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10/09/2012

L'indigne M. Arnault.

 

M. Arnault est l’homme le plus riche de France mais il n’aime pas la France : c’est ainsi que l’on peut interpréter sa décision de demander au royaume de Belgique de lui accorder la nationalité belge… Et les propos de M. Fillon, ancien premier ministre de la République, apparaissent bien maladroits, voulant voir dans cette initiative de M. Arnault une conséquence de la politique fiscale de l’actuel gouvernement quand elle n’est qu’une preuve supplémentaire de l’avidité de certains, enivrés d’argent et incapables de s’en désintoxiquer !

 

En ces temps de mondialisation, qui est une forme « civile » (pour l’heure, en tout cas) de « guerre économique », la décision annoncée de M. Arnault n’est rien d’autre qu’un acte de trahison, quoique que l’on puisse penser par ailleurs du délire fiscal de M. Hollande et malgré que M. Arnault, inquiet des réactions récentes, déclare la main sur le cœur (là où il y a le portefeuille ?) qu’il a bien l’intention de payer ses impôts en France : mais les promesses de M. Arnault sont-elles crédibles, au regard de ses nombreux mensonges précédents, comme lorsqu’il quémandait jadis des aides de l’Etat pour spéculer sur des entreprises en difficulté et en licencier la plupart des salariés au mépris même des engagements pris ?

 

En tout cas, depuis samedi, c’est le bal des hypocrites : des ministres du gouvernement Ayrault font la morale au patron déserteur, alors même qu’ils participent de la même idéologie libérale et européiste que lui et qu’ils savent que leurs admonestations n’auront aucun effet car ils ne leur donneront aucune suite concrète. Certains, et parfois les mêmes, toujours à gauche, parlent de « patriotisme » pour rappeler les devoirs des chefs d’entreprise alors même qu’ils brocardent quotidiennement le « protectionnisme », et considèrent parfois que la France est « dépassée » et doit se fondre dans un grand « Tout mondial », au nom de la mondialisation « moderne et inéluctable »… Ce dernier reproche ne s’adresse évidemment pas à M. Montebourg qui n’a pas attendu les derniers jours pour prôner un patriotisme économique et social de bon aloi, et qui reste un chantre, plus modéré que du temps des primaires socialistes néanmoins, de la « démondialisation ».

 

Je suis sévère avec M. Arnault car je place la France avant l’argent et avant les intérêts particuliers, surtout financiers, mais je suis tout aussi sévère envers M. Hollande et son priapisme fiscal qui risque bien d’étouffer les forces vives de ce pays et de donner des arguments à ceux tentés de s’exiler dans des pays plus « accommodants » (sic !) sur le plan des impôts et des taxes… J’entendais ce lundi midi sur RMC un chef d’entreprise qui annonçait qu’il abandonnait purement et simplement la nationalité française et démontait une de ses usines en France pour échapper au fisc, arguant de charges trop lourdes pour maintenir son activité avec profit dans notre pays ! Quel gâchis !

 

En tout cas, dans cette affaire Arnault, la République montre ses limites et son incapacité à réagir efficacement : beaucoup d’agitation et de discours moralisateurs, et rien, concrètement, pour parer à l’initiative de M. Arnault…

 

On est bien loin de la réaction du roi Louis XIV face à Nicolas Fouquet, l’homme le plus riche et qui se voulait, à tort, le plus puissant du royaume, jadis bon serviteur de la monarchie mais enivré de ses succès au risque d’oublier le service de l’Etat : le roi le fit arrêter et confisqua ses biens, et marqua par là l’autorité du politique, au-delà des considérations purement économiques et des féodalités financières. Par cet acte « fondateur », Louis XIV annonçait que, désormais, en son royaume et sous sa monarchie absolue, l’Argent n’imposerait jamais son règne à l’Etat et à la France, ce que, sous la République, seul le général de Gaulle rappela par sa formule célèbre, « La politique de la France ne se fait pas à la Corbeille ». Une leçon que nos gouvernants devraient méditer…

 

Mais cette République, coincée entre deux élections et tellement dépendante des jeux d’argent pour celles-ci, a oublié les pratiques monarchique et gaullienne et elle confond trop souvent le fait de gouverner avec celui de simplement gérer : le mot de « gouvernance », qui n’est qu’un terme d’économie, remplaçant le mot de « gouvernement » qui, lui, est de nature politique, montre bien l’abandon de la République à des forces qui la dépassent. M. Arnault peut faire ce qu’il veut, qu’a-t-il à craindre ?

 

On pourrait s’abandonner à ce fatalisme, mais on a le devoir d’y résister et de poser la question des institutions qui pourront mettre au pas ces princes de la Fortune vagabonde. Là encore, la réponse monarchique s’avère la plus efficace, contre la démesure de quelques « trop riches » qui ont oublié les devoirs sociaux que la richesse donne à ceux qui la possèdent envers les moins aisés de nos concitoyens, ne serait-ce que par le biais de l’impôt redistributif.

 

 

 

03/09/2012

Enjeux et risques énergétiques.

 

L’industrialisation et la mondialisation n’ont pu être possibles depuis le XIXe siècle que grâce à la découverte scientifique et à la maîtrise, puis à l’usage varié et massif, des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) : dans le même temps, les énergies renouvelables traditionnelles (eau, vent, soleil) étaient, sinon totalement abandonnées, du moins reléguées à un rang quasi anecdotique sauf, en particulier en France, l’énergie hydraulique fournie par les moulins, eux-mêmes remplacés par les barrages hydroélectriques.

 

Conjuguées à l’apparition, puis à la diffusion du modèle de la société de consommation, l’industrialisation et la mondialisation, de plus en plus invasives dans les pays européens et sur le continent nord-américain puis s’étendant au reste du monde, ont entraîné un véritable pillage, puis gaspillage des ressources fossiles que la nature avait mis plusieurs centaines de millions d’années à fabriquer : en moins de quatre siècles, si l’on en croit les géologues, c’est la quasi-totalité de ces richesses terrestres qui aura été consommée, c’est-à-dire consumée ! Déjà, certains affirment que le fameux « pic pétrolier » (en anglais, « peak oil ») serait atteint (ou sur le point de l’être), et qu’il n’est désormais plus possible de produire demain encore plus de pétrole qu’aujourd’hui…

 

Cette consumation a eu d’autres conséquences, moins bénéfiques que celles du développement technique des sociétés et de l’amélioration des conditions de transport ou de chauffage : la pollution atmosphérique, déjà dénoncée à la fin du XIXe siècle par l’écrivain royaliste Paul Bourget après son voyage dans le Londres enfumé par les cheminées d’usines et le chauffage au charbon, et qui, aujourd’hui, poursuit ses ravages d’une autre manière, sans doute, mais avec des conséquences sur la mortalité loin d’être anodines (40.000 morts par an en France ?) et sur la qualité de l’air, sans oublier ce qui pose le principal problème à la planète, c’est-à-dire le dérèglement climatique qui semble s’orienter vers un réchauffement accéléré et anormal de notre planète et se manifeste, concrètement, par un accroissement certain des « accidents » climatiques et la fonte de la banquise.

 

Mais il n’y a pas que la consommation des énergies fossiles qui entraîne des pollutions : la production elle-même s’avère souvent coûteuse pour l’environnement, comme au large de la Floride et dans le golfe du Mexique en 2010 avec l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon qui a provoqué une terrible marée noire destructrice d’une partie de la biodiversité marine et lagunaire locale, ou la dévastation de la forêt boréale au Canada, au nord de l’Alberta principalement, sur une superficie de 140.000 km2, pour exploiter des mines de sable bitumineux qui, elles-mêmes, polluent les rivières avoisinantes et provoquent des pluies acides… Même chose pour le transport des hydrocarbures : les côtes de Bretagne et de Vendée se souviennent des marées noires de l’Amoco Cadiz en 1978 et, plus proches de nous, de l’Erika et du Prestige autour de l’année 2000, qui ont entraîné la mort de millions d’oiseaux, de poissons et crustacés, mais aussi de mammifères marins, et qui ont souillé pour plusieurs années le littoral français.

 

Pourtant, notre société, désormais, ne peut se passer d’une abondante énergie : nous sommes dépendants de la Technique, des Machines, et de ce qui permet de les mouvoir, de les faire fonctionner, et de nous chauffer, de nous déplacer, de communiquer et de stocker, de nous éclairer et de nous divertir, etc. Par rapport aux sociétés du XVIIIe siècle, nous sommes des « géants » qui pouvons relier tous les coins de la France, voire bien au-delà, en quelques heures si nous nous déplaçons physiquement, mais en quelques dixièmes de seconde s’il s’agit de parler et de voir… Ces progrès immenses, et largement bénéfiques pourvu que nous en usions sans nous perdre nous-mêmes, nécessitent des quantités considérables d’une énergie dont nous ne saurions plus, pour l’heure, nous passer : après avoir eu le monopole de ce genre de vie très énergivore, en tant que citoyens d’un pays précocement industrialisé, nous sommes les spectateurs (impuissants et souvent indifférents pour nombre de nos concitoyens) des appétits et de la nouvelle voracité des puissances émergentes ou nouvellement émergées qui veulent atteindre notre niveau de vie, et cela coûte que coûte, sans toujours prendre en considération les risques que cette attitude, étendue à des populations fort nombreuses, fait peser à la planète toute entière. La Chine, l’Inde ou le Brésil, par exemple, ne sont guère sensibles aux préoccupations écologiques, il est vrai plutôt nouvelles et très « intéressées » de la part des Etats anciennement industrialisés qui y voient surtout un moyen de freiner la montée trop rapide des concurrences asiatiques ou sud-américaines…

 

Pour la France, les enjeux énergétiques sont énormes, au moment même où la question des ressources et de leur contrôle (et maîtrise…) se fait de plus en plus pressante, et nécessitent une véritable stratégie énergétique, mais aussi un changement des approches et des modèles jusque-là en cours : au-delà des questions habituelles de l’approvisionnement en énergie, il faut poser celles du modèle même d’énergie qui est le plus profitable à notre société et le moins dispendieux pour l’environnement, mais aussi celles du modèle de société qui est le mieux adapté à notre environnement propre et aux nécessités économiques et sociales, voire géopolitiques, de notre pays et de sa pérennité. L’équation française, qui doit tenir compte aussi des paramètres européens et mondiaux, économiques comme environnementaux, n’est pas facile à résoudre : une grande partie de la solution passe par le politique, qu’on le veuille ou non, et il y faut sans doute des institutions et une magistrature suprême, en particulier, qui disposent du temps, du long terme comme de la possibilité d’inscrire « l’urgence » dans celui-ci. Pour clamer que « l’énergie est notre avenir », encore faut-il que l’Etat, justement, s’inscrive dans « cet avenir que tout esprit bien né souhaite à sa patrie »…

 

 

 

 

 

 

 

 

27/08/2012

La retraite à 67 ans s'étend en Union européenne, dans le silence assourdissant des médias...

 En janvier 2011, je signalais sur ce blogue la volonté de l’Allemagne d’imposer à tous les pays de la zone euro, au nom de l’harmonisation européenne, le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans : cette information, passée quasiment inaperçue dans la grande presse et peu diffusée dans l’Opinion publique, faisait sourire mes collègues lorsque je l’évoquais dans la salle des profs. Même accueil incrédule dans les rues de Paris quand, avec quelques militants du Groupe d’Action Royaliste, nous distribuions des tracts dénonçant cet oukase allemand, un samedi de février 2011 !

 

Et pourtant ! En quelques mois, plusieurs pays de l’UE ont adopté ce relèvement de l’âge minimal légal de départ à la retraite, de l’Espagne à la Pologne… Et, en cet été 2012, c’est au tour des Pays-Bas d’accéder à la demande allemande, comme l’évoquait « Les échos » le 12 juillet dernier : « Suivant l’exemple de nombre de ses partenaires européens, les Pays-Bas ont entériné une réforme historique du système de retraite prévoyant l’allongement de deux ans de la cessation légale d’activité. Fixé à 65 ans depuis 1957, l’âge de la retraite des Néerlandais passera à 66 ans en 2019 et à 67 ans en 2023, selon la loi que vient d’adopter le Parlement de La Haye. »

 

Cette réforme s’est d’ailleurs faite malgré l’opposition syndicale et, comme l’écrit le quotidien économique, « au mépris des traditions du « modèle des polders » », ce qui en dit long sur les méthodes employées pour faire passer cette loi de régression sociale…

 

Ce qui surprend, c’est le silence en France sur cette « harmonisation européenne » en cours qui se fait au détriment des salariés : les syndicats n’en disent rien et même les partis de Gauche semblent ne prêter aucune attention à ce processus qui, pourtant, risque de toucher bientôt notre pays, piégé par un jeu européen qui lui échappe, au moins sur le plan social. Car la question d’un relèvement de l’âge de la retraite finira, et sans doute plus vite que l’on croit (avant la fin du quinquennat de M. Hollande ?), par se poser dans notre pays, comme le prédit régulièrement la presse d’Outre-Rhin. Déjà, à lire et écouter les médias et les pages économiques françaises, ce relèvement paraît inéluctable et certains économistes parlent, à propos du départ à la retraite à 62 ans en France (l’actuelle réforme en cours, votée sous la présidence de M. Sarkozy) d’une « exception française » ou, même et plus violemment, d’une « aberration » !

 

Je ne méconnais pas l’élévation de l’espérance de vie dans notre pays, mais je rappelle que celle-ci reste très inégale selon les métiers et qu’un cadre ou qu’un enseignant a environ une dizaine d’années de plus d’espérance de vie qu’un ouvrier… D’autre part, l’espérance de vie « en bonne santé », elle, ne cesse de diminuer dans notre pays et elle est aujourd’hui de 62 ans. Là encore, ce chiffre varie si l’on regarde les professions et l’on retrouve la même inégalité que pour la simple espérance de vie. Ce sont des éléments que l’Etat et les économistes ne peuvent négliger.

 

Cela veut-il dire que je suis opposé à ce que l’on travaille jusqu’à 67 ans et même au-delà, si on le souhaite personnellement ? Bien sûr que non ! Mais je suis opposé à ce que cette limite soit « obligatoire » pour tous et qu’elle prive des personnes fatiguées, ou plutôt usées, dès l’entrée dans la soixantaine (voire avant : considérez les personnes qui travaillent en usine ou dans le bâtiment, par exemple), d’un repos bien mérité et d’un temps « pour soi » qui, pour autant, n’est pas forcément économiquement improductif !

 

Cette question des retraites n’est pas close, et il faudra trouver des pistes nouvelles pour leur financement si l’on ne veut pas voir disparaître cette forme de solidarité financière intergénérationnelle. Mais les réformes, à faire et à venir, ne doivent pas oublier de prendre en compte les facteurs sociaux et tout simplement humains.