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23/01/2018

Quels principes fondamentaux pour la Monarchie royale à venir ?

Morne plaine : c'est un peu l'état du paysage politique de ce début d'année 2018... Si le Pouvoir déroule ses projets et avance ses propositions sans rencontrer beaucoup d'opposition, si l'on met de côté le débat autour du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (aujourd'hui clos), c'est peut-être la conséquence d'une certaine fatigue post-électorale et de la remontée spectaculaire de la popularité du président et de son premier ministre, comme une sorte d'évidence ou de renoncement. Il est vrai aussi que les oppositions actuelles à M. Macron ne sont guère convaincantes, et parfois trop peu crédibles pour entraîner l'adhésion du grand nombre : le million de manifestants que M. Mélenchon annonçait et espérait n'était pas au rendez-vous à l'automne (et c'est Johnny Hallyday qui, à son corps défendant, le mobilisera, un froid samedi de décembre), et la faible mobilisation sociale de la rentrée en a découragé plus d'un, laissant la voie libre, au moins pour un temps, à un large déploiement de l'action et des projets gouvernementaux. Mais, en politique française, il faut toujours être prudent : Jacques Bainville rappelait qu'il fallait « attendre l'inattendu, prévoir l'imprévisible » si l'on voulait faire de la bonne politique et comprendre l'histoire qui se déroule sous nos yeux...

 

Car, il faut le dire, les sujets de mécontentement ne manquent pas en France aujourd'hui, et les réponses apportées par la République macronienne ne sont pas, loin de là, toutes satisfaisantes. Bien sûr, le royaliste que je suis refuse de pratiquer la politique du pire ou celle de l'opposition systématique quand je suis plutôt partisan d'une opposition « systémique » qui dépasse les seules personnes engagées dans les fonctions étatiques : par exemple, je trouve intéressant l'effort du président de remettre de la verticalité au sein du Pouvoir, et cette forte présence diplomatique qui remet la France au cœur du monde sans l'y perdre. En revanche, je suis plutôt sceptique sur la volonté de l’État de mener une politique écologique pérenne, et encore plus sur sa capacité à assurer la protection du Travail français dans ses particularités et sa main-d’œuvre, tout comme dans sa répartition territoriale : les présupposés idéologiques de nombre de membres du gouvernement d'Edouard Philippe, qui sont aussi ceux des classes urbaines mondialisées, m'inquiètent et, parfois, me révoltent.

 

C'est là que ma critique du Pouvoir actuel est systémique, à la fois politique et institutionnelle, et qu'elle ne considère pas, fondamentalement, que ce sont les hommes qu'il faille (seulement ?) changer mais bien plutôt l'état d'esprit et les institutions politiques : il s'agit bien de mener ce que Maurras, plutôt inspiré sur ce sujet, qualifie de « révolution rédemptrice » après l'avoir, dans un premier temps, évoqué sous la formule de « révolution conservatrice ». Une révolution « par le haut », royale en somme !

 

Mais, comment définir la Monarchie royale aujourd'hui, alors que cela fait plus d'un siècle et demi que le dernier roi est parti en exil, et que la France a connu tant de bouleversements et de profondes mutations dans son être même ? Le piège à éviter est la simple transposition d'institutions d'hier dans le monde d'aujourd'hui, au nom d'une « éternité » dont la Monarchie aurait le secret, du fond de son tombeau : car elle pourrait bien alors lui être fatale quand la Monarchie n'est, à mon sens, que plongée en dormition dont elle attend qu'un prince, les « hommes énergiques » du Roi et les événements, sans oublier les peuples de France, ou « le Peuple » considéré comme une entité politique, la sortent pour lui confier le sceptre et la main de justice qui sont ses attributs les plus symboliques et « actifs ».

 

Les grands éléments de la définition d'une Monarchie royale sont, à mon sens, le mode de transmission héréditaire et successible de la magistrature suprême de l’État qui garantit son indépendance de parole et d'action (quelles que soient leurs modalités et champs d'exercice, sur laquelle il peut y avoir de nombreux et forts débats) ; l'incarnation de l’État dans ses dimensions symboliques et de « haute politique » par le souverain et, au-delà, par la famille royale elle-même qui, sans être associée à la prise de décision, l'est à celle de la représentation ; la prise en compte en sa position magistrale de l'histoire de France entièrement assumée, y compris dans ses pages les moins belles ou les plus polémiques, de la Monarchie ancienne à la République sous ses multiples constitutions : pour être le Roi de tous, il doit tout prendre de l'histoire de notre pays, non pour tout accepter mais pour tout reconnaître de celle-ci et des sentiments qui s'y sont affirmés et parfois rudement affrontés, en « effaçant les rancunes pour ne voir que les espérances »...

 

Oserai-je dire que le reste me semble, parfois, bien accessoire ? Cela ne signifie pas que je renonce à une Monarchie active, éminemment sociale et écologiste intégrale, trait d'union entre les multiples particularités du pays, fédérative donc, et fortement décentralisatrice : tout cela est bel et bon, et fort nécessaire ! Mais cela ne peut se faire, dans le détail, que si, déjà, la base de granit de la Monarchie royale est assez solide pour tout supporter de son immense tâche refondatrice...

 

 

 

19/01/2018

Deux aéroports pour une réunification bretonne ?

L'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes pourrait bien avoir des conséquences inattendues sur l'organisation territoriale de l'Ouest de la France et en finir avec une injustice historique pour la Bretagne, et il n'est pas impossible que le président actuel et son gouvernement y aient aussi pensé, dans une perspective de long terme et pour, là aussi, refermer un dossier vieux de... plus de deux siècles !

 

En effet, l'annonce de l'aménagement de l'aéroport de Nantes-Atlantique couplé avec celui de Rennes-Saint-Jacques de la Lande peut aussi être interprétée comme la nécessité reconnue par le gouvernement de former une sorte de duopole aéroportuaire avec les deux villes « capitales » de la Bretagne historique, ducale et parlementaire. Et si cela pouvait constituer l'ébauche d'une politique véritablement conjointe des deux grandes villes, concernée l'une et l'autre par une augmentation similaire et continue de la population avec l'arrivée de personnes, souvent jeunes et appartenant aux classes moyennes, issues de la Région parisienne, et participant de la même logique socio-culturelle, et par des enjeux communs d'aménagement du territoire ?

 

Resserrer les liens entre les deux villes (et avec l'appoint des autres cités de Bretagne, qui ne doivent pas être négligées), elles-mêmes reliées au cœur actif de la France par les lignes ferroviaires à grande vitesse (ce qui fait de la Bretagne une sorte de « banlieue » de Paris, sans la mauvaise réputation qui colle parfois à ce terme...), est le meilleur moyen de recréer une forte communauté d'intérêts et, pourquoi pas, de renforcer la notion d'appartenance à un même ensemble « régional » d'origine historique, ce que certains nomment « la nation bretonne », forte et belle formule qui ne fait pas peur au royaliste fédéraliste que je suis. L'occasion est belle de réactiver une forme d'identité bretonne autour du patrimoine commun et complémentaire des deux grandes cités, et, en somme, de préparer, pour les années prochaines, une « logique » réunification bretonne. Encore faudra-t-il que les « barons » nantais, défenseurs des artificiels Pays de la Loire, comprennent et acceptent cette opportunité dont certains craindront les conséquences pour leurs pouvoirs féodaux... La République a plus renforcé les féodalités depuis les années Defferre et ses lois de décentralisation que les provinces et leurs libertés légitimes, et cela constitue, il est vrai, un risque politique à ne pas méconnaître ou sous-estimer !

 

 

 

17/01/2018

L'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes : une bonne nouvelle !

Ainsi, l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne verra pas le jour, et c'est tant mieux ! Ce projet qui ne correspondait plus aux enjeux économiques ni aux problématiques environnementales de l'Ouest de la France a, enfin, été abandonné, même si, en définitive, les précédents gouvernements n'avaient jamais vraiment pris les moyens de l'imposer, comme si eux-mêmes n'y croyaient pas... La décision de l’État est raisonnable et elle signale, au contraire de ce que disent MM. Alain Duhamel et Bruno Retailleau, une reprise en main par l’État de la « décision politique » quand les prédécesseurs de M. Macron à l’Élysée avaient renoncé à faire preuve d'autorité tout en se plaignant désormais de la décision prise, non par une assemblée parlementaire ni par quelques bureaucrates ministériels, mais par la magistrature suprême de l’État et par son chef de gouvernement. Un vieil ami royaliste me soufflait tout à l'heure que ce retour de la décision d’État s'apparentait à la prise du pouvoir du jeune Louis XIV après que son « parrain » Mazarin ait rendu son âme à Dieu : désormais, le maître, c'était lui, et aujourd'hui, l’État c'est Macron, rajoutait-il, avec un air amusé. Et de soupirer, tout d'un coup mélancolique d'un temps ancien qu'il avait bien connu, entre La Nation Française et la Nouvelle Action Française : « Ah, mais qui sera le Maurice Clavel des zadistes, et le Pierre Boutang du président de la République ? Ils manquent au royalisme, ces deux-là ! ». Cette formule, qui peut sembler bien sibylline à tous ceux qui ne connaissent pas l'histoire du royalisme de la seconde moitié du XXe siècle, méritera, un jour prochain, une plus large explication... Mais je sais qu'elle parlera déjà à quelques vieux monarchistes qui ne désespèrent pas, mais s'impatientent...

 

La colère des partisans de la construction de l'aéroport dans le bocage nantais se comprend, et je ne m'en moquerai pas, mais elle révèle bien le manque de hauteur de quelques élites politiques qui oublient le réel et s'en remettent à l'utopie de quelques grands travaux qui devraient régler les mille problèmes d'emplois, d'aménagement du territoire et d'attractivité qu'elles sont bien incapables de résoudre par une politique à la fois plus locale et plus ambitieuse, plus imaginative : l'opposition que celles-ci font entre économie et écologie démontre une absence de pensée stratégique sur le long terme qui reste celui à privilégier, pour transmettre aux générations qui viennent et sont encore à venir un pays habitable, agréable et tout simplement vivant, dans tous ses coins et recoins, et pas seulement dans de grandes métropoles « connectées » et mondialisées.

 

Là où le président de la République a montré qu'il concevait sa fonction de manière verticale et dans la tradition régalienne de l'arbitrage qui tranche quand les opinions et les passions s'affrontent depuis tant d'années, c'est qu'il n'a pas hésité à revenir sur une promesse électorale et à prendre, même, le contre-pied, rappelant ainsi que le Chef de l’État n'est plus le candidat, comme le Roi n'est plus le prétendant ou le simple dauphin, ce que le roi français Louis XI a su démontrer, roi sérieux et responsable quand il avait été jadis un dauphin agité et conspirateur...

 

Certains ont vu dans la décision de l’État, décision officiellement prise et assumée par le Premier ministre quand c'est bien le Président qui a tranché dès lundi soir, un « déni de démocratie », comme M. Ayrault, l'ancien maire de Nantes, et Mme Rolland, qui y siège désormais, et l'argument mérite examen, tout compte fait, car il y a bien eu une consultation démocratique sur le projet d'aéroport, en juin 2016, et une majorité d'électeurs du seul département convié à s'exprimer (quand l'aéroport était censé concerner deux régions...) l'avait approuvé, même si la géographie du vote montrait les forts clivages liés au lieu de résidence des votants, et que les tout premiers concernés, les habitants de Notre-Dame-des-Landes, avaient très largement marqué leur forte opposition au goudronnage de leur bocage...

 

En fait, plusieurs remarques me viennent à l'esprit : d'abord, il est tout de même ironique de constater que ceux-là mêmes qui, après le référendum national sur le projet de constitution européenne, n'ont eu de cesse de contourner le vote des électeurs français avant que de faire approuver ce même texte par le seul Parlement, évidemment moins rétif que le corps électoral, se drapent aujourd'hui dans les plis d'une démocratie qu'ils méprisaient et trahissaient alors, comme le confirment les propos du M. Ayrault de l'époque... Ensuite, cette bronca contre la décision étatique s'inscrit dans la remise en cause de la légitimité de l’État à décider, au-delà des opinions du moment et en dehors des seuls jugements de la foule, fût-elle électorale : c'est la même qui se lève contre le droit de grâce du président, condamné par nombre de démocrates contemporains comme un reste de l'Ancien régime, un vieux droit régalien obsolète, mais que je défends aussi avec vigueur comme l'expression d'une « plus haute justice » qui n'est plus celle des « vengeurs » mais bien celle du « pardon », qui est chose royale comme elle est, aussi, de nature religieuse, divine, pour ceux qui croient en Dieu.

 

Dernière chose (mais il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet) : s'il y a le « déni », ce n'est pas de la démocratie en soi, ne serait-ce que parce que, qu'on l'ait souhaité ou non, c'est bien M. Macron qui est sorti vainqueur des joutes électorales, démocratiques donc, du printemps 2017, soit après juin 2016 et le vote de Loire-Atlantique, et que la démocratie représentative, depuis la Révolution de 1789 et le moment où les états-généraux se sont transformés en Assemblée nationale constituante, ne reconnaît pas le mandat impératif, ce que, pour ce qui concerne les élections législatives, je regrette personnellement, mais que je ne souhaite pas, en revanche, pour l'élection présidentielle (en attendant la succession royale...). De plus, en démocratie, et on peut parfois le regretter, une élection « efface » souvent la précédente, ce qui, d'ailleurs, est la cause d'une instabilité de la magistrature suprême de l’État que la Monarchie résout par son mode de succession tranquille et assurée.

 

Ainsi, l’État, dans cette affaire, a repris l'avantage et, comme tout arbitrage, il s'agit d'un choix qui n'a pas vocation à plaire à tous mais à servir l'ensemble, au-delà des oppositions de la veille. Cela suffit-il à faire une politique ? Sans doute pas, et la République, en ce domaine comme en d'autres, montrera vite ses limites et ses incapacités, mais, pour l'heure, le vieux royaliste que je suis s'avoue satisfait de la décision gouvernementale : il n'est pas certain que j'éprouve la même satisfaction pour les autres et prochaines décisions du pouvoir en place...

 

Alors, le temps de quelques heures, savourons, et promenons-nous dans les bois, à Notre-Dame-des-Landes comme à Versailles !