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14/02/2019

Pour avoir de bonnes retraites en France, que faudrait-il faire ?

La réforme des retraites va bientôt être discutée et le gouvernement prépare ses arguments et sa stratégie, attendant juste que le mouvement des Gilets jaunes, désormais accusé de tous les maux du pays, se soit dissipé comme un mauvais rêve, ce qui n’est pas, à l’heure actuelle, totalement assuré… Néanmoins, les Français commencent à s’interroger, parfois à s’inquiéter des projets gouvernementaux qui semblent obéir à une logique comptable imposée par Bruxelles plutôt qu’à un juste traitement de la question épineuse de « l’après-travail ». Ainsi, la question est parfois évoquée dans les réunions du Grand débat national, mais aussi dans les colonnes des Courriers de lecteurs, comme dans La Croix du lundi 11 février qui publie une lettre courte mais de bon sens qui mérite d’être reproduite et commentée.

 

« Le choix de la France d’avoir un système de retraite basé essentiellement sur la répartition est judicieux. C’est le système le plus sûr, le moins risqué. Les évolutions démographiques sont prévisibles sur le long terme, alors que les évolutions de la Bourse sont imprévisibles, même à très court terme. » Aussi imparfait qu’il puisse être, il est vrai que le système de retraite par répartition dépend très largement des dynamiques démographiques nationales, et non des jeux financiers et d’intérêts d’actionnaires souvent peu concernés par les notions et sentiments de justice sociale. Les données et perspectives démographiques, évolutives, sont aussi largement influencées par la politique familiale que l’Etat soutient ou promeut, et cela permet une certaine visibilité sur les décennies suivantes, même si cela implique également une attention soutenue de l’Etat et des pouvoirs publics (et éventuellement des partenaires sociaux) à l’égard des mouvements démographiques et une stratégie forcément et fortement enracinée dans la durée.

 

« La France est un des rares pays européens à avoir un solde démographique naturel positif, ce qui rend le système par répartition viable. ». Certes, notre situation démographique est meilleure que la très grande majorité des pays européens, mais les dernières années sont beaucoup moins convaincantes avec un taux de fécondité qui, en la moitié d’une décennie, est passé de 2,03 enfants par femme en âge de procréer à 1,87 l’an dernier, cela alors que, pour assurer un renouvellement convenable et « instantané » de la population française, il faudrait un taux de 2,1. Cette baisse inquiétante est la conséquence des politiques (si peu) familiales des gouvernements Fillon et Ayrault-Valls qui, là encore pour des raisons purement comptables (et idéologiques ?) ont, pour l’un, supprimé des avantages concédés jadis aux mères de trois enfants et plus, et pour les autres, rompu l’égalité des familles devant le quotient familial, en la nuançant par des considérations de revenus au détriment des classes moyennes aisées. Or, toucher à la politique familiale en oubliant les particularités de celle-ci qui en font une dentelle complexe et éminemment réactive à ces « détricotages » gouvernementaux, c’est fragiliser, en vain d’ailleurs pour les finances de l’Etat, les équilibres démographiques et risquer d’entamer, non le désir d’enfants (qui est de 2,3 en France selon les principales études sur le sujet), mais la réalisation concrète de ce désir. Il ne suffira d’ailleurs pas non plus de revenir en arrière, le mal étant fait, mais de refonder une stratégie démographique et nataliste pour le long terme, stratégie qui ne devra pas s’empêcher de réfléchir à une forme de « salaire maternel » ou « familial », selon des modalités à discuter et suivant les particularités des couples et de leurs évolutions possibles. Mais la République, qui raisonne selon un calendrier électoral qui n’est pas « le temps des générations », peut-elle engager vraiment cette nécessaire politique de long terme ? Personnellement, je continue d’en douter, et les valses-hésitations des derniers quinquennats ont tendance à légitimer et renforcer mon doute…

 

Mais la politique démographique n’est pas la seule condition d’une bonne gestion du système des retraites sur la durée, comme le souligne le lecteur de La Croix : « Le problème du déficit des régimes de retraite ne vient pas de ce choix de la répartition, mais du chômage. C’est ce problème aigu qu’il faut résoudre, et pas seulement à la marge comme maintenant ! » Voilà des lignes d’un grand bon sens économique (car moins de chômeurs signifie des cotisants en plus) mais qui semblent bien loin des préoccupations des gouvernements qui se succèdent depuis une quarantaine d’années que le chômage est passé du statut de « conjoncturel » à celui de « structurel » ! Et pourtant ! Là aussi, des solutions existent et attendent qu’un Etat digne de ce nom, un Etat qui soit capable de penser au-delà de la prochaine échéance électorale mais aussi au-delà de la seule mondialisation et des principes du libéralisme économique, un Etat qui cesse de penser par rapport à l’économie financière ou en fonction des seuls intérêts actionnaires, que cet Etat advienne, non dans le cadre d’une alternance mais comme une véritable alternative politique.

 

« La politique de la France ne se fait pas à la Corbeille », affirmait haut et fort le général de Gaulle qui signifiait ainsi que l’Etat n’avait rien à devoir au monde de l’Argent et à ses « valeurs ». Une véritable stratégie d’Etat contre le chômage doit repenser le rapport de notre société à la mondialisation, à l’environnement, à l’économie : il ne s’agit pas de nier ce qui est, mais d’orienter différemment l’économie, en particulier par un aménagement du territoire fondé sur le « redéploiement rural » ; par une meilleure préservation de l’outil industriel et par une valorisation intelligente de nos patrimoines historique, littéraire, gastronomique ; par une formation mieux organisée et plus enracinée dans le tissu socio-professionnel local ; par un soutien plus affirmé aux modes d’agriculture et de pisciculture respectueux des équilibres naturels et de la qualité alimentaire, modes de production nécessitant une main-d’œuvre plus nombreuse et l’organisation de circuits courts de distribution ; etc.

 

Ce ne sont pas les idées et les propositions pour faire reculer le chômage qui manquent, mais bien la volonté politique et l’Etat capable d’assumer cette politique et de la valoriser, y compris par rapport à la mondialisation et à la concurrence inéquitable des grands réseaux multinationaux de production et de distribution : mais si, depuis quarante ans, la République ne veut pas sortir de son modèle économique, sans doute faut-il, alors, se résoudre à changer de régime. Une Monarchie royale inscrivant son être et son devenir dans le temps long et la suite des générations peut, par essence et par statut, mieux répondre aux lourdes questions sociales (et cela sans négliger les enjeux économiques) qu’une République trop dépendante des jeux d’argent et de la météorologie électorale. Elle peut aussi mieux tirer profit des énergies partisanes et parlementaires en les circonscrivant aux activités de débat et de proposition législatives, et en les détournant de la compétition pour la magistrature suprême de l’Etat, cette dernière étant dévolue, hors des concurrences électorales, à une dynastie chargée d’incarner le pays et de diriger la Grande politique, dans son domaine régalien. Un partage des tâches et des responsabilités qui, en somme, est moins risqué et incertain que celui aujourd’hui (mal) assuré par une République d’abord macronienne avant que d’être celle de tous les Français…

 

 

 

29/01/2017

Contre la délocalisation spéculative de Whirlpool.

Une fois de plus et malgré la proximité d'une élection présidentielle, sans doute aussi parce que la perspective de la victoire d'un Macron ou d'un Fillon n'effraye guère les investisseurs et les spéculateurs (qui ne sont pas forcément les mêmes, heureusement), une multinationale délocalise l'activité de son usine française vers un pays à bas coût salarial : cette fois, c'est la Pologne qui est choisie, non pour les qualités mêmes de ses ouvriers (qui, disons-le, ne sont évidemment pas en cause), mais parce que leurs salaires sont beaucoup plus « compétitifs », ce simple qualificatif montrant combien cette stratégie industrielle n'est rien d'autre que la mise en concurrence de tous contre tous, et non la volonté de faire travailler, là où ils sont, des femmes et des hommes. Ici, ce n'est pas le travail qui compte et qui est valorisé, et encore moins ceux qui travaillent, mais le simple enjeu financier, la spéculation même...

 

Cette fois, c'est Whirlpool, multinationale de l'électro-ménager dont le siège social trône aux Etats-Unis, qui délocalise et, dans la foulée, ferme sa dernière usine française basée à Amiens, ville déjà fortement frappée par la liquidation, il y a quelques années, de l'usine de production de pneumatiques Goodyear. Alors que l'ancien directeur s'est toujours opposé à la délocalisation de son usine, au prix d'une rude politique de réduction des coûts, son départ à la fin de l'année dernière a fait tomber le principal obstacle à la désindustrialisation du site amiénois. Désormais, la délocalisation totale de l'usine est annoncée pour l'an prochain et les 290 derniers salariés d'un site qui en comptait encore 1.300 au début des années 2000 seront condamnés au chômage ou à la « reconversion » souvent peu valorisante et, même, dépréciative...

 

Dans le même temps, les favoris de la prochaine présidentielle (du moins ceux du moment...) nous parlent de la mondialisation, de la « nécessaire adaptation » à celle-ci et semblent passer par « pertes et profits » les salariés, désormais véritables variables d'ajustement de l'économie, et traités comme telles.

 

La légèreté avec laquelle sont considérés et traités les travailleurs d'Amiens est choquante et me choque, profondément : elle est néanmoins révélatrice d'un système économique et de pensée qui se traduit aussi par une forme de « dépolitisation » de nos sociétés, c'est-à-dire une émancipation (que certains rêveraient totale) de la sphère de décision économique à l'égard de la politique et des décisions de l’État... C'est la logique de « 1791 », celle qui préside au décret d'Allarde et à la loi Le Chapelier : un libéralisme qui libère l'Argent en proclamant la « liberté du travail » qui, en définitive, n'est ni celle des travailleurs, ni celle du travail au sens noble du terme mais seulement la liberté pour ceux qui en ont les moyens de faire travailler, au profit de l'Argent et de ceux qui le possèdent sans se reconnaître aucun devoir à l'égard de ceux qui n'en ont pas ou de ceux qu'ils font travailler pour qu'ils leur en rapportent plus encore.

 

Le refus de la direction de Whirlpool d'écouter les inquiétudes et les recommandations du gouvernement français en dit long sur cet état d'esprit franklinien qui anime les entrepreneurs libéraux (sans avoir besoin d'être « néo » ou « ultra ») ainsi que sur leur désinvolture à l'égard des États : suffit-il de le regretter ? Non, et le dénoncer paraît bien utile pour rompre avec un certain fatalisme dont profitent les spéculateurs. Mais, proposer s'impose, si l'on veut être crédible et efficace.

 

C'est l'occasion de réfléchir à une nouvelle organisation des liens entre l'argent-moyen et le travail, au sein des entreprises et de notre société : en refusant l'étatisme, qui est l'esclavage pour l’État-Moloch et sa techno-bureaucratie, et en contestant le libéralisme qui prône une liberté indexée sur l'argent et oublie celle des plus faibles, l'on peut ouvrir la voie à une autre économie, moins « sauvage » et plus humaine, plus civilisée, dans laquelle la convivialité, les qualités et le travail bien-fait peuvent s'épanouir et permettre à chacun de trouver sa place dans le cadre d'une société équilibrée et juste.

 

C'est pour ouvrir à ces réflexions et combattre les mauvaises attitudes et habitudes des multinationales parfois oublieuses de leurs devoirs sociaux que les Royalistes sociaux du Groupe d'Action Royaliste, héritiers de La Tour du Pin et d'Albert de Mun, ont collé samedi des affiches dénonçant la délocalisation de Whirlpool et prônant la Monarchie sociale et corporative, nécessaire à l'établissement et à la garantie de la justice sociale et à l'exercice, par les travailleurs, de leurs libertés professionnelles effectives.

 

J'étais, je l'avoue avec une certaine fierté, de ces afficheurs monarchistes du samedi, parce que parler ou écrire des articles ne vaut vraiment que si, autant que faire se peut, l'on joint le geste à la parole, l’action à l’esprit...

 

 

 

 

 

16/04/2016

"La France va bien", cette plaisanterie du président Hollande...

Le président Hollande est un éternel optimiste : « la France va mieux », déclare-t-il à la télévision devant un auditoire restreint et peu réceptif, au moment même où quelques centaines de manifestants s'en prennent à des vitrines et à des voitures sans pouvoir atteindre l’Élysée, centre illusoire d'un Pouvoir qui ne l'est pas moins devenu.

 

Cela prêterait évidemment à sourire si la situation n'était pas si grave : le chômage, dans sa version dure, touche près de 4 millions de personnes directement mais bien plus si l'on s'intéresse aux familles et aux communes affectées ; les paysages de France sont chaque jour un peu plus dévastés, dans les campagnes, sur les littoraux (et cela malgré les lois de protection du littoral qui, parfois, semblent peu appliquées quand de gros enjeux financiers sont en jeu), mais aussi autour et au centre des villes, comme à Rennes, de plus en plus livrée à certains promoteurs immobiliers sans grands scrupules ; l'agriculture française est considérée par les politiques comme un problème quand elle devrait être vue, d'abord, comme une grande chance pour la France, pour se nourrir et aménager les territoires, et non pour remembrer ou « violer la nature » comme le fait le productivisme actuel ; le monde, par une mondialisation incontrôlée, est devenue, en de multiples lieux et jusqu'au cœur de nos vies, une véritable poudrière...

 

Aussi, dire que « la France va mieux » relève de la langue de bois ou de l'aveuglement, ou des deux à la fois, ce qui n'est guère rassurant : en paraphrasant André Pousse, « le déni, à ce point-là, ça devient gênant »... Il est vrai que la campagne présidentielle de 2017 a déjà commencé et que l'actuel locataire de l’Élysée se verrait bien entamer un second bail de cinq ans, quitte à tordre un peu le bras aux réalités en espérant, malgré les mauvais sondages (mais « sondage n'est pas suffrage », dit-on), apparaître comme le recours face à Marine Le Pen, donnée comme forcément qualifiée pour la phase finale de la présidentielle.

 

M. Hollande ment, bien sûr, mais je ne me réjouis ni de ce mensonge ni de la réalité : je souhaite de tout mon cœur que la France aille mieux et que la phrase du président, malheureuse aujourd'hui, devienne une nouvelle réalité. Encore faudrait-il en prendre les moyens et ne pas se perdre en rodomontades idéologiques et ridicules : mais, et c'est le vice de cette République qui se veut la cinquième, la magistrature suprême de son État reste prisonnière des féodalités qui la font et, désormais, la fondent, par le biais d'une compétition présidentielle aux mains des grands partis et des puissances d'argent, adoubées par l'Union européenne malgré nombre de scandales et « d'alertes citoyennes », vite enterrées sous le flux des informations suivantes...

 

En cette année électorale, il faudra bien, en définitive, poser la question, la grande question de l’État et de son sens, de sa magistrature suprême : bien sûr, les royalistes devront se faire entendre dans un concert qui ne leur est pas ouvert, et cela « par tous les moyens, même légaux ».

 

Car il ne se fera rien de grand ni de juste en politique si l'on laisse l'éternel jeu de rôles de la République et de son élection-reine étouffer toute alternative - et toute parole dissidente - à ce qui constitue, encore et toujours, le « désordre établi » : la France mérite mieux, décidément, que la République... Elle mérite et elle nécessite mieux que la République pour que l'on puisse dire, le plus rapidement et le plus heureusement possible : « la France va mieux » !