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21/11/2011

Dialogue avec des communistes autour de la question sociale (1)

Les marchés sont des lieux privilégiés pour l'expression politique et je les ai souvent arpentés, à Rennes comme dans la région parisienne, tracts et journaux en mains, pour convaincre de l'excellence des idées et propositions royalistes. Aussi, suis-je toujours attentif à discuter avec ceux qui y passent du temps, souvent pour des causes qui ne sont pas les miennes, mais toujours dans l'optique d'ouvrir un dialogue qui n'est jamais inutile !

 

Ainsi, ce dimanche matin, ce sont des militants communistes que j'ai croisé, dans un quartier pourtant réputé pour son conservatisme social (le XVIe...) : ils vendaient L'Humanité-dimanche et distribuaient des tracts mélenchonnistes en prévision de la présidentielle prochaine. La discussion, fort courtoise, a vite tourné autour de la question sociale : les injustices, l'austérité, les nouveaux maîtres du jeu de la « gouvernance » financière européenne, etc. A celui qui passait et tendait l'oreille, le débat aurait sûrement paru... surprenant ! Quoi, un royaliste parlant « social », et s'en prenant aux « oligarchies » européennes ?! Comme cela paraît étrange à qui n'a pas eu le loisir de s'intéresser aux idées monarchistes ! En fait, rien de plus normal, et il n'est pas inutile de rappeler que, en France, les premiers à se préoccuper du sort des ouvriers furent les catholiques sociaux, le plus souvent monarchistes légitimistes, comme René La Tour du Pin, Alban de Villeneuve-Bargemont ou Albert de Mun, dont j'ai acheté il y a quelques mois les volumes des discours et interventions parlementaires, véritable mine de documents sur les débats politiques et sociaux de la période 1870-1914.

 

Dans cette discussion impromptue, j'ai fait part de ma profonde inquiétude face aux oukases si peu sociaux des instances européennes et des agences de notation : cette « dépossession » des pouvoirs et prérogatives des Etats par des institutions si peu « démocratiques » et, surtout, profondément démophobes, ne réjouit ni les communistes ni les royalistes, ni la plupart des citoyens de notre pays, au-delà même des différences de positionnement électoral ou doctrinal. Mais les royalistes ont un avantage sur les uns et les autres : l'essence de la monarchie française est politique, éminemment politique, et ne doit rien, dans sa légitimité propre, aux jeux financiers et aux parentèles politiciennes, ce qui a l'immense avantage de « libérer la magistrature suprême de l'Etat », de lui permettre d'affirmer la justice sociale face aux puissances d'argent et, ainsi, de rendre à l'Etat une certaine force de frappe qui, aujourd'hui, semble diablement manquer aux gouvernements européens et à la Commission européenne, obligée cette semaine encore, de « manger son chapeau » face aux agences de notation, alors même qu'elle est parfois si violente à l'égard des Etats et des peuples quand il s'agit de dénoncer les déficits ou les entraves à la libre concurrence !

 

« Il faudrait un Louis XIV pour arrêter tous les Fouquet qui imposent leur « gouvernance » à l'Etat ! » : et les communistes d'opiner du chef, peut-être un peu gênés d'être d'accord avec un royaliste...

 

 

(à suivre)

 

 

 

 

 

14/11/2011

Le Fonds européen de stabilité financière est-il mort-né ?

L'Union européenne ne suscite guère la confiance en tant que telle, et la dernière mésaventure du fameux FESF (Fonds européen de stabilité financière) destiné à lever des milliards d'euros (officiellement jusqu'à 1.000 milliards...) le prouve à l'envi, comme le rapporte le quotidien Les échos le 8 novembre dernier : « Le FESF, qui n'avait pas fait appel au marché depuis juin, a été obligé de payer un prix élevé pour lever 3 milliards d'euros de titres à 10 ans (...). ». Comme le souligne Marianne (12-18 novembre 2011) : « Alors qu'il devait être appelé à lever des centaines de milliards d'euros sur les marchés pour faire face à la crise des dettes souveraines, il suscite dorénavant la méfiance des investisseurs. Le FESF a dû s'y prendre à deux fois pour lever 3 milliards d'euros au profit de l'Irlande. Et il a dû servir un taux d'intérêt en très forte hausse. Le différentiel avec les taux allemands a plus que triplé en cinq mois ! ». En somme, ce FESF risque d'aggraver encore un peu plus l'endettement européen alors que sa mission première était de venir en aide aux Etats... trop endettés ! C'est le serpent qui se mord la queue !

 

Cette information n'est pas mineure et elle augure mal de la suite, comme le souligne un analyste économique interrogé par Les échos : « Depuis quelque temps l'écart de taux entre le FESF et l'Allemagne suit d'assez près l'évolution de l'écart France-Allemagne, note Clement Genes, chez Kepler. Le marché semble anticiper une dégradation de la note de la France et son impact sur la capacité d'emprunt du Fonds de stabilité ; les investisseurs tiennent aussi compte des incertitudes sur la pérennité des mécanismes de soutien de la zone euro. » En somme, la France apparaît désormais comme le prochain « maillon faible » de la zone euro, avec des conséquences approchantes de celles vécues par la Grèce ou les autres pays de l'Europe méditerranéenne, et le FESF est, d'une certaine manière, « mort-né », à cause de cette « faiblesse » de la France ...

 

C'est d'ailleurs ce que dit Jacques Attali dans un entretien paru jeudi 10 novembre dans La Tribune : « Le FESF ne fonctionnera pas. Ajouter de la dette à la dette avec la garantie de l'Allemagne et de la France fera perdre le Triple A à ces pays sans résoudre en rien le problème financier posé. Emprunter pour donner sa garantie à ceux qui ne le peuvent plus est une course en avant suicidaire. Cela ne peut pas marcher. La dernière émission du FESF a d'ailleurs été sanctionnée par les marchés, compte tenu du flou qui entoure cette machine à gaz. »

 

Quand on pense que certains nous vantaient il y a encore quelques mois le « rôle protecteur de l'euro » (sic !)... Les marchés cannibales n'ont cure des slogans, comme les peuples en ont assez des uns comme des autres, aussi dévastateurs les uns que les autres...

 

07/11/2011

Economies budgétaires : les députés aussi !

Dans la situation difficile dans laquelle la France se trouve au regard de son endettement public, la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) propose avec un certain bon sens  la réduction du nombre des députés nationaux de 577 à 300 en rappelant que la plupart des décisions législatives actuelles trouvent leur origine au niveau de l’Union européenne et du Parlement européen, ce que l’on peut d’ailleurs regretter. Cette réduction, si elle était avalisée par les autorités politiques, devrait être l’occasion d’un redécoupage des circonscriptions et il me semble que cela pourrait aussi être le bon moment pour en finir avec le département, création artificielle et administrative de la Révolution française qui avait été faite pour permettre une meilleure centralisation, en fait un véritable centralisme politique dont la France a encore du mal à se remettre… Mais réduire le nombre de députés pourrait aussi se conjuguer avec une baisse du nombre des sénateurs, mais une baisse moins marquée en proportion car il me semble que le Sénat pourrait jouer un rôle plus important dans les années à venir, comme celui d’une « Chambre des régions et des collectivités locales, politiques et socio-économiques » : n’est-ce pas une piste à creuser ?

 

Evidemment, cette proposition d’une réduction de leur nombre risque de déclencher les foudres des députés, attachés à leur siège respectif, et nous allons avoir droit à de beaux argumentaires de leur part sur « la proximité » (sic !) des élus avec leurs électeurs… Or, il faut rappeler quelques éléments simples : aujourd’hui et constitutionnellement, le « mandat impératif » n’existe pas et il a même été interdit dès les premières heures de l’Assemblée nationale, à l’été 1789, les députés étant désormais censés représenter, par leur assemblée même, la « volonté générale » ou « souveraineté nationale », forcément « une et indivisible » : cela signifie que les députés n’ont, en fait, aucune obligation envers leurs électeurs et qu’ils peuvent, cas extrême mais pas forcément rare, faire exactement l’inverse de ce que pour quoi, au regard de leurs promesses de campagne, ils ont été élus !

 

De ce fait, le nombre de députés n’a, en définitive, aucune importance dans le cadre d’une démocratie représentative et parlementaire, et ce nombre actuel de 577 est totalement arbitraire… Le diminuer aurait comme conséquence d’agrandir les circonscriptions mais pas forcément d’abaisser un peu plus les responsabilités des députés, celles-ci étant de moins en moins grandes dans le cadre européen et d’autant plus quand, aujourd’hui, les principales mesures « politiques » semblent se prendre au sein des agences de notation ou par les institutions de l’Union européenne, quand ce n’est pas seulement dans le cadre d’un partenariat (bancale, d’ailleurs) franco-allemand… Alain Madelin, ultra-libéral notoire et européiste non moins virulent, avait mis les pieds dans le plat il y a quelques années en expliquant son peu d’intérêt pour sa fonction de député au Palais-Bourbon par le fait qu’elle ne servait « à rien » ! Sans doute était-il un peu sévère et prenait-il son désir pour une réalité mais il n’avait pas complètement tort, c’est le moins que l’on puisse dire !

 

Concrètement, cette diminution du nombre de députés français permettrait une économie de presque 300 millions d’euros par an, selon les estimations de la CFTC : est-ce si négligeable que cela ?

 

Mais on pourrait demander aussi une baisse significative des revenus des députés français siégeant au Parlement européen : aujourd’hui, le seul salaire d’un eurodéputé est d’environ 8.000 euros, et une députée reconnaissait l’an dernier que la moitié lui suffirait bien, puisque, à côté de ce salaire, il y a de multiples indemnités de fonctionnement (assistants parlementaires, secrétaires, etc.) qui permettent (très) largement l’exercice des fonctions parlementaires à Bruxelles et Strasbourg…

 

Si le monde politique veut garder une certaine crédibilité, il doit aussi faire les mêmes efforts que ceux qu’il demande aux citoyens, sous peine de nourrir un ressentiment qui pourrait vite tourner à l’antiparlementarisme. Les mêmes efforts, voire un peu plus, pour donner l’exemple…