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11/03/2009

Des colères...

Il est des jours où la colère est plus forte que la raison et, ce mercredi, il y a tant de raisons d’être en colère : d’abord le cynisme des dirigeants de Total qui, au pire moment, annoncent, après des bénéfices mirifiques (14 milliards cette année), la suppression de plusieurs centaines d’emplois en France ; ensuite, le retour complet de la France annoncée par le président Sarkozy dans l’Otan, au risque de paraître céder aux sirènes d’un atlantisme suranné à l’heure de la multipolarité…

 

Et pourtant, la sourde colère qui gronde dans le pays ne trouve pas vraiment à s’exprimer : les manifestations contre les licenciements abusifs, quand elles ont lieu, restent bien sages et prudemment encadrées par des syndicats « responsables », c’est-à-dire le plus souvent timorés et trop soucieux de ne pas poser la question politique, celle qui pourrait fâcher… Quant aux opposants à l’intégration complète dans l’Otan, leur voix est quasiment inaudible, malgré les mises en garde des anciens ministres des affaires étrangères et premiers ministres du président Chirac, Villepin et Juppé : la grande presse, d’ailleurs, a été particulièrement absente du débat, à part quelques articles trop rares pour être vraiment significatifs. L’indépendance française méritait-elle ce simulacre de discussion ?

 

Et si les deux questions, sociale et nationale, étaient intimement liées l’une à l’autre ? Car, en définitive, les réponses sont d’abord politiques, et on ne pourra faire comme si elles ne l’étaient pas : l’Etat peut encore avoir son mot à dire, et c’est tout le combat des monarchistes, de ce « parti des politiques » issu de notre mémoire et tradition politiques, de rappeler qu’il n’y a pas de fatalité là où il y a un Etat digne de ce nom et une volonté affirmée de ne pas subir les oukases d’autrui ou des forces économiques. Cette leçon simple, la République l’a oubliée, mais pas nous, persuadés que nous sommes que « l’avenir dure longtemps », comme l’affirmait inlassablement le comte de Paris !

03/02/2009

Lire Albert de Mun.

Je suis très en retard dans mon travail de rédaction et je n’ai pas encore répondu aux objections de Romain, ce que je vais essayer de faire d’ici la fin de la semaine : cela sera d’ailleurs une occasion de préciser ce que j’entends par « monarchie active » et ce que je propose pour la représentation politique et l’organisation des pouvoirs en France.

En fait, je me suis consacré ces jours derniers, au-delà des multiples corrections de copies (ça ne finira donc jamais ?), à la lecture des discours politiques et parlementaires d’Albert de Mun, député catholique et légitimiste (rallié tardivement et à contrecœur à la IIIe République, après 1890), discours passionnants d’un homme avant tout attaché à améliorer la condition sociale des plus faibles et en particulier des ouvriers au temps des révolutions industrielles du XIXe siècle, révolutions dominées par les idées individualistes et capitalistes, si peu chrétiennes… J’ai dévoré le premier tome de ses discours (sur les six que je possède) en quelques soirées et avec une sorte de fièvre qui me brûlait encore bien des heures après avoir refermé le livre : je découvrais des textes qui, au-delà de l’éloignement des temps anciens qui ont entendu ces paroles fortes d’un homme de bonne volonté (des années 187O jusqu’à celle de sa mort, en 1914), apparaissent d’une actualité assez surprenante, ce qui n’est pas forcément rassurant, d’ailleurs, car cela indique que la situation des ouvriers restent encore fort précaire, quand elle n’est pas purement et simplement effacée par notre époque qui prête plus attention à la couleur de peau qu’à l’usure des êtres par le travail…

Le débat sur le statut du dimanche, par exemple, était déjà fort vif dans les années 1880-1900, et les royalistes les plus marqués et fervents (Albert de Mun était alors de ceux-là) se battaient pour un repos dominical que les républicains de gouvernement considéraient comme un archaïsme dangereux pour les affaires et les consciences… Il est frappant de constater comment les libéraux de l’époque se recrutaient plus dans les rangs des républicains que dans ceux des monarchistes, en particulier légitimistes, et que leurs arguments sont à peu près les mêmes d’un siècle à l’autre, arguant toujours de la « liberté du travail » qui n’est, en fait, que celle des patrons et des financiers, et non celle des ouvriers.  

Albert de Mun, au moins pour ses discours « sociaux », mériterait d’être réédité, relu et médité : au-delà des archives parlementaires et de son ralliement à la fois compréhensible et peu crédible à la République qu’il espère ainsi influencer dans un sens à la fois plus chrétien et plus social (illusions dont on connaît le résultat…), il appartient aussi (et malgré tout) à la mémoire du royalisme français.

J’attaque le deuxième tome demain soir…

 

06/01/2009

Révolution royaliste.

Contrairement à ce que l’on continue à lire dans la presse ou sur les forums de la Toile, Sarkozy ce n'est pas la monarchie, c'est bien la république ! Rappelez-vous les Thiers, Grévy, Ferry, etc. qui en furent les fondateurs (après 2 tentatives infructueuses et sanglantes) et qui n'eurent aucune attention pour la question sociale alors que des royalistes sociaux comme Albert de Mun ou René de La Tour du Pin (qui a inspiré de Gaulle pour la "participation") luttaient pour améliorer le sort des ouvriers alors surexploités au nom de cette fameuse « liberté du travail » qui n’était que celle du « renard libre dans le poulailler libre »...
En tenant ces propos, certains me traitent de « réactionnaire », confondant la réaction nécessaire à cette injustice sociale qui porte au pinacle des Tapie quand les ouvriers de Sandouville et d'ailleurs sont abandonnés à un bien triste sort social, avec une attitude qui serait « socialement régressive »... Erreur de perspective de ceux-là qui ne prennent pas assez le temps de me lire et de chercher à comprendre les fondements de ma pensée politique et institutionnelle.

De plus, si j’évoque une « révolution royaliste », politique et institutionnelle là encore, révolution « par le haut » (car c’est par la maîtrise de l’Etat que l’on peut le mieux agir, en utilisant le temps que permet la succession héréditaire qui libère la magistrature suprême de l’Etat des jeux de clientèles et des groupes de pression, nouvelles féodalités contemporaines), c’est parce que ce n'est pas qu'une simple réaction, ou une révolte, mais la volonté de fonder "autrement" le politique, sur les notions d'indépendance, de justice, de transmission. En tout cas, cette révolution, si elle peut sembler lointaine (en tant qu’ « instauration monarchique »), est d'abord et aussi, avant même d’advenir et d’agir en son espace étatique nécessaire, un "état d'esprit" contre le règne indécent de l'Argent.