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09/05/2016

Ma liberté d'expression...

Samedi dernier se tenait un colloque organisé par l'Action Française sur le thème évocateur « Je suis royaliste, pourquoi pas vous ? », et j'y ai participé, ce qui m'a valu quelques réactions, fort contrastées au demeurant, entre indignation et satisfaction... En fait, ma présence n'aurait pas suscité d'émoi si, parmi les intervenants, il n'y avait eu Marion Maréchal-Le Pen, député du Front National, véritable « vedette » de l'après-midi aux yeux des médias et d'un certain nombre d'auditeurs : d'ailleurs, les micros et les caméras n'étaient là que pour elle, et pour les mots qu'elle pouvait prononcer, certains journalistes y voyant l'occasion de faire apparaître les divisions au sein du parti de sa tante ou de diaboliser une femme politique « se commettant » avec les royalistes de l'Action Française, mouvement dont France-info et d'autres rappelèrent les travers idéologiques et historiques, jusqu'à Vichy...

 

Je connais bien l'histoire de l'Action Française, et je crois même y avoir, un temps qui n'est pas si lointain, participé : c'est par elle, en tant que mouvement et école de pensée, que je suis devenu militant royaliste, même si je dois aussi à Bertrand de Jouvenel, ce libéral fidèle du comte de Paris, une grande partie de mon chemin intellectuel vers la Monarchie, et je ne renie pas cet héritage d'A.F. ou cette partie de mon histoire personnelle, même si j'ai pris, depuis longtemps, d'autres voies et que je réserve ma seule fidélité politique à la Famille de France tandis que je ne revendique qu'une seule appartenance « partisane », celle du Groupe d'Action Royaliste (dont j'ai accepté la vice-présidence dès 2009), étant, encore, toujours et avant tout, royaliste tout simplement. Cela explique que je sois candidat aux élections européennes sous l'étiquette de l'Alliance Royale, que j'ai été le rédacteur en chef du Lys Rouge, la revue d'histoire du royalisme publiée par la Nouvelle Action Royaliste, et que je vais parler de temps en temps dans des réunions de l'Action Française, comme ce samedi-là. Quant aux textes de ce blogue, ils sont « libres de droits » et tout mouvement, journal ou site informatique, qui se revendique royaliste, peut les utiliser, pourvu qu'il en indique la provenance et l'auteur... Je suis royaliste, et je veux faire avancer la cause royale : j'ai l'habitude de dire que « je ne veux pas mourir royaliste, je veux vivre en Monarchie » !

 

Quelques uns me reprochent ma participation à un événement auquel participait Mme Maréchal-Le Pen et auquel avaient été invités MM. Mélenchon et Macron, qui ont décliné l'offre. J'ai écouté l'entretien que la parlementaire a accordé lors du colloque et j'y ai entendu quelques éléments intéressants, je ne peux le nier : à ceux qui y verraient une compromission de ma part avec « l'extrême-droite », je répondrai avec un sourire que, parfois, « le diable porte pierre »... Je combats au nom de valeurs et pour l'établissement d'un régime qui, lui, devra s'accommoder de toutes les diversités politiques de droite comme de gauche sans, pour autant, renier son identité propre et sa position d'arbitre suprême du pays. D'autre part, je sais faire la part des choses et je n'oublie ni l'histoire ni son poids, sans méconnaître non plus ses pièges et ses masques. Et je suis assez solide pour résister aux tentations politiciennes ou électorales quelles qu'elles soient...

 

Il me paraît d'ailleurs inquiétant d'avoir toujours à se justifier de vouloir discuter avec tout le monde, de « Nuit debout » aux « identitaires » (par exemple) : j'ai toujours voulu garder cette liberté d'expression et d'écoute, d'approche et de débat, ce qui ne m'empêche pas de descendre, quand il le faut, dans la rue et dans l'arène contre les uns ou les autres, sans m'interdire de tendre la main vers l'autre côté de la barricade.

 

Ce qui m'importe, c'est la liberté d'expression, la possibilité du débat et la nécessité de la Monarchie. Cette Monarchie qui n'est rien d'autre, en définitive, que la forme politique française de l'unité nationale (celle des peuples fédérés, des « provinces unies » de France), de l'écologie intégrale et de la justice sociale face au « consommatorisme » de la société de consommation, au règne multiforme de l'Argent et au globalitarisme mondial dévastateur des paysages comme des âmes. Philippe VI, le premier de la famille des Valois sur le trône de France, s'écriait, au cœur de la bataille, « Qui m'aime me suive ! »... Une proposition tout à fait honnête et éminemment politique, en fait, que je fais volontiers mienne !

 

 

 

23/01/2015

Liberté, déjà oubliée ?

 

Le 11 janvier était censé ouvrir une grande période de fraternité et certains de mes proches y ont cru, en toute bonne foi : après tout, défiler pour la liberté d'expression, pour la paix, l'amour entre les communautés, la générosité, quoi de plus honorable ? Alors, pourquoi pas ? Quant à moi, je suis de naturel méfiant à l'égard des grands discours et sans doute encore plus à l'égard des grands principes, surtout quand ils sont claironnés par les « hommes de peu de foi » qui gouvernent, intellectuellement ou politiquement, notre société contemporaine : les Bernard-Henri Lévy et leur hypocrisie dégoulinante me révulsent, et je connais trop bien, historiquement et personnellement, les conséquences de leurs engagements qui se font avec le sang des autres... Ces derniers jours confirment, en tout cas, mes craintes : l'air devient irrespirable depuis que M. Valls, nouveau « lider maximo » de la République, impose son rythme et son catéchisme républicain, repris en chœur par les « autorités morales » du pays et son ministre de l’Éducation nationale !

 

Le défilé du dimanche 11 janvier n'était-il, en fait, que le cortège funèbre d'une liberté que l'on clamait bruyamment pour mieux la faire taire ? J'en suis, moins de deux semaines après cette marche unanimiste, intimement persuadé ! Quelques éléments de preuve ? Alors que l'on demandait la liberté de dessiner ce dimanche-là, cette République si tolérante fait retirer un film de l'affiche de deux cinémas, à Neuilly et à Nantes : « L’Apôtre », qui raconte la conversion d'un jeune musulman au catholicisme, film de Cheyenne Carron, risque, selon la DGSI, de « provoquer » la communauté musulmane car ce film évoque une « apostasie », « crime » puni de mort par l'islam selon la lecture rigoriste des intégristes... Or, ce film, plutôt bien reçu par les critiques cinématographiques se veut, selon sa réalisatrice, « un film qui parle d'amour », et cette dernière rajoute : « Au lieu de l'interdire, on devrait le projeter dans les mosquées radicales ». J'ai envie d'ajouter : « et dans les écoles ! » D'ailleurs, ce film était présenté depuis quelques mois dans les salles de cinéma françaises, et cela sans un seul incident ! Pourquoi, d'un coup, les craintes de la DGSI ? Quelle hypocrisie ! Au lieu de préserver la liberté de création et de représentation cinématographique, l’État préfère censurer « pour votre sécurité » (sic !)... Et où sont ceux qui, la veille encore, ne juraient que par la liberté d'expression, l'obligation de la défendre, le devoir (ou la simple possibilité) de tout dire, de tout montrer ? Silence pesant des organisateurs du 11 janvier, comme un aveu : une pierre tombale sur laquelle on pourra inscrire, comme sur celles qui ornent les frontons des mairies, « liberté »...

 

Et pendant ce temps-là, le ministre de l’Éducation nationale, Madame Vallaud-Belkacem, annonce que les nouveaux professeurs devront passer une sorte d'examen pour s'assurer de leur rectitude « républicaine » : il me semblait que c'était d'autres régimes que ceux qui se proclament démocratiques qui avaient recours à de telles mesures de contrôle idéologique... D'ailleurs, imagine-t-on la Belgique ou le Royaume-Uni faire passer à leurs enseignants un examen pour vérifier leur attachement aux « valeurs de la Monarchie » ? Si tel était le cas, on crierait, et à juste raison, « à la dictature » ou, au moins, à l'inacceptable contrainte politique... Mais la République, sûre de son bon droit et de son universalité, ne se pose pas de tels problèmes de conscience, semble-t-il.

 

Il aurait été plus acceptable d'évoquer les valeurs civiques ou, mieux encore, celles de la France, non pas sur le seul plan de la République en place mais au regard de toute son histoire et de la civilisation qu'elle a, au fil de ses différentes incarnations institutionnelles, su développer et, parfois, promouvoir, autour de la francophonie et de ses traditions de liberté, de discussion ou d'amitié. Alors, pourquoi vouloir à tout prix « républicaniser » ou idéologiser à outrance ce qui peut se vivre sans étiquette partisane et qui dépasse joyeusement les barrières que la République voudrait, à tort, imposer ? Je connais bien des républicains qui comprennent ce que je dis et qui partagent ce point de vue : ce sont ceux qui savent que, pour être royaliste, on n'en est pas moins français, comme un Bernanos ou un d'Estienne d'Orves qui, dans les heures sombres de l'histoire, ont trouvé dans leur royalisme de quoi nourrir leur vive et noble, parfois mortelle, résistance à la barbarie nazie...

 

On pourrait dire, en plagiant Aragon, « Ceux qui croyaient en la République, et ceux qui n'y croyaient pas »... Ce qui importe, encore et toujours, et malgré les exclusions de Madame Vallaud-Belkacem, c'est bien cet amour de la France qui est indéfectiblement inséparable de celui de la liberté de l'esprit. La liberté, pas celle toute racornie d'un Valls persuadé que la France commence en 1789, mais celle qui a donné son nom à notre pays et que l'on respire à pleins poumons, et qui nous fait clamer à la face de cette République et de ses tristes sires et sœurs, comme jadis notre cher Maurice Clavel : « Messieurs les censeurs, bonsoir ! »

 

 

 

12/01/2015

Liberté d'expression, de Charlie-Hebdo à Eric Zemmour...

Les jours derniers sont parmi les plus dramatiques que la France ait eu à connaître ces dernières décennies, et l’ombre du terrorisme n’a pas fait que planer sur notre pays… Le sang versé par ceux-là qui voulaient frapper, au-delà de quelques dessinateurs, la France et la liberté d’expression que cette dernière se vante de défendre, n’a pas fini de retomber en gouttes rougeâtres sur notre mémoire, mais il risque bien aussi de coller aux mains de ceux qui s’arrogent droit de vie ou de mort sur autrui au nom d’une religion qu’ils incarnent si rudement et, sans doute, fort injustement. Nous pourrions leur crier, en manière de défi : « Mort, où est ta victoire ? ». Les réactions spontanées, surtout avant la grande marche du dimanche, et au-delà des étiquettes politiques ou confessionnelles, réactions qui ont illuminées les soirées des jours tragiques, montrent que le « pays réel » n’a pas besoin des partis du triste « pays légal » pour se manifester !

 

Le massacre des caricaturistes qui, s’ils furent les victimes les plus médiatiques et médiatisées suivant la logique d’une « société du spectacle » que le situationniste Guy Debord a jadis joyeusement dénoncée, ne doit pas faire oublier les policiers et les clients juifs du magasin casher aussi assassinés pour ce qu’ils étaient ou pour l’uniforme qu’ils portaient : en somme, c’est une sorte de résumé, incomplet, de la diversité de notre société et, parfois, de ses contradictions… N’y a-t-il pas une ironie terrible de l’histoire de voir ceux qui moquaient régulièrement les forces de l’ordre et les croyants mêler leur sang, tragiquement, à un policier de confession musulmane et à des pratiquants juifs, et être l’objet d’un véritable culte, là encore tragique, non pour ce qu’ils étaient mais, au-delà de leurs excès et de leurs prises de position les moins consensuelles possibles, pour ce qu’ils semblaient représenter, c’est-à-dire la liberté d’expression, parfois la plus offensante pour ceux qui, en ces jours derniers, ont parcouru les rues de France ?

 

Je n’aimais pas les idées de Charlie-Hebdo, et je ne lisais que rarement ce journal, c’est le moins que l’on puisse dire, même si je ne pouvais m’empêcher, chaque mercredi, de jeter un œil sur sa couverture… Mais le vieux royaliste que je suis a une devise, à laquelle il ne déroge pas, quelles que soient les circonstances : « la liberté, ça ne se renifle pas, ça se respire ! ». Je n’aime pas quand elle est figée dans la pierre, à côté d’une égalité qui ne lui est pas toujours favorable, d’ailleurs : j’ai toujours l’impression que la République la crucifie ainsi, la condamnant à ne plus bouger… La liberté n’est pas si bien servie que cela en République, si l’on en croit l’histoire et l’actualité : je parle là de la liberté d’expression et de l’esprit, la forme la plus belle de ce mot qui recouvre parfois d’autres sens moins sympathiques, en particulier quand elle n’est plus que celle de l’Argent face au Travail.

 

Dois-je rappeler que les journalistes politiques furent les premières victimes des partisans de la République, quelques jours après la chute de la Monarchie au soir du 10 août 1792, et qu’ils furent nombreux, pour avoir cru en cette liberté que les républicains avaient confisqué à leur profit exclusif, à passer leur tête dans la lunette de la guillotine ? Dois-je rappeler qu’il y a quelques jours encore certains de ceux qui manifestent si bruyamment, dans les médias et dans les couloirs des partis politiques, demandaient les têtes d’Eric Zemmour, de Michel Houellebecq, voire de Michel Onfray ou de Marcel Gauchet ? La liberté d’expression n’est pas et ne peut être le monopole de quelques uns mais doit être la possibilité de tous et de chacun, avec ou sans la République !

 

Je suis royaliste et je veux pouvoir lire ce que je veux et dire ce que je pense vrai, librement et sans tabou, au risque parfois de choquer : d’ailleurs, quand on a des convictions fortes mais que l’on continue à interroger toujours le passé et le présent, les siens comme les autres pour préparer l’avenir, on n’a pas peur de ce que les autres, même les plus politiquement ou spirituellement éloignés, écrivent ou disent. La liberté d’expression n’est pleine et entière que lorsque la discussion, même la plus vive, est possible !