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25/03/2015

La politique actuelle est indigne...

 

J'ai suivi d'une oreille distraite la soirée électorale de l'autre dimanche et j'ai parcouru d'un œil non moins indifférent les articles de presse et leurs commentaires sur les « leçons des départementales » : suis-je pour autant un mauvais citoyen ? En fait, j'aime trop la politique et particulièrement le débat d'idées pour aimer ce qu'elle est devenue, entre rappels constants à la « République » et « petits crimes entre amis », entre oukases vallsiens et revanche libérale.

 

D'ailleurs, en ce dimanche électoral ensoleillé et pollué, j'ai préféré lire le livre de M. Bertrand Le Gendre sur le dialogue entre de Gaulle et François Mauriac, livre que m'avait conseillé le matin même Jean-Philippe M., socialiste de grande culture avec lequel il est toujours agréable -et instructif- de converser, mais aussi, dans l'après-midi, poursuivre la lecture du « journal » de Friedrich Reck-Malleczewen, cet aristocrate allemand, monarchiste impénitent et antinazi virulent qui paya de sa vie cet engagement intellectuel contre la barbarie.

 

Avec ces deux ouvrages (sur lesquels je reviendrai dans de prochaines notes), on apprécie mieux la valeur des idées (et leur prix de sang, parfois...) et l'art de la conversation, au sens noble du terme, et les querelles politiciennes d'aujourd'hui nous paraissent bien vaines ou, plus exactement, bien méprisables. Non pas que tous ceux qui se soumettent au jeu des urnes le soient eux-mêmes (j'en connais qui, de droite ou de gauche, méritent le respect et ont de la politique une grande idée, de celle qui impose de grands devoirs...), mais le « système », entre jeux médiatiques et croche-pieds partisans, entre dévoiements des intelligences et trahisons des électeurs (quand il faudrait parfois savoir leur parler, pour les convaincre, non pour les tromper...), décrédibilise la politique à laquelle il ne laisse plus, en somme, que le soin de « gérer la crise » quand il faudrait qu'elle s'impose à l'économique et à cette « gouvernance » qui n'est rien d'autre que l'inféodation du politique et des États aux exigences de l'hubris libérale. Les politiciens sont d'autant plus odieux qu'ils renoncent à cette capacité de résistance aux idées reçues qui devrait être leur raison d'être, et d'agir.

 

Je ne suis pas un « idéaliste » qui verrait en la politique un chemin de roses tout comme je ne la vois pas seulement comme un « combat de rosses » : j'ai lu Mazarin et je connais la politique et les manœuvres de Richelieu, voire ses bassesses. Mais la « fin » (le service du souverain, de l’État, de la France) pouvait justifier certains « moyens » qui, utilisés aujourd'hui pour des fins moins nobles et plus individuelles (plus individualistes...), m'apparaissent détestables et condamnables. C'est aussi cela qui fait que je suis royaliste, fidèle et non idolâtre, politique et non servile...

 

 

 

 

 

 

 

26/06/2013

La République de l'outrance.

 

« La République gouverne mal, mais elle se défend bien » : combien de fois ai-je écrit, crié, murmuré cette citation d'Anatole France, l'auteur d'un roman terrible sur la Terreur, « Les dieux ont soif » ? Mais, aujourd'hui, je la répète encore une fois et avec une sourde colère au regard des nombreuses interpellations, gardes à vue et procès qui frappent les opposants au mariage homosexuel, sanctions souvent sans grand discernement et dans l'injustice la plus certaine. Bien sûr, tout Etat doit se défendre et l'ordre public doit être préservé, au risque sinon de voir triompher la loi de la jungle qui n'est jamais que la loi des plus forts et des plus violents. Sans doute, toute contestation n'est pas bonne en soi... Mais l'on pourrait attendre d'un Etat comme la France, issu d'une longue et parfois douloureuse histoire, un plus grand sens de la mesure : mais la République, elle, surtout lorsqu'elle se pare de grands principes moraux, a tendance à cultiver l'hubris, cette outrance qui, en somme, détruit la légitimité de ce qu'elle est censée préserver !

 

 Ainsi, cette affaire « Nicolas », prénom d'un jeune manifestant hostile à la loi Taubira, désormais promulguée et appliquée avec quelques conséquences collatérales sur le Code civil comme, entre autres, la disparition des termes de « père » et « mère » de ce texte fondamental du Droit français.

 

Ce jeune, Nicolas Bernard-Buss, incarcéré depuis la semaine dernière à Fleury-Mérogis, en fait, est plus encore un révélateur qu'un exemple comme l'aurait voulu un gouvernement aux abois qui ne sait plus comment en finir avec une opposition qui n'est pas « encartée » ou parlementaire mais plus concrète et remuante, moins partisane (au sens politicien du terme) et plus doctrinale. En faisant condamner ce jeune de 23 ans à une peine de prison ferme, le gouvernement (qui se défausse avec une certaine hypocrisie sur « l'indépendance de la Justice »...) espérait effrayer ces opposants qui « ne lâchent rien » comme ils le clament fièrement... Dans ce cas, je doute fortement de la « pédagogie » d'une telle condamnation et de ses arguments ! Bien au contraire, cela a remobilisé des jeunes (et des moins jeunes) qui, décidément, ne veulent plus quitter un pavé auquel ils ont pris goût, comme j'ai pu concrètement le constater encore dimanche dernier, entre la place Dauphine et la rue de Rennes, dans cette immense partie de cache-cache dans les rues de Paris avec des forces de l'ordre visiblement désabusées.

 

Révélatrice, donc, cette incarcération : au moment même où les casseurs du Trocadéro, même condamnés à des peines de prison ferme, semblent échapper plus facilement aux geôles républicaines ; révélatrice aussi, par les raisons évoquées pour un tel traitement, en particulier le « refus de prélèvement d'ADN » qui, désormais, est criminalisé pour tout citoyen désireux de maintenir son « anonymat génétique » (tant que cela est possible, malgré ce risque de sanction...) ; révélatrice également par ce brusque légalisme forcené d'une Gauche qui, pourtant, n'a de cesse, lorsqu'elle n'est pas au pouvoir, de dénoncer les « atteintes aux Droits de l'Homme » que constitue l'usage de la force contre des manifestants parfois beaucoup moins pacifiques que ceux issus des « Veilleurs » ou de « La Manif pour Tous »... Révélatrice également d'une volonté de criminaliser ceux qui ne pensent pas selon les canons de « l'idéologie dominante », suivant une logique un peu inquiétante et qui poussent certains, avec un brin d'exagération à évoquer une « dictature socialiste » quand il faudrait surtout y voir « la dictature du prêt-à-penser », beaucoup plus prégnante et, de toute façon, commune à une grande partie du monde politique et économique, entre libéralisme, social-démocratie et individualisme consumériste...

 

En voulant faire un exemple, le gouvernement a surtout révélé sa faiblesse profonde, une faiblesse qui se crispe en autoritarisme, cette caricature de l'autorité quand « l'ordre et la loi » de la République sont celles de la justice et de la légitimité, voire leurs exacts opposés !

 

Il est des révélateurs et des révélations qui ne peuvent laisser insensibles ceux qui se targuent de réfléchir sur les conditions politiques les plus propices à l'équilibre des sociétés.

 

 

 

Quant à ce jeune homme qui sert, à son corps défendant, de « révélateur » des faiblesses et des outrances de cette République, il faut souhaiter sa libération la plus rapide possible et, mieux, travailler à l'accélérer.

 

 

 

 

 

02/05/2013

Combattre le chômage, ce devoir de l'Etat.

 

Le chômage est un véritable fléau qui ronge nos sociétés contemporaines, et la France, depuis plus de quarante ans, n’arrive pas à sortir de cette situation de chômage de masse, celui-ci touchant plus de 2 millions de personnes depuis une bonne trentaine d’années, avec une durée qui ne cesse d’augmenter au fil du temps. J’ai, d’ailleurs, fait partie de cette « masse » de « sans-travail » au milieu des années 1980, et j’ai pu, par mon expérience propre, constater quelques carences de la politique de l’emploi, trop souvent limitée à des expédients plutôt qu’à une véritable politique d’initiatives et de motivation… Ce n’est pas à l’ANPE (nom à l’époque de ce qui est devenu « Pôle emploi ») que j’ai trouvé du travail ni les moyens de me sortir de ma situation de précaire, loin de là ! La volonté personnelle, une certaine rigueur dans les principes (merci le royalisme politique !), des amis, et en particulier la solidarité des Camelots du Roi, sans oublier le regard attentif de ma famille, m’ont permis de ne pas couler et de pouvoir, au bout d’une année de « galère », me payer mon inscription en Histoire à l’université de Rennes-2 et mener à terme mon rêve de devenir professeur d’histoire, ce que je suis, pour mon plus grand plaisir ! Comme quoi, il n’y a pas de fatalité !

 

Si j’ai pu m’en sortir sans l’aide de l’Etat, cela n’enlève rien à la nécessité d’une politique d’Etat pour faire reculer le chômage en tant que phénomène de masse, trop souvent lié, qu’on le regrette ou non, à la pratique de la mondialisation, et pour créer des emplois dans des secteurs stratégiques pour l’avenir de notre pays : un Etat qui renoncerait à cette ambition économique et sociale n’aurait que peu de moyens pour exister sur la scène internationale et, même, nationale. De plus, si l’Etat n’a pas vocation à tout faire, et ne doit pas céder à cette tentation étatiste, il a néanmoins des devoirs sociaux autant qu’économiques, et la préservation d’une certaine sécurité sociale en fait partie, ne serait-ce que pour assurer l’équilibre et la pérennité de la société sans laquelle l’homme ne serait plus qu’un loup pour l’homme !

 

Le combat contre le chômage n’est pas une tâche facile mais l’Etat ne doit pas renoncer à le mener, « par tous les moyens, même légaux »… Encore faudrait-il ne pas céder au fatalisme d’un François Mitterrand, assurant, au détour des années 1990, que « contre le chômage, on a tout essayé » : non, on n’a pas tout essayé ! Que la République et ses experts aient manqué, parfois, d’imagination, cela est certain ! Mais, justement, renoncer à combattre alors que tant de nos concitoyens connaissent la souffrance sociale, en leur propre sein, ce serait abandonner la France aux seules règles de la Finance, celle-là même que l’actuel François président prétendait combattre hier, lorsqu’il n’était que le candidat favori des sondages mais pas encore assuré du lendemain. Cela serait renoncer aux prérogatives du politique et aux devoirs de celui-ci envers les citoyens. Cela serait la pire des abdications, dans le déshonneur et la défaite sociale… Un véritable « Mai 40 » dont la France aurait bien du mal à se remettre, comme son sinistre précédent…

 

Non, décidément, non : il ne faut pas accepter la fatalité du chômage. Le haut de l’Etat a le devoir de montrer l’exemple d’un esprit de combat et de décision : mais le président, s’il le veut (peut-être), le peut-il ? Les institutions mêmes de la République élective sont-elles les mieux adaptées à ce nécessaire combat qui se livre, non sur un quinquennat, mais sur une ou plusieurs décennies, comme le rappelait il y a quelques années le philosophe Michel Serres ? La question mérite d’être posée…