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22/06/2017

La Monarchie pour la vraie démocratie. Partie 3 : Cette République si peu respectueuse des libertés provinciales.

Les royalistes proposent, mais ils critiquent aussi, et c'est parce qu'ils sont insatisfaits qu'ils souhaitent une Monarchie soucieuse du Bien commun et protectrice des libertés, à l'inverse de la République qui, au fil de ses expériences constitutionnelles jusqu'à aujourd'hui, peut paraître parfois bien peu respectueuse des droits historiques des peuples de France et de leur exercice concret. C'est ce que j'ai rappelé dans mon petit discours du dimanche 18 juin, devant les auditeurs du Banquet du Groupe d'Action Royaliste. (3e partie)

 

 

 

 

 

Nous, royalistes, voulons un retournement politique, ce que certains pourraient nommer une « révolution », mais le terme peut tromper sur ses formes et conséquences, et rappeler de mauvais souvenirs à ceux qui ont la mémoire longue et sensible. Nous voulons donc la démocratie à la base et la monarchie à la tête, comme une remise en cause de ce qui est actuellement et une remise en ordre de la nation dans toutes ses particularités et dans son unité profonde. Nous voulons un nouvel équilibre des pouvoirs qui ne doit plus être cette disharmonie permanente et injuste issue de la Révolution jacobine.

 

Ce retournement, c'est une véritable décentralisation des pouvoirs et non une simple déconcentration ; c'est l'autonomie des pouvoirs régionaux, communaux et professionnels, dans le cadre de l'unité française.

 

Ce n'est donc pas cette République qui, en 2014, raye d'un trait de plume l'Alsace pour l'intégrer légalement et administrativement dans une super-région technocratique et sans âme. Ce n'est pas cette République qui refuse aux Nantais de pouvoir redevenir Bretons depuis 1955, contre l'avis même des populations locales et, aussi, contre l'histoire de la ville, capitale des ducs, et de la Bretagne toute entière ; ce n'est pas cette République qui refuse certains prénoms celtiques à l'état civil pour de mauvaises raisons administratives, comme cela est encore arrivé en avril dernier à Quimper ; ce n'est pas cette République qui impose, au nom de directives européennes qui lui sont supérieures (si l'on en croit les juristes), une libéralisation violente qui entraîne la disparition des services publics dans les villages et les villes moyennes de France sous prétexte de « rentabilité » et de « lutte contre les déficits » qui, pour ces derniers, ne cessent néanmoins de se creuser toujours plus au fil des années... Le « dessèchement » du monde rural, qui se traduit parfois par une désertification concrète des territoires et par la réduction du nombre d'écoles, de gares et de maternités, est aussi la destruction d'une part de ce que Fernand Braudel nommait « l'identité de la France » et, comme nous oserons le dire, de son « âme ».

 

Cette démocratie-là, qui se drape dans les plis d'une République qui se veut exemplaire à défaut d'être irréprochable (ce qui semble fort difficile comme de récents scandales nous le prouvent à l'envi), n'est pas royale : elle n'est qu'oligarchique et « libéraliste », et elle semble, sauf heureuses exceptions, oublier tous les devoirs politiques et sociaux de l’État, tout ce qui fait qu'un État est juste et légitime !

 

 

 

 

 

(à suivre)

 

19/06/2017

La Monarchie pour la vraie démocratie. Partie 1 : Quand M. Macron imite la Monarchie...

Tandis que la grande ombre de l'abstention s'étendait sur les urnes et que le soleil inondait la France, le Groupe d'Action Royaliste faisait banquet ce dimanche 18 juin pour la dernière fois de l'année scolaire, au terme d'une longue période électorale épuisante et fort déstabilisante pour les anciens équilibres politiques, désormais obsolètes. En présence d'une cinquantaine de convives, j'ai déroulé quelques éléments de réflexion sur le thème de « la Monarchie pour la vraie démocratie », dont voici le résumé, en trois parties, dont la première ci-dessous :

 

 

 

La République s'est donnée un nouveau président, à l'issue d'élections plus animées par les affaires et les juges que par les vrais débats économiques, sociaux ou tout simplement politiques : on peut le regretter, mais c'est ainsi... Il est vrai que nous vivons à l'ère de la communication, et le règne de la transparence ressemble de plus en plus à celui des juges. Sommes-nous désormais les sujets d'une République des juges qui s'imposerait au Politique et ordonnerait ses décisions et l'orientation du Pouvoir d’État ? Peut-être pas encore, mais certains en rêvent, et ce n'est pas sain pour la qualité du discours et de la discussion politiques...

 

Et c'est ainsi, en définitive, que M. Macron a profité des circonstances autant que du soutien, fort peu discret, des grands médias et de l'Union européenne (en ses institutions et commensaux) qui, désormais, s'invite sans vergogne dans nos élections et débats français, décidant pour nous de ce qui est bien et de ce qui est mal. Ainsi, selon la Commission européenne, il ne pouvait y avoir que deux candidats acceptables, viables et, surtout, « eurocompatibles », MM. Fillon et Macron, ce dernier devenant son favori après les ennuis judiciaires du candidat de la Droite républicaine, et son « chouchou » quand il revendiquait haut et fort son europhilie et sa modernité.

 

Ainsi fut-il élu, presque sans peine...

 

Mais il n'alla pas célébrer sa victoire à la Bastille ou à la République, lieux symboliques et habituels de cette Gauche qui se réfère à une Révolution dont les ouvriers et paysans furent pourtant les principales victimes comme l'avait bien compris le socialiste Proudhon. C'est au Louvre qu'il se rendit, dans le palais des rois, dans ce lieu d'histoire qui est la preuve la plus forte et convaincante que la France n'est pas née en 1789 !

 

Hommage du vice à la vertu, diront certains d'entre nous, mais ne boudons pas notre plaisir de voir l'histoire royale française ainsi reconnue, valorisée et sans doute récupérée, peut-être sous l'influence de Stéphane Bern, soutien affirmé du couple présidentiel  : après tout, ne dit-on pas que le diable porte pierre ?

 

Macron connaît l'histoire de France, mais il la trafique parfois et en contredit la vérité quand il parle de la colonisation en Algérie comme d'un crime contre l'humanité. Nous le savons, nous qui sommes royalistes de la longue mémoire, et nous le contredirons, au nom de cette vérité due à la France mais aussi à nos enfants, même s'il semble avoir renoncé à ce qui paraît bien être une provocation sans lendemain (mais pas forcément sans conséquences)...

 

Il connaît l'histoire de France et s'amuse aussi à lui faire nombre de clins d’œil, comme il semble aussi en faire aux royalistes ou, du moins, à ceux qui savent l'importance de l'héritage monarchique dans notre pays. Son entretien de l'été 2015 publié dans la revue Le 1 et dans lequel il évoquait l'absence de la figure du Roi comme préjudiciable à l'exercice même du pouvoir en France et dans lequel il rappelait, à raison, que le peuple français n'avait pas voulu la mort du roi en 1793, ne nous laisse pas, évidemment, indifférent.

 

Mais nous sommes en République...

 

 

 

 

 

(à suivre)

 

13/06/2017

Le dégagisme macronien, avant la Monarchie royale ?

A la fin des années 1980, lors d'une campagne cantonale à laquelle la Fédération Royaliste de Bretagne participait par la présentation de trois candidats (dont moi-même en Ille-et-Vilaine), nous placardions une affiche sur laquelle était dit, en lettres capitales : « Pourquoi élisez-vous toujours les mêmes ? ». Trente ans après, il semble que les électeurs nous aient soudain pris au mot en exécutant, électoralement parlant, nombre de notables des anciens grands partis : les Républicains, donnés faciles vainqueurs durant les années précédant 2017 et jusqu'aux premiers jours du printemps, sont déroutés tandis que les Socialistes, qui avaient une très large majorité dans la Chambre issue de 2012, semblent condamnés à disparaître, au moins pour un temps, à la ressemblance du PASOK grec dans les années 2010...

 

Ainsi, le mouvement de « dégagisme », annoncé en ses discours par M. Mélenchon, bat son plein mais pas forcément au profit de ceux qui l'espéraient ou l'avaient théorisé : le Front National et la France Insoumise eux aussi souffrent de ce grand courant d'air qui ressemble désormais à une véritable tempête et Éole a pris le visage de M. Macron, nouveau « maître des horloges », au moins pour un temps... Bien sûr, l'abstention est forte et dépasse le nombre d'électeurs déplacés, mais que pèse-t-elle ? Cela fait des années qu'elle prospère, en particulier aux élections européennes, et cela n'a jamais rien changé, ni même influé sur les décisions prises au Parlement européen : dans un système de démocratie représentative, elle « n'existe pas », politiquement parlant, puisqu'elle est la « non-participation », ou le « retrait » (volontaire ou distrait) de la scène politique. Il n'est pas dit que, dans une Monarchie active, elle ne soit pas, d'une manière ou d'une autre, prise en compte, par exemple par un certain nombre de sièges vides dans l'assemblée concernée par le vote du moment ou par une tribune offerte, dans le cadre des débats parlementaires, à des acteurs minoritaires ou marginaux de la vie politique : il n'est pas interdit de faire preuve d'imagination en politique, et la Monarchie pourrait ouvrir de nouvelles voies de réflexion et d'action en ce domaine comme en bien d'autres. Aujourd'hui, en République, l'abstention nourrit le discours de l'opposition sans pour autant la rejoindre ou la légitimer...En somme, c'est un avertissement sans exigence !

 

La vague macroniste, dont il faudra mesurer l'ampleur véritable au soir du second tour, est surtout révélatrice d'un besoin de renouvellement et de l'élan présidentiel qui ressemble bien à un état de grâce comme, dans le même temps, à une exigence de réussite : c'est aussi le vote pluriel de toutes les espérances, au-delà du grand système partisan qui, jusqu'aux derniers temps, dominait le monde politique et, d'une certaine manière, encageait le « pays réel ». La fin d'un ancien « pays légal » n'est pas pour autant la fin du « pays légal » lui-même, mais sa mutation, et une nouvelle identité de celui-ci, peut-être plus enraciné dans un « pays réel », ici principalement identifié à des classes moyennes et supérieures, mondialisées et connectées, qui ne sont pas forcément tout le « pays réel », mais sa pointe urbaine et progressiste, avec tous les risques que cela comporte pour les autres catégories d'icelui. Pierre Debray, le théoricien royaliste des années 1960-80, y verrait sans doute le triomphe d'une forme avancée de la bureau-technocratie (qu'il dénonçait) alliée au monde de la libre-entreprise, voire du Travail (qu'il comprenait et, pour la dernière catégorie, soutenait).

 

Il y a aussi un autre facteur qui a sans doute contribué au succès de M. Macron et de ses candidats : c'est le besoin de « passer à autre chose », de se rassurer et de retrouver une certaine quiétude (mais n'est-elle pas, aussi, une manière de fuir un réel inquiétant plutôt que de l'affronter et de le surmonter ?) après le temps des attentats et devant les craintes suscitées par une mondialisation dont beaucoup rêvent qu'elle redevienne ce qu'elle apparaissait hier, cette domination de « notre monde » sur ceux des autres ? En somme, la volonté de croire que la croissance reviendrait conforter un mode de vie auquel nos sociétés contemporaines occidentales se sont accoutumées, au risque, d'ailleurs, de perdre toute mesure environnementale et tout esprit de tradition, fut-il « critique » : la « croyssance » (selon la belle perle d'un élève peut-être plus révélatrice que beaucoup de vérités orthographiques) est une sorte d'espérance matérialiste qui trouve, qu'on le regrette ou pas, un vaste écho dans les générations contemporaines et M. Macron l'a bien compris, qui en est issu et s'adresse à elles avec des mots qu'elles comprennent, au moins pour les plus jeunes et les plus aisées.

 

La donne a changé en quelques semaines, et, pour ceux qui pensent la politique concrète, il faut bien en tenir compte, ce qui ne signifie pas se contenter de quelques constats mais réfléchir à partir de ses nouvelles réalités à leurs conséquences et aux moyens de préserver ce qui doit l'être, de critiquer « ce qui nous tue » et de préparer « l'avenir que tout esprit bien-né souhaite à sa patrie » : si les royalistes oublient cette règle simple que Maurras avait qualifié d'empirisme organisateur, ils ne seront rien d'autres que les témoins effarés d'une cathédrale effondrée. Or, la Monarchie, dont M. Macron connaît les avantages et qu'il mime au lieu de la rétablir en ses formes traditionnelles et dynastiques, est plus que jamais nécessaire même si elle apparaît malheureusement trop lointaine au regard de nos contemporains. Nécessaire parce qu'elle enracine profondément la magistrature suprême au lieu de la laisser soumise sans défense aux vents violents des temps et aux aléas de la mondialisation et de l’Économie sauvage, et parce qu'elle permet que la verticalité du Pouvoir d’État n'empêche pas l'existence de pouvoirs horizontaux, du moment comme des communautés naturelles et professionnelles : « Sub rege, rei publicae » (1), disait-on au Moyen âge, et la Monarchie réalise ce que la République, par essence centralisatrice, n'autorise pas.

 

Oublier que la Monarchie n'est pas un simple moment de « verticalité » et d'arbitrage mais qu'elle est, d'abord et toujours, « le temps long » de la continuité sans la rigidité, celui de la « verticalité incarnée en une suite familiale », c'est commettre une erreur qui, à terme, pourrait être mortelle pour notre pays et sa pérennité : c'est une erreur qu'il faut dénoncer, et corriger...

 

 

 

 

 

 

 

 

Notes : (1) : une formule que l'on peut traduire par « Sous le patronage du roi, les libertés publiques, ou les républiques communales, sociales, professionnelles »...