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31/07/2011

Le collectif se construit aussi avec du symbolique : l'avantage royal.

La IIIe République est morte de la défaite de juin 1940 et, depuis, la France vit dans ce trouble né des suites de l'Occupation, ressassant ses échecs et ses fautes, dans une sorte de cauchemar sans fin... Pourtant, la France n'est pas morte à ce moment-là et la légitimité de l'Etat s'est trouvée prise dans ce constant débat entre Créon et Antigone, entre « l'Etat français » de Vichy et « la France libre » de Londres (en fait de Brazzaville, puis d'Alger, capitales successives de la France Libre), débat qui ne s'est pas totalement clos à la Libération.

 

La question n'a pas épargné les autres pays européens pris dans la tourmente de la guerre, et il n'est pas inintéressant de noter que les Monarchies voisines de la France ont eu des réactions contrastées, entre un roi des Belges qui reste en son château et qui se trouvera accusé d'un attentisme coupable en 1945 et un roi d'Angleterre George VI, popularisé cette année par le film « Le discours d'un roi », qui apparaîtra comme l'âme de la résistance à l'invasion, préférant subir (en son palais et au milieu de la population) les bombardements allemands de sa capitale que de se réfugier à la campagne : cela confortera aussi la monarchie britannique pourtant secouée, quelques années auparavant par l'abdication du frère de George VI.

 

Les Monarchies étaient-elles mieux placées pour résister au nazisme que les Républiques ? Par rapport à la République française et ses spécificités, sans doute : la Monarchie a un avantage certain par rapport à la République, c'est l'incarnation concrète de l'Etat, de son unité, des peuples comme des personnes, par une famille « à aimer », et cet amour symbolique n'est pas anodin en période troublée. Alors que de Gaulle eut tout à créer, à susciter, les familles royales avaient déjà ce capital sentimental et symbolique qui permettent la reconnaissance d'une légitimité (sans forcément la fonder, car elle « est » déjà, dans la plupart des cas et au regard de l'histoire de l'Europe et de ses dynasties) : « La France était à Londres avec de Gaulle dès le 18 juin », affirme Bertrand La Richardais dans « Royaliste » (Numéro 976, 11-25 octobre 2010), « comme les Pays-Bas étaient à Londres avec leur reine exilée, et la Norvège avec son roi, et le Luxembourg avec sa grande-duchesse... Ces têtes couronnées peuvent paraître pittoresques ou dérisoires lorsque tout va bien. Elles sont salutaires lorsque survient une tragédie nationale. » Les derniers attentats meurtriers sur le sol européen, de mars 2004 à celui d'il y a quelques jours en Norvège, ont rappelé ce rôle important des familles royales autour desquelles les autorités politiques comme civiles se rassemblent dans les cérémonies du deuil, dans ces moments où les peuples se serrent les coudes pour affronter « le pire » et « les lendemains du pire », et où c'est la figure de « l'unité » qui compte le plus face aux terrorismes qui, eux, visent à diviser et désarmer. Un président, aussi populaire soit-il, n'a sans doute pas la même reconnaissance des populations, parce que sa magistrature même n'est qu'un moment entre deux élections et qu'il n'a pas, sauf exception, cet enracinement dans le temps et dans l'histoire qui dépasse le temps court de la magistrature élective. Même de Gaulle, pourtant incarnation d'une légitimité d'abord historique avant d'être démocratique (ministérielle ou électorale), n'a pas,  de son vivant, connu la même reconnaissance que, par exemple, le roi Juan Carlos après le coup d'Etat post-franquiste manqué de février 1981 qu'il a, seul et de par sa position et sa légitimité, fait échouer.

 

Pour en revenir aux situations tragiques dans lesquelles les nations peuvent être plongées par les guerres, on constate que les têtes couronnées sont, malgré un Pouvoir parfois très discret (voire pratiquement sans effets politiques), des traits d'union entre tous ceux qui, dans le pays, sont soumis à « l'imposition étrangère » : « Autrement dit : le collectif se fabrique avec du symbolique qui assure le lien lorsque tout paraît perdu. Cela s'incarne tout simplement lorsqu'une personne incarne une dynastie. », poursuit La Richardais. Au-delà de l'unité, le monarque représente ce symbolique qui permet « le collectif » dans une nation, qui en forge le creuset, ce que l'on pourrait qualifier « d'identité nationale » sans tomber dans l'identitaire exclusif et d'exclusion.

 

Aujourd'hui, à l'heure des incertitudes et des peurs liées à la mondialisation, la Monarchie apparaît comme cet élément visible, car incarné et enraciné dans le temps par la transmission héréditaire, de la nation et de sa longue mémoire, rassurante car justement « intemporelle » et « inactuelle », c'est-à-dire « éternelle », sans doute plus souvent dans le ressenti que dans la réalité historique elle-même d'ailleurs...

 

Néanmoins, cela suffira-t-il toujours à désarmer des populismes qui, désormais, se veulent « plus nationalistes que la nation », dans une réaction de « nationalisme d'urgence » maladroite et parfois trop fiévreuse pour être raisonnable, voire parfois un nationalitarisme identitaire qui confond « ethnie » et « peuple »... Il y aurait évidemment beaucoup à dire et écrire sur ces faits et tout nationalisme d'urgence n'est pas forcément condamné à ces dérives éthiques ou à ces pièges mortifères que sont l'isolationnisme et l'ethnicisme.

 

En tout cas, les Monarchies d'Europe sont à un tournant mais elles sont sans doute mieux armées que notre République à laquelle il manque, comme l'affirmait Régis Debray, « une famille royale » pour assurer et assumer le symbolique nécessaire à la reconnaissance d'un « collectif national » dont de Gaulle fut la dernière, et incomplète malgré ses efforts, représentation politique d'Etat...

 

 

28/07/2011

Retour en Bretagne...

 

Dans quelques heures, je serai sur la route pour rallier la Bretagne et, plus précisément ma ville natale de Rennes dans laquelle je vais passer près de trois semaines avant d'en passer deux autres sur la Côte d'émeraude, non loin de Dinard. Ce séjour « chez moi » m'est nécessaire pour me reposer vraiment, au contact de mon enfance et de ma jeunesse, à la terrasse des cafés, mes livres et mes papiers sur ces tables sur lesquelles j'ai noirci tant de pages, politiques ou « littéraires » et dans ces rues qui résonnent dans ma mémoire des slogans que mes amis et moi-même martelions pour alpaguer les Rennais et vendre nos journaux monarchistes, principalement, à l'époque, « Aspects de la France » et, plus épisodiquement, le mythique « Feu-Follet », revue des jeunes d'AF...

 

A chaque fois que je rentre à Rennes, c'est la mélancolie qui m'envahit... Mais j'y respire mieux, je l'avoue, que dans la Région parisienne qui, pour moi et malgré mes bonheurs d'enseigner au lycée Hoche et de passer mes soirées (et le verre du dimanche midi...) autour de la place du Marché à Versailles, reste une « terre d'exil ». Je mesure mieux, de ce fait, le désarroi terrible qu'a dû éprouver un homme comme le duc de Guise, amoureux de son cher « Paname », lorsque, devenu bien malgré lui l'héritier du trône (alors virtuel pour cause de IIIe République...), il lui fallut prendre le chemin de l'exil que la loi de 1886 imposait aux descendants des rois qui avaient fait la France : il emporta avec lui un peu de terre prise au pied d'un arbre de Paris et mourut en 1940 sans avoir revu la Tour Eiffel... La douleur de l'exil ne fut pas pour rien, sans doute, dans sa fin prématurée.

 

Revenir en ma terre de pays gallo (sur laquelle on ne parlait pas le breton malgré les panneaux bilingues actuels qui privilégient cette langue en négligeant le gallo même, langue populaire des faubourgs et des environs de Rennes), c'est revivre au sens fort du terme, je l'avoue sans fausse honte : l'enracinement n'est pas un vain mot, il est surtout ce qui permet de voir plus haut, d'avancer sans regrets, de fonder et transmettre. C'est aussi une affaire sentimentale, une histoire d'amour qui touche au plus profond de soi-même sans que l'on sache raisonnablement pourquoi ! « Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas », dit-on. « L'amour sacré de la patrie » que vante « La Marseillaise » est aussi un amour de ce qui a fait son enfance, ses souvenirs, ses espoirs d'antan et de demain aussi, et il s'applique à ce lieu qui est « notre patrie intérieure », celle de la mémoire, sans doute.

 

Me voilà sur le départ, et j'ai hâte ! Cela me confirme aussi dans l'intuition maurrassienne que l'amour de la « petite patrie » est le meilleur terreau pour l'amour de la « grande » ! Amour épanouissant, celui qui éloigne la jalousie et la crainte autant que faire se peut, et qui motive tant de joies et, parfois aussi, de déchirements, de chagrins... qu'il nous faut, espérance oblige, surmonter !

01:45 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bretagne, exil, patrie, gallo, amour.

27/07/2011

L'espérance monarchique, toujours...

 

Cela fait 31 ans que je fréquente les milieux royalistes, parfois avec une certaine distance et avec, en tout cas, un certain discernement, et le même temps que je milite pour l'établissement en France d'une Monarchie « à la française », c'est-à-dire politique et active, fédérative et nationale, mais aussi éminemment sociale et soucieuse de la « transmission environnementale » aux générations futures. 31 ans de lectures politiques, et pas seulement de Maurras et de Bernanos, même s'ils font partie de mon panthéon personnel ! 31 ans d'affichages, d'apposition d'autocollants fleurdelysés et, en d'autres temps, de peintures et d'écritures sur murs et panneaux divers et variés...

 

Mais on pourrait se décourager à voir la faiblesse des mouvements et revues royalistes aujourd'hui... « A quoi bon ? », pourrait-on soupirer en s'abandonnant aux délices de l'impolitique et à l'indifférence : on aurait tort !

 

Le combat politique n'est pas chose facile mais la difficulté n'est pas preuve de fausseté des convictions monarchistes mais de l'importance du travail qu'il reste à accomplir pour, d'une part faire tomber de multiples préjugés fondés sur des conceptions souvent faussées de l'histoire, d'autre part rendre la Monarchie possible dans un contexte qui n'est plus celui de « la France d'avant » mais désormais d'une mondialisation qui déteste l'autorité politique et privilégie la « société de consommation » et de communication à l'équilibre et à la transmission. Pas facile, il est vrai, de ramer à contre-courant ! Mais nécessaire pour éviter le précipice...

 

Pour me donner du courage, j'ai souvent clamé la fameuse formule de Maurras : « le désespoir en politique est une sottise absolue ». Mais quand on a dit cela, qu'a-t-on fait pour combattre réellement le désespoir ? Et il faut bien avouer que, parfois, le désespoir pourrait bien l'emporter, en particulier quand l'on voit, au travers des écrits d'antan, que la Cassandre d'Action Française avait eu souvent raison, qu'elle avait annoncé, par la plume de Jacques Bainville, les catastrophes, pourtant évitables en 1918-1919, des années 30-40 : ce fameux article du 14 novembre 1918, paru dans le quotidien royaliste et republié il y a quelques mois dans un recueil de textes de Bainville édité dans la collection « Bouquins » sous le titre « La monarchie des lettres », est à cet égard éclairant et... désespérant ! Avoir tout dit, avoir tant prévenu et n'avoir été que moqué, travesti, oublié, voici de quoi décourager les plus fervents amateurs de vérité historique et de stratégie politique ! Je crois que de Gaulle n'avait pas vraiment tort quand il déclarait que Maurras (et à travers lui ses compagnons dont Bainville) avait tellement eu raison qu'il en était devenu fou : fou de n'avoir pas été écouté, de ne pas avoir été cru, alors que les malheurs que ses amis et lui avaient annoncé s'étaient bien produits et qu'ils en avaient aussi été les victimes, d'une part par la défaite de 1940 et l'humiliation de l'Occupation, d'autre part par les réglements de compte de la Libération qui avaient souvent négligé de rappeler que pour éviter l'Occupation et Vichy, encore fallait-il ne pas perdre la guerre en mai-juin 40 et résister victorieusement à l'invasion allemande...

 

Je dois avouer que la relecture de ces textes prémonitoires de Bainville et Maurras, mais aussi de Léon Daudet qui, dès 1933-34, annonçait la guerre que la IIIe République ne voulait même pas imaginer, prisonnière de ses illusions et de ses certitudes et complètement nombriliste, est éprouvante. Et désespérante... Avoir eu tellement raison avant tout le monde... Guy Béart ne croit pas si bien dire quand il chante que « celui qui a dit la vérité, il doit être exécuté » !

 

Bien sûr, les regrets ne servent à rien, et je ne fonde pas ma réflexion politique sur la nostalgie, ce qui serait sans doute fort confortable mais tout aussi vain et imbécile ! Si je suis royaliste et si je poursuis inlassablement ce combat monarchiste malgré les déconvenues, c'est parce que la monarchie royale me semble nécessaire et que, surtout, il s'agit de travailler, non seulement pour aujourd'hui, mais aussi pour les générations qui vont suivre : l'idée royale a encore un bel avenir devant elle car son éloignement, en France, de la réalité du Pouvoir (et cela malgré une certaine persistance dans l'esprit même des institutions de la Cinquième République, à travers la nature de cette « monarchie élective » voulue par de Gaulle...), lui permet aussi de « se refondre et se refonder » : une sorte de cure de jouvence, en somme, mais qu'il faut savoir terminer pour mieux « pratiquer le Pouvoir »...

 

2012 approche, et avec cette date électorale, les occasions de montrer tout l'intérêt de la Monarchie, à ne pas confondre avec « les intérêts » des classes dirigeantes, économiques ou politiciennes !

 

Ce qui me conforte dans mon inoxydable royalisme, c'est l'attente, véritable et de plus en plus bruyante de la part de ce que l'on pourrait nommer « pays réel », d'une nouvelle justice sociale qui en finirait avec les écarts trop grands entre les plus faibles et les plus puissants, économiquement et socialement. La Monarchie n'est pas l'égalitarisme mais elle est la justice et l'équité, l'équilibre et l'arbitrage, ce qui, justement, manque à la République actuelle, véritable oligarchie mêlée de ploutocratie.

 

« La Monarchie sera populaire, ou elle ne sera pas », affirmait Maurice Pujo dans les jeunes années du XXe siècle : il signifiait par là que la Monarchie se devait d'être fidèle à son serment initial et à son obligation d'être « source de justice », aujourd'hui plus encore sociale que judiciaire en tant que telle !

 

Alors, oui, le royalisme d'aujourd'hui reste source d'espérance politique et il serait dommage de ne pas le faire savoir. Une espérance qui n'adviendra pas d'un coup de baguette (ou de sceptre...) magique mais par les efforts des monarchistes et des autres, ceux qui veulent sincèrement « changer les choses » sans tomber dans les pièges de l'utopie : la Monarchie n'est pas réservée aux seuls monarchistes, elle n'est pas un parti mais justement la possibilité de voir et d'agir au-delà des partis, tout simplement. Ce n'est pas l'utopie qui peut la définir mais bien plutôt l'imagination, sans laquelle il n'est pas de politique nouvelle possible...

 

31 ans de royalisme, et toujours l'espérance au coeur et l'ardeur au combat : d'ailleurs, en politique comme en amour, on ne fait rien sans cela !