Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/01/2017

Un royaliste face à l'élection présidentielle du printemps prochain.

L'année 2017 est à peine commencée que le combat des chefs présidentiel a repris, en prévision du printemps électoral qui verra l'un des postulants s'emparer du palais de l'Elysée pour y prendre ses quartiers durant le prochain quinquennat. La Gauche prépare sa primaire de janvier que les enquêtes d'opinion annoncent favorable à M. Valls (mais la prudence s'impose dans les pronostics), tandis que la Droite se range derrière M. Fillon qui a déjà perdu une bataille dans l'opinion publique, celle de la Sécurité sociale, et qui s'apprête à en perdre d'autres s'il s'entête à se vouloir thatchérien ou à promouvoir le projet d'aéroport Vinci à Notre-Dame-des-Landes, entre autres. Quant aux candidats périphériques, ils manœuvrent pour ne pas se faire oublier des médias, avec des succès fort variés : quand M. Mélenchon et Mme Le Pen peuvent espérer jouer un rôle important, au moins de nuisance envers le « Système », et qu'ils sont reconnus comme tels, voire valorisés ainsi par les journalistes, MM. Dupont-Aignan et Jadot, Mme Rama Yade et quelques autres, sont boudés par la presse et n'ont guère désormais de visibilité, alors même que leurs discours apparaissent plus libres car moins gênés par la perspective d'une victoire et qu'ils soulèvent parfois de vrais débats aujourd'hui négligés, à tort, par les grands partis institutionnels. M. Macron, lui, n'est pas encore totalement identifié au sens idéologique du terme, et les politologues ne savent pas encore s'il n'est qu'une « bulle » qui éclatera en arrivant à la surface, au moment de la « vraie » campagne, ou s'il dispose d'un terreau électoral qu'il pourrait faire fructifier au printemps sans rester au niveau des pâquerettes...

 

Cette élection prochaine est passionnante parce qu'elle semble, à ce jour, très ouverte et qu'elle sera, peut-être, l'occasion de vrais débats (au moins un temps) avant que les appareils partisans ne reprennent les choses en main, préparant le coup d'après, ces élections législatives de juin qui, elles aussi, décideront de la plus ou moins grande latitude d'action et de décision du nouveau Chef de l’État.

 

Le royaliste que je suis n'est pas un exilé de l'intérieur, et je me refuse à détourner les yeux et les oreilles du spectacle politique parce que celui-ci serait, de toute façon, de piètre qualité et que la République est un régime qui m'apparaît fort néfaste pour le pays et sa pérennité. Etre royaliste ne signifie pas se retirer dans une tour d'ivoire et attendre la catastrophe finale en maugréant « Je vous l'avais bien dit... » ! Non, être royaliste impose de tout faire pour « éviter le pire et promouvoir le moins pire » : les débats que la République propose ou impose méritent d'être abordés, voire complétés et même débordés, et je ne laisserai pas aux républicains le monopole de la parole et de la réflexion, bien au contraire. Je suis à l'aise dans les débats républicains parce que, justement, je ne suis pas républicain et que, du coup, je suis d'autant plus libre pour aller au-delà des arrangements politiciens ou des clivages partisans. Discuter avec des hommes et femmes de gauche ou de droite, ou même des extrêmes et des marges, ne me fait pas peur, et je n'exclus personne de la discussion, même pas les pires, car cela serait leur donner des raisons supplémentaires de cultiver l'exclusion, eux-mêmes pouvant arguer de leur propre mise à l'écart pour vanter leur exclusivisme... Certains se souviennent comment, étudiant monarchiste à Rennes, je n'hésitais pas à me rendre à des réunions anarchistes ou extrémistes de tous les bords pour débattre et proposer : cela était parfois houleux et même dangereux, mais cela « était », tout simplement, et j'ai toujours rappelé que ma devise personnelle m'obligeait : « la liberté, ça ne se renifle pas : ça se respire ».

 

Dans cette période électorale, je lis tous les programmes (autant que faire se peut), et j'écoute les analyses, attentif aux enjeux et aux perspectives. Je ne suis pas neutre, bien sûr, et mon royalisme est « principiel » dans mon appréhension des idées et des projets : c'est pour cela que j'ai, avec l'aide de mes amis du Groupe d'Action Royaliste, lancé cette nouvelle enquête sur la Monarchie et que je participe sur la toile, dans les lieux de sociabilité rennais, bretons, parisiens ou versaillais (entre autres) ou dans les réunions des uns ou des autres, à toutes les discussions possibles, même si le temps disponible réduit parfois mes ambitions...

 

2017 s'annonce à la fois comme une année dure et passionnante : il s'agira, en ces temps de « mondialisation discutée » et d'incertitudes économiques et politiques, de promouvoir l'idée-force d'une Monarchie « traditionnelle dans ses principes, moderne dans ses pratiques » : non par esthétisme ou provocation, ni par dilettantisme intellectuel ou par romantisme, mais par nécessité et volonté de servir, encore et toujours, une France dont, comme le signalait le catholique éminemment royaliste Georges Bernanos, le monde a besoin...

 

 

 

09/09/2015

L'échec de la République.

En ce début d’année scolaire, ce ne sont pas les sujets d’actualité et parfois d’indignation qui manquent, et l’absence d’une monarchie digne de ce nom dans notre pays se fait cruellement sentir en ces heures à la fois douloureuses et incertaines : la République n’est plus, suivant l’expression terrible de Pierre Boutang, qu’un « Semble-Etat » incapable de mener une politique sur le long terme, bornée qu’elle est par l’échéance de l’élection présidentielle (2017, 2017 ! En attendant 2022…), cet horizon apparemment indépassable de l’action politicienne en France qui fait oublier toute raison et toute humilité… Triste régime qui brasse du vent quand il faudrait un grand souffle pour la nation et ses générations présentes et à venir.

 

 

Cela ne veut pas dire que tous nos ministres sont médiocres, et il en ait même d’excellents, malgré leur étiquette social-démocrate. Mais la République, par ses principes et son exercice mêmes, entre domination oligarchique et légitimation partisane (la démocratie dite représentative…), dévalorise l’action politique et la légitimité même de celle-ci, et laisse le champ libre à une « gouvernance » qui est bien la vassalisation du politique et des Etats à l’économique et à ses grandes féodalités. On peut le regretter, et c’est mon cas, mais c’est ainsi : la République ne s’impose plus aux puissances économiques et financières, mais est devenue leur pitoyable jouet. Cela étant, est-ce seulement contemporain de MM. Hollande et Sarkozy, ou n’est-ce pas une tendance lourde des démocraties contemporaines quand elles ne sont plus ordonnées par une autorité d’Etat forte et éminemment politique ? Georges Simenon, dans son livre « Le Président » qui inspira l’excellent film éponyme de Verneuil avec Gabin et Blier dans les rôles principaux, l’avait laissé entendre de façon plutôt explicite, ce qui ne surprend guère de la part de cet écrivain un temps proche des amis du Comte de Paris…

 

 

Le fondateur de la Cinquième République n’avait que mépris pour les Troisième et Quatrième Républiques, tellement parlementaires qu’elles en étaient impuissantes et corrompues, ce que Clemenceau, pourtant républicain radical (au sens originel du terme…) et qui ne connut pas celles postérieures aux années 30, confirmait par ses piques incessantes et désabusées sur les représentants du peuple et ses collègues députés ou ministres. Si l’Etat sembla restauré en 1958 sous la férule du général de Gaulle, cela ne dura que le temps pour les politiciens de reprendre le terrain que l’homme du 18 juin leur avait soustrait : en redevenant le régime des partis, la République, même si elle sut encore faire illusion quelques années et au-delà, en quelques occasions (sorte d’hommage du vice à la vertu, en somme…), abandonnait dans le même mouvement ce qui aurait pu lui assurer l’indépendance et l’efficacité. Plus la Cinquième République se « démonarchise », plus elle retombe dans les travers qui ont entraîné la perte des précédentes… et, plus grave encore, le malheur de la France : si le sort de la République n’est pas forcément ma préoccupation première, celui de la nation France m’importe et je m’inquiète de la voir si mal défendue face aux périls qui montent à l’horizon. Si, pour ceux qui ne le sont pas encore, il n’y a pas d’urgence à devenir royaliste (et cela n’a en somme que peu d’importance), il y a nécessité pour le pays d’instaurer au plus vite cette Monarchie active que j’appelle de mes vœux, non pour le simple décorum royal, mais parce qu’elle, selon l’heureuse formule de Thierry Maulnier, « la dernière chance de la liberté »…

 

 

 

 

 

14/04/2015

Le data-panoptisme, voici l'ennemi !

 

« Liberté, que de crimes on commet en ton nom » : la formule douloureuse et triste que prononce, au pied de l'échafaud, madame Roland, l'une des grandes femmes de la Révolution, se confirme encore et toujours, et nos démocraties n'échappent pas à ce mouvement, même si elles inscrivent le mot Liberté au fronton de leurs mairies, les gravant dans le marbre ou la pierre, sans doute pour éviter qu'elle ne bouge trop... J'en veux pour preuve les dernières mesures législatives qui, au nom de la lutte contre le terrorisme, tendent à surveiller encore un peu plus nos concitoyens et leurs lectures ou interventions informatiques, et que MM. Cazeneuve et Valls promeuvent, soutenus par une Droite libérale (sur le plan économique, en fait) qui redoute plus que tout le désordre à défaut de pouvoir fonder l'ordre qui fait une civilisation digne de ce nom.

 

D'ailleurs, les populations ne sont-elles pas en demande de cette surveillance renforcée, persuadées que la transparence absolue n'est pas un souci pour qui n'a rien à se reprocher ? Certains sondages évaluent à plus de 60 % au sein de la société française les citoyens qui préfèrent sacrifier une part de leur liberté à cette sécurité qu'on leur promet après l'avoir, en fait, fragilisée par un laxisme, voire une lâcheté des autorités qui, souvent, portent bien mal ce nom...

 

En fait, ces nouvelles mesures annoncées par le gouvernement s'inscrivent dans la logique d'une démocratie qui, pour obtenir le consensus nécessaire à son existence (ce que certains appellent la « pensée unique » qui, en fait, n'est que « dominante » mais cherche à discréditer toute critique à son égard), doit de plus en plus contrôler les pensées d'autrui et empêcher les dissidences ou, du moins, les marginaliser ou les contenir. Au nom de la (nécessaire) lutte contre l'islamisme extrémiste et terroriste, la République applique à toute la population française une sorte de « loi des suspects » aveugle : ainsi, toute curiosité sur des idées ou des idéologies « dissensuelles » pourra-t-elle être l'occasion de soupçons graves, de pressions administratives ou de sanctions pénales, toujours au nom d'une Liberté majusculaire à protéger, dont la définition n'appartiendra qu'aux intellectuels validés par la République et à une École qui a pour rôle de formater plus que de former...

 

Plus le temps passe, plus je me dis que les tristes événements de janvier dernier ont été, pour une République pourtant lasse d'elle-même, une véritable « divine surprise » qui lui permet de limiter le champ des libertés concrètes, politiques comme intellectuelles, avec une bonne conscience certaine et un soutien craintif d'une Opinion lasse, elle-aussi, de régner (l'abstention n'est-elle pas une manifestation de cette « fatigue civique »?) et juste soucieuse qu'on « lui foute la paix », dans cette logique de l'individualisme de masse qui ne fait pas un « vivre ensemble » (selon la formule consacrée...).

 

Mais, au-delà de cette limitation des libertés publiques par la surveillance du numérique, sans doute faut-il repenser notre rapport à l'écran et cette dépendance à la technique, en particulier informatique.

 

Dans un article récent du quotidien Le Monde (mardi 14 avril 2015), l'écrivain Eric Sadin nous rappelle que notre société est devenue largement « numérique », et, par ce fait même, de plus en plus transparente et également voyeuriste : « Nous entrons dans l'ère du « data-panoptisme », soit la cartographie détaillée et opérée en temps réel du cours de nos existences individuelles et collectives. Cette connaissance est continuellement stimulée par l'industrie du numérique et se trouve exploitée, légalement ou non, par nombre d'instances étatiques.

 

« La maison connectée signalera en temps réel les produits qui seront consommés en son sein, les programmes de télévision visionnés, le poids et la physiologie des personnes, la présence ou non de ses résidents...

 

« (…) Bien d'autres modalités participent de ce mouvement de transparence généralisée, tels les réseaux sociaux qui promeuvent à des fins lucratives l'idéologie de l'expressivité, ou les drones militaires, civils et personnels qui scrutent de leurs yeux électroniques les surfaces de la Terre.

 

« Le data-panoptisme terrasse peu à peu toute zone dissimulée ou rétive à l'observation. » Or, le droit au secret, à l'intimité préservée, n'est-il pas un élément principal de la liberté humaine ?

 

Cette dépendance de nos contemporains au numérique est, souvent, une forme de « servitude volontaire », acceptée et même revendiquée sous la formule apparemment anodine de « modernité », et beaucoup y voient (ou croient y voir) la nouvelle et seule forme de la Liberté majusculaire... Il est vrai que c'est aussi le message que les médias et les partisans de la numérisation totale (et demain de la robolution obligatoire...) développent à longueur de temps et de colonnes, à quelques fortes exceptions près. Dans la ligne d'un Bernanos qui fustigeait le règne des Machines et l'état d'esprit qui le permettait dans ses articles-chapitres de « La France contre les robots », Eric Sadin finit son papier par quelques conseils simples et bienvenus : « Plutôt que de nous focaliser de temps à autre sur quelques lois sécuritaires et leurs inévitables travers, ce sont nos modes de vie et la place outrageusement déterminante occupée par le monde numérico-industriel qui devraient continuellement nous interpeller. La loi sur le renseignement menace en germe les libertés publiques. Le data-panoptisme menace dans son fondement le principe même de la liberté humaine. »

 

Le data-panoptisme est un des moyens de ce globalitarisme menaçant pour notre capacité à penser hors des autoroutes de l'idéologie dominante : s'il apparaît aujourd'hui conquérant, il ne tient qu'à chacun d'entre nous, par sa fidélité, son enracinement et ses libertés d'être et de pensée, de l'écarter de nos vies... Après tout, nous ne sommes pas des numéros ni de simples avatars numériques, mais des hommes susceptibles d'être libres, et de le faire savoir !