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26/04/2010

L'Union européenne et la Grèce : histoire d'une hypocrisie ?

La Grèce paie un prix très lourd à la démagogie et à l’illusion européistes, celles qui consistaient à accepter des pays dont les comptes publics n’étaient pas sûrs et étaient reconnus comme tels, mais elle a aussi sa part de responsabilité, indéniable, dans ce cauchemar qui, à terme, pourrait entraîner une déroute de l’euro et de l’Union européenne face aux Marchés et à ses concurrents, déjà loin devant depuis la crise (encore un mot-concept né en Grèce…) de 2008 (qui n’est jamais que la suite logique de celle de 2007 née aux Etats-Unis !), révélatrice et accélératrice des transferts de richesses et de pouvoirs des pays anciennement industrialisés aux pays émergents et en particulier à la Chine.

 

Souvenons-nous, la fin de l’année 2001, à quelques mois de l’entrée de l’euro dans les poches des citoyens d’une dizaine de pays : l’euro était partout vanté comme un véritable « bond en avant » (la formule aurait dû appeler à plus de prudence, au regard de ce qu’elle avait pu signifier en Chine quelques décennies auparavant…), un remède permanent contre les crises tout comme il signifiait la « solidarité européenne » : une monnaie unique avant une Europe unique, en somme. Et quand la Grèce avait annoncé, triomphalement, qu’elle répondait aux critères d’admission dans la zone euro, les membres de la Commission européenne avaient vanté les vertus d’une aventure monétaire qui, par sa seule existence, permettait des « miracles » et « moralisait les politiques économiques et sociales » (sic !)… J’exagère ? Et non ! Il suffit juste de se replonger dans la lecture des journaux de l’époque pour relire, à longueur de colonnes et de déclarations toutes plus assurées les unes que les autres, ce que je viens de résumer en quelques lignes ! Faîtes l’expérience, mais attention : c’est cruel pour ceux qui « y ont cru » et qui, aujourd’hui, voient leur beau rêve s’effondrer dans les cris, la fureur et les larmes…

 

Mais, aujourd’hui, que faire ? Car il peut être réjouissant de constater que l’on a eu raison jadis et que les événements viennent confirmer nos anciennes prédictions, mais cela n’est guère politique et s’avère tout aussi inutile pour résoudre la crise que pour envisager l’avenir.

 

D’abord, comprenons bien que, pour l’heure, l’euro existe et qu’il faut en tenir compte : la politique n’est pas de nier ce qui est mais de changer ce qui est si besoin est. Certes, à écouter les économistes sur BFM (émission « Good Morning Week-end », ces dernières semaines), l’euro est « mal barré » (les mots choisis étaient parfois plus rudes encore !), et la géographie de la zone euro pourrait être modifiée plus rapidement qu’on ne le croit, par exemple par la sortie de la Grèce ou de l’Espagne… En attendant, la Grèce, acceptée jadis sur des comptes falsifiés par une Commission européenne trop contente d’inscrire un onzième pays dans la zone euro (sur quinze pays à l’époque dans l’UE) pour forcer la main au Royaume-Uni (qui, plus prudente, ne voulait pas renoncer tout de suite à sa souveraineté monétaire), est encore dans cette zone euro et, même si elle n’y était pas (ou plus…), il me semble logique de ne pas l’oublier et surtout de ne pas la laisser tomber au moment où les errements des uns et des autres l’ont mené au bord d’un précipice dont on n’aperçoit pas le fond… Car, si l’Union européenne existe, n’est-ce pas « pour le meilleur comme pour le pire » ? Ou alors, tous les discours sur « l’unité européenne », sur cette grande fraternité des peuples du continent (mal défini au demeurant…), ne seraient-ils que du vent et le simple alibi d’une construction économique qui oublie les hommes pour ne voir que « les affaires », ce que les Anglo-saxons nomment « le business » ? J’ai bien peur que la construction européenne ne soit aujourd’hui plus que celle d’un vaste supermarché où règnent la concurrence et la loi du plus fort, et où les salariés et les peuples servent de variables d’ajustement… L’attitude des banques européennes, renflouées par les Etats et soutenues par la Commission européenne, est, à cet égard, scandaleusement révélatrice, sans parler de la banque états-unienne Goldman Sachs dont on découvre chaque jour un peu plus qu’elle a participé, et participe toujours, à une vaste manipulation des spéculateurs contre les finances et les économies de la zone euro !

 

Je ne suis pas un européiste fervent, c’est le moins que l’on puisse dire : mais je ne supporte pas non plus l’hypocrisie qui consisterait, pour ceux qui se disent ou veulent « européistes », à dénier à la Grèce sa place dans l’Union parce qu’elle serait « un poids pour l’Europe »… D’autant plus que ce sont souvent les mêmes qui vantent, à longueur de colonnes, les beautés de la mondialisation, de l’ouverture au monde que celle-ci représenterait, et les vertus du libre-échange ! Or, le premier des devoirs de l’Union européenne n’est-il pas d’aider ses propres membres quand ceux-ci souffrent, et même si, je le répète, la Grèce est en grande partie responsable de ses souffrances actuelles ? Ou alors, et cela confirmerait un sentiment ancien (et que je pensais disparu) en mon for intérieur, l’Union européenne n’est qu’une vaste escroquerie destinée à faire avaler la pilule d’une mondialisation libérale (ou plutôt « libéraliste ») aux citoyens des Etats qu’on a progressivement désarmé de leurs attributs souverains et politiques pour les rendre inoffensifs face à la « gouvernance mondiale », nouveau nom du règne de l’Argent au niveau mondial, nouvel argument et nouvelle stratégie de cette « fortune anonyme et vagabonde »  (formule qu’il s’agit de lire et de comprendre littéralement) qui se moque bien du sort de la planète et de ses habitants et ne pense qu’en termes de rentabilité et de profits...

 

Les masques tombent, et le (vrai ?) visage de l’UE apparaît aujourd’hui sous les traits hideux de l’égoïsme et du cynisme ! Et pourtant, tout nationaliste français que je sois, attaché au sens capétien de l’Etat et de la géopolitique, fidèle à « une certaine idée de la France » qui implique des devoirs envers les plus faibles, je suis persuadé qu’il y aurait d’autres moyens pour animer et faire vivre, aux yeux des citoyens comme du monde entier, cette « Union européenne » aujourd’hui oublieuse des leçons de l’histoire et des réalités humaines et sociales. Mais, pour donner un autre sens à l’Union, encore faudrait-il travailler à rendre, en France, au plus « démocratiquement proche » de nous, un autre visage à l’Etat et à sa magistrature suprême… En somme, une Monarchie sociale, un Etat « à cœur humain », responsable et libre, capable de rendre son véritable sens au politique, sens qui peut se résumer en un verbe : « servir » !

04/04/2010

L'euro sans le social : une catastrophe annoncée...

La lecture de quelques articles datant d’avant la mise en place de la monnaie unique européenne s’avère parfois fort instructive : ainsi celle de ceux publiés par la revue « Géopolitique » dans l’année 1996 sous le titre général de « Monnaie unique : le débat interdit. ». J’ai en particulier relevé l’article du professeur d’économie politique Wilhelm Hankel, fort critique sur le concept même de cette monnaie, à l’époque encore annoncée et pas encore pratiquée : le titre, qui à l’époque pouvait choquer certains, résonne étrangement et douloureusement aujourd’hui : « La dynamite qui fera sauter l’Europe »… Il est vrai qu’au regard des propos fort peu amènes et très peu solidaires des dirigeants allemands, chancelière en tête, à l’égard des Grecs, le titre apparaît prémonitoire !

 

Il est d’autant plus intéressant de relire cet article que, toujours à l’époque, qui osait remettre en cause les bienfaits annoncés de l’euro passait alors pour un « retardé » ne comprenant rien aux lois de l’économie ou, pire, un nationaliste grincheux, voire dangereux ! Pourtant, l’histoire nous enseigne tout de même une certaine prudence à l’égard des « pensées magiques » ou des idéologies obligatoires… Et le vieux royaliste que je suis, toujours inquiet pour les siens (au sens large du terme), préférait aussi penser aux risques et aux conséquences d’un échec pas totalement impossible de cet euro trop beau (y compris dans les manuels scolaires des années 1990, à relire pour saisir certains aveuglements du moment…), trop vanté pour être totalement rassurant, voire honnête ! Non que je souhaitais forcément cet échec mais que je ne voulais pas méconnaître cette possibilité, tout simplement : un homme averti en vaut deux… Sans doute aussi de ma part une application de la méthode maurrassienne de « l’empirisme organisateur » tant de fois rappelée dans les cercles d’études de l’Action Française : en somme, prudence et humilité, ce qui n’empêche pas l’audace mais évite, ou cherche à éviter, la course à l’abîme.

 

L’euro a été fait et il a déçu, et il déçoit : l’idée elle-même d’une monnaie européenne était-elle forcément mauvaise ? Peut-être pas, sauf qu’il me semble qu’une « monnaie commune » plutôt qu’unique aurait été plus crédible et plus pratique, laissant aux Etats, en même temps que leur monnaie respective, une part de souveraineté monétaire et donc la possibilité d’adapter leur politique propre aux contextes et aux enjeux du moment… Cette cohabitation de monnaies nationales et d’une monnaie commune européenne était-elle possible ? Oui, et elle avait d’ailleurs été évoquée avant que la monnaie unique ne soit adoptée.

 

Que disait d’ailleurs cet universitaire allemand cité plus haut ? Que la monnaie unique était « prématurée – aucune des économies européennes n’a atteint une maturité suffisante pour elle, c’est ce que révèlent les soi-disant critères de convergence qui ne sont rien d’autre que l’aveu qu’elle est irréalisable sans sacrifices substantiels et sans dommages sociaux. » Effectivement et comme le souligne plus loin ce même économiste, c’est le social qui fait les frais de cette politique de monnaie unique, mais cela était annoncé par le Traité lui-même : « On n’y trouve même pas le mot « social » », au chapitre portant sur la politique monétaire, rappelle-t-il ! De plus, « les critères ne s’appliquent qu’à l’accès à l’Union monétaire et non pas à l’appartenance à celle-ci – raison pour laquelle il faut sans cesse améliorer le Traité ». Il faut relire ces lignes car elles disent tout de la situation actuelle de la Grèce et des difficultés qu’elle rencontre aujourd’hui, après son entrée « indélicate » dans la zone euro, indélicate au regard de ses manœuvres plutôt frauduleuses mais sur lesquelles la Commission européenne avait alors fermé les yeux (pour des raisons aussi peu honorables que les pratiques hellènes, mais plus idéologiques qu’économiques…). Elles disent aussi l’hypocrisie d’une Union européenne qui a « oublié », régulièrement et naturellement, « le social », au point que toutes les campagnes européennes se font désormais, à gauche (et plus en France qu’ailleurs…), sur cette antienne, preuve a contrario s’il en fallait que l’actuelle Union n’est guère sociale et n’a pas été construite sur cette préoccupation pourtant nécessaire à l’harmonie des sociétés humaines et politiques !

 

Les royalistes ne cessent de clamer que « l’économie doit être au service des hommes » et non au profit de quelques uns, aussi brillants soient-ils : sans justice sociale, il n’y a pas d’équilibre social qui tienne ! Que l’euro ait été pensé (et validé) sans référence au social explique aussi les souffrances des salariés, mais aussi la colère populaire qui monte, en Grèce, au Portugal et en France, entre autres…

 

 

 

 

 

(à suivre)

 

 

 

29/03/2010

L'euro, disiez-vous ?

Depuis quelques semaines, la Grèce est à la « une » de l’actualité de l’Union européenne mais aussi, par voie de conséquences, la monnaie unique de la zone euro, désormais fragilisée au point que la presse et les analystes s’interrogent sur sa pérennité ou sur sa « nouvelle géographie » (avec ou sans les pays méditerranéens, en somme) ! Ainsi, samedi dernier (28 mars 2010), « Le Journal du Dimanche » titrait : « L’euro va-t-il exploser ? » tandis que le site de l’hebdomadaire « Marianne » a déjà consacré de nombreux articles et tribunes à ce sujet avec des titres parfois surprenants, non au regard de sa ligne éditoriale mais de ce que le discours officiel (et les manuels de géographie et d’éducation civique, mais aussi d’histoire de Terminale) n’a cessé de proclamer depuis plusieurs d’années…

 

Qui nous aurait dit que, un jour, l’euro serait menacé dans ses fondements mêmes et que « l’Europe », ou plutôt sa caricature actuelle baptisée « Union européenne », ferait mentir la formule « l’union fait la force » ? Qui ? Mais, nous ! Je veux dire la poignée de militants royalistes qui, au sein de l’Action Française et parfois bien au-delà d’elle ou ailleurs, ne cessait de répéter « casse-cou » dans les années 90 et apposait des autocollants fleurdelysés « L’euro c’est le mark », constat dénié à l’époque d’un haussement d’épaules par les européistes et « progressistes » de tout poil, constat aujourd’hui répété dans tous les journaux, du « Figaro » aux « Echos », et sur toutes les radios !

 

Il ne s’agissait pas alors, de notre part, de « germanophobie » facile ou d’« euroscepticisme » frileux mais simplement de l’application de cette fameuse méthode de « l’empirisme organisateur » chère à Maurras : dans une fédération, fut-elle monétaire, il faut un fédérateur, et dans le cas de l’euro, ce ne pouvait être, au regard des finances et des économies des pays de l’UE mais aussi des stratégies de chacun, que l’Allemagne qui, d’ailleurs, vantait alors par la bouche des politiques allemands la monnaie unique sous le nom de… « europamark » ! Alors même que le premier nom de la monnaie européenne, voulu par le président Giscard d’Estaing dans les années 70, était « l’écu », récusé par ces mêmes Allemands car… « trop français » !

 

Ainsi, ceux qui découvrent aujourd’hui les « choses » (je parle de tous ces experts économistes qui ne juraient que par « l’Europe, l’Europe, l’Europe !!! » en négligeant les réalités, même les plus visibles et évidentes) manquent-ils souvent d’humilité et l’on pourrait, cruellement, les rappeler à leurs propres textes et déclarations. Il faudra le faire, mais non par revanche, toujours mal placée et, en définitive, inutile (car il n’est de pire sourd qui ne veut entendre, comme le dit le proverbe), mais pour éviter de refaire certaines erreurs et surtout pour sortir de la crise actuelle, par le haut ou par le côté, mais en évitant, autant que faire se peut, le pire, c’est-à-dire l’affaissement définitif de notre France et de ses partenaires européens, ou l’asservissement aux puissances financières, qu’elles soient étrangères ou non.

 

En tout cas, dans cette crise qui n’est pas « finale », contrairement à ce que certains affirment avec une sorte de joie malsaine à défaut de proposer des solutions de rechange, l’on peut constater que la solidarité européenne n’existe pas vraiment et que l’Allemagne est le vrai maître de l’UE sur le plan économique mais aussi financier, au point que c’est elle et elle seule qui semble détenir, sinon les cordons de la bourse, du moins les « réponses »… Que la crise ait révélé avec autant de force cette réalité que nous n’avons eue de cesse de répéter avant même la naissance de l’euro ne nous réjouit pas forcément, mais elle ne nous surprend pas non plus. L’urgence est, sans doute et le plus tôt possible (formule peut-être maladroite, mais qui rappelle que certains oublient « l’ordre des choses », même lorsqu’il y a le feu à la maison…), d’en tenir compte pour donner à la France les moyens de rétablir l’équilibre au sein de la zone euro, en attendant éventuellement mieux : c’est une urgence qui n’est pas qu’économique ou budgétaire, mais d’abord et avant tout politique !