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26/06/2022

La Monarchie royale et fédérative, pour en finir avec la monocratie.

Le président M. Macron est-il en difficulté ? La perte de sa majorité absolue à l’Assemblée nationale et la multiplicité des oppositions auxquelles il doit faire face au lendemain de sa victoire présidentielle et de l’échec de ses troupes aux législatives pourraient le laisser entendre, mais il semble n’y prêter qu’une attention réduite, préférant se concentrer sur les questions internationales et européennes, et distillant quelques notes de politique intérieure entre deux avions… Contrairement à ce que certains pourraient penser, rien de très régalien dans cette attitude, qui semble plutôt d’éloignement que d’écoute et de proximité à l’égard du pays réel qui a, pour une part, usé de son bulletin de vote comme d’un pavé dans la vitrine présidentielle : l’éviction de quelques « poids lourds » de la République macronienne tels MM. Blanquer, Ferrand, Castaner, ainsi que Mmes de Montchalin et Bourguignon, a réjoui nombre d’électeurs frustrés de ne pas avoir été entendus durant le quinquennat précédent. A défaut de pouvoir directement évincer le président (réélu par rejet plutôt que sur projet quelques semaines auparavant), l’élimination des caciques du champ parlementaire du pays légal prive le président de quelques uns de ses fidèles sans, malheureusement, remettre en cause l’ordre général du système de la République macronienne : la forte personnalisation de la République actuelle en a fait une monocratie incarnée en « un seul », le président Macron et, tant qu’il est en place, la monocratie demeure, quels que soient les chocs et les défaites politiques qu’il puisse subir.

 

Dans le même temps, l’absence d’une majorité claire à l’Assemblée nationale et les jeux d’appareil, en particulier autour des alliances possibles et des postes à pourvoir, rappellent (sans en avoir, pour l’heure, les mêmes effets délétères) les us et coutumes de la Troisième et de la Quatrième Républiques, celles-là mêmes dont M. Mélenchon, dans son aveuglement idéologique (ou sa « mauvaise foi » ?) souhaite rétablir le parlementarisme partisan qui a, pourtant, fait tant de mal à la France et à l’efficacité de l’État dans le passé. Pour autant, certains peuvent y voir un moyen de sortir de la monocratie et de rétablir une activité démocratique plus attractive et motivante pour les citoyens : n’est-ce pas la meilleure façon de faire reculer l’abstention, pourraient-ils arguer de bonne foi ? Mais ce n’est sans doute qu’une illusion, et il me semble nécessaire de sortir de la fausse alternative « Monocratie ou parlementarisme », non pour les rejeter dans leur entièreté mais pour les ordonner et les concilier, dans leurs aspects utiles, voire nécessaires, en en défalquant les nuisances et les erreurs fondamentales. Ni monocratie, ni parlementarisme, mais Monarchie et Parlements, comme fondations politiques, pourrait-on dire succinctement : encore faut-il en préciser le sens et la portée…

 

La Monarchie  royale que je souhaite et pour laquelle je milite, n’est pas qu’un intermède entre deux élections, qu’elles soient présidentielles ou législatives (ou les deux à la fois...), elle s’enracine dans une histoire et un temps long dont la dynastie représente le tronc et les racines parfois tourmentées… Contrairement à la monocratie macronienne, elle n’est pas le « Pouvoir-Tout » mais le Pouvoir central, axe des autres pouvoirs nationaux, de l’Assemblée nationale et du Sénat, et des pouvoirs provinciaux, communaux et socio-professionnels. Ce que je nomme « les parlements », ce sont tous les conseils, assemblées, chambres des métiers, etc. qui innerve le pays dans toutes ses particularités et tous ses aspects politiques et sociaux : en somme, les « républiques françaises », au sens traditionnel du terme, et non idéologique ou républicaniste. Dans ce cadre général et « fédératif », l’exercice démocratique (le terme civique serait d’ailleurs plus approprié…) aurait plus de sens et de portée, grâce à une subsidiarité garantie par la Monarchie royale et fédérative, centrale et arbitrale, et non omniprésente et oppressante comme l’actuelle République monocratique… Car, si l’on veut rendre aux Français le goût de la politique au sens le plus positif et actif du terme sans qu’il soit la simple expression d’un individualisme de masse, c’est par la remise en ordre d’institutions locales dans lesquelles le citoyen ne soit pas qu’un pion, mais un acteur et un animateur : en somme, de nouvelles agoras ou, mieux, de nouvelles « ecclésias » (au sens athénien du terme) appliquées aux décisions communales, provinciales ou socio-professionnelles (corporatives, en somme) par le biais de référendums locaux et, pourquoi pas, d’initiative citoyenne, comme cela avait été réclamé il y a quelques années par des Gilets jaunes alors peu écoutés par la monocratie macronienne.

 

Bien  sûr, il est encore hasardeux de décrire précisément les institutions locales qui seront mises ainsi en place car, au-delà du cadre général évoqué ci-dessus, chaque territoire provincial et communal s’organisera lui-même, avec la garantie de l’État et dans l’unité française, mais sans être forcément la copie du voisin, dans une pluralité peut-être audacieuse mais qui devra être tentée, sans que cela n’empêche les évolutions et les corrections. Une France nouvelle ? Pourquoi pas, mais la condition de son advenue est, encore et toujours, la clé de voûte royale… Sans elle, rien ne tient, rien de durable ne peut se faire…

 

 

 

 

 

 

01/06/2022

Quand la reine Elisabeth inspire notre réflexion sur la Monarchie royale...

 

La reine d’Angleterre va célébrer ses 70 ans de règne ces jours prochains. Ce qui ne pourrait être qu’un événement purement local et britannique est, en fait, l’occasion aussi d’une introspection mondiale et mémorielle, et peut retentir sur notre propre débat national, aussi bien institutionnel qu’historique : cette reine nous renvoie à notre propre passé et nous oblige, d’une certaine manière, à une comparaison qui n’est pas forcément à l’avantage de notre vieil Etat, devenu République sans avoir renoncé à une part de sa « royalité », nostalgie de ce qu’elle fut sous le nom de France et l’état de royaume… Quand nous nous perdons dans une lutte électorale qui abime et affaiblit désormais la magistrature suprême de l’Etat tous les cinq ans, la Monarchie britannique semble presque imperturbable quand les candidats aux responsabilités parlementaires et gouvernementales s’affrontent, parfois durement, pour assurer à leur camp la « deuxième place », celle de Premier Ministre : en préservant la « première place », la Monarchie royale permet aux Britanniques de se reconnaître en une unité supérieure, « au-delà de la politique tout en étant éminemment politique », une unité qui garantit que les joutes électorales n’attenteront pas à l’être et à la pérennité même de ce qu’est, par-delà les temps et les circonstances, l’âme du Royaume-Uni.

 

C’est ce que confirme, dans un entretien publié par Le Parisien (1), l’historien Hugo Vickers, en insistant sur quelques points qui, de tradition et de statut, autorisent cette unité que ne permettent pas les élus : « Nous connaissons les membres de la famille royale depuis leur naissance, ce qui amène stabilité et confiance. Ils n’apparaissent pas complètement cuits comme des politiciens. » Cet « au-dessus » de la Monarchie, qui n’empêche nullement la familiarité et la proximité sentimentale entre les sujets-citoyens et la famille royale, forme une clé de voûte de la nation-cathédrale qui tient tout l’ensemble et préserve ceux qui s’y abritent, même s’ils n’en ont pas toujours conscience. La Monarchie royale a ceci de particulier que sa présence « banale » fait oublier certains de ses traits et qualités, seulement visibles quand l’histoire se mêle de bousculer les habitudes ou les conforts de la société, comme ce fut, tragiquement, le cas en 1940 : sous les bombes, la famille royale, qui était restée volontairement à Londres, a rappelé que la Monarchie était aussi une charge vive et non une nature morte… Que la future reine Elisabeth ait endossé l’uniforme d’ambulancière (2) en ces années sombres nous rappelle que la Monarchie royale n’est pas qu’une question d’apparat et de belles cérémonies familiales mais aussi un engagement de tous les instants, comme la responsabilité d’une mère envers ses enfants (même les plus turbulents…).

 

Bien sûr, tout ne va pas toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes, et le Royaume-Uni n’échappe pas aux tourments de l’histoire ni la Monarchie aux remises en cause dans un monde qui privilégie le « présentisme » à la patience et l’individualisme de masse à l’unité de service et de solidarité : mais, comme le souligne Stéphane Bern (3), « la famille royale britannique (…) incarne justement un pouvoir symbolique capable de rassembler tout un peuple et dont nous nous sentons orphelins. La couronne, qui réunit dans la diversité, semble permettre aux Britanniques de se retrouver et de communier autour des valeurs intemporelles de leur nation. » Et, à voir la joie de ses anonymes londoniens qui, malgré la rudesse des temps, se retrouvent autour de « leur » reine, il n’est pas interdit de regretter que, nous aussi, nous n’ayons pas « une famille royale à aimer », comme le très républicain Régis Debray l’évoquait jadis en soupirant qu’elle manquait à la… République ! Alors, quand nous verrons la reine Elisabeth, peut-être, dans le poste de télévision, nous soupirerons aussi, sans doute, à cette absence de la famille royale française pour l’heure, malheureuse, en exil dans l’imaginaire national…

 

 

 

 

 

Notes : (1) : Le Parisien, mercredi 25 mai 2022.

 

(2) : Durant la guerre, Elisabeth rejoint les auxiliaires féminines de l’armée de terre, malgré les craintes de son père, le roi George.

 

(3) : Stéphane Bern, Revue des deux mondes, juillet-août 2021, page 34.

 

 

 

 

 

25/04/2022

Cette nouvelle guerre de cinq ans, commencée hier...

 

« La fin de toute campagne présidentielle signifie le début de la prochaine », ironisait un lecteur du Figaro en réaction à un article sur le second tour de l’élection du Chef de l’Etat. Et, ce lundi 25 avril, un article publié en page 2 du quotidien L’Opinion confirme cette maxime en titrant « Macron devra composer avec l’après-Macron » : « Aujourd’hui, au sein du camp présidentiel, ils sont deux à pouvoir nourrir des ambitions pour 2027 – Edouard Philippe et Bruno Le Maire – et (…) d’autres, comme Gérald Darmanin, pourraient s’ajouter à la liste en chemin. » Ainsi, le bal des ambitieux ne se finit jamais en République Cinquième du nom, et il n’est pas certain que cela soit une bonne nouvelle pour la nation ni pour sa tranquillité. Sans compter que, dans les oppositions, les couteaux s’aiguisent déjà au sein de la Gauche radicale (qui pour succéder à M. Mélenchon dans 5 ans ?) et au sein de la Droite nationaliste, et chacun semble concevoir désormais les élections législatives de juin prochain comme une étape importante dans la construction d’un « appareil » politique crédible pour décrocher le précieux sésame du pavillon de Madame de Pompadour.

 

Un ancien ministre giscardien des années 1970 avait, étrangement, défendu la transmission dynastique de la Monarchie royale en expliquant que, sous la Royauté, « la première place est prise », et que cela réfrénait les ambitions et les mégalomanies de candidats dits républicains qui oubliaient trop souvent le sens du « bien commun et du service de l’Etat » pour accéder au Graal élyséen. Après tout, la transmission héréditaire a toujours cours dans une dizaine de pays européens, dont six membres de l’Union européenne, et nos pièces d’euros nous le rappellent parfois, avec les profils du roi d’Espagne, du grand duc du Luxembourg ou du roi des Belges. Bien sûr, ces monarchies ne sont que des exemples, pas des modèles pour nous, en France. Mais elles ont l’immense mérite de « surplomber » la nation (tout en l’incarnant de façon « historique »), sans empêcher les débats politiques (« démocratiques », selon l’acception courante) de se tenir et d’avoir une influence sur le cours des choses, même s’il n’est pas interdit de regretter que, parfois, cela soit aussi au détriment des nations concernées. Notre souhait monarchique est sans doute plus « complet » et original, combinant l’autorité arbitrale (et non arbitraire) de la magistrature suprême de l’Etat avec l’exercice des libertés locales, professionnelles et individuelles dans un cadre « corporatif » (c’est-à-dire de corps intermédiaires représentatifs et d’une subsidiarité ordonnée et dynamique) : en libérant la tête de l’Etat des jeux électoraux, la Monarchie « à la française » lui redonne à la fois l’indépendance nécessaire face aux groupes de pression (que l’on peut qualifier de « féodalités contemporaines », qu’elles soient financières, économiques ou politiciennes, partisanes) et la continuité sans le fixisme, les jeux politiques étant garantis par l’autorité suprême sans qu’ils puissent s’imposer à celle-ci.

 

Ne nous leurrons pas : cela sera sans doute plus complexe dans la réalité concrète, au moins dans la phase d’enracinement des institutions monarchiques durant laquelle est possible un bras de fer entre la magistrature suprême de l’Etat et les partis (ou ce qui en tiendra lieu) inquiets de perdre leur pouvoir de « faire et défaire » au gré des élections : ce sera tout l’enjeu de la Monarchie « renaissante » de s’imposer sans faiblir, et elle devra alors se faire éminemment politique, jouant de toutes les forces politiques du pays, non pour asservir l’Etat (comme certains en rêveraient en rétablissant une Quatrième – numérotée Sixième – République) mais pour mieux le servir… Un royaliste qui croirait que l’arrivée du roi sur le trône va, d’un coup de sceptre magique, résoudre tous les problèmes et dissoudre toutes les ambitions, se fourvoierait dans une sorte d’utopisme sans doute rassurant mais, en définitive, néfaste pour la Monarchie royale elle-même…

 

Le général de Gaulle, président de la République qu’il avait fondée, plaisantait lors d’une conférence de presse sur le fait que, pour lui succéder à la tête de l’Etat, ce n’est pas le vide qui était à craindre mais bien plutôt le trop-plein : nous avions, à l’automne dernier, quarante (au moins) postulants au titre élyséen avant que la sélection des 500 signatures n’en autorise « que » douze à concourir, dont la moitié ne pouvait espérer qu’une candidature de témoignage, selon la formule consacrée. Mais, au soir du premier tour, nombre d’électeurs se sentaient orphelins, condamnés à un vote de « second choix » ou à un vote de rejet plutôt que de projet. Cette frustration profonde et cette sourde désespérance civique que montrent les taux d’abstention élevés et la vigueur, vaine mais néanmoins puissante, des votes protestataires, devraient alerter sur les impasses d’une République qui, en « monarchisant » (1) sa place suprême, se transforme, non en Monarchie pleine et entière, mais en monocratie « insistante » et trop impérieuse pour pouvoir permettre le plein exercice des libertés que, pourtant, nombre de Français réclament d’année en année, de Bonnets rouges en Gilets jaunes…  

 

S’il y a bien une raison forte et actuelle d’être royaliste aujourd’hui, c’est celle de vouloir redonner du souffle au « peuple » civique (et non politicien) et historique, à ce « pays réel » qui ne se reconnaît plus dans le « pays légal » de MM. Macron, Philippe et Woerth, entre autres… Être royaliste pour, en somme et légitimement, dénoncer et, si possible, éviter la prochaine « guerre de cinq ans » qui, déjà, a commencé hier soir

 

 

 

 

 

 

 

 

Notes : (1) : En employant, à dessein, le terme « monarchisant », je tiens à le distinguer du terme de « royalisant », comme je distingue la Monarchie (qui peut être royale - et c’est d’ailleurs cette acception qui domine en France -, comme elle peut être républicaine, voire impériale ou dictatoriale, devenant alors, selon le mot du constitutionnaliste Maurice Jallut, une monocratie) de la Royauté qui est « plus » que la Monarchie simple, et qui intègre une certaine sacralité (religieuse ou politique) dans son histoire comme dans son exercice. La Monarchie serait plus « le Pouvoir » lui-même, dans son acception gouvernementale et décisionnaire, voire arbitraire, quand la Royauté serait plus « l’Autorité » qui permet et limite tout à la fois le Pouvoir-Minotaure, en étant décisionnelle et arbitrale