitique linguistique, la francophonie, qui permet de relayer la culture et la diplomatie française aux quatre coins du monde et d’assurer une alternative au « monolinguisme » anglais…

 

Je pourrai ainsi longtemps décrire tous les éléments qui font de la France une puissance véritable en ce monde complexe et parfois dangereux, et qui prouvent que notre nation a de multiples cordes à son arc.

 

Mais alors, pourquoi ce défaitisme chez nos contemporains ? Pourquoi cette impression déroutante d’un déclin irrémédiable de la France ? Maurras résumait cet étrange sentiment par une formule polysémique : « les Français ne s’aiment pas », c’est-à-dire ne s’aiment pas eux-mêmes (une sorte de masochisme national, pourrait-on dire…) et n’aiment pas leurs compatriotes (une forme d’individualisme qui fait préférer le lointain au proche…) ou, plutôt, ne croient pas en leurs capacités à surmonter ensemble les obstacles… Le reste d’un fatalisme issu des Gaulois qui semblaient craindre que le ciel leur tombe sur la tête ?

 

En tout cas, quand Maurras employait cette formule, il ne s’agissait pas, ni pour moi non plus, de condamner ces Français si paradoxaux mais de les appeler à surmonter ce doute inscrit en eux : c’était un double cri d’amour de Maurras à la France et à ses Français ! Oui, croire en la France, aimer ceux qui l’habitent et la vivent pour la faire aimer par ceux qui la côtoient et la visitent !

 

Ne jamais désespérer de la France, bien au contraire !

 

Mais, lorsque je lis la presse, que j’écoute ceux qui nous gouvernent et ceux qui aspirent à le faire, je comprends aisément la désespérance de mes interlocuteurs : quelle démagogie, quelle vanité politicienne, quelle suffisance mêlée de lâcheté, quelle bêtise dans les propos de ces maîtres successifs de la République ! Et que de renoncements, de craintes de n’être plus les coqs de village, de n’avoir plus leur assiette au beurre sous les ors et argents de ce Semble-Etat qui n’est que la caricature de ce que doit être un véritable Etat politique, « qui règne et qui gouverne ».

 

Ce n’est pas de la France dont il faut douter, mes amis, mais c’est de la République qu’il faut se défaire, dans les esprits comme dans la réalité. C’est d’elle dont crève la France, c’est elle qui obscurcit son horizon ! Avec la République, c’est tous les jours « Mai 40 » !

 

J’aime passionnément la France comme je vous aime, mes amis, mes collègues, mes élèves : alors, je vous en conjure, ne désespérez pas de la France car elle a besoin de vous, mais n’attendez rien de la République car elle est cette sangsue qui, aujourd’hui, désespère Aulnay-sous-Bois comme Versailles, qui abandonne les salariés de Sanofi et ceux de PSA ou de Renault.

 

Oui, je vous le dis, la France mérite mieux que la République et, vous aussi, vous méritez mieux que cette usurpatrice au bonnet phrygien qui vous promet constamment la lune et traîne toujours dans le caniveau de ses « affaires » et compromissions !