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01/02/2017

La déception des catholiques de droite.

L'affaire Fillon est une mauvaise nouvelle pour la République, sans doute, mais elle n'en est pas meilleure pour la Droite catholique qui avait placé beaucoup d'espoirs dans un candidat qui se revendiquait ouvertement chrétien, au grand dam d'un Bayrou qui, longtemps pourtant, n'en faisait pas mystère pour lui-même. Aujourd'hui, à entendre les réactions dans les cafés et sur le marché de Versailles, M. Fillon est désormais désavoué par ceux qui, hier, l'avaient porté en tête lors de la primaire de la Droite et du Centre. Les mots employés à son égard sont durs, voire cruels, et parfois injustes, et, personnellement, sauf nouveau retournement, je vois mal comment M. Fillon pourrait aborder l'élection dans les meilleures dispositions et avec l'espérance d'accéder au second tour.

 

Ainsi, les grands perdants de ce feuilleton tragique sont les catholiques de droite dont la cause et les arguments semblent désormais touchés par l'opprobre publique qui frappe le vainqueur de la primaire de la Droite et du Centre. Le coup est rude et certains croient y voir la main de la franc-maçonnerie anticléricale, accusée de préférer M. Macron et, chez les Républicains, M. Baroin, celui qui n'aime guère les crèches de Noël. Sans doute l'occasion a-t-elle fait les larrons, mais se réfugier dans une théorie du complot (qu'il est possible de ne pas totalement rejeter) n'est qu'une stratégie de pis-aller peu propice à saisir les véritables raisons du désamour électoral à l’égard de M. Fillon. Car ce qui a plus sûrement discrédité M. Fillon, c'est son rapport à l'argent et son apparente incapacité à comprendre la démesure des salaires versés (légalement) à ses proches au regard de ceux des fonctionnaires qu'il n'a cessé de poursuivre de ses diatribes libérales : car, il faut être bien clair, le travail (et je ne me prononce pas sur sa réalité) demandé à Mme Fillon et à ses enfants mérite-t-il le double, voire le triple du salaire d'un professeur ? J'en doute, car, si j'en crois les déclarations des uns et des autres sur les activités des attachés ou assistants parlementaires, mais aussi les propos mêmes de la mise en cause, peu loquace sur ses fonctions comme sur leur mise en pratique, il est rarement rétribué à une telle hauteur financière...

 

Il aurait été préférable que M. Fillon puisse dérouler son programme jusqu'au bout et qu'il soit véritablement apprécié ou sanctionné sur celui-ci, mais cela n'est pas, et ne sera plus le cas, quoique le candidat fasse ou dise : il est des affaires et des symboles qui vous collent à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock.

 

Quant aux catholiques de droite qui avaient largement soutenu le candidat Fillon et son programme politique (plus, sans doute, que son programme économique), les voici orphelins et désorientés, voire dégoûtés : François Fillon n'était pas Albert de Mun, et leur engagement est bien mal récompensé... Est-ce leur « dépolitisation » qui est au bout de cette montée au calvaire, et, peut-être, un nouveau repli amer sur leur communauté et sur leurs paroisses, au risque de ne plus peser du tout (au moins sur le terrain parlementaire et ministériel) sur les débats politiques et face aux décisions prises par le Pouvoir sur les questions sociétales ? C’est possible, mais cela pourrait, néanmoins et a contrario, redonner de la vigueur aux mouvements alternatifs comme La Manif pour Tous et les Veilleurs, ainsi qu'aux groupes extraparlementaires et, éventuellement, monarchistes, prêts à accueillir les catholiques déçus d'une République qui, décidément, ne leur est pas accueillante...

 

Une affaire à suivre, là aussi : la messe n’est pas dite, tout compte fait…

 

 

 

 

 

30/01/2017

Maintenant que les acteurs de la présidentielle sont en place...

Les acteurs de la prochaine présidentielle sont désormais nommés, et le spectacle a déjà bien commencé, accumulant surprises et trahisons, petits meurtres entre amis et ressentiments... Quelques célébrités politiques sont déjà défaites, avant même que la campagne officielle ne débute : le « dégagisme » évoqué par les partisans de M. Mélenchon a joué à plein, ses victimes étant Mme Duflot, MM. Sarkozy, Juppé, Valls, sans oublier le président en exercice qui, lui, se dégage aussi et tout seul de cette campagne qui ne le concerne plus directement. Mais cette « sortie des artistes » atteint désormais ses limites, et le fait que M. Hamon, candidat officiel du Parti socialiste, dépasse désormais M. Mélenchon dans les études d'opinion, en est le premier signe et cela pourrait  augurer d'un combat plutôt classique, malgré la « nouveauté » toute relative d'un Macron. Mais la prudence s'impose et j'éviterai soigneusement, à ce jour, de faire un pronostic : n'insultons pas l'avenir, car l'histoire n'est jamais écrite avant que d'avoir lieu

 

Les trois prochains mois nous réservent sans doute bien des surprises, mais ce spectacle électoral m'incite plutôt, tout en le suivant et en m'y engageant, à proposer « autre chose que ce qui existe » présentement : la Monarchie héréditaire et successible (ce dernier terme étant ardemment défendu par mon ancien professeur d'université Claude Nières, qui le préférait même à « héréditaire ») a le mérite immense de préserver la magistrature suprême de l’État des appétits et des ambitions politiciennes tout en chargeant (et le terme n'est pas inapproprié) une famille de cette représentation symbolique de l’État et le roi lui-même de la responsabilité de l'arbitrage politique. Cela n'empêche évidemment pas la vie parlementaire et le débat politique, mais, lorsque la « première place » est prise, les risques d'une dérive et d'abus de pouvoir sont plus limités (sans, pour autant, disparaître complètement, les hommes étant ce qu'ils sont, et la Monarchie n'ayant pas vocation à faire des hommes parfaits...). 

 

Qu'elle apparaisse lointaine en ces temps d'élection présidentielle n'empêche pas la Monarchie d'être toujours nécessaire : peut-être est-ce le spectacle contemporain de cette lutte des clans et des chefs pour un bail chez Mme de Pompadour (1) qui fera, a contrario, réfléchir nos concitoyens et avancer dans les esprits l'idée royale... Dans ce cas, l'élection du printemps aura au moins servi à quelque chose !

 

 

 

 

 

Note : (1) Le palais de l’Élysée a appartenu à la marquise de Pompadour, favorite du roi Louis XV...

 

11/07/2015

Quelques enseignements de la "capitulation" (?) de M. Tsipras.

Au lendemain de la « capitulation » de M. Tsipras, je lis et j'entends la joie mauvaise des éditorialistes, des économistes et des politiciens pour lesquels, selon la formule célèbre et incantatoire de Mme Thatcher, « il n'y a pas d'alternative » (« There is no alternative »), pas d'alternative au libéralisme, à la loi du Marché et à sa « main invisible », et, accessoirement, à une logique austéritaire qu'il faudrait plutôt qualifier, non d'inégalitaire, mais de profondément injuste, fondée qu'elle est sur l'anarchie économique qui favorise à la fois la démesure et la violence. Bertrand Renouvin parlait avec justesse d'une « économie sauvage » et titrait sur celle-ci un des numéros des Cahiers trimestriels de Royaliste au commencement des années 1980, mais nous n'étions qu'au début de la grande vague qualifiée à tort de conservatrice quand elle était profondément destructrice des équilibres anciens et des fameux acquis sociaux qui avaient permis, en fait, la prospérité des « Trente glorieuses ».

 

« Il n'y a pas d'alternative » : soumettez-vous, en somme ! En dehors de la démocratie capitaliste, du libéralisme européiste et de la mondialisation sans entraves ni limites, de ce globalitarisme qui décourage toute réflexion et toute imagination hors du Système franklinien du « Time is money » (« Le temps c'est de l'argent »), point de salut ! Les derniers événements de Grèce ne donnent-ils pas raison aux prophètes de ce fatalisme économique et social ? En fait, seulement en partie, et a contrario, la tragédie grecque des derniers mois (qui font suite aux dernières années non moins tragiques...) ouvrent quelques pistes d'analyse et de réflexion, et permet de reposer la question de la stratégie politique à adopter face aux défis contemporains.

 

La mésaventure de M. Tsipras montre la difficulté de construire une alternative pérenne face aux oukases du libéralisme européen (qui est plus complexe qu'on le croit généralement, et qui connaît quelques variantes selon les histoires et les traditions économique locales), mais révèle aussi quelques-unes des failles et des faiblesses de ce dernier, ce qui n'est pas inintéressant.

 

Premier point : les difficultés de la zone euro prouvent à l'envi les fragilités d'un système de monnaie unique qui n'offre guère de souplesse aux pays qui en dépendent lorsque surviennent les turbulences financières ou économiques, et qui répond aux crises par de simples et souvent cruelles et injustes mesures austéritaires sans, pour autant, résoudre les problèmes de fond. L'erreur première de ce système est sans doute que, justement, cette monnaie est « unique » pour des pays fort différents et pas toujours adaptés à la rigueur nécessaire pour « tenir » celle-ci : mieux aurait-il valu construire une « monnaie commune » à quelques pays, monnaie qui aurait cohabité avec les monnaies nationales (voire régionales et municipales...), de la drachme au mark, avec leurs données propres et la capacité d'évoluer (annuellement ou pluri-annuellement) dans leur niveau de change par rapport à la monnaie « centrale et commune » de l’Eurozone. L'avantage de cette formule (qu'il n'est peut-être pas trop tard pour fonder) est d'amortir les chocs pour l'ensemble quand un pays se trouve confronté à des difficultés liés à un endettement trop important ou à une situation particulière (et parfois juste temporaire), et de pouvoir dévaluer sa propre monnaie au sein de l'Eurozone sans fragiliser celle-ci. L'autre avantage c'est de garantir la souveraineté de chaque État au sein d'une Union devenue, aujourd'hui, un carcan et non un outil, ce qu'elle devrait, pourtant, être si elle veut être aimée et, au moins, soutenue et efficace, ce qui n'est plus vraiment le cas...

 

Deuxième point : la résistance inattendue de la Grèce, pourtant exsangue, a montré que la politique économique de l'Eurozone dépend aussi de rapports de forces éminemment politiques... Cela prouve aussi que c'est par le politique que l'on peut infléchir le cours économique des choses, mais qu'il y faut la volonté à la tête de l’État et le renfort de quelques alliés, le combat solitaire étant, trop souvent, voué à l'échec, faute de moyens et de soutiens toujours utiles. De plus, la Grèce ne disposait sans doute pas d'une masse critique suffisante (sur le plan politique comme économique) au sein de l'Union, au contraire de la France qui, en 2012, n'en a pas vraiment fait usage alors qu'elle aurait pu réussir ce que la nation hellène a failli réussir par sa seule détermination... De plus, les opinions publiques européennes ont manqué à la Grèce, trop occupées à leurs propres égoïsmes « nationaux » et ne pensant (comme le veut l'Union) qu'à « la dette des autres», nouvelle paille qui évite souvent de voir la poutre que l'on a dans l’œil...

 

Troisième point, qui précise le deuxième : c'est bien le retour du politique et de sa principale structure pratique, l’État, qui peut changer le rapport de forces et limiter les aspects de plus en plus dévastateurs d'une mondialisation globalitaire « déracinante » qui prône un néo-nomadisme sans limites et, parfois, contraignant. D'ailleurs, M. Tsipras et Mme Merkel ont fait de la politique, dans une lutte inégale entre David et Goliath qui, là, n'a pas tourné, pour l'heure, à l'avantage du plus faible ! Et la chancelière allemande, plus intelligente que son Opinion publique, s'est comportée en fine politique, attachée à cette ligne Siegfried des traités et de la rigueur budgétaire sans, pour autant, « tuer » la Grèce mais en l'encerclant et en la coupant d'éventuels alliés (en particulier de la France, qui était la principale inquiétude de Mme Merkel dans cette affaire) : ainsi, la politique, et en l'occurrence la politique de l'Allemagne, a eu le dernier mot et Mme Merkel a, pour l'heure, renforcé sa position dominante en Europe, autant vis à vis de ses partenaires (vassaux, diraient certains, ce qui n'est pas totalement infondé pour quelques-uns des pays de la zone euro) que de l'extérieur...

 

Je ne dirai pas que tout est politique, mais plutôt que le « Politique d'abord », cette formule éminemment maurrassienne, a montré là, autant du côté grec que du côté allemand, sa redoutable actualité... Cela ne devra pas être oublié dans les prochains mois et aux prochaines échéances !