Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/07/2008

Baccalauréat.

Le baccalauréat est devenu, au fil des ans, un rite de passage en France qui marque la fin de l’adolescence et l’entrée dans le monde adulte, celui des longues études et du travail : il n’est pas certain qu’il soit autre chose, désormais, et j’ai déjà exprimé, sur mon premier blogue, mes réserves à l’égard de cette institution bicentenaire.

 

Chaque année apporte son lot d’anecdotes, de perles, de scandales, mais aussi de surprises et, il faut bien le dire, d’émotions, en particulier chez les parents et parfois plus que chez les lycéens eux-mêmes… J’ai ressenti cette émotion particulière il y a quelques jours, avec une issue heureuse, Dieu merci !

 

Cela étant, il va bien falloir envisager une réforme véritable du bac et, surtout, engager une réflexion sur ce que l’on veut en faire dans le cadre d’une rénovation de l’Enseignement français, rénovation qui ne doit pas être une simple « harmonisation européenne » destructrice des traditions françaises et inadaptée à nos réalités particulières locales. En finir avec l’hypocrisie et la désuétude d’un système ne doit pas signifier le remplacer par un autre tout aussi funeste

 

Doit-on privilégier le contrôle continu, ce qui aurait l’intérêt de diminuer le coût du bac et d’apparaître comme plus représentatif de la scolarité de l’élève ? Mais, dans ce cas-là, le bac ne perd-il pas de sa valeur symbolique, rituelle ? Ne serait-il pas, alors, plus simple d’aller jusqu’au bout de la logique et n’en faire que la sanction finale des études secondaires, sans passer par l’examen du mois de juin ? Pas certain que l’effet en soit positif, tout compte fait, et ce malgré toutes mes préventions à l’égard de l’examen actuel.

 

Faut-il supprimer le bac ? Je dois avouer que j’ai eu, ces dernières années (voire en un temps encore plus proche…), la forte tentation de militer pour cette solution. Mais, à bien y réfléchir, s’il faut en finir avec une hypocrisie bien réelle autour d’un examen aujourd’hui peu crédible, cette solution m’apparaît moins appropriée désormais.

 

Plusieurs pistes sont à explorer pour revaloriser, en attendant mieux, ce fameux bac : tout d’abord, en rehausser le niveau par des exigences plus marquées dans les épreuves majeures, cela pour éviter de donner la désagréable impression que « on le donne à tout le monde » (ce qui, d’ailleurs, n’est pas exact, surtout si l’on regarde les résultats dans certains établissements des quartiers moins favorisés). Faut-il, pour autant, en augmenter le nombre d’épreuves ? Cela ne me semble pas nécessaire, et le nombre actuel me semble fort convenable : n’oublions pas, que pour ce sujet comme pour d’autres, ce n’est pas le nombre qui importe mais ce que l’on met derrière (ou dans) chaque épreuve.

 

Remuscler le bac, c’est aussi en refaire le « premier diplôme universitaire », ce qu’il n’est plus, en fait, que pour l’administration et a provoqué un engorgement et une dévaluation grave (mortelle ?) des universités ouvertes à tous les bacheliers. Mais cette politique de réévaluation du bac n’est possible que si l’Etat ne recule pas devant les multiples pressions des « usagers » et devant le « politiquement correct » pour lesquels évoquer la « sélection » équivaut à un casus belli… Cela n’est possible aussi que si ce même Etat, accompagné des autres pouvoirs publics et des acteurs socio-professionnels, inscrit cette transformation dans une politique plus globale de l’Enseignement en France et d’insertion de l’Ecole dans les réalités françaises, sans méconnaître le fait, fondamental en France, que l’instruction et la culture ne sont pas réductibles au seul domaine économique et que l’Ecole ne doit pas avoir comme seule vocation de former des « professionnels », ce qui revient aussi aux différents corps de métier et entreprises, sans exclusive.

 

Mais l’Ecole doit instruire, former, orienter pour permettre à chacun de trouver sa place dans la société, selon ses compétences et ses aptitudes, mais sans négliger les vocations particulières lorsqu’elles sont motivées et assumées et qu’elles peuvent trouver à s’exercer dans notre société (ce qui n’est pas toujours le cas, pour des raisons diverses, souvent liées aux deux éléments évoqués précédemment…).

 

Il faut donc en finir avec cette idée perverse, idée qui est plus un préjugé qu’autre chose, que « le bac est un droit », et avec cette autre idée, non moins néfaste et parfois très illusoire, qu’il ouvre « toutes les portes » : mais, il ne faut pas oublier les « non bacheliers » pour qui de nouvelles possibilités, autant d’études que d’insertion dans le monde du travail, doivent être ouvertes. Revaloriser le bac en négligeant ceux qui ne l’auraient pas serait la pire des choses et ouvrirait la voie à des désespérances scolaires et sociales qui s’apparenteraient à un véritable gâchis humain. Or, n’oublions pas ce qu’écrivait avec raison Jean Bodin : « Il n’est de richesses que d’hommes », véritable formule d’un humanisme raisonné « à la française ».

 

 

Post-scriptum : toutes mes félicitations aux heureux bacheliers, qu’ils aient été mes élèves ou non… Vous fermez un chapitre pour en ouvrir un autre ! Bonne continuation ! Et bon courage à Igor et à Arthur pour les oraux de lundi, tous mes vœux vous accompagnent.

 

10/02/2008

Travailler plus, dans l'enseignement.

« Travailler plus pour gagner plus » semble être un beau slogan, alléchant dans son principe mais ce n’est, en définitive, qu’un effet d’annonce et un leurre, en particulier en ce qui concerne l’enseignement. D’ailleurs, « les caisses sont vides », ne cesse-t-on de nous dire pour expliquer la suppression de nombreux postes d’enseignants, y compris dans le lycée où j’exerce ce qui reste, pour moi, le plus beau métier du monde.

 

Même des projets importants préparés par des collègues volontaires sont parfois abandonnés, faute d’autorisation mais surtout de crédits, y compris celui d’une « classe européenne » à l’heure où l’on nous serine sur tous les tons l’importance des langues et « l’ouverture » sur les autres pays du continent… Le Ministère n’est pas à une contradiction près. Quant aux classes qui comptaient, pour certaines d’entre elles, un nombre moins lourd d’élèves à des heures spécifiques (et n’est-ce pas ce qui permet un meilleur apprentissage des langues, en permettant aux élèves de parler plus fréquemment durant l’heure de cours ?), les voilà toutes remplies au maximum, à cause de la suppression de nombreuses heures allouées au lycée dans la fameuse « dotation globale horaire » de cette année.

 

Personnellement, je ne suis pas hostile au fait de « travailler plus » et, par exemple, de faire du « soutien scolaire » à quelques élèves en difficulté ou des « cours libres » sur l’histoire des institutions, de préparer des entraînements aux concours, etc. Encore faudrait-il que cela soit dans des conditions favorables et que l’on permette, d’abord, de le faire, tout simplement : il y a de multiples projets qui pourraient voir le jour dans les lycées de France s’il y avait moins de contraintes administratives et plus de soutien (ne serait-ce que moral…) de la part des rectorats et des inspections académiques… Or, visiblement, nous ne sommes pas dans cet état d’esprit-là, à mon grand regret.

 

Puisque c’est l’argent qui semble poser problème, pourquoi ne pas permettre aux établissements scolaires, en plus des crédits normalement alloués par l’Etat, de lever des fonds en faisant appel aux initiatives privées mais aussi communales, par exemple ? Le plurifinancement des lycées et des collèges, mais aussi des universités, me paraît le meilleur moyen (financier) de maintenir une qualité satisfaisante des enseignements dispensés. Je ne verrai rien de choquant à ce qu’une entreprise de BTP participe au paiement d’heures de soutien scolaire ou qu’un office de tourisme subventionne une activité de « découverte du patrimoine » (et des cours d’histoire-géographie, ce qui est assez logique), en plus, bien sûr, des cours obligatoires toujours payés par l’Etat ou les Pouvoirs publics.

 

Ce qui est certain, c’est qu’il faut, par contre, refuser une simple logique comptable ou « de rentabilité » qui oublierait les rôles traditionnels de transmission des savoirs et connaissances et d’épanouissement des intelligences en sacrifiant la qualité à la quantité…

 

31/01/2008

Classe Patrimoine et mécénat éducatif.

Puisque la commission Attali vient de faire de multiples propositions, y compris sur l’enseignement (il me faudra y revenir) et que la commission Rocard rend son rapport lundi prochain, en voici quelques unes qu’ils n’ont pas faites et que je défends depuis déjà quelques années, même si, malheureusement, elle n’est plus appliquée au lycée Hoche, faute d’un nombre suffisant d’élèves candidats.

 

 

 

   

 

Depuis quelques années existent des classes « atelier Patrimoine » qui permettent à des classes de Quatrième ou de Seconde des activités tournant autour du Patrimoine, en particulier des lieux d’installation ou de proximité des établissements concernés. Ces classes sont en général recherchées par les parents qui y voient, en fait, une sorte de « classe privilégiée », ce qui n’est pourtant pas leur vocation première.

 

Il semblerait intéressant de confirmer et de multiplier ces classes dans le paysage scolaire pour diverses raisons :

 

-d’abord pour des raisons de mise en valeur d’un patrimoine français, national ou régional, voire communal, parfois négligé par les élèves, trop souvent « absents » à la culture française ou à l’Histoire des lieux. Cela ne peut que favoriser l’intégration des jeunes générations à une « dynamique civilisationnelle », en particulier celles issues d’autres espaces culturels et historiques mais destinées à rester et vivre en France.

 

-ensuite pour le développement de l’autonomie des élèves, qui doivent fournir l’effort de « monter » des projets autour du Patrimoine à partir d’un thème donné : chaque « classe Patrimoine » doit présenter ses travaux de l’année dans une exposition ou un spectacle de fin d’année.

 

-d’autre part pour permettre l’ouverture des établissements vers l’extérieur. Chaque « classe Patrimoine » doit signer des conventions de partenariat avec la municipalité du lieu d’établissement, mais aussi avec des partenaires qui peuvent être culturels (offices de tourisme, monuments historiques concernés par le thème de l’année, etc.) ou, pourquoi pas, industriels ou commerciaux. C’est là que le « mécénat éducatif » peut s’avérer utile…

 

 

Multiplier ces classes, c’est déjà permettre à chaque établissement scolaire d’avoir au moins une « classe Patrimoine », mais c’est aussi l’étendre à tous les niveaux de la Sixième à la Première incluse. Cela implique de simplifier la validation de ces classes par les administrations académiques, et de mettre en place des « incitations » pour les enseignants pour favoriser leur volontariat qui ne doit pas être que du bénévolat…

 

 

Le problème de cette politique est, bien sûr, le financement en cette période d’économies budgétaires. D’où l’idée de coupler ces « classes Patrimoine » avec la mise en place d’un véritable « mécénat éducatif », c’est-à-dire la participation d’entreprises (le plus souvent locales, ou succursales locales de grandes entreprises nationales ou multinationales) au financement du projet ou d’éléments du projet de la « classe Patrimoine » (fourniture de matériel, financement de sorties ou de visites en rapport avec l’activité « Patrimoine », participation à une « caisse Patrimoine » dont il faudrait définir les statuts précis, le mode de fonctionnement et le contrôle des sommes engagées, etc.). L’avantage supplémentaire serait de dédramatiser la question des rapports de l’entreprise avec l’Ecole en montrant l’intérêt de liens particuliers sur des sujets qui ne sont pas qu’économiques mais aussi culturels.