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01/12/2009

Sommet de Copenhague, décembre 2009.

A partir du 7 décembre se tient à Copenhague le Sommet sur le changement climatique, en présence de la plupart des chefs d’Etat et de gouvernement des grandes pays de la planète : il est vrai que les enjeux sont d’importance puisqu’il s’agit de chercher et de trouver des solutions aux problèmes posés par des activités humaines énergivores et polluantes dont les conséquences ne sont pas toutes connues même si certaines apparaissent hautement et dangereusement probables… En fait, les tractations entre puissances ont déjà commencé depuis quelques mois, et celles-ci sont d’ailleurs fort révélatrices des nouveaux rapports de force sur la planète : Chine et Inde sont les pays les plus courtisés par les pays européens pour limiter leurs rejets de gaz à effet de serre, alors même que les puissances émergentes sont en pleine ascension économique ou, plutôt, en pleine affirmation de leur nouvelle puissance, et qu’ils voient les négociations sur le climat comme une manœuvre des pays occidentaux destinée à freiner, au nom de grands principes moraux et environnementaux, cette redistribution des cartes en cours sur la planète…

 

Ce Sommet va-t-il faire avancer les choses ? Les pays européens, et leurs opinions, ont pris conscience du problème climatique. Cela signifie-t-il qu’ils sont prêts, les uns et les autres, à faire quelques « sacrifices » ? Malgré les intentions affichées et les grandes promesses, malgré les attitudes plus responsables des Etats comme des populations, il n’est pas certain que les mesures destinées à limiter les rejets de gaz à effet de serre soient populaires et bien acceptées par les consommateurs : le cas récent de la taxe carbone en France désapprouvée par une grande partie de l’opinion montre la difficulté qu’il y a à passer de la déclaration de principe à la pratique… Et pourtant ! Si elle n’est pas entièrement satisfaisante, cette taxe a au moins le mérite de pousser à la recherche de nouveaux modes de déplacement et à une meilleure gestion (collective comme individuelle) de ceux-ci pour diminuer leur impact environnemental. On imagine aisément que, si cette mesure anodine et relativement indolore (cela dépend évidemment des revenus des personnes concernées) a tant de mal à passer, des mesures plus avancées pour limiter les consommations d’énergies, de matières premières, etc., risquent de se heurter à la bronca des consommateurs et de la grande distribution. La difficulté est surtout de mettre en place une politique de réduction des consommations qui ne soit pas considérée comme une dégradation d’un niveau de vie, trop souvent confondu encore avec la quantité plutôt qu’avec la qualité…

 

La Chine, l’Inde et le Brésil (ce dernier pays s’affirmant lui aussi comme une nouvelle puissance économique soucieuse de jouer sa partition écologique) sont bien conscients des problèmes climatiques de demain, mais ils ne veulent pas sacrifier leur développement actuel à des contraintes dont ils estiment qu’elle répondraient, tardivement d’ailleurs, à des attitudes de consommation et de gaspillage des pays du Nord, et ils s’appuient pour argumenter leur défense sur le niveau de rejet de gaz à effet de serre, non par pays (car, dans ce cas, la Chine vient de ravir la première place aux Etats-Unis...) , mais par habitant, car, dans ce cas-là, ils sont largement en deçà des niveaux des pays du Nord : « l’empreinte écologique » des habitants de nos pays d’Europe ou occidentaux est très supérieure, non seulement à celle des Chinois ou des Indiens, mais à ce qui est raisonnable pour assurer la survie même de la planète.

 

Il y a aussi l’attitude ambiguë des Etats-Unis qui, malgré le succès des théories d’Al Gore sur le changement climatique et des films catastrophes sur ce sujet comme « Le jour d’après », continuent à penser que leur modèle de développement et de consommation « n’est pas négociable » selon la formule célèbre de l’ancien président Bush : M. Obama se rend à Copenhague en sachant fort bien que les mesures qui y seront prises ont peu de chances d’être ratifiées par le Sénat états-unien… Ce double jeu des Etats-Unis risque néanmoins d’être peu apprécié par les autres puissances mais il n’est pas non plus certain, à moyen terme, que cette stratégie soit payante, ne serait-ce que parce que les Etats-Unis ont de moins en moins les moyens de leur politique… et de leur consommation !

 

Quant à la France, si les intentions de M. Borloo et celles avancées par le Grenelle de l’environnement sont fort honorables, il n’est pas certain, là encore, que la volonté politique puisse, ou veuille, s’imposer (et parfois s’opposer) aux intérêts économiques des grandes sociétés et de la grande distribution dont la responsabilité dans les processus de production et de consommation est encore trop négligée, à tort : « l’hyperconsommation » qui est désormais le propre d’une société de consommation comme la nôtre continue de développer sa logique périlleuse à terme, autant sur le plan environnemental qu’elle l’est sur le plan moral ou spirituel, celle du « Consommer pour produire », fort bien dénoncée en son temps par l’essayiste royaliste Pierre Debray. D’autre part, sa stratégie de « séduction » poursuit ses ravages, en particulier dans les jeunes générations : au-delà du symbolique téléphone portable aux déclinaisons multiples et constamment renouvelées, devenu un « besoin » quand il n’était à l’origine qu’un « gadget », c’est tout un système de pensée et de valeurs qu’il faut remettre en cause, et il n’est pas sûr que nos sociétés en soient capables ou en aient la volonté. Dans ce cas, c’est au Politique d’intervenir et d’agir, « avant qu’il ne soit trop tard ». Mais, une République qui s’appuie sur des clientèles électorales qu’il faut savoir ménager pour conserver le Pouvoir peut-elle engager de grands projets environnementaux sur le long terme et faire comprendre que quelques efforts sont nécessaires pour préserver ce qui doit l’être ? D’autre part, peut-elle s’engager pour une politique de sobriété consumériste quand la tête de l’Etat elle-même semble plus préoccupée par les apparences et le « bling-bling » que par les « œuvres de la nature » ?

 

Copenhague, en somme, n’est qu’une étape dans un processus plus long et lent de prise de conscience générale du fait que « les hommes ne peuvent commander à la nature qu’en lui obéissant » : mais c’est au Politique de jouer son rôle de protection des intérêts communs, au sein de chaque Etat ou groupe d’Etat, au contact et avec le consentement (qu’il faudra susciter et cela ne sera pas toujours facile…) des populations concernées. Aux Etats et aux gouvernements, et non à une dangereuse gouvernance mondiale qui se parerait des vertus écologiques pour mieux imposer sa globalisation qui, en définitive, oublierait ou nierait ce qui fait la nature des hommes et, au-delà, de leur environnement…

 

30/09/2009

La bouderie des électeurs de Droite dans les Yvelines.

La démocratie électorale repose sur le principe de la majorité des suffrages exprimés et, dans le cas d’un affrontement entre deux candidats, de 50 % plus une voix : voilà pour le principe mais quand l’écart entre deux « finalistes » du deuxième tour n’est « que » de 5 voix, comme cela vient d’arriver dans mon ancienne circonscription de vote des Yvelines, cela entraîne évidemment des contestations du résultat de la part du perdant et de ses soutiens, et il est bien possible que les électeurs soient rappelés aux urnes en janvier prochain…

 

Au-delà de cette anecdote, il est intéressant de constater d’une part l’érosion de l’électorat de l’UMP dans la circonscription où Christine Boutin faisait régulièrement des scores d’environ 60 % (58 % à sa dernière législative de 2007), d’autre part, la poussée des Verts capable de sérieusement menacer un « bastion de la Droite » au point de pouvoir espérer s’en emparer à la prochaine échéance électorale !

 

En fait, il est plusieurs remarques à faire : d’abord, le contexte local lui-même joue beaucoup plus encore quand l’élection se fait hors du calendrier national électoral. Dans ce cas, deux éléments me semblent avoir compté plus que d’autres : la question environnementale et la mise à l’écart de la représentante d’une certaine Droite « catholique sociale », autant du gouvernement que de la direction du département.

 

La question environnementale : le circuit de Formule 1 voulu par l’ancien « patron » du département, M. Bédier (UMP), a détourné (momentanément) une partie de l’électorat habituel de la Droite, agacé par l’acharnement des dirigeants locaux de l’UMP à vouloir imposer un circuit dont peu de gens veulent l’installation dans les Yvelines. Doit-on rappeler que cette même volonté de la part de l’ancien maire de Versailles (M. Etienne Pinte) et de son successeur annoncé (M. Devys) a coûté la Mairie de Versailles à l’UMP en 2008, lorsque les électeurs ont voté nettement contre le promoteur de ce circuit prévu à l’origine à Versailles-Satory ? A l’époque, c’est un candidat de Droite modérée, indépendant des partis nationaux, qui avait profité de ce rejet. Cette fois, c’est une candidate des Verts…

 

Il est aussi un autre élément de la question environnementale qui peut avoir un impact sur le vote local, c’est la construction prévue de nouveaux axes routiers à travers les campagnes yvelinoises, aux dépens des paysages, des activités agricoles et du repos des habitants. Cette politique routière, qui tient peu compte des citoyens des lieux et risque d’aggraver les conséquences de la rurbanisation, est régulièrement dénoncée par de nombreux élus (y compris de Droite) mais il semble que la contestation de celle-ci ait trouvé un débouché politique et électoral avec le « vote Vert » : l’UMP devrait s’en soucier avant de perdre le département, ce qui n’est plus impossible désormais…

 

D’ailleurs, le prochain test électoral dans les Yvelines et qui, lui aussi, se tient sur fond de « circuit de Formule 1 » et de « nouvelles routes », a lieu dimanche prochain, à Poissy : malgré la forte personnalité de David Douillet, candidat de l’UMP, comment réagiront les électeurs à l’égard d’une Droite désormais associée (à cause de l’obstination incompréhensible de M. Bédier et de ses soutiens) à ces problèmes automobiles ? Réponse dimanche prochain, voire aussi celui d’après.

 

Il y a une deuxième remarque à faire, qui touche, celle-ci, à Christine Boutin, ancien député de la circonscription et actuelle dirigeante du Parti Chrétien-démocrate : son éviction brutale d’un gouvernement où elle n’a pas réussi à jouer sa partition particulière (comme jadis Corinne Lepage, prise dans les rets d’une administration républicaine kafkaïenne et routinière, plus technocratique encore que politique) a été peu appréciée, tout comme a été peu appréciée l’attitude plus qu’hostile des autres partis de l’UMP (et de M. Bédier, aujourd’hui hors-jeu pour des raisons peu honorables…) dans les Yvelines quand elle a émis le souhait de prendre la tête du conseil général.

 

Du coup, même si son successeur n’est autre que son ancien suppléant, membre de son nouveau parti chrétien, il a souffert de la démobilisation de l’électorat traditionnel de Madame Boutin, désireux de prendre ses distances ou de montrer sa mauvaise humeur à l’égard d’un gouvernement qui autorise l’ouverture des magasins le dimanche et qui privilégie la « modernité » au détriment des traditions et des paysages. C’est un avertissement, d’une certaine manière, sans frais, et qui a failli coûter un siège à l’UMP et à un député qui, pourtant, s’est battu lui aussi contre la banalisation du travail dominical (mais c’est le gouvernement qui, paradoxalement sur ce sujet, a été visé à travers lui…)  : il faudra voir si, lors des prochaines élections, cette mauvaise humeur de la « Droite traditionnelle » s’apaise ou si, au contraire, elle tourne à la bouderie systématique, entre abstention et vote protestataire.

12/02/2009

Société de consommation, toujours...

Le Centre de Documentation du lycée vide ses placards et certains livres, désormais négligés par les élèves, sont mis à la disposition de qui les veut, dans la salle des professeurs, ce qui me permet d’enrichir utilement ma bibliothèque : ainsi, en fin d’après-midi, ai-je récupéré un livre publié dans la Collection « liberté de l’esprit » (dirigée par Raymond Aron, un ancien élève du lycée, d’ailleurs) à la veille des années 70, écrit par Vance Packard (en 1960) et intitulé « L’art du gaspillage ». Le titre lui-même m’a attiré et je ne regrette pas d’avoir emporté ce livre dans lequel je me suis plongé, une fois la lecture des dossiers de TPE terminée.

La citation de Dorothy L. Sayers qui ouvre l’ouvrage est, en fait, une réflexion qui mériterait d’être diffusée et méditée en ces temps de crise, et permettrait aussi, sans doute, de penser différemment de cette tendance majoritaire actuelle qui parle constamment de relance sans en penser ni en peser les conséquences environnementales ni les alternatives possibles au modèle de développement contemporain : « Une société où la consommation doit être stimulée artificiellement pour maintenir la production est fondée sur la pacotille et le gaspillage et ressemble à une maison bâtie sur le sable. » N’est-ce pas effectivement la définition de la présente société de consommation ?

Cela rejoint la formule fordiste que j’évoque régulièrement pour expliquer aussi le principe de notre société : « Consommer pour produire ». Lorsque la consommation des populations faiblit, la croissance elle-même donne des signes de faiblesses et la « récession » n’est pas loin, dit-on. En fait, le principe de la société de consommation est une sorte de « toujours plus », de spirale consommatrice sans fin, mais qui, en fin de compte, endette nos générations et celles qui suivent pour les siècles à venir, autant sur le plan économique qu’écologique.

Il me semble qu’il est dangereux de continuer à consommer au même rythme que les décennies précédentes, en particulier alors que le nombre d’habitants de la Terre augmente encore chaque année d’environ 80 millions, c’est-à-dire d’autant de consommateurs, et que l’on commence à apercevoir les limites des ressources renouvelables comme des autres.

Mais la grande difficulté actuelle, c’est de trouver (retrouver ?) un mode de vie moins dispendieux, plus respectueux des équilibres naturels et sociaux, où la qualité soit privilégiée par rapport à la quantité. C’est aussi un enjeu du combat politique contemporain, par la volonté d’inscrire dans l’action de l’Etat la « juste mesure environnementale », sur le long terme et dans la suite des générations : d’où cette monarchie que je prône, non comme un caprice ou une lubie, mais comme la garantie d’une « longue mémoire de l’avenir »…