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06/06/2017

La toujours nécessaire Monarchie.

Je dois participer ce soir à une émission de radio sur la question des institutions à l'invitation d'Olivier Tournafond, et j'y évoquerai évidemment tout l'intérêt que peut revêtir aujourd'hui une Monarchie royale pour notre pays, pour aujourd'hui et encore plus, pour demain. Il est vrai que cette année électorale présidentielle, surprenante sans être totalement inédite, a sans doute réveillé, fort inconsciemment encore, le monarchisme latent qui dort au fond du cœur de chaque Français, ce que soulignait en d'autres temps Georges Bernanos. De Gaulle s'en était servi et l'actuel locataire de l’Élysée, auteur d'une intéressante réflexion dans l'été 2015 sur la figure du Roi, en joue aussi, captant le besoin de légitimité et de verticalité que, d'ordinaire, la Monarchie a vocation à incarner. Est-il, lui-même, touché par la « grâce royale » ? Sera-t-il ce « Monk » (1) que le philosophe Pierre Boutang avait cru trouver en Charles de Gaulle ? Bien malin qui peut le savoir à cette heure !

 

Quoiqu'il en soit des idées et des projets macroniens, la nécessité de parler et de militer en faveur de l'établissement institutionnel de la Monarchie royale ne se dément pas, bien au contraire : une incarnation de la magistrature suprême de l’État en un roi « éternellement renouvelable » et son enracinement en « une famille à aimer » reste le moyen d'une politique française digne de ce nom, de la France et du « monde qui a besoin de la France » comme l'a aussi dit Bernanos avant que, dans son discours inaugural, M. Macron reprenne la même formule, mot pour mot.

 

La Monarchie n'est pas superflue, elle est, au contraire, cette nécessité institutionnelle qui pérennise l'existence comme la volonté de l’État, au-delà du titulaire momentané du poste suprême de Chef de l’État. Elle est aussi cette garantie d'un arbitrage au-delà des passions et des querelles politiques, ce que le président élu ne peut que brièvement assumer, plus ou moins vite rattrapé par le rappel de sa seule légalité électorale et de l'aspect forcément limité d'une légitimité qui repose sur les sables mouvants d'une Opinion versatile et parfois plus intéressée par son intérêt à court terme que par le Bien commun, plus difficile à saisir et à accepter. De plus, la Monarchie a cet avantage de « faire confiance » aux peuples de France, et peut le prouver par une nouvelle organisation décentralisée et fédérative de la nation dont la République, essentiellement, ne veut pas, depuis ses origines jusqu'à ce dernier redécoupage des régions décidé d'en haut par un M. Hollande ne sachant pas, une heure même avant son annonce, le nombre exact d'icelles... En ce sens, et en reprenant la pensée de La Tour du Pin (2), s'il faut la Monarchie au sommet de l’État, c'est pour permettre la vitalité de la démocratie à la base : en somme, « les républiques françaises (familiales, communales, professionnelles, provinciales) sous le haut patronage du Roi ».

 

Il est aussi un domaine dans lequel la Monarchie peut jouer un rôle non négligeable, c'est celui de la gestion du souci environnemental sur le long terme : devant transmettre à son successeur un royaume en bon état, et aux générations suivantes une France vivable, le souverain royal se doit d'être « un bon jardinier », se souvenant aussi de la formule « monarchique » de La Fontaine : « Mes arrières-neveux me devront cet ombrage »... Cette forte responsabilisation de la Monarchie impose des devoirs au roi du moment, pourvu que la Monarchie soit active, ce qui est la tradition de la Monarchie « à la française ».

 

Car, et c'est un point majeur, la Monarchie à établir ne doit pas être un simple couronnement symbolique de l’État (ce qui n'est pas, pour autant, inutile), mais une véritable royalisation de l’État, qui en est une meilleure valorisation et un meilleur usage, au profit du Bien commun et de la France, et le meilleur service à rendre au monde en ces temps incertains...

 

 

 

 

 

 

Notes : (1) : le général George Monck, dit « Monk », républicain proche d'Oliver Cromwell et conseiller de son fils, restaura la Monarchie de Charles II après l'expérience, plutôt malheureuse, de la République puritaine anglaise.

 

(2) : La Tour du Pin, 1834-1924, penseur royaliste et théoricien du corporatisme monarchique.

 

08/05/2017

L'ambiguité monarchique de M. Macron...

Ainsi, la République s'est donnée un nouveau président en un dimanche qui, s'il fût d'abord d'élection, fût aussi d'abstention : M. Emmanuel Macron a rassemblé autour de son nom à la fois ceux qui souhaitaient un nouvel élan et ceux qui tremblaient devant un nom qui continue de courir depuis les débuts de la Cinquième République en une dynastie républicaine d'opposition ; ceux qui espéraient et ceux qui craignaient ; ceux qui y croyaient et ceux qui n'y croyaient pas... Élu, l'ancien candidat est reconnu président, même s'il reste encore officiellement une semaine de présidence Hollande : déjà, il endosse la posture présidentielle avant que d'en arborer les insignes.

 

Et pourtant, dans cette soirée de dimanche fraîche en température et aux places urbaines désertées, hormis les environs du Louvre, la République a semblé prendre les atours de l'ancienne Monarchie, au moins pour quelques minutes... Comme le retour étrange des fantômes d'un palais qui fût celui des rois avant de devenir le musée de la nation. Ce soir-là, ce n'était plus la Bastille détruite ni la République triomphante de Léopold Morice qui accueillaient le nouvel élu, mais la colonnade de Claude Perrault et les échos des Tuileries, comme une sorte d'hommage à ce qui avait permis à la France d'être et de paraître, à ces rois qui, selon la formule célèbre, « ont fait la France » avant que la République ne s'y installe. L'avancée solitaire au rythme de l'hymne européen (mais qui, pour beaucoup, est d'abord une musique classique de « majesté »...) dans une sorte de lumière irréelle et avec une solennelle lenteur, pouvait rappeler la cérémonie d'un sacre sous les voûtes de la cathédrale de Reims et cette même symbolique d'un homme entrant dans l'histoire par la porte du Pouvoir. Les journalistes les plus avisés ne s'y sont pas trompés, évoquant l'aspect « monarchique, royal, voire royaliste » de cette étrange entrée en présidence, avant même la cérémonie de passation des pouvoirs du 14 prochain ! Un de mes correspondants du soir résumait tout cela en une formule lapidaire : « l'hommage du vice à la vertu »...

 

Mais il nous faut avouer un sentiment étrange : M. Macron fait effectivement appel à ce qui fait vibrer notre fibre monarchique, et certains royalistes n'y sont pas indifférents, comme le prouvent quelques uns des noms qui l'accompagnent, dont celui de Stéphane Bern qui incarne, pour nombre de nos concitoyens, cet amour de la France et de son histoire, plus royal que républicain. Et ce n'est pas la première fois qu'il rappelle aux Français leurs racines nationales et royales, de son discours d'hommage à Jeanne d'Arc à Orléans à sa visite au Puy-du-Fou aux côtés de Philippe de Villiers. Sans oublier non plus cet entretien de juillet 2015, publié dans Le 1, dans lequel il souligne l'incomplétude de la démocratie et toute l'importance de l'incarnation royale, de « la figure du Roi » qui manque à la France : « La démocratie comporte toujours une forme d'incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du Roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le Roi n'est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace. On le voit bien avec l'interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. » Ce passage de l'entretien fait désormais partie de ces morceaux de papier que l'on range dans le porte-feuille pour le ressortir à l'occasion, comme une sorte de talisman intellectuel... ou de rappel utile !

 

Mais M. Macron n'est pas le Roi, nous le savons et nous le redisons, et, si je lui reconnais cette volonté de renouer avec une part monarchique de l'héritage français, ses liens forts avec l'oligarchie financière et son européisme revendiqué ne peuvent qu'inquiéter ceux qui pensent le social sans négliger les devoirs de l'économique : l'élu présidentiel saura-t-il sortir de sa posture de candidat des élites pour devenir ce Chef de l’État qui se doit d'être celui de tous, y compris des plus faibles, pour rendre au Politique ses lettres de noblesse sociale ? Laissons le temps à l'avenir de trancher avant que cela soit celui de l'histoire !

 

Et si, au bout du compte et au fond de l'impasse de la République, c'était « la figure du Roi » qui, justement, sortait de ce nouveau règne élyséen, comme un « complément » ou, mieux, comme la seule et juste alternative politique et institutionnelle ? Il n'est pas interdit de le croire, ni impossible de le préparer : après tout, le rôle des royalistes n'est pas de suivre les fourgons de la République mais de monter dans les locomotives de l'histoire...

 

 

 

 

01/05/2017

Quelle métamorphose institutionnelle pour la France ? Partie 2 : La Monarchie nécessaire à la métamorphose.

La métamorphose de la représentation civique et de la vie politique, et parlementaire sans doute après le 18 juin prochain (second tour des élections législatives), requiert une intervention politique aussi bien pour l'ordonner que pour la stimuler, mais aussi pour en brider les débordements chaotiques : or, il n'est pas certain que la forme républicaine de l’État soit la plus adaptée à ce grand chantier institutionnel, à cette métamorphose souhaitée par beaucoup et souhaitable pour tous, et M. Macron lui-même montrait, dans un entretien publié dans la revue Le1 en juillet 2015, combien la démocratie actuelle « comporte toujours une forme d'incomplétude » en République par l'absence de « verticalité », de cette « figure du Roi » qui répond à la demande d'émotion et d'union dans une nation, dans un ensemble collectif issu de l'histoire et acteur de celle-ci. A moins de rendre à la fonction d'arbitre suprême l'indépendance de fait et de naissance que procure le mode de succession héréditaire déjà appliqué dans sept États de l'Union européenne, la métamorphose institutionnelle ne peut se réaliser pleinement !

 

Ainsi, la France aurait, à son tour, tout à gagner de l'établissement d'un véritable régime mixte : un État monarchique royal en son sommet, arbitre et protecteur de républiques provinciales, communales et professionnelles, dotées les unes et les autres de vrais pouvoirs, législatifs ou de négociation, particuliers. Ce qu'a réussi, au moins pour les régions de son royaume, le roi Juan Carlos en Espagne dans les années inaugurales de son règne, en bouleversant l'organisation interne de son royaume et en réactivant les autonomies et les citoyennetés provinciales. C'est cette « révolution politique des territoires et de leurs pouvoirs », par le moyen de ces nouvelles institutions monarchiques et enracinées dans l'histoire de la nation qu'il s'agit de promouvoir, ne serait-ce que pour « éloigner » le Pouvoir d’État des citoyens eux-mêmes, non pas pour les déposséder de leur citoyenneté effective et sensible, mais au contraire pour leur permettre un véritable épanouissement civique et personnel dans le cadre d'un meilleur équilibre des rapports entre la Direction générale de la nation et les libertés publiques locales.

 

Ces nouvelles agoras, ces républiques françaises sont demandées par le corps électoral, de façon parfois rude et souvent inconsciente, et la Monarchie fédérative des pays et peuples de France peut apporter quelques forts éléments de réponse aux attentes françaises que certains peuvent qualifier de « démocratiques » sans que cela ne me choque, loin de là : je suis fidèle à la pensée de La Tour du Pin qui souhaitait la Monarchie dans l’État, et la démocratie dans les provinces et les communes, avec l'utilisation des compétences à tous les étages sans qu'elles prennent le pas sur l'autorité royale et les libertés publiques (compétences qu'ils qualifiaient d'aristocratiques au sens grec du terme).

 

La métamorphose institutionnelle, si elle veut être à la fois utile et efficace, ne peut se faire que dans un cadre monarchique « fédératif », ce que me signalait fortement l'écrivain Marcel Jullian (1) en me déclarant que c'était le moyen privilégié pour « rendre leur citoyenneté complète à tous les citoyens français » et cela sans nuire à l'unité française qui, en définitive, ne doit pas être confondue, comme l'a trop longtemps fait et continue à le faire la République, avec « l'indivisibilité », synonyme d'uniformité et non de l'inaliénabilité et de l'intégralité du pays que, d'ailleurs, la République est bien incapable d'assurer sur le long terme, comme le prouve l'histoire des deux derniers siècles et une actualité cruelle et récente...

 

 

 

Notes : (1) : Marcel Jullian, (1922-2004), co-scénariste de « La grande vadrouille » et président de la deuxième chaîne de télévision publique entre 1975 et 1978.