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25/04/2009

La fidélité contre l'idolâtrie.

En réponse à un jeune Rennais avec lequel j’ai eu une longue et intéressante discussion ce matin sur le marché des Lices et qui s’inquiétait des risques de « dérive absolutiste » des royalistes et de la Monarchie :

 

André Malraux a commis dans les années d’avant-guerre une préface pour un livre du royaliste Charles Maurras puis a poursuivi ensuite une carrière d’écrivain et d’homme politique qui l’a apparemment éloigné de la tradition monarchiste. Cela ne l’a pas empêché de dire ce qui suit et qui apparaît bien comme la reconnaissance de tout l’intérêt qu’une Monarchie incarnée en un Prince peut avoir : « Tout homme actif et pessimiste a été ou sera fasciste sauf s’il a derrière lui une fidélité ». Le dernier morceau de phrase a toute son importance, et montre un bon sens certain et une connaissance non moins certaine de l’Histoire de France !

 

Pensait-il à Bernanos ou à Maurras en écrivant ceci ? En tout cas, Malraux a raison dans son propos en signalant combien la fidélité (ce que l’on appelle aussi la loyauté ou le loyalisme) envers un souverain qui est, au-delà de lui-même, la continuation de ceux qui l’ont précédé et le trait d’union avec ceux qui suivront, est le meilleur rempart contre l’idolâtrie totalitaire, et, tout simplement, contre l’idolâtrie elle-même.

 

La Monarchie n’est pas non plus la République « bling-bling », cette République qui entretient un véritable culte de la personnalité du locataire de l’Elysée, ne serait-ce qu’à travers la pipolisation de la vie politique française depuis quelques années…

03/03/2009

Au royaume d'Absurdie...

Certaines anecdotes en disent parfois plus sur l’état moral et spirituel de notre société contemporaine que de longues et savantes pérégrinations intellectuelles : ainsi les deux qui suivent, rapportées par « La Croix » dans son édition du vendredi 27 février 2009.

 

La première, la plus médiatisée aussi (et, pour une fois, tant mieux !), autant Outre-Rhin que de ce côté-ci de la frontière, c’est celle de cette caissière licenciée après 31 années de bons et loyaux services dans le même supermarché pour avoir, selon l’accusation, « encaissé deux bons, l’un d’une valeur de 48 et l’autre de 82 centimes, des consignes que n’avaient pas réclamées les clients »… Il s’est trouvé un tribunal à Berlin pour justifier ce licenciement, et un deuxième pour le confirmer : « le licenciement pour « suspicion » est justifié. « L’employeur doit pouvoir se reposer sur une caissière en toute confiance », a motivé la juge Danièle Reber. Autrement dit, ce n’est pas le montant d’un détournement qui justifie la rigueur de la peine, mais le geste. C’est un principe. »

 

Je remarque que ce n’est pas la simple culpabilité qui est mise en avant, mais la « suspicion »… En somme, l’application tranchante d’une sorte de « loi des suspects » à l’encontre d’une salariée aujourd’hui au chômage et dans l’impossibilité de retrouver du travail, autant dire condamnée à une forme de « mort sociale » !

 

Et pendant ce temps-là, des traders et des financiers sans scrupule peuvent, eux, jouer de la crise pour s’en mettre plein les poches sans trop de risques, qu’ils s’appellent Madoff (aujourd’hui en difficulté mais toujours en liberté et encore riche…) ou Paulson (homonyme du rédacteur du plan de relance états-unien) qui, comme le rapportait une radio ce matin a gagné 67 millions de dollars en quelques heures par de juteuses opérations et manipulations (légales, semble-t-il…) financières, à l’heure même où le nombre de pauvres aux Etats-Unis risque d’atteindre 40 % de la population (36 % en 2007). Un Bernard Tapie, qui a supprimé des milliers d’emplois, triché en affaires et en sport, etc. est aujourd’hui indemnisé de plusieurs centaines de millions d’euros par les contribuables français pour avoir « été roulé » par le Crédit Lyonnais, pourtant dans une logique tout à fait libérale…

 

Mais, de qui se moque-t-on ? La différence entre le sort réservé à l’une et aux autres est, non seulement choquante, mais immorale, profondément immorale !

 

La deuxième anecdote (italienne, cette fois) rapportée par « La Croix » est celle d’une ouvrière ghanéenne de 47 ans qui, après 17 ans d’ancienneté dans l’entreprise, en a été licenciée (en novembre) parce qu’elle… chantait ! L’argument de la gêne occasionnée à ses collègues de travail semble ne pas exactement tenir puisque, « vu son travail sur le fer battu, on ne pouvait pas l’entendre à plus d’un mètre. » Et puis, en quoi chanter est-il, surtout à l’usine, une « faute professionnelle » ? Triste société où l’on vend des baladeurs musicaux qui, parfois, servent à cacher la tristesse de ce monde-là qui oublie de chanter et où l’on vire celle qui pousse la chansonnette pour se donner du cœur à l’ouvrage… Je me souviens pourtant d’une expression que j’ai entendue mille fois jadis et qui disait qu’un peuple heureux est un peuple qui chante : est-ce donc aussi condamné dans nos démocraties consuméristes et ennuyeuses, sans âme et sans mémoire autre que conflictuelle ? Rossignol, où pourras-tu, demain, trouver refuge ?

 

En tout cas, quand elle en est à ce point inéquitable et injuste, liberticide et sans coeur, parce que profitant trop aux puissants de l’heure, aux nouveaux féodaux de l’Argent, parce qu’écrasant les petits et les faibles tout en clamant ses « grands principes », parce qu’étouffant les voix discordantes et, parfois, les voix tout court, une société se condamne elle-même, après le déshonneur, à la ruine morale et s’expose à la contestation de ses principes, fussent-ils ceux d’une démocratie…

 

Au-delà de ces deux anecdotes, il en est de nombreuses aussi du même genre dans notre pays : ainsi, la crise que notre société vit aujourd’hui, n’est pas qu’une simple crise économique, sociale ou politique, c’est aussi une « crise de la civilisation ».

 

Un royaliste social, aujourd’hui comme hier, a le devoir de dénoncer les absurdités de cette « dissociété » (selon le mot heureux et souvent imité du philosophe Marcel de Corte), de cette « décivilisation » qui oublie les personnes et les communautés et offre trop souvent le spectacle d’une immense tartufferie, politique comme spirituelle. Etre royaliste, c’est aussi, au-delà du combat pour l’instauration d’une nouvelle Monarchie française, mener le combat pour la civilisation, celle de l’histoire, des cités et des personnes contre l’anonymat, l’individualisme et l’égoïsme, contre ce règne des principes abstraits et des tromperies médiatiques, contre les injustices sociales et les féodalités méprisantes. Les colères de Bernanos, aussi violentes soient-elles, nous rappellent à notre devoir de polémique et d’insurrection quand l’essentiel est en jeu !

19/09/2008

La belle au bois dormant...

Le travail politique s’accumule sur mon bureau et dans mon ordinateur : article à faire sur « L’Action Française et la Révolution française » ; notes d’actualité pour mon blogue et les quelques blogues militants amis auxquels je participe ; relecture des brochures destinées à la diffusion sur la Toile et sur papier, et publiées sous l’égide des Camelots du Roi ; maquettes de papillons royalistes sur le scandale Tapie ou sur l’agriculture ; etc. Pas le temps de m’ennuyer ! En fait, même si cela peut être étonnant pour certains, j’adore ce travail militant parfois ingrat mais nécessaire pour faire connaître les idées monarchistes et conquérir, autant que faire se peut, de nouvelles intelligences, de nouvelles énergies… Le royalisme n’est pas un chemin facile mais l’espérance est un bon guide et un soutien fidèle, et la phrase du président des Etats-Unis Franklin Delano Roosevelt (ou Kennedy ? J’ai un doute…) expliquant que ce qui compte ce n’est pas ce que le pays peut faire pour nous mais ce que nous pouvons faire pour lui résume bien mon état d’esprit : servir et non « se » servir, en somme. Reconnaître que nous sommes des héritiers et que nous avons à préserver, mais aussi à entretenir, à faire vivre et prospérer ce patrimoine que ceux qui nous ont précédés nous ont légué : cette France qui, au-delà des politiciens et d’une République oligarchique, sans doute ploutocratique, reste notre trésor intime, cette formidable diversité à l’ombre tutélaire du trône de l’Etat millénaire, cette histoire à nulle autre pareille, faite de déchirements et de dévouements, d’éclats et de secrets, de beauté et de passion, de joies et de peines…

Bien sûr, il y a cette douleur au fond de moi lorsque je vois ce qu’en fait la République, cette coalition des oligarques qui s’empiffrent au buffet des vanités et oublient leurs devoirs de Français, parlent de grande Europe pour mieux cacher leur petitesse et leur lâche abandon, se soulagent du poids de l’Histoire en se réfugiant derrière des grands mots et de petites pensées : prêts pour toutes les trahisons, tous ces renoncements qu’ils nomment « réalisme économique » (sic !) ou « modernisation » (re-sic !), ils ne pensent qu’aux deniers qu’ils recevront pour remerciement de leur servilité intellectuelle…

Georges Bernanos, ce royaliste intraitable, « notre capitaine » comme l’appelait affectueusement Sébastien Lapaque (auteur de deux livres sur Bernanos qu’il faut lire absolument), écrivait avec sa colère contre « les imbéciles », avec cet amour de la France chevillé au corps et au cœur qui, du coup, l’empêchait de désespérer finalement : « L’espérance c’est le désespoir surmonté ».

De toute façon, il n’est pas possible de désespérer de la France : elle est cette belle au bois dormant qu’il s’agit de réveiller, « la République au roi dormant », selon la surprenante et heureuse formule de Bertrand Renouvin… Il ne s’agit pas seulement de lui parler d’amour : il faut l’aimer, passionnément !