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10/04/2013

La naissance ne s'achète pas, mais l'élection présidentielle, si !

 

La République n'a pas de chance avec la vertu : Georges Danton était le plus corrompu des hommes et c'est en s'appuyant sur ses escroqueries avérées que Robespierre réussit à l’envoyer à la guillotine, comme Fabre d'Eglantine et quelques autres...

 

Sous la IIIe République, le gendre du président Grévy, le député affairiste Daniel Wilson, faisait un véritable trafic de légions d'honneur en se servant de sa position privilégié près du Chef de l’Etat, ce qui entraîna, une fois le scandale dévoilé, la démission honteuse de Grévy... Mais le plus fort est que ce fameux gendre fut, ensuite, réélu à deux reprises par les électeurs de sa circonscription et sur son étiquette de « républicain » ! Comme quoi, la responsabilité peut être partagée entre politiciens et électeurs... La même chose s'est produite avec quelques hommes de la Ve République mêlés à des scandales de détournements de fonds ou de mensonges avérés par exemple, de Christian Nucci à Jacques Mellick !

 

Tout cela donne une bien triste image de la République et, plus largement, de la politique politicienne : triste, oui...

 

Cela étant, l’erreur serait de se réfugier dans l’abstention ou dans la seule dénonciation des élus : au contraire, il faut tout faire pour tirer des leçons politiques de ces affaires et travailler à la mise en place d’institutions qui libèrent l’Etat et le politique de l’influence de l’Argent et des milieux qui le manipulent ou le vantent.

 

Pour commencer, ne faut-il pas s’interroger sur le mode de désignation même du Chef de l’Etat ? Devant disposer d’un large soutien, à la fois financier et partisan pour gagner celui des électeurs, n’est-il pas à la merci de ceux qui « font » l’Opinion, des médias aux puissances financières et industrielles (en particulier par le biais de la publicité et des « conseils », autre nom des groupes de pression…), et cela au risque de devenir l’obligé de ses généreux « donateurs » ? Une élection présidentielle coûte cher, de plus en plus même si l’on en croit les chiffres des dernières éditions des années 2000 et suivantes… Elle est donc, qu’on le veuille ou non, réservée à ceux qui ont les plus gros moyens et qui appartiennent aux partis « crédibles » ou reconnus comme tels, parfois sans aller plus loin dans la réflexion, et seuls habilités à gouverner, à un moment ou à un autre, le pays. Sans l’argent, pas d’élection à la tête de l’Etat dans notre République cinquième du nom !

 

Il y a pourtant aujourd’hui encore une chose qui, elle, ne s’achète pas : la naissance au sein d’une famille reconnue comme telle et accueillante à l’enfant qui naît ! C’est par la naissance que l’indépendance de la magistrature suprême de l’Etat pourrait être, en définitive, le mieux assurée. Celle-ci ouvre la voie, le jour venu, lorsque le Chef de l’Etat alors en place s’éteint aux yeux des hommes, à une succession tranquille, naturelle, dynastique… Bien sûr, cela n’enlève rien aux difficultés de diriger un Etat dans un monde qui ne cesse de bouger et de mettre à mal les équilibres traditionnels et socialement nécessaires, mais cela libère au moins l’Etat, en sa tête, des préoccupations financières et des promesses clientélistes aujourd’hui indispensables en République pour briguer la plus haute magistrature de l’Etat…

 

03/04/2013

De Danton à Cahuzac : les petits arrangements des républicains avec l'Argent...

 

La République n'a pas de chance avec la vertu : Danton était le plus corrompu des hommes et c'est en s'appuyant sur ses escroqueries avérées que Robespierre l’envoya à la guillotine, comme Fabre d'Eglantine et quelques autres... Sous la IIIe République, le gendre du président de la République faisait un véritable trafic de légions d'honneur avec l’aide d’un général véreux et d’une tenancière de maison close, ce qui entraîna, une fois le scandale dévoilé, la démission honteuse de ce farouche républicain de Grévy, pourtant réélu quelques semaines plus tôt à l’Elysée...


Mais le plus fort est que ce fameux gendre, le député d’Indre-et-Loire Daniel Wilson fut, ensuite, acquitté (à cause d’une erreur de procédure) et réélu par les électeurs de sa circonscription, en 1893 et en 1896 avant d’être, enfin, battu en 1902 ! Pour se faire réélire, Wilson arguait que devait prévaloir « l’esprit républicain » et qu’il fallait surtout éviter l’élection d’un monarchiste ou d’un socialiste (ce qui n’avait pas, à l’époque, le même sens qu’aujourd’hui…).


Je pourrai ainsi multiplier les exemples, du scandale de Panama à l’affaire Stavisky qui déboucha, comme le précédent de 1892, à des émeutes dans Paris et, plus dramatique, à une sanglante répression un certain 6 février 1934. La Ve République elle-même n’a pas évité les confusions entre l’exercice d’une fonction publique et la tentation financière, et c’est par milliers que l’on compte les malversations, les affaires de pots-de-vin et de corruption, les « petits arrangements entre amis », tous ces scandales de plus ou moins grande ampleur qui ont touché ou touchent encore le monde politique, de la commune à la tête de l’Etat !


L’affaire Cahuzac est l’une des plus graves, non tant sur le plan des sommes en question, en elles-mêmes assez dérisoires au regard de la plupart des affaires d’argent, mais sur le plan symbolique : un homme, ministre du budget en exercice durant dix mois dans l’actuel gouvernement et, à ce titre, chargé de la lutte contre la fraude fiscale, était lui-même un fraudeur et un dissimulateur ! Ainsi, par ses actes et depuis une vingtaine d’années, il trahissait sciemment ses électeurs, ses amis politiques et, au-delà, les valeurs politiques que tout homme en charge de responsabilités publiques, à l’assemblée ou au gouvernement, devrait, non seulement défendre, mais incarner, honnêtement et simplement.


La colère de l’actuel locataire de l’Elysée n’est sans doute pas feinte et cela même si l’on peut penser que le président devait bien avoir, au fond de lui, quelques doutes légitimes : mais M. Cahuzac ne lui avait-il pas donné sa parole, « les yeux dans les yeux », comme il devait le faire aussi avec Jean-Jacques Bourdin, un matin pas si lointain, au micro de RMC-BFMtv ?


En fait, il y a quelque chose qui est, là, consubstantielle à cette République qui, pour exister, a besoin de nouer des liens avec le monde de l’Argent, et dont les serviteurs, au nom d’une liberté individuelle vantée par le régime lui-même, sont aussi, souvent, les profiteurs… Or, il faut le redire : on ne peut servir deux maîtres à la fois ! Faire de la politique, servir le pays et ses populations, préparer « l’avenir que tout esprit bien-né souhaite à sa patrie », cela ne veut pas dire « se servir » et profiter financièrement de sa position parlementaire ou gouvernementale ! Il ne s’agit pas de faire de la morale mais, au contraire, de faire de la politique et d’être, avant tout, politique, au sens fort du terme !


La République a un vrai problème avec l’Argent : quand la Monarchie asservissait, parfois difficilement et douloureusement d’ailleurs, l’Argent au service de l’Etat, n’hésitant pas à enfermer l’homme le plus riche du royaume comme ce fut le cas pour Nicolas Fouquet, ou, au contraire, en jouait par le biais d’un Mazarin avide et en connaissant la valeur pour le pays comme pour lui-même, la République, elle, dont les urnes sont gourmandes en promesses électorales et les partis en espèces sonnantes et trébuchantes, n’arrive pas à s’imposer au monde de la finance, à cette « fortune anonyme et vagabonde » qui, trop souvent, achète les esprits et les volontés pour mieux les diriger !


L’affaire Cahuzac, en tout cas, met fin, pour ceux qui avaient encore quelques illusions à ce sujet, à celle d’une Gauche peu tentée par « le vil métal » dont le règne était, il y a un siècle, dénoncé par un Maurras ou, avec plus de colère encore, par un Bernanos.


Mais, au-delà, il ne serait pas étonnant que les électeurs, de plus en plus pressurés en tant que contribuables, se détournent des machines politiciennes pour rejoindre le concert des mécontents et des contestataires de ce régime de démocratie représentative de plus en plus discrédité : certains journalistes ou parlementaires parleront de « ce populisme qui menace la République » quand c’est la classe politique de la République qui, le plus souvent, donne l’exemple désastreux d’un abandon du service civique de la nation et qui nourrit ainsi ce que pourtant elle dénonce si vigoureusement

 

 

 

25/03/2013

Promenade printanière aux Champs-Elysées...

 

« La Manif pour tous » de ce dimanche 24 mars a réuni des foules très importantes dont le nombre exact de participants s’approche sans doute plus du million et au-delà que des 300.000, chiffre avancé par la préfecture de police sans beaucoup de conviction. Lors de cette réunion géante, des discours fort intéressants et parfois surprenants y ont été prononcés, qui mériteraient d’être écoutés plus précisément et débattus, quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur le sujet du mariage nouveau et de ses conséquences.

 

Mais, au-delà du « fond » de la discussion et des prises de parole, il y a eu ce que les journalistes étrangers ont beaucoup plus sévèrement jugés que les médias hexagonaux : les « débordements » et la « répression », toutes choses dont j’ai personnellement été le témoin, un témoin loin d’être indifférent à la situation en question.

 

Arrivé en retard à ce rassemblement, je suis descendu à la station de métro Kléber et j’ai suivi le flot de drapeaux bleus, blancs, roses, égayé aussi de drapeaux tricolores français et de ceux des provinces de France : d’ailleurs, difficile de faire autrement, encadré par des forces de l’ordre à la fois débonnaires et impressionnantes. En quelques minutes, alors que je voulais rejoindre le gros de la manifestation pour écouter les discours, je me suis retrouvé à l’ombre d’un Arc de triomphe visiblement fermé au public, tout comme les sorties de métro qui y mènent, et au milieu d’une foule bigarrée mécontente et frustrée de ne pouvoir ni défiler sur les Champs (transformés en camp retranché sur une partie de l’avenue, avec grilles, camions, boucliers et forces de l’ordre lourdement équipées) ni passer du côté de la manifestation officielle…

 

Personnellement, quand je me promène dans la rue, manifestation ou pas, j’arbore une belle fleur de lys sur ma chemise ou ma veste, et cela était le cas, ce dimanche comme les autres jours : je dois avouer que, à la fin de la journée, j’avais encore plus de raisons d’être royaliste que d’ordinaire… J’avais aussi sous le bras ma pochette remplie de journaux, papiers, livres, et… copies d’élèves ! Et, dans la poche, ma plaque de Camelot du Roi que Guy Steinbach m’a remise il y a plus d’une vingtaine d’années déjà, une sorte de talisman que je garde par devers moi les jours d’épreuve et qui me rappelle, à son contact, mes devoirs de militant et d’homme d’honneur

 

Soudain, une odeur âcre envahit le lieu et je vois tomber des jeunes et des moins jeunes devant et à côté de moi tandis qu’une clameur monte vers le ciel : « ils gazent ! ». Des gens courent, cela hurle, tousse, pleure… « Les salauds », disent certains : mais non, ce ne sont pas eux, les CRS ou les policiers en civil, qu’il faut seulement dénoncer, même si c’est bien eux qui vident leurs bonbonnes de gaz sur les manifestants, mais c’est contre ce « désordre établi » qui gouverne et qui est le vrai coupable, cette République qui ne veut rien entendre de ce que les gens ont à dire et qui confisque, à chaque élection, les désirs des citoyens au fond de ses urnes qui ont cessé d’être magiques et miraculeuses !

 

La suite des événements n’a fait que confirmer mes craintes : une répression classique qui nous rappelle que, malgré ses grands principes affichés, « la République gouverne mal, mais elle se défend bien », comme l’affirmait déjà Anatole France du temps de la IIIe République, celle-là même née de l’écrasement de la Commune de Paris et si peu soucieuse d’écouter les catholiques et les ouvriers du pays.

 

En tout cas, ce soir-là, dans la fumée des lacrymogènes et les lueurs blafardes des lumières des Champs, alors que les touristes effarés contemplaient le spectacle d’une dispersion violente de manifestants qui, visiblement, n’étaient pas venus pour en découdre mais beaucoup plus pour faire entendre leur voix, leurs voix, des vocations militantes sont nées : en quelques heures, ce sont des dizaines de jeunes (et moins jeunes) avec lesquels j’ai discuté, parfois que j’ai calmé, consolé ou conseillé, voire enguirlandé quand les slogans n’étaient pas adaptés à la situation (le slogan « Hollande démission » n’avait guère de sens, car ce n’était pas le sujet, et cela même si je peux comprendre la colère de jeunes choqués –à tous les sens du terme- par la répression)… Certains ont compris que le combat n’était pas que physique ou esthétique : ils vont réfléchir, lire, discuter, fourbir des arguments et creuser, peut-être, de nouvelles pistes intellectuelles et politiques. Ils se rappelleront, pour certains, ce que je leur ai dit, sur le bord du trottoir, au milieu de la rue ou dans le métro. L’un d’entre eux portait un nom qui est cher au cœur des royalistes, mais chut ! Il y aura des surprises, bientôt…

 

Hier dimanche, il faisait froid sur les Champs. Pourtant, aux arbres, l’on voyait des bourgeons… Aux arbres, et sur le macadam, sans doute !

 

Au plus près des barrages, en haut des Champs, un vieil homme était assis sur son pliant, insensible aux gaz qui le cernaient et parfois le visaient : il portait une longue perche à laquelle il avait accroché un drapeau blanc frappé du sacré-cœur, un drapeau chouan qui a dominé la scène de longues heures. M’approchant de lui pour le féliciter de son calme courage, il me sourit et me dit : « en ce dimanche des Rameaux, je ne me voyais pas brandir un autre drapeau »… Tout était dit : reste à faire, maintenant !

 

Un peu plus loin, devant un car de CRS, un officier regroupait ses hommes, visiblement fatigués. Au moment où je passais, s’adressant à ses hommes, il eut ces mots surprenants et, en somme, si révélateurs de la situation de notre pays, en ce dimanche comme depuis si longtemps : « Bon, pas de blessures, à part la fracture au moral ! ». Oui, « fracture au moral », c’étaient ses mots ! Il y aurait tant à dire sur ces quelques mots apparemment si simples… Mais c’est ce genre de fracture, aujourd’hui étendue à toute la société, qu’il s’agit de réduire, et au plus vite !