Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/11/2012

L'aéroport retardé.

 

Ainsi, l’aéroport du Grand Ouest annoncé par M. Ayrault pour les années prochaines voit sa construction retardée d’au moins six mois, « le temps de calmer les esprits » aux dires d’un gouvernement fort peu à l’aise sur ce dossier mal ficelé par son actuel premier ministre et ses amis, socialistes et vincistes de Loire-Atlantique…

 

En fait, ce n’est évidemment pas M. Ayrault (« Grisemine » pour les intimes) qui a pris cette décision d’arrêter les frais et de créer une « commission de dialogue », mais bien M. Hollande, furieux des images politiquement dévastatrices de canon à eau contre la manifestation nantaise, manifestation très « familiale » et ayant peu en commun, dans le style, avec les échauffourées de Notre-Dame-des-Landes : le président a compris que son gouvernement avait perdu la bataille de la communication et sans doute se dit-il que, désormais, il a un bien encombrant premier ministre ! Notre-Dame-des-Landes devient, et sans jeu de mots facile, un véritable calvaire pour un Pouvoir déjà débordé de tous les côtés par les mauvaises nouvelles, qu’elles soient économiques ou sociales, et ce malgré l’absence d’opposition crédible et organisée à sa politique.

 

Dans ce naufrage, une autre victime : Delphine Batho, ministre de l’écologie et apologiste acharnée de la construction d’un aéroport pourtant si destructeur de l’environnement et si dangereux pour la qualité des eaux de toute la région nantaise, celle-là même qui, quelques heures avant la reculade, sans doute provisoire mais bien réelle, du Pouvoir socialiste signait une tribune pro-aéroport qui, au regard des tristes arguments avancés, la déconsidère à tout jamais aux yeux des défenseurs de l’environnement… Il va lui être difficile désormais d’apparaître comme une interlocutrice valable pour les associations écologistes ou environnementalistes alors que s’ouvrent ces jours prochains les discussions sur « la transition énergétique » ! Son image est durablement ternie et il est peu probable qu’elle puisse retrouver crédit près de l’opinion publique qui attendait d’elle, sans doute, un autre discours ou, au moins, une volonté de dialogue dont elle n’a guère fait montre en cette affaire. D’ailleurs, elle est aujourd’hui totalement ignorée des adversaires de l’aéroport et son ministère n’a aucune crédibilité ni visibilité aux yeux des Français.

 

Dans la rame de métro qui me ramenait à Boulogne-Billancourt l’autre jour, une affichette parlait de « crash démocratique » à propos de « l’Ayrault-port » : à côté, une main facétieuse mais amie, avait inscrit « Notre-Dame-des-Landes, criez pour nous » et signé d’un sacré-cœur chouan cette formule originale… Il est vrai que, quand on voit les images du bocage promis à la destruction, on comprend mieux comment les Vendéens et les chouans de Bretagne et Mayenne ont pu livrer une guerre de partisans contre l’Etat républicain, ceux que l’on nommait alors « les Bleus », avec un certain succès même s’il ne fut que temporaire.

 

La contestation actuelle, si elle se pare souvent –mais pas seulement, heureusement- des couleurs de l’anarchie ou d’une certaine extrême-gauche, se rapporte plus, néanmoins, à cette guérilla initiée par Charrette et par Cathelineau, ceux-là mêmes qui osèrent s’opposer à une République qui, aujourd’hui encore, n’a pas renoncé à se faire répressive pour arriver ses fins, fussent-elles économiquement et écologiquement absurdes ! Le bocage nantais reste bien risqué pour un gouvernement de la République, semble-t-il… et c’est tant mieux !

 

 

19/11/2012

Jeunesse militante...

 

Je n’ai que deux souvenirs de Mai 68 : l’image aperçue à la télévision (en noir et blanc) d’une façade d’immeuble léchée par les flammes d’une barricade en feu et un barrage de manifestants à la sortie de Dinan, devant une usine sans doute occupée, qui tapaient joyeusement sur le capot de la R16 familiale avec le plat de la main… Mais les années qui suivirent furent celles de mon ébauche de réflexion politique puis de mon engagement militant, d’abord hésitant et surtout anticommuniste (le communisme était encore, à l’époque, une opinion courante…), puis enfin royaliste, définitivement, à partir de l’été 1980.

 

Le film « Après Mai », sur les écrans depuis quelques jours et qui retrace le parcours de quelques lycéens gauchistes au début des années 70, ne m’a pas vraiment surpris et je l’ai vu comme un bon résumé du parcours de nombreux jeunes engagés politiquement, qu’ils soient, d’ailleurs, d’extrême-gauche ou d’autres obédiences ! Oui, notre jeunesse fut « folle », et militante, éminemment « intellectuelle et violente » selon la formule de Maurras, en fait passionnée, dirait-on aujourd'hui ! Quand Olivier Assayas, l’auteur du film, était mao ou je ne sais quoi, j'étais tout aussi révolutionnaire, mais nationaliste et royaliste, et nous, nous aussi, de l’autre côté de la barricade, voulions changer le monde, mais aussi restaurer la monarchie, sauver la France dont, comme l'écrivait Bernanos, le monde avait besoin... Nous couvrions les murs de slogans, de fleurs de lys : en une nuit du printemps 84, nous avons usé 17 bombes de peinture ! Certains de nos slogans couvraient une cinquantaine de mètres de mur, à Villejean ou à Beaulieu, à Sciences éco., place Hoche (déjà !) ! Nous sautions par dessus les murs des lycées (Jean-Macé, Chateaubriand, et j’en oublie !) et des facs, affirmant en lettres gigantesques que « Marianne n’aime personne mais elle b... tout le monde » ou déclarant, dans un style très doctrinal « Pour l’auto-organisation des peuples de France sous l’arbitrage d’un exécutif héréditaire et successible : le Roi ! » (si, si, je l’ai écrit !), nous élevions des barricades rue d'Estrées un soir de mai 83 et nous passions notre temps à courir, à crier, à haranguer, parfois à nous battre pour protéger « notre » point de vente, sur le marché des Lices ou place de la Mairie... Ça ne s'arrêtait jamais, nous tenions meeting à la Maison du Champ de Mars ou nous faisions des manifestations (y compris de nuit) en criant « Monarchie populaire », nous affichions sur les grandes baies vitrées de Villejean parfois toutes les nuits ! Chaque soir ou presque, j’écrivais un nouveau texte de tract que je photocopiais le lendemain matin avant de l’afficher sur les panneaux de la Fac de Droit ou dans les couloirs de celle d’Histoire, ou que nous distribuions sur les tables du Restaurant Universitaire de Villejean avant que les étudiants ne s’installent pour manger ! Lors des grèves ou des Assemblées générales étudiantes, nous prenions la parole, parfois sous les huées et les insultes, mais j’avoue que je n’avais pas du tout peur, grisé par cette ambiance électrique et houleuse dans laquelle je me sentais vivre pour convaincre autrui ! C'était fou, et c'était bon ! Et on clamait « vive le roi » sur le marché des Lices quand les « autres » nous chargeaient, à dix contre un ! Il m’est arrivé de me retrouver ensanglanté, le nez sur le trottoir… Oui, c'était notre jeunesse, et c'était les plus belles années de ma vie : cela valait le coup de vivre cette folle jeunesse militante, j'en ai encore des souvenirs plein la tête et, surtout, plein le coeur...

 

Il me faudra écrire, un jour, sur ces années militantes, principalement rennaises, et qui m’ont fait ce que je suis et ce que je suis resté, envers et contre tout, même si les formes ont parfois changé et que les enjeux ne sont plus forcément les mêmes.

 

Les années ont passé… Le roi n’est pas là, c’est vrai, et il tarde à venir, mais, plus que jamais, le combat royaliste me semble opportun, parfois sur des chantiers idéologiques nouveaux, en appliquant aussi la formule maurrassienne de « la tradition critique », nécessaire pour éviter les erreurs, voire les errements d’une autre époque qui ont tant coûté au royalisme français, parfois à son honneur, souvent à sa crédibilité et à son efficacité…

 

Ce qui est certain, c’est que c’est bien au contact des autres, les tracts à la main ou lors des débats dans la rue ou sur la Toile, que le royalisme est visible, et qu’il a des chances de prouver qu’il est crédible : la recherche intellectuelle et l’attention portée aux enjeux de notre temps ; la discussion argumentée avec autrui, sympathisant, adversaire ou simple curieux ; l’action militante « par tous les moyens même légaux », sont nécessaires pour faire advenir cette monarchie qui n’est pas un « sceptre magique » mais le moyen institutionnel « le moins mauvais » pour assurer la pérennité de notre Etat et de la France comme nation historique et éminemment politique. Difficile ? Lointaine ? Sans doute…

 

Mais, au moins, la faire connaître et la rendre possible, et, si ce n’est pour nous, pour les générations à venir qui pourraient bien, d’ailleurs, retrouver l’élan et l’ardeur de « notre jeunesse », celle qui ne m’a, en définitive, jamais quitté…

 

 

 

 

12/11/2012

L'Ayrault-port contesté...

 

Ces jours derniers, les manifestations de protestation contre la construction de l’aéroport international de Nantes, à Notre-Dame-des-Landes, se sont multipliées, de Nantes à Saint-Malo, de Rennes à Paris, au grand dam du premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de la capitale administrative de la Loire-Atlantique et grand promoteur de ce projet aéroportuaire pourtant aujourd’hui obsolète avant même d’être construit… La presse nationale, jusqu’alors plutôt indifférente à ce sujet, se saisit du dossier et semble elle aussi avoir pris le parti des opposants qu’il serait faux et vain de limiter à quelques « anarchistes venus d’ailleurs » (sic !), comme l’ont fait quelques hiérarques mal inspirés du Conseil régional des Pays de la Loire (ceux-ci, rebaptisés « Pédélie » par ses contempteurs, constituant une entité administrative totalement artificielle comme le signale le géographe Armand Frémont dans un texte désormais classique publié en 1990). Ainsi, au-delà des Verts et des habituels militants de l’extrême-gauche en panne d’idéal, des personnalités régionalistes, centristes mais aussi des monarchistes traditionalistes, des paysans biologistes et des amoureux du bocage, des Nantais effrayés des coûts du projet ou des objecteurs de croissance hostiles au transport aérien, constituent une sorte de « front du refus » hétéroclite mais tout à fait caractéristique d’un « Pays réel » qui en a assez des oukases de quelques « experts » autoproclamés et des élites politiques locales qui forment, eux, un « Pays légal » qui sait se rendre détestable par sa propension à n’en faire qu’à sa tête et à ne raisonner qu’en termes de « modernité » quand il s’agirait de penser, aujourd’hui pour demain, en terme de pérennité environnementale et d’efficacité sociale à long terme !

 

Cet aéroport pose aussi la question d’une artificialisation insoutenable et ininterrompue des terres arables de notre pays, de la destruction des paysages imposée par des infrastructures de transports de plus en plus lourdes et envahissantes, et encore d’une « mobilité » de plus en plus coûteuse en énergie et trop polluante, en bruit comme en rejets de gaz à effet de serre… Le journaliste du quotidien « Le Monde » Olivier Razemon a raison de titrer son article : « Notre-Dame des Landes, un choix de société. » Choix entre une société de consommation et de gaspillage, énergivore et hypermobile, voire nomadiste, et une société qui accorde une valeur au temps qui n’est pas celle de l’argent, une société où l’humain passe avant la machine et où les paysages ne sont pas que des décors de cinéma mais des lieux de vie qu’il faut aménager et préserver tout à la fois ; choix entre une société qui « consomme et consume » ou bien une société à visage humain qui entretient et embellit, et qui accorde sobriété et prospérité sans forcément les opposer…

 

Aujourd’hui, sur les terres de Notre-Dame-des-Landes, la protestation prend de plus en plus la forme d’un véritable harcèlement envers un gouvernement incapable de penser la transition énergétique et le nécessaire aménagement du territoire qu’imposent les nouveaux enjeux environnementaux et sociaux : il n’est pas dit que, cette fois, la République de M. Ayrault ait le dernier mot. En tout cas, cette sorte de chouannerie anti-aéroport prouve à l’envi que, avec de la volonté et le refus de toute fatalité, il est possible de changer le cours des choses.

 

Ne nous méprenons pas : il ne s’agit pas de refuser la mobilité et la rapidité mais de retrouver le sens de la mesure qui, parfois, manque à ceux qui nous gouvernent… En ces temps de crise à la fois économique et environnementale, les grands projets d’infrastructures doivent entrer dans une véritable stratégie d’ensemble, sans doute au niveau national (même si ce n’est pas forcément la seule échelle possible), et non répondre aux seuls appétits de quelques grandes entreprises ou aux rêves de quelques notables locaux coupés des réalités concrètes : la grande gare centrale de Paris, par exemple, et la constitution d’une Marine digne des enjeux géopolitiques et environnementaux (mais aussi énergétiques et économiques) de l’avenir, combinés avec une politique des « mobilités de proximité » et de réfection des réseaux de communications déjà existants (en particulier dans la région parisienne, autour de Paris et entre les banlieues, mais aussi en Bretagne et dans l’Ouest de la France, entre autres), de valorisation des équipements ferroviaires, routiers, aériens ou fluviaux qui relient les petites villes aux grandes (et inversement), seraient bien plus utiles que la construction d’un « super-aéroport » que l’on annonce structurellement déficitaire sur le plan financier et qui ne ferait qu’accroître encore ce processus si dangereux d’une métropolisation outrée et oublieuse des territoires et ne profitant qu’à quelques grandes villes quand il s’agit de valoriser le pays tout entier, dans ses diversités comme dans son unité.

 

Décidément, oui, cet aéroport de Notre-Dame-des-Landes que certains nomment ironiquement « Ayrault-port » n’a pas de raison d’être : mais il est vrai que ce projet est bien à l’image du gouvernement dirigé par M. Ayrault, c’est-à-dire en retard d’une guerre ou, plus exactement, d’une  crise… Ce n’est pas forcément rassurant pour la suite !