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27/02/2009

La montée du chômage.

Depuis quelques mois, les chiffres du chômage ne cessent d’augmenter et cela de plus en plus rapidement : alors qu’on évoquait déjà une catastrophe sociale en novembre lorsque le nombre de chômeurs avait bondi de 64.000, on parle désormais de « choc » ou de «  tsunami social » (Le Monde, 27 février 2009) pour les chiffres de janvier qui annoncent 90.200 demandeurs d’emploi supplémentaires, soit un bond de 4,3 % par rapport au nombre total de chômeurs au mois précédent. Depuis 6 mois, c’est ainsi 296.200 chômeurs de plus en France, avec un bond pour les plus jeunes (moins de 25 ans) de 23,1 % en un an.

 

Derrière la froideur des chiffres, il ne faut jamais oublier qu’il y a des hommes et des femmes, victimes d’une crise née loin d’ici mais sans doute alimentée par un système économique (mais aussi sociétal) capitaliste qui est depuis fort longtemps mondialisé.

 

Dans son livre « L’art du gaspillage » publié dans les années 60, Vance Packard évoque l’une des raisons majeures de la crise que le monde vit aujourd’hui, avec une prescience assez extraordinaire, en s’appuyant sur la situation des Etats-Unis dans les années de l’après-guerre et en signalant que ce modèle est appelé alors à s’étendre rapidement aux pays d’Europe, avec les mêmes risques et conséquences : « Les Américains sont à califourchon sur un tigre. Ils doivent consommer toujours plus, sinon leur admirable machine économique les dévorera. Il faut les inciter à augmenter sans cesse leur consommation individuelle, même s’ils n’ont aucun besoin des produits qu’on leur offre. Leur économie en perpétuelle expansion l’exige. » Ainsi, la formule fordienne du capitalisme contemporain, c’est-à-dire du « Consommer pour produire », montre désormais et gravement ses limites et ses dangers, au détriment de nos sociétés et de nos industries (entre autres) car, dès que la consommation ralentit, c’est tout le système qui se grippe : dans la société de consommation contemporaine, « la consommation doit augmenter sans cesse. Des experts de marchés ont annoncé que le citoyen moyen devra accroître ses achats de cinquante pour cent au cours des douze années à venir, pour ne pas mettre en péril l’économie du pays. »

 

La mondialisation des dernières décennies a étendu ce système aux pays émergents, mais n’a pas fondamentalement changé le principe même de la société consumériste et l’aurait bien plutôt renforcé !

 

Aujourd’hui, le résultat est une double catastrophe, au-delà même de l’économie : catastrophe écologique (prélèvements trop importants sur les matières premières et autres ressources naturelles, végétales comme animales) et catastrophe sociale (déséquilibres sociaux et dépendance totale à l’égard des marchés mondiaux, chômage endémique et même structurel dans les pays développés, etc.).

 

Alors, que faire, à notre échelle, dans notre pays ? La question ne signifie pas que nous nous désintéressions des autres mais simplement qu’aider les « plus proches » est la condition première pour pouvoir, aussi et ensuite, aider les « plus lointains ».

 

Il n’y a pas une solution unique au problème du chômage, mais bien plutôt un faisceau de solutions, complémentaires les unes des autres :

 

1.     un nouvel aménagement dynamique du (des) territoire(s) qui, par l’installation de quelques familles dans des endroits aujourd’hui en déshérence, permet de rouvrir des classes, des commerces, de travailler des terres parfois inexploitées, de prendre le relais des agriculteurs retraités ou sur le départ, de rendre vie à des villages, etc. ;

 

2.     une orientation des industries automobiles vers de nouvelles formes de circulation et de locomotion, par la reconversion de certaines usines en fabrication de véhicules destinés au transport en commun de « moindre quantité » (entre 8 et 20 personnes) ou en automobiles « vertes » grâce à l’exploitation des énergies motrices renouvelables, par exemple ;

 

 

3.     une Education nationale qui ne néglige pas les métiers manuels, ou ne les marginalise pas, comme c’est encore trop souvent le cas, mais les valorise : métiers de bouche, de construction et de rénovation, de la terre, etc. ;

 

4.     la mise en place de véritables filières de reconversion qui permettent aux chômeurs (mais aussi aux autres) de se former dans un autre métier que celui de leur précédent emploi, en particulier dans des secteurs aujourd’hui en forte demande de main-d’œuvre : certaines existent déjà mais restent encore fort marginales et, surtout, pas assez dynamiques et réactives au regard des enjeux actuels ;

 

 

5.     l’interdiction des délocalisations spéculatives des entreprises qui vendent en France leurs produits fabriqués ailleurs (ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit d’interdire toute délocalisation : celles qui délocalisent pour fabriquer au plus proche de leurs marchés ne sont pas forcément, en soi, choquantes, sauf si elles entraînent un transfert de savoirs faire et de technologies préjudiciables à notre pays…) ;

 

Ces quelques propositions sont bien sûr susceptibles de débats et tout à fait amendables, et je tiens à souligner que cette petite liste est évidemment incomplète : difficile dans le cadre d’un blogue de tout développer de mes idées sur ce sujet, particulièrement vaste.

 

Mais, au-delà de ces propositions, il paraît nécessaire de repenser le rapport même de nos sociétés à la consommation et de poser la question d’une économie plus équilibrée, d’abord au service des hommes et non d’un système qui ne raisonnerait qu’en termes de profits…

 

29/09/2008

41.300 chômeurs de plus...

41.300 chômeurs de plus au mois d’août en France… La nouvelle n’est pas bonne mais de plus, croisée avec d’autres informations, elle montre quelques unes des contradictions (et hypocrisies) du système capitaliste quand celui-ci n’est plus dirigé que par les lois de la libre concurrence et du profit individualisé, de la loi injuste de la « main invisible » du Marché… En effet, certains analystes économiques nous expliquaient il y a encore un mois que la France devait faire appel à plusieurs centaines de milliers de travailleurs étrangers pour répondre à ses besoins : ce langage risque d’avoir plus de mal à passer dans les mois qui viennent, pour des raisons assez évidentes… En fait, ce propos n’est pas entièrement faux mais seulement si l’on continue dans cette politique absurde de l’éducation et de l’emploi qui discrédite, par un discours démagogique, le travail manuel et les métiers rudes et pénibles dont, sans doute, aucune société ne peut se passer : il y aura toujours besoin de plombiers, de maçons, de serveurs, de cuisiniers, de balayeurs, etc., métiers qui n’ont rien de désobligeants mais qui, dans notre société repue et clinquante, apparaissent à tort comme dégradants ou, plus simplement, peu valorisants.

Dans une société où l’on met en avant l’argent facile et le moindre effort, les jeunes générations ne sont guère incitées, ni motivées, pour se lancer dans ces professions qui, régulièrement, se plaignent de ne pas trouver suffisamment de bras : d’où la « nécessité » d’en appeler à des populations immigrées, moins revendicatrices sur le plan des salaires et des conditions de travail. Jean-François Kahn faisait remarquer, il y a déjà quelques années, que cela avait permis (dans les décennies précédentes et jusqu’à nos jours) aux employeurs de ne pas augmenter les salaires et de les maintenir à un niveau anormalement bas au regard de la pénibilité du travail concerné et de la progression générale des prix : cynisme d’un certain patronat oublieux de ses devoirs sociaux et juste désireux d’augmenter ses profits à moindres frais…

Pendant ce temps, l’école semble ne plus répondre aux besoins de la société et ne plus offrir à de larges parts de nos jeunes générations de débouchés : de moins en moins d’apprentis, de plus en plus de diplômés sans véritable formation, incapables de trouver une place professionnelle qui corresponde à leurs souhaits ou, pire, à leurs compétences et aptitudes. De plus en plus de ressentiments qui s’accumulent, de gâchis sociaux…

Il va bien falloir, d’ici peu, poser les vrais problèmes sur la table et ne plus se contenter de discours lénifiants et démagogiques : et avancer de vraies propositions, qui devront prendre en compte autant les nécessités sociales qu’environnementales, autant l’aménagement du territoire (aujourd’hui trop négligé au nom de la « rentabilité » baptisée injustement « efficacité ») que la refonte des établissements scolaires et universitaires, etc.

J’ai, sur ce blogue, au fil des années, évoqué quelques solutions, qui ne sont pas exhaustives mais qui méritent sans doute d’être approfondies, complétées, éventuellement amendées : car on ne peut valablement critiquer un système que si l’on propose de quoi le remplacer…