12/06/2014
Coupe du monde de balle au pied : la dictature de la Fifa.
La coupe du monde de balle-au-pied est une occasion de soulever quelques questions sur la société dans laquelle nous vivons, au-delà même de ce sport à la fois mobilisateur et révélateur. Ainsi, une question sur l'attitude des autorités politiques d'un Etat comme le Brésil qui ont fait voter, dès mars 2012, la « Lei Geral da Copa », c'est-à-dire la « loi générale de la Coupe » qui octroie des droits incroyables à la Fédération Internationale de Football (Fifa) et à ses partenaires économiques, y compris au détriment du droit du travail et aux dépens des commerçants locaux et des Brésiliens eux-mêmes. Sur le site du Figaro (11 juin 2014), on apprend que « grâce à ce texte, la Fifa a décroché le droit de vendre des billets sans tenir compte du demi-tarif pratiqué pour les étudiants et les retraités. Mais surtout, l'instance mondiale du football a obtenu l'autorisation de vendre de l'alcool dans les stades brésiliens afin de satisfaire le partenaire officel Anheuser-Busch, fabricant de la bière Budweiser. Cette interdiction datait de 2003 et servait à endiguer la violence dans les enceintes sportives. » Que ne ferait-on pas pour engranger de meilleurs profits, quand on est une multinationale et que l'on vante les mérites d'une mondialisation qui n'est, en somme, qu'une vaste marchandisation du monde ? D'ailleurs, les minutes publicitaires des marques partenaires de la Fifa sont, à ce sujet, très explicites, vantant une sorte de mondialisation heureuse qui gomme les différences spatiales, culturelles et sociales, et dont le sport serait la meilleure illustration, joyeuse et musicale... Ainsi, la mondialisation des multinationales remet au goût du jour la fameuse formule de Saint-Just pour qui « le bonheur est une idée neuve » (en fait éternellement neuve) désormais étendu à la planète entière, de façon quasi-obligatoire : qui ne sourit pas est donc un dangereux personnage dont le scepticisme ou le silence cache sûrement des secrets inavouables ! Les Saint-Just contemporains sont publicitaires, financiers ou marchands, sportifs ou dirigeants sportifs, et ils peuvent s'appeler Coca-Cola, Adidas ou Platini...
La Fifa n'a pas inventé la dictature ludique, « distractionnaire » comme l'écrirait Philippe Muray, mais elle en est, aujourd'hui, le bon petit soldat : souriez, ou disparaissez ; consommez, ou disparaissez ; payez, si vous en avez les moyens, ou endettez-vous... ou, sinon, disparaissez ! D'ailleurs, la mondialisation s'adresse à tous, mais pas de la même façon, selon que vous êtes « acteur majeur de la mondialisation » ou simple épicier, comme le souligne Le Figaro : « Une zone commerciale exclusive est déployée dans un rayon de 2 kilomètres autour des stades. Impossible pour les boutiques situées dans ces périmètres de commercialiser des produits autres que ceux des partenaires officiels. Les vendeurs ambulants seront pour leur part tout simplement bannis. Exit donc la libre concurrence.
En cas d'infraction à ces mesures ou en cas d'atteinte à l'image de la Fifa et de ses sponsors, ce qui est devenu un crime fédéral, le Brésil a décidé (…) de créer des tribunaux d'exception. Pourtant contraires à la Constitution brésilienne de 1988, puisque la justice n'est plus la même pour tous les citoyens, ils permettront de distribuer des sanctions en un temps record. » Non, vous ne rêvez pas, et ces informations sont tout ce qu'il y a de plus officielles et assumées par l'Etat brésilien, mais aussi par les instances sportives mondiales de la balle-au-pied : quant à nos démocraties, si promptes à brandir le flambeau de la liberté et à vanter à la fois les droits de l'homme et le libre marché sans entraves (ce qui ne me plaît guère généralement, pour ce dernier, au regard de la loi de la jungle qu'il peut engendrer...), elles sont bien discrètes... Hypocrisie à tous les étages ?
Et pourtant, les rencontres de balle-au-pied peuvent être un spectacle enchanteur... Souvenons-nous juste que ce n'est, pour autant, qu'un « village Potemkine » et que, derrière ces belles façades sportives, qu'il n'est pas interdit d'admirer (et tant mieux, d'ailleurs!), il y a des réalités parfois plus sinistres et, au-delà, tout le cynisme moralisateur de classes dominantes mondialisées, certaines de leur puissance et de leur impunité... Elles oublient que, dans un temps pas si lointain, un de ces vendeurs ambulants, empêché de vendre ces petites marchandises, s'est suicidé et qu'une révolution est née de cet « incident » : c'était en Tunisie, il y a un peu plus de 3 ans... L'histoire tient aussi, parfois, à ces « détails » qui en changent le cours...
21:57 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : balle au pied, mondial, coupe du monde, histoire, colère, mondialisation, dictature.
06/06/2014
Reine d'Angleterre.
Ce 6 juin est sans doute le dernier qui voit autant de vétérans se presser autour des plages du Débarquement : combien seront-ils encore dans une décennie ? Mais, parmi les chefs d'Etat eux-mêmes, il n'y a plus qu'un témoin de ces temps sombres d'une guerre qui a ravagé notre pays et bien au-delà de nos terres et des mers : c'est la reine Elisabeth II, pour laquelle notre République, née orpheline, a des égards tout particuliers, comme si elle avait quelque crime ancien à se faire pardonner, y compris aux yeux de la souveraine britannique...
Dans le quotidien La Croix (31 mai-1er juin 2014), c'est Geneviève Jurgensen qui rend un bel hommage à cette vieille dame au regard malicieux qui fut aussi une jeune fille courageuse au moment des bombardements sur l'Angleterre des années 1940 : « (…) Vous étiez à Londres sous les bombes, près de vos parents. Une bombe est tombée sur votre propre maison, le palais de Buckingham, dans les tout premiers jours des tout premiers bombardements. « Grâce à cela, a dit votre mère, je peux regarder dans les yeux les habitants des quartiers est », quartiers populaires et fort peuplés, victimes des premiers Blitz. Pressée par l'opinion publique de vous mettre avec votre soeur à l'abri au Canada, votre mère a répondu : « Mes enfants ne partiront pas sans moi. Je ne partirai pas sans le roi. Et le roi ne partira jamais. » » En quelques mots, voici définie et affirmée la responsabilité royale, plutôt éloignée de celle de nos présidents et de nos élites si républicaines : quand, en juin 1940, le gouvernement de la République française s'enfuit de Paris sans combattre puis s'en remet à un vieillard rappelé en urgence de Madrid avant que de le condamner, l'orage dévastateur passé, à une peine infamante, le roi George VI, lui, soutient son Premier ministre Churchill et refuse de s'engager dans une paix qui aurait signé la fin de la guerre en Europe mais laissé notre pays aux mains de l'Allemagne conquérante...
Les leçons d'hier ne doivent pas être oubliées, en particulier les leçons politiques, et les commémorations du 6 juin sont l'occasion de les rappeler : par sa simple présence, la reine d'Angleterre témoigne du bienfait d'une monarchie qui ne cherche pas forcément toujours à plaire mais bien plutôt à servir, au-delà des inquiétudes ou des faiblesses du moment...
19:13 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : elisabeth 2, monarchie, angleterre, témoin, vétéran.
03/06/2014
Colère contre le découpage régional de M. Hollande !
Le redécoupage régional de M. Hollande est une escroquerie à grande échelle : décidé, dans certains cas, à la dernière minute et après des tractations parfois bien peu honorables, il apparaît comme un assemblage purement technique, simple addition de régions destinée à créer des ensembles purement administratifs selon des critères vaguement économiques et selon des calculs dans lesquels les sentiments et l'histoire n'ont aucune place. En somme, voici une nouvelle manifestation de ce jacobinisme détestable qui est, depuis les origines, la marque de fabrique de la République, toujours centralisatrice dans ses profondeurs et ses pratiques institutionnelles !
Pourtant, l'occasion était belle de réparer les injustices des anciens découpages, autant ceux des départements nés de la Révolution que ceux des régions nées de la technocratie vichyste puis de la Quatrième République : occasion manquée, une fois de plus ! Ainsi, Nantes restera dans des Pays de la Loire sans réelle identité commune tandis que la Bretagne continuera à pleurer sa capitale des Ducs condamnée à rester de l'autre côté de ses frontières administratives... Et nos féodaux républicains viendront ensuite se plaindre du ressentiment des électeurs à leur égard ! En tout cas, les Bretons ont de quoi nourrir leur colère, déjà vive ces temps derniers, et les régionalistes, en particulier ceux qui se revendiquent de gauche (militants de l'Union Démocratique Bretonne, dont certains sont mes amis de longue date), peuvent méditer sur l'idéologie véritable d'un Parti Socialiste qui, loin du régionalisme discret de François Mitterrand, préfère raisonner en chiffres statistiques et « grandes eurorégions » technocratiques que penser en termes de mémoire et de destin. Le PS devrait pourtant savoir que l'on n'est pas amoureux d'un taux de croissance ou d'un cadre administratif, mais bien plutôt d'une terre, d'une histoire, parfois de mythes, qui donnent aux femmes et aux hommes d'un lieu des raisons de vivre quand l'Economique ne nous donne que des moyens d'existence qui, s'ils sont utiles pour remplir les estomacs, ne suffisent pas à faire battre le coeur des peuples !
Ainsi, ce combat ancien pour la reconnaissance de la Bretagne dans ses limites historiques va continuer : mais il me semble que le projet actuel du gouvernement, projet qui a surtout fait des mécontents dans tous les coins de France, nous rappelle que la République n'est plus qu'une structure froide et que son idéologie anhistorique est la négation des différentes formes d'enracinement qui, pourtant, permettent aux hommes et aux sociétés de ne pas devenir les esclaves de l'Economique et d'une mondialisation qui ne veut reconnaître que d'éternels nomades individualistes, simples consommateurs de temps et de matière...
Le combat royaliste pour les racines, celles qui permettent aux arbres humains et sociaux de monter au plus haut et de résister aux tempêtes de l'histoire et à celles, parfois pires, de l'amnésie, est un combat toujours plus nécessaire : en piétinant les fruits des générations passées au nom d'une froide géométrie économiciste, la République de MM. Hollande et Valls risque bien de réveiller contre elle quelques chouanneries anciennes et d'en susciter quelques nouvelles...
20:34 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : découpage régional, régions, nantes, bretagne, bretons, chouannerie, royalistes.