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09/12/2008

Royalistes, ou royalistes ?

J’en ai assez d’entendre parler dans tous les médias de « royalistes » pour évoquer les partisans de madame Royal, sans même de guillemets dans la presse écrite. Mais cela m’agace d’autant plus quand certains sites journalistiques sur la Toile censurent purement et simplement les commentaires qui rappellent le sens exact des mots.

Ainsi, le site de « Libération » qui, lundi 8 décembre, titrait un article sur le Parti socialiste par la « résistance royaliste » à la nouvelle direction du PS : j’avais alors écrit un petit commentaire de quelques lignes qui soulignait que le terme de royaliste avait un sens politique précis, celui de « partisan du roi, de la royauté », et que certains de ces royalistes, de sentiment comme de raison ou de tradition, s’étaient illustrés dans la Résistance, celle qui s’est manifestée en France contre l’occupant allemand entre 1940 et 1945, tels Honoré d’Estienne d’Orves (fusillé en 1941), le colonel Rémy, Jacques Renouvin (mort en déportation), ou Luc Robet (décédé en 1992), que j’ai personnellement connu lors de réunions de la Fédération Royaliste de Bretagne. Ce très court texte n’a pas eu l’heur de plaire au « modérateur » qui ne l’a pas accepté…

En fait, ce n’est pas la première fois que ce site censure des interventions royalistes et, en particulier, les miennes, comme si ce terme de « royaliste » était désormais réservé aux socialistes pourtant républicains (enfin, a priori…), et comme s’il fallait désormais « effacer » cette tradition politique monarchiste qui, depuis la Ière République, continue d’exister, de survivre (difficilement), certes presque invisible, mais bien réelle, toujours présente, au moins à travers quelques feuilles de chou (et ce n’est pas péjoratif !), certaines de grande qualité et pourvue d’un lectorat pas totalement insignifiant, mais aussi par quelques personnalités qui ne cachent pas leur attachement à la famille royale des Bourbons-Orléans et à ce qu’elle incarne d’espérance historique.

Le plus drôle (ou triste, c’est selon), c’est que les journalistes français qui se servent à tort et à travers d’un vocabulaire qu’ils ne comprennent sans doute pas vraiment, se sentent obligés, pour certains, de rajouter le qualificatif d’ « ultra » au mot de royaliste pour évoquer les manifestants thaïlandais des semaines dernières qui se référaient au roi Bhumibol (le doyen des monarques régnants aujourd’hui), sans doute pour faire la différence avec les partisans « raisonnables » de Ségolène Royal…

Bon, restons zen, et retournons la difficulté : régulièrement, la lecture du bimensuel « Royaliste » dans les cafés ou le métro me vaut des sourires entendus et des malentendus certains, et cela m’a aussi permis, maintes fois, de préciser le sens politique du terme et d’évoquer la monarchie à des personnes qui ne soupçonnaient pas qu’elle puisse être une piste institutionnelle contemporaine… Etonnant, non ?

22/07/2008

Les socialistes piégés par la révision constitutionnelle.

La réforme de la Constitution, la plus importante dit-on depuis la fondation de la Ve République, est passée « à une voix près » (en fait à deux voix, si l’on regarde bien, mais c’est évidemment un détail) et de nombreux observateurs et parlementaires UMP ont fait le rapprochement avec l’établissement « définitif » de la IIIe en 1875 avec le vote de l’amendement Wallon. Mais en disant cela, de façon répétée devant les micros, Patrick Devedjian et ses amis semblent enterrer « le grand œuvre » du général de Gaulle et, surtout, l’état d’esprit du gaullisme institutionnel, annoncé par le discours de Bayeux de 1946.

 

Ce qui est certain, c’est que les pressions diverses et les manœuvres politiciennes pour obtenir la majorité des trois cinquièmes au Congrès de Versailles rappellent plus les us et coutumes des IIIe et IVe Républiques que ceux de la Ve : ainsi, ce sont des accords partisans, ou des « compromis » (certains les évoquent comme des « compromissions »…), qui ont permis l’adoption de cette révision. Mais il est vrai que les socialistes sont les principales victimes de celle-ci, pour des raisons politiques comme stratégiques : d’abord, les socialistes ont bien mauvaise grâce à ne pas reconnaître dans les principales dispositions de cette réforme des principes qu’ils n’ont cessé de prôner et de vanter depuis l’établissement de la Constitution de 1958 : il suffit, pour s’en convaincre, de relire « le coup d’Etat permanent » d’un certain François Mitterrand publié en 1964, ou les discours et écrits d’un radical souvent revendiqué par le PS, Pierre Mendès-France. Aussi, l’attitude d’un Jack Lang, au-delà de ses ambitions personnelles, est-elle parfaitement logique, même si elle me semble une illusion de sa part quant à un éventuel « renouveau parlementaire ».

 

Les socialistes sont aussi piégés et défaits parce que, dans cette affaire, le président Sarkozy leur a coupé l’herbe sous le pied et les a placé en porte-à-faux de la sacro-sainte Opinion publique (cf les sondages parus ces jours derniers, qui révèlent apparemment un état d’esprit « démocratique et réformateur » prononcé des Français, alors que, par prudence, le président a tout de même évité de faire passer sa révision par la voie référendaire…), et, en somme, se pose en « vrai réformateur » qui « tient les promesses, même celles des autres » (certains reconnaîtront le clin d’œil historique et ironique, sans plus, de ma part…). D’autre part, en se voulant, pour des raisons qui n’étaient pas les meilleures, les opposants farouches à cette réforme, ils ont dramatisé l’enjeu et ont, du coup, assuré la victoire morale et politique de M. Sarkozy, qui peut se targuer d’avoir remporté les quelques voix qui manquaient, comme l’avait fait la République en 1875 : M. Sarkozy sait, en bon tacticien, qu’il faut des alliés et des compromis pour remporter des victoires qui lui ouvrent désormais d’autres voies et vont favoriser « l’élan réformateur », mais d’abord celui de son principat, ou l’accélérer.

 

Ainsi, alors qu’ils tiennent 22 régions françaises sur 24 (depuis 2004) et la plupart des grandes villes du pays (depuis 2001), les socialistes semblent incapables de peser sur les réformes et sur le cours des événements, et ils semblent, en définitive, bien s’accommoder d’une sorte de « Yalta des pouvoirs » entre l’UMP et eux-mêmes. En fait, du coup, les citoyens se détournent de plus en plus d’un jeu politique et démocratique qui se fait sans eux, loin d’eux, et qui se conjugue aussi avec les oukases de l’Europe de Bruxelles et les tracasseries administratives ; sans oublier l’impression d’impuissance devant les délocalisations et les jeux de la Bourse, comme devant les scandales du type Tapie (entre autres…)… Cette fracture, dont j’entends les éclats et craquements au comptoir des cafés (« le parlement du peuple », disait Balzac), est inquiétante mais, à ce jour, impolitique : ce que l’on peut appeler, à la suite de Maurras, « le pays réel », en veut au « pays légal » qui l’oublie (sauf aux jours d’élections), mais ce ne sont que des rumeurs et des grondements… Les tempêtes sont pour plus tard, elles n’en seront que plus violentes : ne seront-elles que dévastatrices ?