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17/01/2012

Costa Concordia : un naufrage si tristement symbolique...

Un paquebot qui s'échoue près d'une île italienne, puis chavire et s'enfonce dans l'eau au risque d'entraîner avec lui les milliers de touristes qui s'y trouvaient : juste un siècle après, le luxueux paquebot Costa Concordia, véritable ville flottante et joyau de sa compagnie, a rejoué, en moins homicide tout de même, le drame du Titanic !

 

En écoutant les informations et les commentaires sur ce naufrage, il m'est venu quelques réflexions, que je livre ici, ne serait-ce que parce que ce drame est, en fait, beaucoup plus chargé de sens qu'on pourrait le croire au premier abord.

 

1. Ce qui frappe l'esprit lorsque l'événement survient, c'est d'abord « le déni de réalité » : alors que la coque est déchirée et que, dans certaines parties du bateau, les lumières sont désormais éteintes, faute d'électricité, l'ordre d'évacuation n'est pas donné et le commandant n'alerte pas les services de secours, et même (dans un premier temps) dément qu'il y ait un problème... Toute ressemblance avec la situation de la zone euro et la situation de certains pays comme la Grèce ou l'Italie serait pure coïncidence, bien sûr ! Et pourtant ! Il est intéressant et encore plus instructif de relire les premiers articles de la grande presse lorsque la Grèce commence à s'enfoncer gravement dans la crise de la dette, au printemps 2010 : à l'époque, la question de la sortie de la Grèce de la zone euro est un tabou qu'il ne faut pas violer et tous les éditorialistes insistent sur l'impossibilité d'un tel scénario et sur le fait que ce n'est pas une petite nation comme celle des Héllènes qui peut menacer la belle construction monétaire des années 2000... On sait ce qu'il advint, et la déchirure apparue sur le flanc sud de la zone euro n'a cessé, depuis lors, de s'élargir à d'autres membres de cette même zone ! Et les Allemands parlent désormais de jeter par dessus bord les Grecs sans beaucoup de cérémonie ni de scrupules, et encore moins d'esprit de solidarité, malgré le fait que 17 pays aient pris place dans le même bateau...

 

 

2. Le naufrage a révélé les désordres moraux de notre société et la décadence, mais aussi la survivance, de certaines valeurs, comme le courage et l'honneur : le capitaine a, au mépris de tous ses devoirs et de tout honneur, quitté le navire parmi les premiers quand il aurait dû, au contraire, en partir le dernier après s'être assuré de la bonne marche des opérations d'évacuation. De plus, il a refusé obstinément de retourner sur son bateau alors même que les secouristes avaient besoin de sa connaissance du paquebot pour mieux organiser les opérations de secours ! Attitude à la fois criminelle et indigne : la lâcheté et le déshonneur !

 

3. Au contraire de la couardise de ce commandant indigne, il faut signaler la bravoure de cet homme, mari amoureux, qui se sacrifie pour sauver sa femme en lui donnant son gilet de sauvetage et disparaît dans une mer trop froide pour pouvoir y survivre longtemps. Un acte fort d'amour et de courage, d'honneur aussi, « chevaleresque » disent certains. Ce sacrifice n'a pas été vain puisque sa femme a pu être sauvée à temps grâce à l’abnégation de cet homme qui n'a pas hésité une seconde à risquer sa propre vie pour sauver celle de la femme qu'il aimait : un bel exemple de ce qu'il y a de meilleur dans l'homme face à l'adversité, à la tragédie.

 

4. Le paquebot avait un équipage fort hétéroclite, d'Italiens, de Philippins, de Chinois, de Péruviens, de Bangladais, etc., symbole d'une mondialisation qui, en fait, n'est que le masque d'une recherche du profit maximal par l'exploitation d'une main-d'œuvre bon marché, la moins coûteuse possible : mondialisation malheureuse car elle ne respecte pas vraiment les règles minimales de sécurité et peut avoir des conséquences dramatiques quand elle tourne à la « tour de Babel » et qu'elle entraîne de véritables difficultés de communication entre les hommes d'équipage eux-mêmes et entre ceux-ci et les passagers affolés... De plus, selon les témoins du drame, cet équipage hétéroclite ne semblait pas vraiment formé à affronter une situation d'urgence !

 

On pourrait voir dans ce naufrage un mauvais présage pour les années à venir, comme le murmuraient certains de mes élèves en relevant l'analogie avec le Titanic et le centenaire de ce drame ancien, déjà fort symbolique en son temps de son époque. Personnellement, si je prête attention aux intersignes chers à Léon Daudet, ce n'est pas tellement la date qui m'interpelle mais plutôt les analogies avec la situation européenne actuelle qui, jour après jour, ressemble à une sorte de pilotage à vue d'un navire sans gouvernail, entre rodomontades de quelques capitaines européens ou candidats à la présidentielle (pour ce qui est de la France...) et écueils des crises économique et sociale, sans oublier les mauvais conseils des agences de notation et des eurocrates sans imagination, mais aussi le chant des sirènes eurofédéralistes qui pourraient bien nous entraîner vers le naufrage certain d'une Europe qui s'abandonne à la facilité pour ne plus sentir ses douleurs et la difficulté de vivre...

 

Que ce bateau se soit nommé « Concordia », à l'instar du projet initial de la Construction européenne, n'est pas forcément rassurant : les bons sentiments ne font pas les bonnes navigations !

 

 

16/01/2012

La Grèce encore menacée.

« Madame euro avait promis, madame euro avait promis... », pourrait-on chanter ironiquement au rappel des discours laudateurs des tenants de la monnaie unique des années 2000 et au regard des réalités actuelles, moins joyeuses que les promesses d'antan. Malgré les nombreux « sommets de la dernière chance » (sic !) qui se sont succédé l'année passée, la zone euro semble condamnée à glisser en son entier dans une spirale infernale, les pays latins et méditerranéens se rapprochant du fond (pour autant qu'il y en ait un...) plus rapidement encore que les autres et cela malgré les efforts des États français et allemand et du couple (si mal assorti) Merkel-Sarkozy.

 

La dégradation de la note de neuf États de l'Union européenne (dont celle de notre pays) le vendredi 13 janvier est-elle l'une de ces « prédictions auto-réalisatrices » qui font tant de mal aux États eux-mêmes et à leurs économies ? Ce qui est certain c'est que cette dégradation de groupe n'arrange pas les affaires d'une zone euro déjà maintes fois fragilisée ces derniers temps, et menace la pérennité et l'efficacité du fameux FESF, ce Fonds d'aide européen quasiment condamné à devenir à son tour un problème quand il devait être une solution !

 

Et pendant ce temps-là, « la Grèce risque à nouveau la faillite », comme le titre un article paru dans les pages économie du Figaro (samedi 14 janvier), et le changement forcé de premier ministre à Athènes en novembre dernier comme l'annonce de réformes draconiennes (mais en définitive peu crédibles car peu réalisables dans un pays dont la population se pense « occupée » par la « troïka » Union européenne-FMI-BCE...) n'ont pas été suffisants ni motivants pour sortir la Grèce de l'ornière. Dans quelques semaines, la Grèce pourrait faire défaut, comme l'anticipe l'agence de notation Standard & Poor's (une faute de frappe m'avait fait écrire, étrangement, « Satandard »... : peut-on y voir un de ces intersignes chers à Léon Daudet, grande plume de la presse monarchiste d'avant-guerre et annonciatrice des malheurs des années 40 ?). Le Figaro précise même dans ses colonnes : « la plupart des économistes allemands jugent une faillite de la Grèce quasi inéluctable. Pour Hans-Werner Sinn, président du très respecté institut IFO, « la Grèce ferait mieux de sortir de la zone euro et de négocier ses dettes en drachmes au lieu de mendier en permanence des aides supplémentaires ». »

 

Ainsi, comme le clame François Leclerc dans La Tribune du vendredi 13 (décidément !), la Grèce est « la bombe à retardement » qui pourrait bien faire exploser, si je comprends bien la pensée de cet économiste hétérodoxe, la zone euro après la Grèce elle-même !

 

Je ne sais si l’euro est menacé de disparaître dans les temps qui viennent, préférant boire mon café que lire dans son marc, mais il me semble urgent de penser à cette possibilité et non d’attendre d’être surpris par sa survenue… « Gouverner c’est prévoir », disait-on jadis : j’ai toujours pensé que cette formule était de bon aloi mais qu’elle signifiait surtout qu’il fallait, pour l’Etat et ses hommes, voir au-delà de l’écume des idéologies, du quotidien ou de la facilité, et voir loin, se prémunir contre les risques possibles, non pas pour qu’ils arrivent effectivement mais pour s’en protéger et, au cas où ils se manifesteraient, les surmonter dans les meilleures conditions possibles. Mais la République quinquennalement renouvelable en sa magistrature suprême n’est pas, par essence même, le meilleur moyen de voir loin et d’agir sur le long terme : un Michel Serres et même un Jacques Attali dans un article récent de L’express, à défaut de se proclamer monarchistes, regrettent l’un et l’autre que le politique n’ait plus le temps de travailler efficacement, privé de temps long et coincé entre deux élections, deux bordées de promesses qui, comme le faisait remarquer jadis le roué Charles Pasqua, « n’engagent que ceux qui… y croient » !

 

Redonner du temps à l’Etat… Non par un double quinquennat, mais par la suite naturelle des générations, voilà tout le sens de la Monarchie royale ! Encore un effort, MM. Serres et Attali, pour être royalistes… A défaut de sauver l’euro (est-ce le plus important, d’ailleurs ?), on restaurerait l’Etat en France, sa parole comme sa pratique et sa crédibilité : l’Europe ne s’en porterait que mieux, rassurée de retrouver en la France, plus qu’un partenaire, mais un moteur peut-être plus silencieux mais politiquement actif

 

 

 

 

21/12/2011

Une crise peut en cacher une autre...

Nous étions quelques uns en ce début d'après-midi de lundi à distribuer des tracts du Groupe d'Action Royaliste (le GAR, pour les intimes...) dans les rues de Paris. Le texte de ceux-ci portait sur la crise actuelle, avec pour titre « Une crise peut en cacher une autre » qui signalait le caractère multiple de ce que l'on nomme, par facilité parfois plus que par réflexion « la Crise »... J’avoue avoir participé à sa rédaction, et voici ce texte, avec quelques rapides commentaires.

 

« Depuis 2007, les pays européens subissent une grave crise née aux Etats-Unis : elle frappe les économies et les sociétés, fragilise notre pays et appauvrit les populations tout en menaçant les emplois et assombrissant l'avenir... ». La crise des subprimes de 2007, puis la crise bancaire consécutive à l'effondrement de la banque américaine « Lehman Brothers », a, en fait, entrer le monde entier dans un cycle de crises dont les populations sont trop souvent les premières et les principales victimes, bien plus encore que les banques elles-mêmes, sauvées la plupart du temps par l'argent public d'États déjà fortement endettés.

 

« Crise de la zone euro, crise de l'euro, crise de la dette, autant de noms pour une crise multiforme qui révèle aussi les faiblesses et les errements de la Société de consommation, trop énergivore et trop gaspilleuse pour ne pas être condamnée ! ». Les matières premières, surexploitées qu'elles soient renouvelables ou non, s'épuisent de plus en plus vite, d'autant plus que nos sociétés ne veulent en rien diminuer leur consommation énergétique et que les puissances émergentes ne pensent qu'à rattraper les pays du Nord dans cette frénésie de consommation, de « consumation »... D’où une véritable surenchère entre puissances consuméristes qui se traduit aussi par de multiples tensions sur le plan économique mondial et qui ne profite guère aux populations les moins aisées, y compris des pays anciennement industrialisés d’Europe…

 

« Crise qui accélère le basculement du centre de gravité du monde, enrichissant et fortifiant les nouvelles puissances que sont la Chine, l'Inde, le Brésil... ». C’est la fameuse « transition » dont je parle régulièrement dans mes interventions, orales comme écrites, et qui préfigure, peut-être (restons prudent, l’Histoire nous rappelle souvent à l’humilité…), la multipolarité économique et politique de demain et, donc, la fin de « l’hégémonie occidentale ».

 

« Mais cette crise est aussi l'occasion pour l'Union européenne et les gouvernements libéraux et sociaux-démocrates d'imposer, au-delà des mesures d'austérité, une véritable destruction des politiques sociales et la privatisation souvent abusive des services publics, au risque de rompre les équilibres sociaux et d'aggraver les injustices actuelles, souvent scandaleuses, entre les classes les plus privilégiées et les classes moyennes et populaires. ». Souvent, la Crise a bon dos et elle marque surtout un rapport de forces plus favorable aux Marchés financiers qu’aux simples travailleurs, qu’ils soient ouvriers,          agriculteurs ou employés, principales victimes d’une mondialisation qui a cessé, au regard de nos concitoyens, d’être « heureuse »…

 

« Mais, derrière la crise économique, il y a une crise politique, celle d'un État incapable de s'opposer aux puissances financières et aux oligarchies économiques quand il le faudrait. Alors qu'un État actif, volontaire, fort, serait nécessaire pour relever les défis contemporains, la République s'enfonce dans l'incertitude et l'impuissance, cédant aux injonctions de l'Allemagne et des Agences de notation ! La République est aujourd'hui en campagne électorale permanente, ce qui aggrave encore la situation et affaiblit un peu plus le crédit de l'État ! ». Il n’est pas facile pour la magistrature suprême de l’Etat d’avoir de l’autorité et de l’efficacité quand la démagogie malheureusement consubstantielle à la période électorale brouille le message de l’Etat : il suffit de lire les propos de M. Sarkozy quand il ironise sur les propositions de son concurrent M. Hollande et, inversement, d’entendre ceux de M. Hollande quand il dénonce, à tort ou à raison d’ailleurs, les projets sarkoziens, sans que, dans l’un ou l’autre cas, l’intérêt national (mais aussi européen) soit la première préoccupation des deux candidats… Et ce qui est vrai pour eux deux l’est malheureusement aussi pour la plupart des prétendants à l’Elysée ! Triste situation, du fait de la conception élective, mais aussi électoraliste, de la magistrature suprême de l’Etat…

 

« Pour affronter la crise économique, pour réindustrialiser notre pays, lui redonner des forces et de l'espérance, lui permettre d'utiliser au mieux ses nombreux atouts : il faut un État solide, sûr de lui, enraciné dans le pays et dans la longue durée ; un État qui protège et qui soutient les initiatives des Français ; un État qui se préoccupe du souci environnemental et prépare la grande mutation énergétique du XXIe siècle. ». En somme, la Monarchie « à la française » !

 

L’accueil fait à notre distribution de tracts, à la sortie du métro Odéon, a été fort sympathique, et quelques brèves discussions ont prouvé que les royalistes, lorsqu’ils savent se présenter et, avec le sourire, dialoguer avec autrui, peuvent être attentivement écoutés et, j’espère, entendus !