19/05/2014
Quand les européistes oublient les Européens...
Je poursuis ma campagne royaliste pour l’élection européenne du dimanche 25 mai : tractages, affichages (principalement sur les panneaux électoraux officiels), entretiens avec des radios et des télés locales, réunions de travail avec des militants royalistes, discussions avec des passants ou des personnes surtout curieuses de savoir pourquoi je suis royaliste ou soucieux de me manifester leur opinion sur la construction européenne actuelle, opinion souvent peu flatteuse à l’égard d’icelle…
De nombreuses questions mais aussi de multiples objections ont été posées et opposées au royaliste que je suis, et cela me pousse à travailler encore et encore sur le thème de l’Europe qui, quoiqu’il arrive, va sans doute rester un ensemble de débats, parfois de fractures, au sein de notre société et de celle de nos voisins : les tempêtes qui s’annoncent n’épargneront pas l’Union européenne et les Etats qui la composent, au moins avant qu’elle ne se décompose, ce qui n’est pas à exclure au regard de l’histoire et des forces gigantesques que la mondialisation réveille et soulève, des forces malheureusement parfois cruelles et vengeresses, comme le rappelle régulièrement Jean-Michel Quatrepoint au fil de ses ouvrages, de ses articles et de ses conférences.
Ce qui est certain, c’est que l’idée d’Europe sort très affaiblie de cette campagne électorale et de moins en moins populaire malgré les efforts désespérés mais bien vains de la famille Hutin dans Ouest-France et de ceux des « grands croyants » de l’européisme que sont M. Lamassoure et Mme Guigou, qui apparaissent aux yeux des citoyens comme des « privilégiés de l’Europe », impression terriblement contre-productive en ces heures compliquées et difficiles pour nombre de nos concitoyens. Je me souviens d’ailleurs avoir rencontré M. Lamassoure dans l’été 1987 lors d’une université d’été des Jeunes Giscardiens à laquelle j’avais été invité (en tant que « journaliste royaliste »…) par un ami centriste, et son europtimisme exalté m’avait mis mal à l’aise : j’avais l’impression qu’il était engagé dans une sorte de combat qui visait à défaire rageusement la nation France (tout en prétendant le contraire, bien sûr) pour arriver à fonder une sorte de paradis sur terre qui se serait appelé « Europe », et il avait pris des accents lyriques pour demander aux participants de cette assemblée de jeunes libéraux de détruire les barrières des frontières de la Communauté économique européenne (qui ne s’appelait pas encore Union) au premier jour de 1992. Ce 1er janvier-là était déjà annoncé comme une date merveilleuse ouvrant une ère de prospérité, de plein emploi et de puissance tranquille puisque l’Acte Unique européen signé en 1986 et qui achevait la formation d’un Grand marché libre-échangiste, autant pour les hommes que (surtout…) pour les capitaux, achèverait alors de se déployer… Inutile de dire que réécouter son discours de l’époque serait sans doute d’une grande cruauté ! Mais il est toujours là, sans honte, à déverser les mêmes arguments et sans voir que la réalité a depuis longtemps abandonné le sillon de ses illusions…
J’ai le même malaise, qui s’est depuis longtemps transformé en une sorte de colère froide permanente, à l’égard de ses diseurs de bonne aventure qui ne se remettent pas en cause et nous serinent à longueur de discours que la situation serait pire encore si l’euro n’était pas là, ou si l’Union n’existait pas, etc. Avec des « si », on peut bien mettre Paris en bouteille, cela ne change rien à l’affaire, et il suffit de traverser notre pays, pourtant moins mal en point que le Portugal ou la Grèce, pour constater que la promesse d’une Europe joyeuse n’est plus qu’un repoussoir pour toutes ces personnes qui souffrent de ne pas avoir d’emploi, de ne pas être écoutées, de ne pas être reconnues, et à qui l’on demande de voter pour élire des députés qui, une fois à Bruxelles et à Strasbourg, « font l’Europe » et oublient un peu trop facilement ceux qui les ont élus : d’ailleurs, qui connaît « ses » députés européens ?
Colère aussi devant l’hypocrisie de la classe politique qui parle de démocratie à tout bout de champ mais se refuse à engager des procédures référendaires sur les thèmes qui, pourtant, touchent la vie de nos concitoyens ; cette classe politique qui a contourné le vote français (mais aussi celui des Pays-Bas, encore plus massif dans son refus) sur la constitution européenne, pour mieux imposer cette même constitution à peine amendée par le mécanisme parlementaire d’une démocratie représentative de moins en moins populaire et de plus en plus discréditée.
Soyons clair : je ne suis pas un adepte d’une démocratie totale où tout passerait par la « Vox populi », et je me méfie parfois des démagogies qui se cachent derrière les appels au peuple. Mais cette prudence ne m’empêche pas de considérer que le référendum, appliqué avec un certain discernement, peut être une excellente chose, et les Suisses, après tout, sont plus raisonnables (sans être moins libres) que nos ancêtres athéniens…
Ma colère se nourrit aussi de la méconnaissance par les élites européistes des conséquences de leurs décisions et oukases : le traitement, d’une brutalité sans égale (et sans réserve) dans un pays démocratique européen contemporain, qui a été réservé à la Grèce (avant le Portugal et l’Espagne) par la fameuse troïka FMI-Commission européenne-Banque centrale européenne n’a pas fait ciller ces mêmes européistes pour qui la ligne d’horizon reste la seule réduction des déficits et le remboursement des dettes astronomiques contractées par un pays à qui l’on a fait croire que le bonheur était dans cette Europe où l’argent semblait si facile et toujours éternel. Et pourtant ! Sans méconnaître les fautes des gouvernements successifs d’Athènes et la part de responsabilité des consommateurs et citoyens grecs eux-mêmes, un peu d’humanité n’aurait pas nui dans cette affaire plutôt que de traiter la Grèce toute entière comme une nation coupable et de lui imposer ce « talon de fer » d’une véritable dictature économique. Que les salaires aient été amoindris de 30 à 40 % pour les fonctionnaires, que les retraites aient suivi la même pente, que le chômage touche plus du quart de la population active au moment où les aides sociales sont drastiquement diminuées, cela n’est pas anodin dans une société contemporaine qui a tout « réglé » sur la seule possession de l’argent et des moyens qu’il procure dans une société de consommation. Apprendre que près d’un tiers des Grecs renonce désormais à se soigner, que le taux de suicide a explosé depuis quatre ans, que l’espérance de vie pourrait décroître fortement dans la décennie qui vient, tout cela me choque ! Et nos européistes ? Pas un mot pour les populations qui souffrent mais des incitations au gouvernement grec à continuer sur la voie de la rigueur (en fait, une politique austéritaire) et du redressement budgétaire, et le constat statistique que « cela va mieux » pour l’Etat, désormais en train de revenir sur les marchés pour financer sa dette… Quel cynisme, ou quelle inconséquence ? Sans doute les deux…
C’est cela, entre autres, qui nourrit ma colère à l’égard d’une « Europe » qui, éperdue de libéralisme économique et d’égoïsme individualiste, oublie les Européens eux-mêmes et les traditions issues d’un long passé catholique et parfois royal (pour la France, en particulier), traditions de partage et d’entraide qui, pourtant, seraient bien nécessaires aujourd’hui pour apaiser les souffrances et les inquiétudes des plus faibles socialement. Et, si je mets des guillemets à cette « Europe-là », c’est parce que je suis de plus en plus persuadé qu’elle n’est qu’un moment de l’Europe et non son essence profonde, ni sa réalité souhaitable. L’histoire nous apprend que les empires périssent de leur vanité et de leur aveuglement : l’Union européenne, en oubliant cette mise en garde simple et en se voulant un empire (commercial, surtout…) de 500 millions d’habitants alors qu’elle est d’abord constituée de peuples et de nations différentes qui ne veulent pas disparaître, même pour l’Europe et dans l’Europe, a sans doute creusé son tombeau…
C’est aussi pour cette raison qu’il importe de ne pas confondre Union européenne et Europe : si l’Union européenne peut être condamnée, il est fort probable que l’Europe, elle, lui survivra et trouvera d’autres voies pour s’exprimer et s’épanouir…
01:43 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, colère, lamassoure, débats, giscardiens, référendum.
09/05/2014
Des extraits d'un communiqué de presse de la liste royaliste dans l'Ouest.
La campagne pour les élections européennes que je mène est l'occasion d'envoyer quelques courriers et communiqués à la presse régionale et locale, sans grand profit pour l'instant... Il est vrai que, au regard du nombre de listes présentes (25 dans ma circonscription de l'Ouest, 31 en région Ile-de-France...), la place est fort réduite pour celles qui n'ont pas une grande surface électorale : il est possible de le regretter mais c'est un fait et cela doit plutôt nous inciter à développer nos propres moyens d'expression et canaux de diffusion, sans bouder notre plaisir, néanmoins, quand les journaux, radios ou télés locaux nous invitent pour quelques lignes ou pour quelques minutes de parole. Ainsi, je suis en train de rédiger, à leur demande, quelques tribunes, souvent courtes, pour des quotidiens bretons ou manceaux, entre autres, et j'ai déjà répondu à plusieurs questions pour une télévision rennaise dans laquelle j'ai été très bien accueilli, ce qui est fort appréciable (j'en reparlerai quand les quelques minutes « royalistes » seront diffusées sur cette chaîne, car les trois questions qui m'ont été posées étaient fort pertinentes).
Bien sûr, tout cela ne provoquera pas un raz-de-marée électoral en faveur de la liste royaliste « Pour une France royale au coeur de l'Europe » à laquelle je participe activement, mais quelques vérités seront dites et quelques idées monarchistes propagées, ce qui n'est pas si mal !
Voici ci-dessous des extraits d'un communiqué envoyé cette semaine à des rédactions locales de la presse écrite et qui évoque, en quelques mots, les positions monarchistes que je défends. Chacune des phrases ci-dessous mériterait un long développement et les lecteurs de ce site ont sans doute constaté que j'ai déjà évoqué certains éléments repris brièvement ici... Mais il me faudra évidemment remettre la main et la plume à l'ouvrage pour préciser et compléter ma pensée...
« Durant cette campagne, la liste royaliste dénoncera une construction européenne qui est devenue, malheureusement, destruction du lien social et de la protection nationale, ainsi que le libéralisme sans frein qui en est le moteur ou l'alibi.
La liste royaliste dénoncera aussi l'indifférence des institutions européennes à la question de la pauvreté : aujourd'hui, selon les chiffres d'Eurostat, 125 millions d'habitants de l'Union Européenne sont pauvres et des dizaines de millions sont en voie d'appauvrissement, alors que l'UE est la zone la plus riche du monde selon les économistes !
La liste royaliste proposera que l'euro devienne une « monnaie commune » plutôt que de rester « monnaie unique » des pays qui y participent.
La liste royaliste défendra l'idée d'une France forte susceptible,avec d'autres Etats de bonne volonté, de « refonder l'Europe », pour une Europe des alliances, des projets et des différences respectées.
« Pour une France royale au coeur de l'Europe » résume notre combat : une Monarchie en France aurait l'avantage de redonner à l'Etat politique du temps et de l'énergie pour penser l'avenir en termes de politique et de justice sociales, et non pas simplement en termes économiques. »
20:09 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : euro, europe, élections européennes, monarchie, alliances.
08/05/2014
La désignation du président de la Commission européenne : une démocratie tronquée...
Un argument martelé à l’envi par les socialistes mais aussi par le candidat européiste de l’UMP Alain Lamassoure (candidat peu apprécié et peu soutenu par les militants parisiens de son propre parti…) dans cette campagne électorale européenne, c’est que le prochain président de la Commission européenne sera choisi par les députés issus du scrutin de la fin mai. Or, vérification faite, rien n’est moins sûr, et l’argument tient plus de l’interprétation que de la lecture rigoureuse du traité de Lisbonne sur lequel les socialistes s’appuient, ce même traité qu’ils se sont jadis empressés de faire avaliser par les parlements nationaux pour éviter que les peuples français et hollandais ne le rejettent comme en 2005…
En effet, le traité de Lisbonne évoque le fait que, pour proposer un candidat à la présidence de la Commission, les dirigeants des vingt-huit Etats membres de l’Union européenne doivent désormais tenir compte du résultat des élections et des rapports de force internes au Parlement (ce qui laisse plus d’une possibilité, d’ailleurs, et sans doute beaucoup de manœuvres, voire de « petits arrangements entre amis »…), mais rien de plus ! On est loin d’une élection « logique » en juillet prochain du candidat proposé par le parti majoritaire ou comptant le plus grand nombre d’élus à l’Assemblée européenne.
C’est ce que rappelle d’ailleurs l’ancien Premier ministre Edouard Balladur dans Le Journal du Dimanche (4 mai 2014) en soulignant que la désignation du président de la Commission européenne demeure « une prérogative du Conseil européen, qui a l’obligation de le choisir en tenant compte du résultat des élections. Si le Parlement doit approuver le candidat qui lui est présenté à la majorité des membres qui le composent, il ne le choisit pas et il n’existe ainsi aucun lien automatique entre le parti qui remporte les élections et le futur président de la Commission. Tel est d’ailleurs l’avis de Mme Merkel et de plusieurs chefs d’Etat ou de gouvernement européens ». Là encore, la démocratie européenne vantée par les socialistes et les européistes français risque de décevoir fortement, dans quelques mois, ceux qui, parfois de bonne foi, lui auront fait confiance.
Dans La Croix (mardi 29 avril 2014), Marianne Meunier évoque ce qui risque de probablement se passer, et qui nous ramène aux grandes heures de la Quatrième République française (et ce n’est pas un compliment !) : « Dans cette perspective [d’élection du président de la Commission par les députés], les grands groupes politiques ont déjà choisi leurs champions. Mais rien n’indique que les chefs d’Etat et de gouvernement puiseront dans ce vivier. Les sondages plaçant le Parti Populaire européen (PPE [droite libérale]) et les socialistes au coude-à-coude, ils pourraient être tentés de sortir du cadre et de proposer une personnalité jugée consensuelle. » Il est vrai que l’Union européenne joue constamment cette carte du compromis, avec plus ou moins de bonheur : cela fait-il une bonne politique ? On se souvient que la baronne Ashton, qui s’occupe des Affaires étrangères dans les institutions européennes, et le président du Conseil européen Van Rompuy ont été désignés ainsi, plus par défaut que par enthousiasme ou sur une feuille de route bien établie : cela a affaibli un peu plus l’Union européenne dans le concert international et l’a même rendue, en certains cas, invisible et inaudible, laissant la place de médiatrice qui lui revenait historiquement et géopolitiquement à d’autres, parfois à des Etats européens (dans le meilleur des cas…) mais de plus en plus à des grandes puissances, émergées ou émergentes, fort éloignées de l’Europe.
Et si, malgré tout, le candidat proposé par le Conseil européen n’est pas au goût des eurodéputés, que se passera-t-il ? Il est à craindre alors que « le plus petit commun dénominateur » soit encore plus… petit, c’est-à-dire encore plus faible, paralysé par les uns ou/et les autres ! A l’image de l’Union européenne, sans doute, mais pas au bénéfice des Etats et des peuples qui la composent…
20:40 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, commission européenne, élections européennes, socialistes, députés, parlement européen.