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06/11/2012

Le rapport Gallois mérite mieux que la République...

 

M. Louis Gallois serait Colbert en Monarchie, mais la France est en République, et il n’est pas certain que cela soit heureux pour elle et tout autant pour les Français… Le fameux rapport remis hier lundi par l’ancien patron de la SNCF et d’EADS est d’un intérêt indéniable et, si certaines des mesures proposées posent plus de questions qu’elles n’en résolvent, il me semble qu’un Etat digne de ce nom ne devrait pas prendre un tel document à la légère et encore moins le vider de sa substance, donc de sa possible efficacité, par quelques annonces faites au sortir du séminaire gouvernemental de ce mardi matin, véritable séance d’enfumage et de stérilisation des propositions avancées par M. Gallois.

 

Alors que le rapport propose un allégement des charges patronales et des cotisations salariales et ceci dans des délais très brefs, le gouvernement, visiblement effrayé des réactions prévisibles d’une partie de ses soutiens parlementaires et de celles d’une Gauche plus idéologique qu’audacieuse, se contente d’un « crédit d’impôts » pour les petites et moyennes entreprises, crédit qui n’aura ni la même efficacité ni la même pérennité dans le temps que les mesures souhaitées par M. Gallois. De plus, il est effarant de constater que les diverses mesures annoncées par le gouvernement ne seront réellement effectives qu’en 2014 quand c’est maintenant, dès cet automne 2012, qu’il faudrait agir et réagir ! Dans un monde qui confond souvent précipitation avec vitesse mais qui nécessite une certaine réactivité tout comme la mise en place de véritables fondations nouvelles pour résister aux tempêtes économiques et aussi aux courants (et tourments) actuels d’une mondialisation capitaliste, cette perte de temps peut s’avérer fatale à de nombreuses entreprises et empêcher toute réindustrialisation pourtant économiquement comme socialement nécessaire. Quel gâchis !

 

De plus, les conditions mises au déblocage de ce fameux crédit d’impôts pour une entreprise en difficulté sont plus que dissuasives et risquent bien de n’avoir que peu d’effets dans la réalité… Il est plus que probable que, après l’espoir suscité par le rapport Gallois chez de nombreux industriels, en particulier des petites et moyennes entreprises, c’est le découragement qui risque bien de s’emparer de ceux-ci : combien d’entreprises et d’emplois réels vont-ils disparaître dans les prochains mois, bien avant 2014 et l’entrée en service effective des quelques mesures gouvernementales ?

 

Conjuguée avec l’absence de réformes de structures et le report des mesures nécessaires au retour à une compétitivité qui, il faut insister sur ce point, ne doit pas être pensée sans la solidarité sociale, l’arme fiscale utilisée massivement et maladroitement par le gouvernement Ayrault depuis son entrée en fonction risque bien d’être responsable d’une véritable faillite française dès 2013, aggravée par la politique si peu protectionniste de la Commission européenne et par la crise jamais résolue de la zone euro et de la monnaie unique elle-même.

 

Ainsi, le rapport de M. Gallois, qui aurait mérité un autre traitement de la part du gouvernement actuel si ce dernier avait été digne de sa fonction d’Etat et non confinée dans sa fiction idéologique, est-il déjà enterré, avec les honneurs certes d’une République fanfaronne et pleine de vents, mais dans la tristesse de ceux qui, au-delà d’une Droite qui n’en acceptait que les aspects libéraux quand il fallait en voir toute la philosophie « nationale », veulent pour la France un avenir économique et social qui ne soit pas celui du Titanic

 

Ah, décidément, qu’elle soit de Droite ou de Gauche, quelle maudite République que celle qui néglige l’avenir par paresse intellectuelle et par couardise politique !

 

Pour que M. Gallois soit Colbert en France, c’est bien la Monarchie qu’il faudrait, tout simplement !

 

 

22/10/2012

Contre les délocalisations (1).

 

Il y a quelques semaines déjà, je prononçais un discours au traditionnel banquet de rentrée du Groupe d’Action Royaliste, discours consacré à ce qui, d’ailleurs, avait aussi été l’objet d’une campagne militante cet été, en particulier à Rennes : les délocalisations. Inutile de préciser, a priori, que je suis un farouche adversaire de ces fameuses délocalisations qui, aujourd’hui, participent de ce mouvement plus vaste de désindustrialisation de notre pays, mouvement lui-même motivé par la mondialisation, plus encore « idéologie » avant que d’être une réalité dont les aspects ne sont pas tous heureux, loin de là…

 

Voici ci-dessous une première partie de ma conférence du 23 septembre dernier.

 

 

 

Le phénomène des délocalisations est déjà ancien dans notre pays et elles sont à l’origine surtout motivées par l’intérêt de fabriquer à proximité des marchés de consommation que les entreprises françaises cherchaient à conquérir : ainsi, fabriquer au Brésil pour vendre en Amérique du sud ou en Inde pour atteindre les marchés asiatiques. Mais les délocalisations suivantes eurent une autre finalité : fabriquer à moindre coût (salarial, social, fiscal, environnemental) pour l’entreprise des produits destinés à être transportés puis vendus sur notre marché national, avec l’idée et le calcul de faire plus de bénéfices pour les industriels et les actionnaires, alléchés par cette promesse de revenus mirifiques permis par la fabrication en ces pays éloignés en kilomètres mais proches en temps grâce aux moyens de transport modernes et au carburant peu coûteux.

 

D’ailleurs, le consommateur français ne devait-il pas gagner lui aussi à ces délocalisations, puisqu’il paierait son électroménager ou ses jouets beaucoup moins cher, comme le lui promettaient entreprises et grandes distribution ?

 

En fait, ces délocalisations permettaient surtout aux fabricants d’échapper à certaines obligations sociales, fiscales ou environnementales, celles-là mêmes que notre pays avait mises en place tout au long d’une histoire industrielle parfois tumultueuse… Désormais, les délocalisations étaient et sont, pour la plupart, simplement spéculatives.

 

Ce phénomène des délocalisations est aggravé mais aussi motivé ou « légitimé » par la mondialisation et le libre-échange sans entraves : le « made in world » devient, d’une certaine manière, la norme et les entreprises, leurs actionnaires et financiers plus encore que les chefs d’entreprise, mettent ainsi en concurrence les salariés (et les règles sociales et fiscales…) de tous les pays pour abaisser les coûts de production, les ouvriers n’étant plus que les variables d’ajustement de la production mondiale.

 

Cela a d’abord concerné les entreprises industrielles, qu’elles soient automobiles, électroniques ou textiles, par exemple, au risque, d’ailleurs, de baisser la qualité et la sécurité même des produits, moins résistants et moins durables. Sans oublier les conséquences environnementales parfois désastreuses : les pollutions désormais interdites ou sévèrement réprimées en France sont, elles aussi, « délocalisées » dans les pays-ateliers… De plus, l’exploitation des populations ouvrières locales s’avère effrayante dans ces pays « nouvellement » industrialisés, et les témoignages nombreux sur la situation des prolétaires (un terme qui avait pratiquement disparu du vocabulaire social français ces dernières décennies…) de Chine, d’Inde ou du Vietnam n’y changent pas grand-chose, malheureusement : les consommateurs français ne veulent voir, et c’est assez logique sinon normal, que le produit moderne et qui leur semble désormais indispensable (grâce à la séduction publicitaire et à la « normalisation technologique ») qu’ils ont entre leurs mains, dans leur salon ou leur garage... Le reste leur importe peu, malheureusement, et ils n’éprouvent guère le besoin de se renseigner sur les conditions réelles de la fabrication de « leurs » objets… Et pourtant !

 

 

 

(à suivre)

 

 

 

16/10/2012

Contre les gaspillages alimentaires.

 

Comme chaque année, la question alimentaire revient dans les médias à l’automne, avant l’ouverture (dans quelques semaines) des Restos du cœur initiés par Coluche il y a déjà bien longtemps, à la suite des soupes populaires d’antan, malheureusement encore d’actualité. La montée rapide du chômage ces derniers mois, la désindustrialisation qui s’accélère tandis que l’agriculture elle-même perd 200 exploitations chaque semaine, la pauvreté qui s’installe à nouveau durablement dans notre pays, parfois au cœur même des villes… : autant de motifs inquiétants qui expliquent que cette question alimentaire mérite un véritable engagement de la Cité pour tenter de la résoudre ou, du moins, d’en atténuer les effets en travaillant en même temps à en réduire les causes profondes.

 

Justement, samedi dernier, un banquet organisé par Canal + sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris était servi gratuitement à 5.000 personnes, un banquet d’ailleurs un peu original à base de fruits et légumes, et qui avait le mérite de poser, sur ce sujet alimentaire, de bonnes questions et de montrer tout l’intérêt d’une approche qui ne soit pas que caritative mais aussi plus générale. Dans son édition du samedi 13 octobre, Le Parisien explique que « biscornus, légèrement abîmés ou simplement trop gros ou trop petits, ces fruits et légumes auraient dû finir au rebut, faute de correspondre aux critères esthétiques de la grande distribution ». Quel gâchis, peut-on penser à l’évocation de telles destructions alimentaires, à l’heure même où tant de nos concitoyens ne se nourrissent plus correctement ni parfois suffisamment !

 

Selon le journal, « alors que 1 milliard d’hommes souffrent de malnutrition, un tiers de la production alimentaire mondiale est gâchée. (…) Chaque Français gaspille en moyenne, par an, jusqu’à 155 kg de nourriture. » Dans ce même quotidien, on apprend que « 21 % des aliments achetés par les Français sont jetés »… Il y a là un véritable problème qui tient aux comportements induits par la logique d’une société de consommation qui est, comme le signale Serge Latouche, l’un des principaux théoriciens de la décroissance en France, une société de « surabondance » et, par là même, de gaspillages organisés (par la grande distribution) et validés (malheureusement et souvent inconsciemment) par les consommateurs.

 

« Consommer pour produire », telle est la devise de la société de consommation et cette stratégie rompt avec les équilibres à la fois économiques et environnementaux traditionnels, car elle entraîne un véritable emballement de la consommation/achat ou des moyens pour faire acheter au risque, d’ailleurs, de ne pouvoir consommer concrètement tout ce qui a été « consommé » financièrement. L’acte d’achat n’est pas forcément suivi de l’acte de consommation concrète du produit : c’est la différence entre les deux qui constitue le gaspillage, soit ici 21 % des produits alimentaires achetés par les Français…

 

Il fut un temps où rien de ce qui touchait à la nourriture n’était jeté : on accommodait les restes, comme on disait ; on faisait du « pain perdu » qui, justement, ne l’était pas ; et même les animaux de la maison participaient à « nettoyer les assiettes » au lieu de se nourrir des croquettes d’aujourd’hui parfois fort chères… Et puis, on donnait, au soir des dimanches d’agapes ou des après-midi d’anniversaire, des gâteaux et des fruits aux voisins ou à ceux qui, dans la rue, ne mangeaient pas tous les jours du chocolat… Une forme de solidarité traditionnelle qui était aussi dans la logique de cette prière catholique parfois récitée avant le repas, le « bénédicité », où l’on demandait à Dieu de donner du pain à ceux qui n’en avaient pas.

 

Dans cette lutte contre les gaspillages qui sont l’une des causes de la sous-alimentation et des déséquilibres alimentaires de quelques millions de nos compatriotes, mais aussi de plus d’un milliard de personnes sur cette planète, l’Etat a aussi un rôle à jouer, en particulier en favorisant la récupération et la redistribution des surplus des cantines de ses administrations, par exemple, et, surtout, par l’adoption de lois obligeant les collectivités locales, les lycées, etc. à faire de même, tout en respectant, bien sûr, des règles d’hygiène et de sécurité alimentaire strictes

 

De plus, la question alimentaire en France peut trouver des réponses diverses et variées par une nouvelle politique d’aménagement du territoire qui permette de rapprocher un peu plus producteurs agricoles et consommateurs locaux, qu’ils soient ruraux, rurbains ou citadins. Là encore, voici un chantier que l’Etat et les pouvoirs publics régionaux et municipaux auraient tort de négliger, surtout en ces temps de crise et de pauvreté grandissante, mais aussi de colères montantes…