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26/03/2012

Défendre l'unité française.

C'était ce dimanche le traditionnel hommage au roi Henri IV organisé depuis déjà quelques années par le Groupe d'Action Royaliste sur le Pont-Neuf, devant la statue du Béarnais. Mais le contexte était, cette année, doublement particulier, du fait de l'élection présidentielle et des événements de Toulouse, et les discours s'en sont aussi fait l'écho, y compris le mien...

 

« Le peuple français est un composé », ai-je rappelé à la suite de Jacques Bainville qui ouvre sa célèbre « Histoire de France » par cette réflexion qui mérite, non pas une actualisation, mais une simple explication adaptée à notre temps. Le meilleur exemple de la véracité de cette formule bainvillienne est sans doute la diversité des cibles frappées par le tueur qui, en définitive, donne un bon aperçu, non dans les proportions mais dans les particularités, de la pluralité française : des militaires, un professeur, des élèves, des adultes et des enfants, des juifs, des musulmans, un catholique... Tous, ils sont la France, d'une manière ou d'une autre.

 

Le caractère exceptionnel de la tuerie, sa sauvagerie et la détermination froide de l'assassin ainsi que sa mort spectaculaire, ont choqué le pays tout entier, étonné de voir surgir de son propre sol un pareil « monstre » : un tel rejet par ce dernier de la France doit nous faire réagir, non par la haine (qui signerait, en fait, la victoire du terroriste), mais par le renforcement de l'unité française, renforcement qui passe par une approche volontariste du « vivre ensemble » et par l'incarnation de l'Etat et de la nation en une famille « mère ». Sans doute l'enseignement a-t-il un rôle à jouer dans la visibilité et la réalisation toujours renouvelée, au fil des générations successives, de cette unité. Mais il faudrait aussi en finir avec cette sorte de masochisme national qui, parfois, semble vérifier le titre d'un livre de Maurras, « Quand les Français ne s'aimaient pas »...

 

Quant à l'union nationale voulue par le Chef de l'Etat pouvait-elle longtemps survivre aux enjeux (et aux jeux) de l'élection présidentielle ? Cela était peu probable, même si les principaux candidats, le temps d'une cérémonie, ont mimé cette union avec une certaine sincérité, avant que de reprendre, une fois les cercueils éloignés, leurs stratégies respectives.

 

Le roi Henri IV n'était pas un roi neutre et, avant même d'être roi reconnu par tous (y compris d'une certaine manière par son assassin, pourrait-on dire...), il avait dû reconquérir le pays aux mains des factions et leur imposer « sa » paix avant que de refaire l'unité autour du Trône, en incarnant véritablement celle-ci, par une politique de pardon et d'oubli des offenses qui avaient été faites à sa personne et à la fonction qu’il assumait… Cette politique n’est guère possible dans une République qui « se joue aux élections » et dans laquelle l’unité n’existe que de façon temporaire et exceptionnelle, malheureusement souvent à l’occasion de catastrophes comme celles de Toulouse et Montauban.

 

L’intérêt d’une Monarchie qui n’a pas d’élections à faire et à gagner, c’est d’être, par essence, le symbole fort d’une unité au-delà des partis qui s’affrontent pour gouverner tandis que le souverain règne et arbitre à l’intérieur, et représente la France à l’étranger.

 

Mieux vaudrait de vrais débats politiques de fond lors d’élections législatives que ce spectacle, certes commandé par la Société « distractionnaire » (selon le mot de Muray) mais si paralysant pour l’action de l’Etat durant de longs mois. Si l’on veut l’unité plutôt que la division à la tête de l’Etat, il y faut un monarque royal ! Ce n’est pas une simple opinion, c’est plutôt un constat et un souhait…

 

20/03/2012

Face au crime, sauver la raison politique.

Comme à chaque fois qu’il y a une catastrophe ou un attentat, il y eut, dans la société comme dans mon for intérieur, un moment de sidération...

 

Les mêmes images qui tournent en boucle, les témoignages plus ou moins directs, les yeux qui se voilent...

 

C’est aussi l’impossibilité alors de parler, de réfléchir, de « penser l’événement »...

 

Cela dure quelques instants, quelques heures : l’émotion domine, elle envahit tout l’espace médiatique, tout le champ social. L’Etat s’en mêle, le Président est dans son rôle ; il parle, grave et souverain : il est, à ce moment-là, la voix que l’on veut entendre, qui rassure, qui apprivoise et surplombe l’instant. Il est l’Etat.

 

Au-delà du drame qui est épouvantable en lui-même et qui nous choque d’autant plus que ce sont des enfants qui en sont les victimes principales, « innocentes », rajoutons-nous souvent comme pour nous rassurer, en oubliant que, dans les guerres ou pour les terroristes, « il n’y a pas de victimes innocentes » selon le triste et révélateur mot de Carlos ; au-delà des tentatives pour cerner la psychologie du tueur, ses motivations et ses projets inquiétants ; au-delà des déclarations martiales et des suspensions de campagne qui sont, peut-être, un signal maladroit envoyé aux extrémistes de causes qui ne peuvent être les nôtres, peut-on désormais penser plus avant la séquence qui vient de s’ouvrir et qui se déroule en ce moment sans savoir exactement quand elle prendra fin ou s’effacera devant la prochaine ?

 

Il me semble que nous vivons de plus en plus dans une « démocratie émotionnelle » qui, en fait, a pour effet de désarmer le politique au sens fort du terme tandis qu’elle conforte les préjugés et installe une forme assez déplaisante de « politiquement correct » qui remplace toute réflexion et qui est surtout une « négation du politique » et de ses fondements : dans ce cas, l’émotion, par ailleurs tout à fait légitime, a tendance à recouvrir la raison, et non à la recouvrer...

 

De plus, en amplifiant le drame par la mobilisation médiatique et institutionnelle, n’a-t-on pas accordé une victoire au tueur ? Victoire pour son ego, s’il s’agit d’un « loup solitaire » animé de quelque délire paranoïaque, en constatant qu’il inquiète, à lui seul, tout le pays ; victoire médiatique pour sa cause, s’il s’avère qu’il en sert une, dont nous ne savons rien pour l’heure ; victoire pour la peur qui, souvent, n’est pas la meilleure conseillère des peuples et des nations...

 

Je ne sais quel est le profil de ce tueur et j’éviterai de faire des « pronostics » sur le moment de sa chute ou de son prochain forfait, comme je l’entends trop souvent faire dans la rue et dans les médias avec cette espèce de gourmandise malsaine qui n’est guère plaisante et me semble insultante pour la mémoire de ceux qui ont été, déjà, ses victimes...

 

En tout cas, il n’est pas bon de laisser croire à cet assassin ou à ses possibles zélateurs ou imitateurs que ce sont ses actes barbares qui fixent le calendrier politique ou les thèmes de campagne qui peuvent, ou non, être discutés ! Là encore, l’émotion légitime ne doit pas être le gouvernail de l’action et des institutions politiques, au risque de ne plus être maître de son propre destin et de la direction de l’Etat.

 

La minute de silence de ce mardi matin était un hommage fort et plutôt consensuel, et qui faisait sens, du fait du caractère scolaire des victimes, enfants et adulte, et de la provocation à l’égard de toute la Communauté française frappée à travers l’une de ses composantes : « Qui touche ma famille me blesse », pourrait-on dire pour signifier cette naturelle (et si éminemment politique) solidarité nationale française.

 

Mais cet acte sanglant de lundi (qui semble n’être que la sinistre suite des meurtres de militaires de la semaine dernière) ne doit pas devenir l’alibi facile pour éviter de discuter des conditions et des formulations du « vivre ensemble » français, ou pour imposer une fermeture de l’espace public à des courants politiques qui, pour critiquables qu’ils soient, doivent pouvoir s’exprimer et pouvoir être critiqués sans être forcément ostracisés.

 

Il faut souhaiter que les férocités d’un tueur qui n’est peut-être pas si fou que cela (ce qui fait qu’il n’en est que plus dangereux et difficile à combattre…) ne nous fassent pas perdre la raison politique qui est un bien précieux, souvent mal apprécié par des hommes politiques qui, en ces temps d’élections, en appellent souvent plus aux passions qu’à la recherche de la vérité…

 

 

18/03/2012

C'est le moment de faire du royalisme !

La quête des signatures est achevée et leur dépôt au Conseil constitutionnel terminé : reste leur validation par les Sages présidés par M. Jean-Louis Debré. Cette année, quoi qu'il arrive, il y aura moins de candidats à la course présidentielle que lors des précédentes consultations des années 90 et 2000 : faut-il s'en réjouir comme le font tant de journalistes et de politologues ? Je n'ai pas vraiment d'avis là-dessus, même si, effectivement, il est possible de regretter que certains courants, certaines sensibilités politiques, parfois tout à fait honorables et légitimes à s'exprimer, soient absentes de ce qui constitue, dans la Ve République, « la reine des élections » : ainsi, l'absence de Corinne Lepage (si elle est confirmée lundi) me navre particulièrement, non que je sois un électeur potentiel de celle-ci, mais parce qu'elle incarne le souci environnemental beaucoup plus légitimement qu'une Eva Joly, caricaturale et si peu (et si tardivement...) écologiste !

 

Il n'y aura pas non plus de candidat royaliste, celui présenté par l'Alliance Royale n'ayant pas obtenu les précieux sésames : quelques articles par ci par là lui ont néanmoins assuré une certaine publicité, et sa présence au Salon de l'agriculture n'aura pas été inutile pour rappeler que les royalistes sont soucieux du devenir du patrimoine rural de la France.

 

Un de mes jeunes amis royalistes me demande alors : « Que faire ? ». Ma réponse est invariablement la même à chaque présidentielle : faire du royalisme !

 

Bien sûr, certains pourraient se contenter de se regarder dans un miroir pour ne pas être contredit et crier crânement « Vive le roi ! »... Intérêt politique absolument nul !

 

D'autres choisiront de rallier un candidat ou un autre, en se parant de l'alibi mille fois avancé et éculé depuis un certain temps déjà, de « l'utilité » au regard du « compromis nationaliste » (sic !), trop souvent compris par les intéressés comme une « compromission »... Je parle de ces royalistes affirmés hors des périodes électorales et qui, au clairon des élections, se rallient prestement et « oublient » opportunément leur royalisme pour être « plus efficaces »... Intérêt politique nul, le discrédit en plus, dans la plupart des cas, parfois le reniement...

 

Faire du royalisme, c'est affirmer son royalisme et les raisons d'être royaliste au milieu de la campagne présidentielle, ce n'est pas faire n'importe quoi, ce n'est pas insulter les autres ou cracher sur les affiches des candidats qui ne nous plaisent pas, ce n'est pas parader sur le marché en refusant tous les tracts au nom d'une pureté que nous serions, nous les royalistes, les seuls à incarner...

 

Faire du royalisme, c'est écouter ce qui se dit, et réagir, chercher les points d'accord et ceux de désaccord, c'est dévoiler les réalités au-delà des promesses électorales, c'est discuter avec tous et n'en rejeter aucun : il s'agit de faire entendre la « petite musique royaliste », non de s'isoler. Puisque nos concitoyens s'intéressent à ce moment-là à la politique, parlons-leur, tout simplement, des insuffisances de la constitution de la Cinquième République, de la faiblesse de la République actuelle face aux défis de la mondialisation, de la nécessaire indépendance de parole et d'action à recouvrer face aux directives européennes et aux féodalités financières, etc.

 

La campagne présidentielle est un moment privilégié pour moi : je ne cesse de parler politique, de présenter ce que pourrait faire une monarchie aujourd'hui, de réfléchir à voix haute sur les nécessités sociales et politiques du moment, etc. Et l'on m'écoute en tant que royaliste, et c'est comme tel que je parle et que j'agis ! Quand j'évoque, au gré des pages de ce blogue, ma « campagne présidentielle », c'est de tout cela dont il s'agit ! Les gens viendraient-ils me voir s'ils me savaient rallié à tel ou tel, ou enfermé dans une attitude de refus ?

 

De plus, c'est le moment idéal pour lire et critiquer, si besoin est, les programmes et les déclarations des principaux candidats mais aussi pour repérer les propositions qui peuvent être intéressantes, et elles ne manquent pas, y compris chez les « petits » candidats, moins soumis à la pression de l'Opinion ou d'une éventuelle victoire...

 

C'est aussi le moment pour montrer que les royalistes ne sont pas des « exilés de l'intérieur », qu'ils participent à la vie civique du pays et qu'ils cherchent à construire au-delà des clivages habituels du « Pays légal ». C'est cette capacité de réflexion,  de proposition, de discussion qui fait l'originalité et la force des royalistes : alors, oui, il serait trop dommage de se ranger derrière une autre bannière : le drapeau fleurdelysé me suffit largement et il n'a pas vocation à être remisé au placard le temps de l'élection, bien au contraire !

 

Faire du royalisme, ici et maintenant, et ne pas attendre le lendemain d'une élection qui, de toute façon, sera décevante pour la France comme pour les Français, décevante face aux défis contemporains et à l'immense attente envers notre pays des peuples du monde, ceux qui ont de la mémoire et l'envie de vivre libre...

 

C'est ce royalisme militant qui ne se renie pas et n'oublie pas d'être au monde, au sein d'un Pays réel complexe et souvent paradoxal, qui a le plus de chance, à plus ou moins long terme, d'aboutir. Aboutir en monarchie, un jour qu'il faut tout faire pour rapprocher de notre calendrier...