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05/01/2013

Depardieu et la République fiscale...

 

Ce qui est devenue l’affaire Depardieu ne cesse, depuis quelques semaines, d’enflammer la toile et le paysage politique français tout autant que le monde du cinéma qui révèle, à ceux qui ne s’en doutaient pas encore, toutes ses détestations et conflits internes. L’acteur Depardieu est devenu aux yeux des uns un véritable pestiféré, un traître qu’il convient de dénoncer et de clouer au pilori, pour les autres le symbole du ras-le-bol et de la fuite des capitaux hors de notre pays du fait de la trop grande pression fiscale actuelle… Mais ce n’est plus un film, c’est un feuilleton dont Depardieu est la tête d’affiche, peut-être bien à son corps défendant d’ailleurs !

 

Quelques remarques sur ce feuilleton, en lui-même fort révélateur, à la fois d’un certain état d’esprit de nos élites comme de nos gouvernants, mais aussi des contradictions des uns et des autres, et des défauts de cette République qui va aujourd’hui à vau-l’eau en attendant son discrédit final et, il faut le souhaiter pour elle, fatal…

 

Tout d’abord sur les motivations de l’exil fiscal de Gérard Depardieu : partir pour échapper à l’impôt de son pays me semble, en soi-même, peu honorable, et c’est faire peu de cas de la solidarité nationale que sont censés permettre taxes, redevances et impôts directs au profit de la communauté nationale toute entière, en de multiples secteurs, de l’enseignement à la santé. Malheureusement, Depardieu, aujourd’hui emblématique de cette désertion fiscale, a été précédé depuis bien longtemps par la plupart des grands entrepreneurs et financiers de ce pays, de nombreux acteurs et chanteurs, mais aussi par des sportifs qui, comble de l’ironie, portent les couleurs de la France dans les compétitions internationales, par exemple dans les sports de raquette ou de nage… D’autres, revenus en nos terres françaises, rechignent encore à régler leurs dettes envers l’Etat français, tels M. Noah, ancien sportif reconverti dans la chanson mais aussi soutien fervent de l’actuel président lors de la campagne électorale de 2012 !

 

Cela étant, rappelons l’adage bien connu que les socialistes semblent avoir oublié : « trop d’impôt tue l’impôt ». La pression sur les contribuables est forte en France et peut-être même mal répartie, et il semble que l’Etat n’a pas vraiment de stratégie fiscale à long terme, préférant aller à la facilité sans se poser la question des avantages et inconvénients (et pas seulement dans le cadre financier) de telle ou telle imposition (ou augmentation de celle-ci) et sans vraiment remettre en cause les véritables privilèges de certaines catégories, en particulier au sein de ce que l’on pourrait nommer « le pays légal », c’est-à-dire la classe politicienne et ses nombreux élus… Il est tout de même surprenant, pour ne pas dire choquant, que ceux-là mêmes qui sont tenus de voter la loi ou de la faire appliquer se prémunissent contre les effets de celle-ci quand elle pourrait leur imposer de participer un peu plus au bon fonctionnement de l’Etat… Les mêmes qui vouent Depardieu aux gémonies ont refusé, il y a quelques mois, de diminuer leur traitement de parlementaire (tout ceci dans un ensemble touchant et éminemment républicain, de Droite comme de Gauche, les principales exceptions se recrutant, d’ailleurs, à Droite…), et de renoncer à quelques  avantages fiscaux que leur situation d’élus leur assure, aux frais des finances publiques !

 

Il est aussi « amusant » de constater que les dénonciateurs de M. Depardieu en appellent à un « patriotisme fiscal » quand, dans le même temps, ils moquent le patriotisme économique ou s’enflamment contre le protectionnisme, et ne cessent de vanter les mérites de la « citoyenneté européenne » et de la libre circulation des biens et des personnes au sein de l’Union européenne, mais aussi au-delà, en arguant des bienfaits de la mondialisation qui va en finir avec les barrières et les frontières… Il y a là une contradiction, n’est-ce pas ? Car, comment peut-on reprocher à M. Depardieu de vouloir s’installer en Belgique (comme il le déclarait en décembre dernier), qui est bien un pays de l’Union européenne et de la zone euro, et dans le même temps, comme cela est le discours officiel depuis nombre d’années, prôner une Europe fédérale qui, si elle se faisait et appliquait l’harmonisation fiscale, entraînerait un véritable effondrement des ressources financières de l’ensemble français ? Terrible contradiction dans les discours de nos gouvernants qui, d’ailleurs, suscite l’amusement dans les milieux européistes et à Bruxelles, et agace un certain nombre de politiques et contribuables belges qui n’apprécient guère de voir leur pays pratiquement dénoncé comme un « paradis fiscal » par le grand pays voisin !

 

Bien sûr, M. Depardieu a tort de partir, que cela soit en Belgique ou en Russie ! Et je suis assez nationaliste pour dire que j’y vois une forme de trahison ! Mais c’est aussi parce que je suis nationaliste que je dénonce également une République qui n’est plus capable de faire aimer et respecter la France, une République qui passe son temps à fiscaliser quand il faudrait d’abord économiser, qui passe son temps à vanter « l’Europe, l’Europe, l’Europe » mais sans en accepter les conséquences, qui passe son temps à parler « mondialisation » (malgré M. Montebourg qui, au moins, a le courage de remettre en cause cette nouvelle idéologie dominante) sans en mesurer les conséquences sociales et environnementales…

 

M. Depardieu a individuellement tort mais c’est bien la République la principale responsable de cette désertion, et cette affaire n’en est que la triste illustration : au grand tribunal de l’histoire, c’est Danton, le fondateur même de ce Tribunal révolutionnaire qui le condamne à la mort, qui est guillotiné au temps de la Terreur mais c’est la Terreur, celle de la 1ère République, qui est néanmoins condamnée aux yeux des hommes et des générations qui suivent

 

31/12/2012

La taxe ratée...

 

Il y a beaucoup de choses à reprocher à la République et à ses dirigeants, et tout particulièrement l’hypocrisie, qui est sans doute la pire des choses en politique, au même titre que le manque de courage et l’indécision. Ainsi, le rejet par le Conseil constitutionnel de la fameuse taxe à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros : qui peut croire que M. Hollande ne savait pas qu’elle serait annulée par ce Conseil, alors même que son principal conseiller, le secrétaire général de l’Elysée Emmanuel Macron, évoquait cette taxe provisoire comme celle d’un Etat comparable à un « Cuba sans le soleil » ? Qui peut croire qu’un Président de la République est un « amateur » en matière fiscale ou qu’il n’a pas des spécialistes sur la question capables de lui dire que sa proposition serait, au regard du Droit français, invalidée ? En fait, et sans doute dès le début, M. Hollande savait que cette taxe était condamnée, et cela avant même d’arriver au faîte de l’Etat, mais il s’agissait pour lui de mordre sur l’électorat d’une Gauche qui semblait, au printemps 2012, sensible aux sirènes mélenchonistes, et, pour cela, toutes les démagogies étaient autorisées, la fin présidentielle justifiant tous les moyens électoraux puisque la France a le malheur d’être en République

 

Sinistre farce mais à laquelle, d’ailleurs, peu de gens ont cru : je me souviens d’une conversation entendue dans un café de Saint-Briac en pleine effervescence électorale, conversation durant laquelle une jeune femme visiblement issue des classes aisées et attachée, selon ses termes, à la « mondialisation obligatoire et forcément bénéfique (sic !) », expliquait qu’elle voterait « évidemment » pour François Hollande mais tout en affirmant à son interlocuteur encore hésitant que le candidat socialiste serait, de toute façon, « raisonnable » et que cette taxe, pourtant présentée comme fondamentale dans sa stratégie de candidat (mais qui dit stratégie ne dit pas forcément « mise en pratique »…), ne serait pas vraiment « utile » ni même « souhaitable », et qu’il y renoncerait sans doute après quelques mois et quelques conseils… Cette même jeune femme arguait de la nécessité pour François Hollande de « convaincre le peuple » qui « malheureusement » votait… Je n’invente rien, j’ai bien entendu cela !

 

Et ce qui devait être, est effectivement ! Cette fameuse taxe symbolique a joué son rôle dans l’élection, même si elle ne devait, disait-on dans les milieux économiques, rapporter que des sommes relativement dérisoires (quoique, au point où en sont les caisses de l’Etat…) : elle est désormais invalidée et disparaît des dispositions du budget 2013 en attendant de disparaître définitivement dans les placards des promesses électorales, comme tant d’autres après chaque élection… Avant cette taxe à 75 %, il y a eu la fameuse « taxe carbone », censurée par ce même Conseil constitutionnel en 2009 et, malgré les promesses du lendemain de la reformater, totalement enterrée ensuite, dans une indifférence générale…

 

Ce gouvernement est d’une hypocrisie totale quand il essaye de faire croire qu’il va chercher à relancer cette taxe en la formulant différemment ou en l’amendant « légèrement (sic !) » ! Les beaux discours de M. Hollande lorsqu’il était candidat sont, les uns après les autres, défaits par les réalités ou, bien plutôt, par cette sorte de fatalisme qui aujourd’hui gangrène le monde politique et le persuade qu’il ne peut, en définitive, rien faire si ce n’est suivre le cours de la mondialisation économique : cette morale impolitique de « la feuille morte au fil de l’eau » m’agace au plus haut point, et je refuse cette désertion de l’Etat face aux difficultés, cette propension à rendre les armes avant même d’avoir combattu, que cela soit à Florange face au prédateur Mittal ou à Bruxelles face à la chancelière allemande !

 

Après tout, cette affaire de taxe refusée n’est pas la plus grave, même si elle est hautement révélatrice (et que cette taxe, personnellement, ne me choquait pas outre mesure, bien au contraire, comme je l’ai déjà écrit ici) : ce qui est inquiétant, c’est cette impression donnée par la République et son gouvernement actuel, certes forcément « provisoire », que l’Etat a renoncé à réfléchir et à agir, à décider et à s’imposer ! A contrario, donc, voici encore quelques raisons supplémentaires d’être royaliste !

 

 

10/09/2012

L'indigne M. Arnault.

 

M. Arnault est l’homme le plus riche de France mais il n’aime pas la France : c’est ainsi que l’on peut interpréter sa décision de demander au royaume de Belgique de lui accorder la nationalité belge… Et les propos de M. Fillon, ancien premier ministre de la République, apparaissent bien maladroits, voulant voir dans cette initiative de M. Arnault une conséquence de la politique fiscale de l’actuel gouvernement quand elle n’est qu’une preuve supplémentaire de l’avidité de certains, enivrés d’argent et incapables de s’en désintoxiquer !

 

En ces temps de mondialisation, qui est une forme « civile » (pour l’heure, en tout cas) de « guerre économique », la décision annoncée de M. Arnault n’est rien d’autre qu’un acte de trahison, quoique que l’on puisse penser par ailleurs du délire fiscal de M. Hollande et malgré que M. Arnault, inquiet des réactions récentes, déclare la main sur le cœur (là où il y a le portefeuille ?) qu’il a bien l’intention de payer ses impôts en France : mais les promesses de M. Arnault sont-elles crédibles, au regard de ses nombreux mensonges précédents, comme lorsqu’il quémandait jadis des aides de l’Etat pour spéculer sur des entreprises en difficulté et en licencier la plupart des salariés au mépris même des engagements pris ?

 

En tout cas, depuis samedi, c’est le bal des hypocrites : des ministres du gouvernement Ayrault font la morale au patron déserteur, alors même qu’ils participent de la même idéologie libérale et européiste que lui et qu’ils savent que leurs admonestations n’auront aucun effet car ils ne leur donneront aucune suite concrète. Certains, et parfois les mêmes, toujours à gauche, parlent de « patriotisme » pour rappeler les devoirs des chefs d’entreprise alors même qu’ils brocardent quotidiennement le « protectionnisme », et considèrent parfois que la France est « dépassée » et doit se fondre dans un grand « Tout mondial », au nom de la mondialisation « moderne et inéluctable »… Ce dernier reproche ne s’adresse évidemment pas à M. Montebourg qui n’a pas attendu les derniers jours pour prôner un patriotisme économique et social de bon aloi, et qui reste un chantre, plus modéré que du temps des primaires socialistes néanmoins, de la « démondialisation ».

 

Je suis sévère avec M. Arnault car je place la France avant l’argent et avant les intérêts particuliers, surtout financiers, mais je suis tout aussi sévère envers M. Hollande et son priapisme fiscal qui risque bien d’étouffer les forces vives de ce pays et de donner des arguments à ceux tentés de s’exiler dans des pays plus « accommodants » (sic !) sur le plan des impôts et des taxes… J’entendais ce lundi midi sur RMC un chef d’entreprise qui annonçait qu’il abandonnait purement et simplement la nationalité française et démontait une de ses usines en France pour échapper au fisc, arguant de charges trop lourdes pour maintenir son activité avec profit dans notre pays ! Quel gâchis !

 

En tout cas, dans cette affaire Arnault, la République montre ses limites et son incapacité à réagir efficacement : beaucoup d’agitation et de discours moralisateurs, et rien, concrètement, pour parer à l’initiative de M. Arnault…

 

On est bien loin de la réaction du roi Louis XIV face à Nicolas Fouquet, l’homme le plus riche et qui se voulait, à tort, le plus puissant du royaume, jadis bon serviteur de la monarchie mais enivré de ses succès au risque d’oublier le service de l’Etat : le roi le fit arrêter et confisqua ses biens, et marqua par là l’autorité du politique, au-delà des considérations purement économiques et des féodalités financières. Par cet acte « fondateur », Louis XIV annonçait que, désormais, en son royaume et sous sa monarchie absolue, l’Argent n’imposerait jamais son règne à l’Etat et à la France, ce que, sous la République, seul le général de Gaulle rappela par sa formule célèbre, « La politique de la France ne se fait pas à la Corbeille ». Une leçon que nos gouvernants devraient méditer…

 

Mais cette République, coincée entre deux élections et tellement dépendante des jeux d’argent pour celles-ci, a oublié les pratiques monarchique et gaullienne et elle confond trop souvent le fait de gouverner avec celui de simplement gérer : le mot de « gouvernance », qui n’est qu’un terme d’économie, remplaçant le mot de « gouvernement » qui, lui, est de nature politique, montre bien l’abandon de la République à des forces qui la dépassent. M. Arnault peut faire ce qu’il veut, qu’a-t-il à craindre ?

 

On pourrait s’abandonner à ce fatalisme, mais on a le devoir d’y résister et de poser la question des institutions qui pourront mettre au pas ces princes de la Fortune vagabonde. Là encore, la réponse monarchique s’avère la plus efficace, contre la démesure de quelques « trop riches » qui ont oublié les devoirs sociaux que la richesse donne à ceux qui la possèdent envers les moins aisés de nos concitoyens, ne serait-ce que par le biais de l’impôt redistributif.