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23/06/2016

La République vassale de l'Argent.

En ce jeudi de manifestations, voici ci-dessous la suite de mon discours de dimanche, qui portait sur l’absence d’autorité de l’Etat de la République alors qu’il nous faudrait, non pas un état d’urgence mais plutôt, « d’urgence, un Etat » !

 

 

 

Ainsi, au moment même où la France est attaquée par des fanatiques qui usent du terrorisme, de cette Terreur dont le terme idéologique est né au sein même de la Révolution française, en 1793, dans la bouche d’un Robespierre et sous la plume d’un Saint-Just, l’Etat, malgré ses moyens et la qualité d’un grand nombre de ses fonctionnaires, apparaît presque impuissant, incapable de réagir et surtout de savoir prévenir sur le long terme.

 

En fait, en République, l’Etat manque de souffle comme il manque de vision et, encore plus aujourd’hui, de hauteur.

 

La République cache sa faiblesse dans de grands discours remplis de grands principes et dans des cérémonies funèbres qui, malheureusement, se multiplient depuis janvier 2015 et vont même jusqu’à inspirer, dans une forme de morbidité qui ne me semble pas très saine, les sujets du baccalauréat de français de la session de juin… Les premières d’entre elles rassemblaient encore, et la République se parait du manteau de l’unité nationale, en une sorte d’hommage du vice à la vertu. Mais aujourd’hui, même les grandes cérémonies « nationales » ou commémoratives ne suffisent plus, et le refus d’un policier de serrer la main du président de la République, puis du premier ministre, vendredi 17 juin à Versailles, en dit plus long sur le désaveu de cet Etat-là, de ce « semble-Etat » sans autorité, que de longues phrases…

 

Quel bilan ! Faiblesse de l’Etat républicain, manque d’autorité de ce semble-Etat et manque de légitimité, y compris démocratique, comme on le voit avec le recours désormais rituel au fameux 49-3 pour faire avaler ses lois à une majorité réticente, celle-là même qui a cru au discours du Bourget de 2012, ce summum de l’exercice rhétorique de la démagogie et du mensonge politique (ou, plutôt, politicien). « Mon adversaire, c’est la Finance », clamait le candidat Hollande… C’était sans doute une boutade ! Mais elle a désormais un goût sacrément amer au palais des électeurs dits de gauche qui y ont naïvement vu la promesse d’une mise au pas des féodalités financières…

 

L’apparent revirement de M. Hollande n’est, là encore, pas une surprise pour qui connaît l’histoire : la République ne peut s’imposer à l’Argent car elle en est la vassale, élections (et coût de celles-ci) obligent, au contraire d’un roi qui ne lui doit rien, et qui vit « avec » l’Argent (cohabitation parfois difficile) mais pas « sous » lui. Quand Louis XIV peut embastiller l’homme le plus riche du royaume, Nicolas Fouquet, le président Hollande ne peut que se désoler (et encore, sans bruit…) de l’arrogance des grands patrons de multinationales : ceux-ci peuvent « s’augmenter » leurs salaires (grâce à de gros actionnaires complaisants) quand, dans le même temps, ils licencient ou bloquent ceux de leur main-d’œuvre, allant jusqu’à menacer notre pays de délocaliser quand ils se heurtent à des oppositions sociales ou syndicales. Les Ghosn, Tavares, Agon et autres grands féodaux de la République ne craignent rien d’un président qui n’apparaît fort qu’avec les « faibles » (classes moyennes qui forment le « public captif » de la République, familles « sages », petits commerçants du monde rural et des centres-villes, etc.).

 

Pendant ce temps, la France perd du temps et des positions dans le monde alors qu’elle a tout pour assumer et assurer sa place de puissance et d’arbitre international, et que ses potentialités économiques, énergétiques et culturelles restent immenses.

 

La faiblesse du semble-Etat, la mainmise sur celui-ci d’une oligarchie mondialisée et déracinée, adepte du « néo-nomadisme » et de la globalisation, rétrécissent la France et la livre aux féodalités contemporaines, des multinationales et des puissances de l’Argent-Dieu comme des institutions bruxelloises de l’Union européenne (elles-mêmes « clientes » des groupes de pression financiers et économiques).

 

Mais si la République c’est Créon, nous, royalistes, devons être Antigone, encore et toujours, car la France mérite mieux que la République, elle mérite l’avenir et la liberté !

 

 

 

Paris, discours prononcé lors du banquet du Groupe d’Action Royaliste, dimanche 19 juin 2016.

31/05/2016

L'écologie oubliée en 2016.

La cause écologiste est la grande oubliée de cette année 2016 après une COP 21 pleine de promesses et vide d'actes concrets, et elle ne jouera sans doute pas un grand rôle dans la détermination électorale de la prochaine présidentielle, surtout si Nicolas Hulot n'y participe pas et que Mme Duflot n'obtient pas (sauf manœuvre de la droite républicaine) les signatures d'élus nécessaires à toute candidature. Tout comme elle est la grande perdante de l'actuelle confrontation autour de la loi El Khomry... Bien sûr, il y a le référendum prochain du 26 juin sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mais il ne concernera que les électeurs de Loire-Atlantique et n'aura sans doute guère d'impact sur la suite des événements, chaque camp annonçant sa décision de ne pas respecter le résultat du vote s'il ne leur est pas favorable : échec programmé de la démocratie, et pas seulement locale !

 

Et pourtant ! Jamais la cause écologiste n'a été aussi nécessaire et les échéances aussi proches sur le plan environnemental, mais qui, dans le monde politique ou dans la société, s'en soucie ? Même les participants à « Nuit debout » ne semblent guère motivés par le sujet, certains n'ayant pas hésité à chasser de leur lieu de rassemblement le seul philosophe médiatique à se préoccuper de la cause animale et à écrire (et parler) contre le système de concentration bovine initié par la ferme des mille vaches, c'est-à-dire Alain Finkielkraut.

 

De plus, la semaine dernière, la « pénurie » de carburant a montré à l'envi combien il est illusoire de demander aux consommateurs de refréner leur voracité énergétique, ceux-ci se précipitant vers les stations d'essence pour remplir des réservoirs parfois déjà presque pleins, comme s'ils avaient peur de manquer de leur dose quotidienne de pétrole : d'ailleurs, c'est cette ruée qui semblait parfois confiner à une panique irraisonnée qui a véritablement transformé la prédiction de pénurie en... pénurie ! Le quotidien breton Ouest-France évoquait une multiplication par cinq de la consommation à la pompe dans certains endroits, preuve de cet emballement dément.

 

Sans une responsabilisation de la population, la protection et pérennisation d'un environnement naturel favorable à l'homme et à la biodiversité restera un vœu pieux, pourra dire celui qui est seulement démocrate. Mais le royaliste ira plus loin et rappellera que sans un État digne de ce nom et conscient des devoirs des sociétés et des limites de notre planète, rien ne sera possible, concrètement. Un État lui-même responsable, non seulement devant les hommes du présent mais aussi devant les générations à venir...

 

Mais cet État, qui ne doit pas être obsédé par l'immédiateté ni par quelque popularité électorale (dont on sait que, souvent, elle ne dure que le temps que vivent les roses et que fanent les promesses), ne peut être « seulement démocratique » : il lui faut cette forme monarchique qui inscrit le politique dans la durée et la continuité, et cette spécificité royale qui fait du souverain un « père » soucieux de la santé et de l'avenir de sa famille, et qui s'effacera, le jour venu, devant son héritier en lui transmettant l'héritage préservé et, éventuellement, agrandi et embelli. C'est cet État qui, lui-même hautement responsable devant l'histoire et les familles, pourra responsabiliser autrui, citoyens comme entreprises, autant par l'exemple que par la promotion d'un modèle de société « enraciné »...

 

 

 

23/05/2016

La République sans autorité...

La contestation multiforme de la loi Travail n'a pas cessé malgré les concessions faites par MM. Valls et Hollande, et les tensions montent, autant autour des raffineries et des stations d'essence que dans les rues, au risque d'affrontements et de violences qui, à l'approche de la coupe européenne de balle-au-pied, font planer le spectre de désordres plus graves encore. Le plus surprenant, pour l'observateur étranger, est que, dans le même temps, l'état d'urgence en vigueur depuis novembre 2015 vient d'être prolongé pour deux mois, alors même que les forces de l'ordre semblent « dépassées » par les émeutes qui dévastent, à chaque grande manifestation, les centres-villes de l'Ouest et de Paris : pourtant, ces mêmes forces de l'ordre sont reconnues, en Europe et à juste titre, comme les meilleures du continent : en somme, ne faut-il pas rechercher ailleurs le problème ? Drôle d'ambiance, en tout cas ! Fin de règne ou de régime ? Crise de l'autorité ou malaise, voire faiblesse de l’État ?

 

Plusieurs réponses possibles, en fait : tout d'abord, nous sommes entrés dans la dernière année du quinquennat de M. Hollande, déjà reparti en campagne électorale présidentielle et à la recherche, sinon de tous ses électeurs perdus, du moins des électeurs de gauche et européistes qui voudront bien lui faire crédit de quelques réformes plus sociétales que sociales, comme la légalisation du mariage homosexuel, et d'un alignement constant sur la ligne « la plus européenne », ayant renoncé à faire preuve d'originalité française sur de nombreux sujets touchant la politique générale de l'Union européenne (les Grecs en savent quelque chose...). Son partenariat inégal avec la chancelière allemande, qui fait de cette dernière la seule autorité reconnue en Europe (reconnue ne signifie pas bienvenue...), a nettement dégradé l'indépendance de la France et sa possibilité d'être écoutée, voire celle de manœuvrer par elle-même. Or, cela plaît aux élites européistes qui, de tout temps, vantent l'idée d'un fédéralisme continental en ayant aussi intégré l'idée que, pour toute fédération il faut un fédérateur, c'est-à-dire une autorité unique naturellement reconnue et seule « légitime » à entraîner (donc à commander) les autres : souvenons-nous des « briandistes » des années 1940 qui se résolurent, sans être nazis, à rallier l'idée hitlérienne de « l'Europe nouvelle », non par extrémisme (ils ne l'étaient pas, mais bien plutôt modérés, « raisonnables et réalistes » dira l'un d'entre eux dans L'Illustration de l'époque, journal on ne peut plus « convenable » avant-guerre et se proclamant tel en temps de guerre tout en collaborant avec l'Allemand), mais juste par européisme revendiqué et pragmatique...

 

Ainsi, pour en revenir à la situation présente, c'est plus encore la compétition présidentielle sur fond d'impopularité du président en quête de réélection qu'une simple fin de règne annonciatrice d'un possible (ou illusoire) renouveau politique.

 

Mais la tension actuelle autour du projet de loi El Khomry révèle surtout la faiblesse d'un régime, de cette Cinquième qui reste une république, lorsque s'approchent les échéances électorales et que s'aiguisent les longs couteaux des ambitieux qui se veulent tous César quand ils ne sont que Brutus ou Créon...

 

Certains en profitent pour vanter les mérites d'une hypothétique Sixième République qui ne serait rien d'autre, à bien les lire, que le retour aux jeux démocratiques illimités et parlementaires de la Troisième et de la Quatrième, et cela au détriment de l'autorité de la magistrature suprême de l’État, voire de l’État lui-même.

 

Or, si crise de régime il y a, elle tient dans l'autorité défaillante d'une République qui ne sait plus donner de la légitimité à son « Pays légal » : le processus électoral de la démocratie représentative ne fonde plus qu'une légalité de moins en moins légitime aux yeux des électeurs qui attendent des réponses et des solutions là où les élus, parlementaires ou président, ne leur donnent que des promesses et ne leur imposent que des oukases. Si le recours au 49-3 passe désormais si mal dans l'Opinion publique, c'est qu'il est devenu un mode de gouvernement quand il ne devrait être qu'une exception utilisée avec prudence et fermeté, et non avec brutalité comme c'est le cas aujourd'hui par MM. Valls et Hollande.

 

Cette République qui se veut autoritaire quand elle n'est qu'arbitraire (et non arbitrale) doit faire face à de multiples mécontentements et mouvements de révoltes, dont certains sont fort motivés quand d'autres ne sont que les soubresauts des anciennes forces jadis promptes à défendre une République qui, finalement, n'en a plus besoin. Mais elle ne peut durer, sa faiblesse menaçant de désarmer complètement notre pays face aux défis du monde contemporain. Il nous faut bien, alors, reposer la question première qui est celle du Politique et de son incarnation institutionnelle, de celle qui est nécessaire au maintien et au déploiement de toutes les possibilités de la France dans le monde, pour aujourd'hui comme pour demain.

 

Le mot « crise » vient du grec « Krisis » qui signifie la séparation entre un avant et un après : si, désormais, c'est la République qui tient lieu « d'ancien régime », il est temps de rappeler que la Monarchie peut tenir lieu et place de « nouveau régime », non pour sa simple nouveauté mais pour sa capacité à durer, à se renouveler, à s'éterniser dans le sens le plus noble du terme, celui de l'enracinement qui permet à un pays, arbre de familles et de provinces, d'histoires et de visages, d'âmes et d'esprits, de s'élever vers le ciel, florissant et vigoureux...