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31/01/2017

La Monarchie, c'est l'inverse de la dictature.

Dans le cadre de la nouvelle enquête sur la Monarchie, je discute souvent avec des contradicteurs qui, de bonne foi, affirment des contrevérités historiques autant que politiques. Ma réaction pourrait être de hausser les épaules mais, au contraire, il me semble important de démonter quelques arguments qui, s'ils reviennent fréquemment parfois dans la discussion, n'en sont pas moins un obstacle à la bonne perception de ce qu'a été, est et sera la Monarchie.

 

 

« La Monarchie, c'est la dictature, tout le contraire de la République... »

 

 

Dans l'histoire comme dans le projet contemporain, et c'est de la France dont il s'agit ici, la Monarchie n'est pas une dictature et n'a pas vocation à le devenir, même si la tentation d'un régime autoritaire a pu exister de la part de quelques royalistes lors du premier XXe siècle, furieux de la déliquescence d'une IIIe République qui laissait la voie ouverte à la puissance germanique.

 

Sous l'Ancien régime, la Monarchie était plus fédérative que centraliste, et les provinces, les villes, les métiers avaient de nombreuses libertés, des « franchises et privilèges » disait-on alors, au point que l'historien Funck-Brentano a pu parler d'une « France hérissée de libertés ». Cela n'empêchait pas la construction d'un État central qui s'imposait peu à peu à tous, à un rythme lent mais sans discontinuer et sans, sur le fond, attenter aux « libertés traditionnelles », cherchant plutôt l'équilibre que la démesure. Bien sûr, la nécessaire lutte contre les féodalités ne se faisait pas toujours dans la délicatesse et la raison d’État, en devenant un élément important de l'exercice et de l'essence même de l’État, a parfois justifié des mesures qui ressemblent à celles d'un état d'urgence contemporain. Comme tous les régimes humains, la Monarchie n'est pas « parfaite », en particulier parce qu'elle reconnaît, justement, l'imperfection des hommes, et qu'elle s'en contente sans vouloir forger un « homme nouveau », vieux rêve des utopies que les républicains de 1793 voudront mettre en application, obligés alors d'instaurer un régime de Terreur qui préfigure les totalitarismes du XXe siècle...

 

La Monarchie, aujourd'hui, ne serait pas plus une dictature qu'elle ne l'a été avant 1789 et de 1814 à 1848, cette dernière période étant celle de l'installation définitive d'un système parlementaire qui, sous les Républiques suivantes, a dégénéré en parlementarisme, au moins jusqu'en 1958 et l'instauration d'une République plus « monarchique » que les précédentes sans aller jusqu'à son terme institutionnel logique...

 

S'il y a l'exemple des Monarchies européennes, plus symboliques que décisionnaires, elles ne sont pas forcément représentatives des espérances monarchiques françaises. Mais elles montrent à l'envi que l'idéal monarchique n'a rien de dictatorial, et, dans le cas de l'Espagne, la royauté a permis et a mené une « révolution tranquille » qui, si elle peut parfois nous surprendre, voire nous choquer, a inauguré véritablement une pratique du débat politique décomplexé et un régime parlementaire classique selon les canons européens... Ce dernier exemple ne signifie pas que cette forme de la Monarchie soit exactement adaptée à la France, mais il montre les possibilités démocratiques offertes par une Monarchie locale.

 

La Monarchie « à la française », par son essence même, est le meilleur antidote à la dictature, y compris à celle de l'Opinion publique, souvent versatile et parfois inflammable : en ancrant la magistrature suprême de l’État dans le temps et dans les habitudes, au-delà des intérêts particuliers (et antagonistes, souvent) du moment et d'un lieu, elle peut jouer ce rôle de représentation diplomatique nationale et celui d'un trait d'union entre les diversités françaises, d'un arbitrage permanent et mesuré sans être omnipotent et hyperactif... En somme, tout l'inverse d'une République trop centralisée ou (et ?) trop féodaliste (partitocratique, entre autres) dont l'état d'urgence apparaît désormais comme la défense maladroite, celle d'un régime qui ne croit même plus en sa légitimité propre...

 

 

 

29/06/2016

Brexit... (partie 2) L'abstentionnisme des jeunes Britanniques.

La réaction des jeunes Britanniques en défaveur du Brexit ne surprend guère au regard des promesses toujours renouvelées de la mondialisation et de l’individualisme libéral dominant parmi les jeunes générations : on peut le regretter mais c’est un fait, non un bienfait sans doute, et aucune politique ne peut négliger cette appétence apparente des étudiants et de la jeunesse dorée (mais pas seulement) envers les avantages supposés des libres Marché et échange. Pour autant, faut-il se contenter ou se satisfaire de ce constat ? Ce n’est pas obligatoire…

 

Quelques commentateurs et hommes politiques, dont MM. Moscovici et Juppé parmi les plus virulents, ont vanté la jeunesse et dénoncé ces « vieux » qui ont, selon eux, « gâché l’avenir des nouvelles générations » en votant pour le Brexit. L’âge du second pourrait le desservir, néanmoins, dans cet hymne jeuniste : a-t-il oublié que les « anciens » sont les plus mobilisés durant les élections, y compris en France durant l’élection présidentielle ? D’ailleurs, c’est ce que confirme l’étude de l’âge des électeurs britanniques s’étant déplacés l’autre jeudi, et que rapporte La Croix dans son édition du lundi 27 juin : « 75 % des 18-24 ans et 56 % des 25-49 ans ont voté en faveur du maintien dans l’UE. A l’inverse, 56 % des 50-64 ans et 61 % des plus de 65 ans se sont prononcés pour le Brexit. (…) Ces jeunes ne peuvent pourtant s’en prendre qu’à eux-mêmes : seuls 36 % des 18-24 ans et 58 % des 25-49 ans se sont rendus au bureau de vote contre 83 % des plus de 65 ans… », pour un taux de participation générale de plus de 72 %.

 

Ainsi, les classes les plus « mobiles » et, souvent, les plus instruites ou, du moins, les plus diplômées, si l’on en croit les instituts de sondage, seraient à la fois les plus europhiles et les moins « démocrates », au moins électoralement parlant, préférant l’abstention à l’expression du suffrage.

 

A moins qu’il n’y ait un malentendu : si le vote avait été obligatoire, est-on sûr que les 64 % d’abstentionnistes de moins de 25 ans du jeudi 23 juin auraient forcément voté comme ceux qui se sont déplacés ? Rien n’est moins sûr, en définitive… Peut-être l’abstention signifie-t-elle un désaveu encore plus net de l’Union européenne de la part de cette jeunesse qui pratique l’abstinence des urnes ou, et ce n’est pas forcément plus rassurant pour les européistes même si c’est souvent plus confortable pour ceux-ci et leur pouvoir, une indifférence teintée de fatalisme ou de mépris. Mais l’on peut évidemment avancer l’explication inverse : l’Union européenne serait une telle évidence pour ces jeunes générations qu’elles n’éprouveraient pas le besoin de se déplacer pour le dire par le bulletin de vote. Dans ce dernier cas, c’est bien la démocratie comme mode d’expression électorale et politique qui est en cause…

 

En somme, ce Brexit mérite une attention toute particulière pour tout ce qu’il révèle, au-delà même des faits et de leurs conséquences, et cela non seulement sur la question européenne mais aussi sur les questions politiques et civilisationnelles. Se contenter d’une lecture « unique » serait, à coup sûr et à coût élevé, ne rien comprendre de ce qui s’est passé et, bien plus encore, de ce qui se passe aujourd’hui. « L’Europe légale » aurait grand tort de ne pas entendre ou de se contenter de quelques préjugés rassurants pour elle, mais c’est aussi vrai pour ses opposants…

 

(à suivre)

 

 

11/04/2016

Des primaires partisanes au projet royaliste...

La période est aux primaires : je veux bien sûr parler des consultations destinées à désigner, pour les grands partis et les plus petits parfois, leur candidat officiel respectif, et cette nouvelle mode politique est présentée comme une forme de démocratie plus directe que celle, jadis habituelle, du jeu des forces politiques organisées. Il y a même des primaires « citoyennes » hors partis qui sont proposées aux Français via internet... Pourquoi pas ? Mais pour quoi faire ?

 

Il me semblerait plus intéressant de faire des consultations sur les idées plutôt que sur les hommes (ou femmes) destinés à être candidats lors de la prochaine présidentielle de 2017 à laquelle semble se réduire l'horizon politique aujourd'hui, un an avant l'élection elle-même. Mais cela sans se leurrer, car le système républicain actuel est prisonnier d'autres institutions et calendriers, et la France n'est pas la seule concernée par cette forme de dépossession démocratique : rappelons-nous que les Grecs ont, l'an dernier, voté pour un programme national (contestable ou pas, c'est une autre affaire, et ce n'est pas le sujet présent) que l'Union Européenne a refusé d'avaliser, bien au contraire, et qu'elle a, même, condamné, au nom de ses propres principes et contre toute souveraineté grecque... Malgré les efforts de M. Tsipras, efforts qui ont pu faire illusion jusqu'à l'été, la Grèce n'a pas pu recouvrer son indépendance de gestion et de décision, et Siriza a, en définitive, renoncé à appliquer son programme, se résolvant, dès la mi-juillet, à céder aux injonctions de Bruxelles et de Berlin sans avoir trouvé le moindre soutien effectif près de Paris et des socialistes, décidément fort appliqués à mériter le surnom de « sociaux-traîtres » dont l'ultra-gauche les affuble sans beaucoup de réaction de la rue de Solférino. Regardez donc dans quel état est la Grèce en ce mois d'avril 2016, et vous pourrez constater cette effrayante émigration des jeunes élites hellènes qui trouvent refuge au Royaume-Uni, laissant leur pays natal encore plus démuni et chaque jour, plus appauvri de sa propre matière grise désormais exilée...

 

Néanmoins, peut-on se servir de ces débats au sein des partis pour faire avancer quelques idées qui sont chères au vieux royaliste que je suis ? J'ai pu constater combien, en ces périodes électorales et parce que chaque candidat « à la primaire » cherche le maximum de soutiens (y compris loin de ses propres terres programmatiques d'origine), il est plus facile d'aborder certains sujets, ne serait-ce que parce que les postulants sont plus attentifs à leurs potentiels électeurs...

 

La décentralisation concrète et le redécoupage régional selon des critères à la fois plus historiques et plus « démocratiques », pour permettre à Nantes de retrouver son destin breton, par exemple ; la prise en compte du souci environnemental et la limitation de l'artificialisation des terres, et l'abandon du projet démesuré et dépassé d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, entre autres ; une certaine moralisation de l'activité des grandes banques, pour financer les investissements français, qu'ils soient domestiques (accès à la propriété pour les particuliers) ou publics (grands travaux et innovations) ; etc. Voilà quelques idées que ces multiples primaires peuvent permettre de rendre plus visibles, sans perdre de vue que, en cette République, le dernier mot restera aux grands partis qui, seuls, peuvent permettre, ou non, d'ouvrir le champ des possibles, maîtres qu'ils sont des rouages parlementaires et des signatures nécessaires pour pouvoir concourir au premier tour de la présidentielle...

 

En définitive, ces primaires seront, encore et toujours, l'occasion de rappeler l'importance et la nécessité de nouvelles institutions, non pour servir quelques intérêts particuliers, mais pour servir l'ensemble national, en ses diversités et particularités, en ses peuples et en ses métiers, en fidélité avec son histoire et en prévision de son destin : le projet royaliste, qui peut se résumer par la (re)fondation d'un État digne de ce nom et capable de laisser s'épanouir des libertés civiques aujourd'hui étiolées, est porteur d'une légitimité que la simple légalité présidentielle ou républicaine ne peut incarner... Cette légitimité des services hier rendus et des services à rendre, pour demain encore plus qu'aujourd'hui ; cette légitimité d'une éternité toujours renouvelée face à la légalité d'un instant électoral, vite oublié en ses promesses défaites...