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30/08/2009

Libertés.

Le ouiquende qui s’achève a été fort bien rempli, royalistement parlant… A peine revenu de mon séjour breton, sur la côte d’émeraude, j’assistais à l’Université d’été de l’Alliance Royale, parti royaliste qui m’a accueilli sur sa liste de l’Ouest aux dernières élections européennes : le thème d’études portait sur les libertés mais il a aussi été beaucoup question de stratégie et d’action politiques. En somme, comment faire passer le message monarchiste sur les libertés ? Comment expliquer aux gens que la Monarchie est le moyen politique par excellence de garantir les libertés publiques, concrètes, réelles, mais aussi, au-delà, de reconquérir, par les personnes (qui ne sont pas que des numéros de carte d’électeur) elles-mêmes, leurs « pouvoirs », synonymes de « libertés » ?

 

Il est vrai que la République a, depuis ses origines sanglantes de 1792 (accouchement difficile ou rite sacrificiel ?), imposé une idée de la Liberté avec un « L » majuscule qui ne souffre ni le débat et encore moins la contestation : combien de fois ai-je entendu, dans des discussions parfois à peine passionnées, l’argument, historiquement faux, que la République a « ouvert le règne de la Liberté » et « rompu avec les ténèbres antérieures » ? Ces soi-disant « ténèbres », cette France d’Ancien régime que les voyageurs étrangers décrivaient comme « hérissée de libertés » donnait pourtant plus de pouvoirs aux provinces, à travers leurs « privilèges » (qui signifient, en fait, « lois privées », mais non pas forcément au sens individualiste du terme, mais dans un sens collectif, communautaire : professions, villes, familles…), pouvoirs de « dire non », dans certains cas, à l’Etat royal, que l’Etat centralisé jacobin et napoléonien qui lui a succédé…

 

Ces libertés concrètes de l’Ancienne France, parfois confisquées par certains corps provinciaux mais bien réelles face à un Etat central bien obligé de s’en accommoder (ou de les contourner…), ont été remplacées par une illusoire liberté électorale de décider, ou plutôt de départager des partis ou des candidats de plus en plus politiciens et de moins en moins politiques au fil des deux derniers siècles. D’ailleurs, l’actualité récente nous le rappelle, d’une manière ironique, par la proposition, aujourd’hui défendue par une partie de la Gauche, de « primaires » pour désigner « le » candidat destiné à affronter M. Sarkozy en 2012. En creux, cela signifie que la liberté de voter aux deux tours de l’élection présidentielle pour tel ou tel candidat devait plus aux jeux d’appareil qu’à l’exercice d’une citoyenneté politique véritable des électeurs conviés à la « finale »… Ce qui permet de mieux comprendre les frustrations d’un corps électoral largement désabusé à la veille comme au soir du deuxième tour de 2007 !

 

Dans la crise actuelle des valeurs que nous traversons, le risque serait de se réfugier dans une forme de refus nihiliste de toute élection ou dans une abstention qui doit plus à l’indifférence qu’à la liberté ou à la remise en cause du système en place. Le rôle des royalistes doit être, entre autres, de réveiller la citoyenneté et de ranimer l’esprit de liberté conjugué à celui d’une maîtrise raisonnée de son destin, maîtrise qui doit tenter, autant que faire se peut, de reconnaître et respecter les notions de Bien commun et de justice sociale.

 

Sans négliger le fait, historique comme politique, qu’il n’y a de libertés réelles qu’à l’ombre d’une Autorité assez ferme pour en imposer aux « féodalités », celles des partis mais surtout celles de l’Argent, aujourd’hui maîtresses du jeu et oublieuses des règles du « vivre ensemble » et de l’équité.

 

En somme, « l’arbre de l’autorité accueille les nids de libertés »… : la définition même de la Monarchie capétienne !

21/08/2009

L'unité par le Roi.

Dans une Monarchie héréditaire, le choix humain sur la magistrature suprême de l’Etat, n’a pas sa part, par la simple force des choses, ni celui des princes ni celui de l’électorat : le roi, devenu roi par l’événement le plus triste d’une vie, c’est-à-dire la mort d’un homme qui, le plus souvent, est celui qui lui a donné la vie, ce nouveau roi est libre des programmes, des querelles partisanes, des manœuvres politiciennes : il ne doit rien au jeu politique usuel, c’est par sa naissance et le mode de désignation le plus naturel qui soit qu’il est souverain. Cela lui procure une liberté certaine, statutaire, qui lui confère aussi une autorité qui n’est pas que personnelle (même si son charisme propre peut avoir une incidence non négligeable sur le paysage politique, sur la conduite de l’Etat et sa perception dans le pays), mais reflète celle de ses prédécesseurs, la poursuit et s’en nourrit elle-même. De plus, ce mode de désignation assure au monarque une position politique qui n’est pas une posture mais un cadre institutionnel « au-delà du paysage électoral » et politique ordinaire, sans pour autant méconnaître ni le paysage ni le calendrier politiques de son pays et de son époque.

 

Cela lui donne un avantage certain, comme le rappelle mon ami Michel Fromentoux, principal rédacteur de L’Action Française d’aujourd’hui : « Le roi héréditaire est le seul homme qui, par sa position même, peut voir, embrasser dans tous ses aspects et servir en toutes ses exigences le bien commun. Non élu, il n’est l’homme d’aucun parti : roi de tous les Français sans distinction, placé par nature bien au au-dessus des tendances, des modes et des intérêts particuliers, pouvant rester sourd à toutes les sollicitations des puissants de la finance et de l’intrigue qui ne lui sont d’aucun appui pour se maintenir au pouvoir, n’ayant aucune clientèle à flatter, ni aucune fortune à établir, le roi héréditaire est le fédérateur-né de toutes les familles françaises qui peuvent voir en lui un lien vivant, le symbole même de l’unité par-delà les divergences de toutes sortes. ».

 

Le monarque apparaît ainsi comme la représentation symboliquement forte de la France et, au-delà de sa simple actualité politique, de son histoire, aussi mouvementée qu’elle soit, héritier des bons comme des mauvais moments : le roi n’a pas à faire le tri dans l’histoire, il en assume la totalité et toute la complexité, voire les ambiguïtés. Il n’est pas un souverain qui donne des bons ou des mauvais points à tel ou tel règne, à tel ou tel régime, à tel ou tel Chef d’Etat : il poursuit une histoire qui est celle, unique à défaut d’être unitaire, de notre pays. Pas de revanche non plus à prendre, pas de République ou d’Empire à dénoncer, il « prend tout », car sa position lui enjoint de tout assumer et d’incarner la France elle-même, son être présent comme sa mémoire, sa nature, ses gloires comme ses défaites, ses bontés comme ses pages les plus sombres : en faisant cela, il laisse le champ libre aux historiens et il libère l’Etat et la nation de la pesanteur d’un « devoir de mémoire » en définitive incapacitant et paralysant pour les générations actuelles et à venir.

 

D’autre part, sa position lui permet d’être « le trait d’union » entre toutes les parts, provinciales, communales, communautaires, politiques, etc., du pays : il incarne une unité qui dépasse les différences, les ordonne au bien commun général sans les dissoudre ou les séparer du tronc commun. L’ancienne formule évoquée par le roi Louis XVI dans sa lettre de convocation des états généraux, « les peuples de France », rappelle que la Monarchie, principe d’unité en France autour de la Couronne, est d’abord fédérative, voire fédérale : incorporant au fil de la construction de la nation française des entités et des identités fort différentes (voire antagoniques…), les sublimant sans les détruire, ce qui ne sera pas forcément l’attitude d’une Révolution puis d’une République uniformisatrice à défaut d’être capable de représenter une « libre unité », la Monarchie permet, par son principe même, la prise en main par les corps sociaux d’une grande part de leur destin, dans le cadre institutionnel national. Là encore, c’est le principe de la continuité monarchique assurée par la transmission simple et non équivoque (et non disputée) de la magistrature suprême de l’Etat qui autorise cette liberté redistribuée aux autorités locales ou sociales…

 

16/07/2009

Pour une alliance franco-indienne forte.

Ce 14 juillet 2009, c’est l’Inde qui était à l’honneur lors du traditionnel défilé militaire des Champs Elysées, et il faut souhaiter que cette présence d’un détachement indien et du premier ministre de ce pays asiatique soit l’annonce d’une nouvelle politique d’alliance, plus audacieuse, entre la France et l’Inde : c’est le souhait de Jean-Joseph Boillot exprimé dans « Le Monde » du 15 juillet, et c’est aussi le mien !

 

Il faut bien noter que, ces dernières décennies, notre pays a ignoré l’Inde, pour la simple raison que la Chine attirait à elle tous les regards et toutes les convoitises, par son ouverture économique et son marché prometteur de plus d’un milliard trois cents millions d’habitants (l’Inde en compte près d’un milliard deux cents millions…), et surtout par le fait que le système politique chinois évitait les « mauvaises surprises » sociales pour les investisseurs : pas de grève ni de contestation, a priori, dans une dictature communiste…

 

Or, l’Inde a de multiples atouts dans son jeu et il serait temps que la France, qui en a aussi quelques uns, se remette à « penser politiquement et géopolitiquement » et pas seulement en termes économiques, même s’il ne faut évidemment pas méconnaître ceux-ci, ce qui serait tout aussi absurde que de les survaloriser.

 

D’autre part, comme le souligne M. Boillot : « Dans un monde en complète recomposition géopolitique et géoéconomique à la faveur de la crise, il est de notre intérêt que le deuxième géant asiatique prenne toute sa place dans la redéfinition d’une mondialisation à visage humain (…) ». Certes, il est possible de douter que la mondialisation puisse jamais avoir un « visage humain », de par ses principes mêmes et de par la nature des hommes (je ne suis pas rousseauiste…), mais il ne me semble pas inutile de l’humaniser tout de même puisque, de toute façon et à défaut d’être forcément un bienfait, la mondialisation est un fait, aujourd’hui et sans doute demain, et qu’il faut donc la prendre en compte si l’on veut, au moins, la maîtriser un peu.

 

La France a eu tendance, ces dernières années, à se « reposer » sur les alliances classiques, sinon traditionnelles, de l’Union européenne en négligeant, parfois par dilettantisme, sa propre diplomatie historique, cette diplomatie « capétienne » reprise (en partie) par le général de Gaulle, et en oubliant cette formule d’indépendance nationale qui faisait de la France une « puissance médiatrice » susceptible de rallier à elle les pays qui n’étaient pas « dominants » sur la planète : du coup, la France s’est peu à peu laissée piéger par la logique bipolaire du « G2 », de la confrontation-négociation « Chine-Etats-Unis », qui semble rattacher l’Union européenne au bloc atlantiste (d’où la récente réintégration de notre pays dans le commandement intégré de l’Otan, inévitable dans cette logique-là) et qui valorise, dans le même temps, le géant chinois comme principal vecteur productif de la mondialisation en cours (« la Chine, atelier du monde et puissance économique incontournable »).

 

La France doit jouer son jeu propre et l’Inde peut s’avérer un partenaire fiable et responsable, au moment où ce géant asiatique cherche à éviter le triomphe du G2 et veut jouer, lui aussi, sa partition dans la nouvelle « multipolarité » mondiale. Bien sûr, il y a beaucoup de travail à faire et l’Inde elle-même doit penser au-delà de sa propre attraction traditionnelle pour l’ancien colonisateur anglais : ne doit-elle pas, par exemple, permettre une ouverture plus large à la francophonie, et réactiver les liens anciens jadis créés par « l’Inde française », celle des comptoirs, de Pondichéry et Chandernagor ? Et inversement, la France ne doit-elle pas porter plus d’intérêt pour ce pays et sa culture ?

 

Comme le suggère M. Boillot, la France peut concrètement aider l’Inde en portant l’idée au prochain rendez-vous du G20 « d’une réforme d’ampleur du FMI, où l’Inde dispose de moins de 2 % des droits de vote pour 18 % de la population mondiale » (surtout que c’est un Français, M. Dominique Strauss-Kahn, qui préside ce FMI) mais aussi en soutenant à l’ONU la proposition d’ouvrir le Conseil de sécurité à l’Inde, etc.

 

Mais, contrairement à ce que pense M. Boillot, je ne pense pas que l’Union européenne soit le meilleur moyen d’agir, ne serait-ce que parce que la majorité des Etats de cette UE et la majorité des europarlementaires sont atteints d’un tropisme atlantiste qui les paralyse et les empêche de penser autrement que sur les vieux schémas géopolitiques de « l’Occident », c’est-à-dire d’un modèle dirigé par la puissance occidentale par excellence, les Etats-Unis… C’est à la France que revient la possibilité d’une politique nouvelle, d’une impulsion forte susceptible d’entraîner d’autres pays de l’UE sur cette « autre voie » post-occidentale et vers une prise en compte effective et ordonnée de la puissance indienne.

 

L’alliance franco-indienne n’est pas qu’une possibilité ou une nécessité, elle peut être une véritable chance pour la France comme pour l’Inde : la République saura-t-elle, au-delà du symbole de la présence indienne au défilé du 14 juillet, la saisir ? Souhaitons-le, espérons-le : elle a déjà pris assez de retard comme cela ! La Monarchie française, au regard de son histoire diplomatique, n’aurait pas, elle, hésité aussi longtemps