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08/01/2012

Quand le royaume de Danemark donne l'exemple écologique.

Depuis le 1er janvier c'est le royaume du Danemark qui préside l'Union européenne, sans pour autant être dans la zone euro, ce qui ne devrait néanmoins pas gêner sa parole et son action. Cette « démocratie royale », selon l'expression du professeur Guy Antonetti, est aujourd'hui figurée et dirigée par deux femmes : la reine Margrethe II tout d'abord, souveraine depuis 1972, et le Premier ministre, Mme Helle Thorning-Schmidt, de tendance social-démocrate (centre-gauche). Ces deux femmes ont un point commun que l'on oublie souvent de signaler, c'est leur attachement à la préservation de l'environnement.

 

Justement, cette présidence danoise de l'Union, qui ne veut pas se mêler des affaires internes de la zone euro, n'en a que plus de temps à consacrer à ce qui lui semble (à raison, d'ailleurs) primordial, c'est-à-dire une nouvelle orientation plus « écologique » de l'ensemble européen à 27, moyen de sortir de la spirale infernale d'une crise économique qui est aussi la conséquence des mauvais choix de la Société de consommation : « La première tâche de la présidence danoise de l'Union européenne sera de prendre des mesures conjointes pour mettre la crise économique derrière nous. Nous devons renforcer la base en faveur d'une croissance responsable et de l'emploi », comme le déclare Mme Thorning-Schmidt. Au-delà du discours plutôt convenu, il est intéressant néanmoins de voir quelles sont les mesures proposées et leur impact sur l'empreinte écologique de l'Union européenne, aujourd'hui trop forte pour être, à moyen comme à long terme, acceptable, autant pour la planète que pour les citoyens des États européens.

 

« Pour y parvenir, le Danemark a une botte secrète : la croissance verte. La première décision pour la favoriser devrait être l'adoption d'une directive sur l'efficacité énergétique, dont l'objectif sera d'encadrer le respect des engagements européens en matière d'énergie. Il s'agit de l'objectif des triple 20 : 20 % d'émissions de gaz à effet de serre en moins, 20 % d'énergies renouvelables et une baisse de 20 % de la consommation d'énergie d'ici à 2020. » (La Tribune, 2 janvier 2012). Bien sûr, la formule de « croissance verte » peut soulever quelques critiques sur sa crédibilité dans un monde terrestre aux ressources forcément limitées, et l'on peut préférer une « a-croissance » ou une « décroissance » dont, d'ailleurs, modalités et mise en pratique restent encore à définir ou à préciser. Mais est-ce le plus important aujourd'hui, à l'heure où il s'agit d'abord de freiner « la course à l'abîme » et de trouver quelques propositions pour entamer une « descente en douceur » vers un monde plus raisonnable et, donc, moins énergivore et moins consommateur de biens comme d'espaces ?

 

Il y a forte nécessité d'accélérer, en fait encore plus qu'en droit, la diminution de la facture énergétique, autant sur le plan financier que sur le plan physique : les ressources s'épuisent plus vite que ne s'apaise la soif énergétique de nos sociétés, ce qui, à plus ou moins long terme, nous entraîne vers un monde instable et belligène mais aussi de moindre qualité environnementale, du fait d'une pollution atmosphérique et d'un dérèglement climatique que nous avons de plus en plus de mal à maîtriser, faute d'y avoir prêté attention à temps.

 

Il est heureux que le petit royaume de Danemark, qui, dans l'histoire, a parfois montré le chemin de l'honneur et du courage dans les moments les plus sombres du XXe siècle, soit encore celui qui en appelle à la responsabilité des États européens pour faire avancer la cause environnementale, même s'il est à craindre de fortes résistances parmi les gouvernements les plus inféodés aux milieux financiers et économiques pour lesquels « l'efficacité et la compétitivité » comptent plus que la préservation des écosystèmes et de la qualité de la vie ! La France, malgré la campagne présidentielle qui gêne l'action de l'État et autorise malheureusement toutes les démagogies, aurait tout intérêt à soutenir fermement les propositions et initiatives du Danemark : de par sa superficie métropolitaine, de par l'importance de son Outre-mer et de sa Zone économique exclusive, la France a un poids non négligeable qu'il conviendrait de mettre dans la balance pour la faire pencher du bon côté ! Cela serait aussi la preuve que le Grenelle de l'environnement n'est pas qu'un lointain souvenir mais qu'il a ouvert une voie nouvelle vers une écologie politique bien nécessaire pour « cet avenir que tout esprit bien-né souhaite à sa patrie », selon la formule maurrassienne.

 

 

03/07/2010

Le baiji aurait-il pu être sauvé ?

Dans l’indifférence quasi générale, le dauphin d’eau douce du Yang Tsé Kiang nommé « baiji » a été déclarée « espèce éteinte » il y a quelques années : c’est une très mauvaise nouvelle pour ceux qui sont attachés à la vie et à ses différentes formes animales comme végétales, à cette biodiversité qui fait la richesse de notre planète. Mais elle n’est malheureusement pas isolée et d’autres espèces disparaissent, désormais à un rythme de plus en plus rapide…

 

Mais gémir ne sert à rien si l’on ne propose rien pour empêcher cette dégradation de notre planète. Personnellement, je pense qu’une volonté écologique forte à la tête de l’Etat peut faire bouger les choses dans un sens positif : création de réserves plus vastes pour la préservation et la reproduction d’espèces aujourd’hui en déclin (y compris la petite faune mais aussi la flore), réserves terrestres, fluviales et maritimes bien sûr ; prises en charges (ou aides circonstanciées et programmatiques) d’espèces menacées dans certains pays du Sud aujourd’hui incapables (financièrement, s’entend) de pouvoir faire face aux menaces sur l’environnement, par la construction de partenariats privilégiés ; etc.

 

Si la question du baiji, connue depuis longtemps, avait fait l’objet d’un plus grand soin sur le plan international, l’espèce aurait pu être sauvée, par exemple par un programme de reproduction dans une « zone réservée » appropriée dans un fleuve d’un autre pays susceptible de prendre en charge un tel programme. En offrant un partenariat avec la Chine sur ce sujet, beaucoup de choses auraient été possibles : pensons-y pour les autres espèces menacées.

 

Pas certain que la République actuelle, en France, qui vit de l’élection et, donc, des intérêts particuliers, voire individualistes, soit en mesure de répondre aux attentes environnementales, et le « Grenelle de l’environnement » n’a été, malheureusement, qu’une ébauche plus qu’une réalité écologiste… J’avais fini une intervention à un banquet d’AF par la formule « Pour que vive la vie, vive le roi », et les événements confirment mes impressions : il n’y aura pas de politique environnementale durable sans un Etat durable, c’est-à-dire inscrit dans la durée, par la continuité, c’est-à-dire la Monarchie à transmission héréditaire.

14/12/2009

Copenhague ne suffira pas...

Négociations et marchandages vont bon train à Copenhague, mais ce Sommet sur le climat va-t-il vraiment changer la donne et permettre de véritables avancées sur la question environnementale ? Rien n'est moins sûr. Certes, ce Sommet n'aura pas été totalement vain car sa médiatisation, forte surtout en Europe, aura sans doute aidé à une certaine prise de conscience des dangers d'une consommation effrénée et « illimitée » des produits de la terre, sous toutes leurs formes. Mais, dans la pratique, les habitudes consuméristes et « consumatrices », terme qui conviendrait bien à la situation de nos sociétés énergivores, sont loin d'avoir cédé la place à la sobriété raisonnable que semble commander aujourd'hui l'état des ressources de la planète. Sobriété qui n'est pas privation mais meilleure utilisation de ce qui est : est-il en effet normal que 40 % de l'alimentation disponible aux Etats-Unis soit purement et simplement jetée ou détruite, et cela au moment même où plus d'un milliard de personnes souffrent de sous-alimentation dans le monde ? (1)

 

D'autre part, ce Sommet aura révélé quelques hypocrisies et quelques manœuvres qui montrent que certains, dans une logique à court terme, ne cherchent qu'à déplacer sans le résoudre le problème des pollutions climatiques : ainsi, lorsque les pays de l'Union européenne s'engagent à diminuer de 30 % leurs émissions de gaz à effet de serre, ils oublient d'y inclure les entreprises européennes implantées (délocalisées le plus souvent, pour vendre à bas coûts leurs produits en Europe...) dans les pays du Sud tout en priant la Chine et l'Inde (entre autres) de diminuer, non plus leurs rejets de produits polluants dans l'atmosphère (les pays du Sud s'y refusent pour des raisons liées à leur propre développement), mais leur « intensité carbone », c'est-à-dire de diminuer le taux de carbone rejeté par unité produite. Or, cela n'est évidemment pas suffisant pour garantir l'avenir mais les pays de l'UE, comme les Etats-Unis d'ailleurs, veulent ainsi continuer à pouvoir consommer sans payer plus maintenant, en laissant donc aux générations suivantes le soin d'affronter les difficultés environnementales et climatiques... On touche là à la logique de la Société de consommation, à cette spirale infernale du « Consommer pour produire » qui oublie de prendre en compte les limites de la nature et qui risque de mener, un jour, à l'effondrement dramatique des sociétés humaines ou à leur confrontation brutale, avant même des catastrophes climatiques dont on ne sait pas grand-chose malgré les projections apocalyptiques de certains qui jouent à se faire peur sans chercher à faire jouer, d'abord, leur intelligence et leur raison.

 

Il n'est pas inutile de revenir à ces propos écrits au siècle dernier par Charles Maurras et qui méritent d'être, aujourd'hui comme demain, entendus : « Non, la nature, non, le jeu spontané des forces naturelles ne suffisent pas à établir l'équilibre économique.

Mais prenons garde ; ces lois, auxquelles il serait fou de vouer une confiance aveugle et mystique, il serait encore plus fol de les négliger.

Cultivons, tourmentons, forçons même l'ample et bizarre sein de la vieille nature, ajoutons à ses forces nos forces et notre sagesse, notre prévoyance et notre intérêt, doublons-les partout de nous-mêmes. Mais sachons que nous ne commanderons aux choses qu'à la condition de leur obéir. Moissonner en hiver, vendanger au printemps, voilà l'impossible. Avant de moissonner et de vendanger, connaissons le temps naturel des vendanges et des moissons. Et, si nous voulons influer en l'améliorant sur l'ordre économique, connaissons-le. Par-dessus tout, appliquons-nous bien à n'en méconnaître aucun fait essentiel. Nous payerions comme toujours ces oublis et ces ignorances ou plutôt notre peuple payerait notre grande erreur. »

 

Ce que Maurras évoquait pour l'économie est aussi valable pour l'environnement et doit nous rappeler qu' « on ne commande à la nature qu'en lui obéissant », règle simple que les Etats devraient inscrire en tête de toute déclaration finale de ce Sommet de Copenhague s'ils en étaient véritablement conscients... Et, malheureusement, si le pire n'est jamais certain, il semble bien que nous soyons encore loin du meilleur...

 

 

 

Notes : (1) : chiffre tiré de l'enquête scientifique publiée dans la revue états-unienne « PLOS One » de novembre 2009.