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05/10/2020

Etre royaliste en 2020.

 

Il faut bien l’avouer :  aujourd’hui, malgré les efforts des militants monarchistes de toutes tendances, le royalisme semble presqu’invisible aux yeux de nos contemporains, baignés dans l’ambiance distractionnaire de la société de consommation, désormais plus numérique que physique, et par l’angoisse actuelle de la maladie qui rôde dans nos villes : cette dernière menace semble d’ailleurs tétaniser toute capacité de réflexion politique et, tout compte fait, elle paraît souvent profitable (pour l’instant…) aux pouvoirs en place, au point de prédire (mais n’est-il pas bien pour cela ?) une élection présidentielle au second tour semblable à l’élection précédente, avec un même destin électoral… Cette situation et la promesse d’une resucée de 2017 ne sont pas satisfaisantes, et les royalistes ne peuvent s’en satisfaire : je ne m’en satisfais pas.

 

En tout cas, et malgré les impasses d’une République qui semble autant bloquée que bloquante, et alors même que tout semble confirmer les inquiétudes des royalistes devenus depuis un siècle des « Cassandre malgré eux », le royalisme connaît une marginalisation évidente dans le paysage politique français, aujourd’hui monopolisé par les tenants du « tout démocratique » et du « politiquement correct ». Cette situation gêne évidemment la perception des idées royalistes, trop souvent limitées, dans l’esprit de nos concitoyens, à quelques mondanités ou à des anecdotes, mélanges d’activisme et de folklore... Il est vrai que les royalistes sont parfois responsables de cette image déplorable ou caricaturale, et que leurs incessantes querelles, qu’elles soient dynastiques ou idéologiques, détournent du royalisme maintes bonnes volontés qui, pourtant, peuvent apporter de la « fraîcheur » à un courant d’idées temporellement vieux mais toujours utile, voire nécessaire au débat politique et institutionnel.

 

 

Ainsi, au moment où la Ve République doit affronter les défis de la globalisation et de la logique globalitaire (néolibéralisme, idéologie consumériste, démocratisme élitaire et oligarchique...) ; au moment où les intelligences les plus vives ressentent un « malaise de civilisation » (prémisses ou, plutôt, révélateurs d’une crise aujourd’hui bien réelle ?) ; au moment où la maladie au numéro 19 remet en cause quelques unes des certitudes de notre mode de vie « sans limites », l’idée d’une instauration monarchique apparaît bien lointaine (autant dans le passé que pour l’avenir), mais doit revenir dans le champ des possibles : la Monarchie royale, au regard des données politiques et institutionnelles actuelles, reste (et sans doute, de manière plus précise, redevient) nécessaire pour notre nation aujourd’hui moins sûre d’elle-même et fragilisée par des forces externes (diplomatie états-unienne ; montée des puissances « alternatives », de la Chine à la Turquie ; règlementarisme européen...) et internes (ethno-nationalismes séparatistes, communautarismes religieux ou sociologiques,...). Une nation que nous évoquons, non comme une idéologie jacobine (la « Nation » avec un N majuscule) dont les excès centralisateurs se manifestent jusque dans la gestion « parisienne » de la crise sanitaire (les Marseillais en savent quelque chose, mais aussi les Rennais : les préfets sont redevenus les « représentants en mission » d’une République maladroite dans ses réponses à la pandémie), mais comme une forte réalité issue de l’histoire et des liens qu’elle a fondés et entretenus, et comme le fort sentiment de l’appartenance à un « ensemble pluriel et inaliénable ».

 

Pourtant, la Ve République pensait avoir résolu le problème des institutions en « monarchisant » la République (hommage du vice à la vertu, diraient certains...) mais cette monarchie incomplète qui, en fait, semble plutôt avoir été, du temps du général De Gaulle, une forme française de « monocratie » renforcée par ses successeurs, est aujourd’hui largement remise en cause par les diverses réformes constitutionnelles de ces dernières années, mais aussi par les diverses cohabitations qui se sont succédé depuis 1986 (trois en quinze ans) et que le quinquennat a rendu désormais plus improbables (le mal est déjà fait, pourrait-on ajouter avec regret). En effet, depuis les années 1960, sous la pression conjointe d’une société de consommation de plus en plus mondialisée et d’une construction européiste qui oubliait, en fait, les réalités européennes comme la Nation de la 1ère République avait nié les réalités françaises, cette « pluralité de l’unité », la nation française paraît affaiblie et inquiète d’elle-même sans se résoudre ni à disparaître ni à se grandir à nouveau, et la Ve République est impuissante à se hisser à la hauteur des espérances que l’histoire de France, pourtant, autorise et que nombre de peuples, dans le monde, attendent !

 

Voici ainsi une bonne raison d’être royaliste et de le faire savoir, avec ferveur mais sans démesure, en cherchant, d’abord, à servir le pays qui est le nôtre, ce « cher et vieux pays » dont les dévastations urbanistiques et les dégradations environnementales nous désolent. Il ne s’agit pas de prendre une douteuse revanche sur une histoire de France guère heureuse pour les derniers rois comme pour leurs partisans ultérieurs, mais de rendre à la nation française sa juste conscience d’elle-même et sa place au regard même de ce qu’elle a été, que cela soit chez elle ou de par le vaste monde. Une France qui ne s’arrête pas aux limites de l’hexagone mais navigue aussi sur tous les océans à travers ses territoires ultramarins, de la Nouvelle-Calédonie (qui vient de confirmer ce dimanche par référendum son appartenance à l’ensemble national) à l’île de Mayotte, notre plus récent département (depuis 2011) et pour lequel toute une génération de royalistes, autour du maurrassien Pierre Pujo et de son hebdomadaire Aspects de la France, a milité, « contre le sens obligatoire de l’histoire »…

 

Mais être royaliste ne signifie pas être en « exil intérieur », bien au contraire, et, même si certains républicains peuvent en être surpris, nous travaillons en France, sous la République, parfois au sein de sa Fonction publique, sans que cela nous pose souci : il s’agit de servir le pays, sa population et, pour mon cas, ses jeunes générations. Un royaliste a sa place partout en France, partout où il faut servir et non « se servir ». Refuser de le faire serait, d’une certaine manière, appliquer « la politique du pire » qui est, comme le soulignait Maurras, « la pire des politiques ». Cela n’empêche pas, là où nous sommes, d’œuvrer, aussi, pour un État digne de ce nom, un État royal et dynastique qui n’a qu’une passion, qu’une obsession : la France, la France encore, la France d’abord…

 

 

 

 

17/07/2020

"Vous voulez faire l'Europe ? Alors, faîtes un Roi en France !" Partie 1 : Des juges européens au service des féodalités.

 

Avec la décision du Tribunal de l’Union européenne qui donne raison à la transnationale Apple contre la Commission et qui invalide le remboursement de 13 milliards d’euros à l’Irlande (que cette dernière ne souhaite pas, au demeurant), la construction européenne vient de connaître un échec terrible mais sur lequel les médias n’ont malheureusement guère insisté, plus préoccupés en ce moment par la question du port du masque obligatoire dans les espaces clos en France. Et pourtant ! C’est en s’intéressant aux revers que les États et les peuples peuvent prévenir les risques du lendemain, et se prémunir contre ceux-ci, s’ils ne peuvent être évités. Loin de moi l’idée de plaindre la Commission de Bruxelles, mais, pour le coup, il serait plus que maladroit de se réjouir des malheurs d’icelle sur ce sujet épineux de la fiscalité en Europe, au-delà même de l’UE : « la politique du pire est la pire des politiques » disait Maurras qui, avouons-le, a pu parfois être infidèle à sa propre pensée en ce domaine.

 

« Double défaite », titre ainsi le quotidien La Croix dans son édition du jeudi 16 juillet, qui poursuit : « Défaite cuisante dans deux domaines. D’une part, la juste imposition des multinationales du numérique. D’autre part, la lutte contre la concurrence fiscale entre les États membres de l’Union. » Effectivement, cet échec politique de la Commission est un mauvais signal face aux géants de la toile, et en particulier face à ceux que l’on regroupe sous les vocables de GAFAM (entreprises états-uniennes : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et de BATX (entreprises chinoises : Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi), qui semblent organiser et orienter la mondialisation vers une forme de gouvernance numérique qui, en définitive, n’est absolument pas neutre et, même, extrêmement inquiétante par son aspect de plus en plus global et intrusif, voire « obligatoire », particulièrement depuis le Grand confinement du printemps 2020. Notre époque semble ainsi marquer le triomphe d’un « globalitarisme » dont les royalistes d’Action Française ont été parmi les premiers à s’inquiéter après la dislocation du communisme européen, le communisme asiatique restant bien vivant, voire triomphant à travers la puissance chinoise, qui a su habilement évoluer d’un modèle totalitaire classique du temps de Mao Tsé Toung à un système globalitaire (que la Chine espère orienter à son profit) en définitive plus efficace pour tenir la société et intervenir sur la scène mondiale…

 

La décision du Tribunal européen montre aussi, d’une certaine manière, le triomphe (temporaire ?) du Droit (dont savent si bien profiter les féodalités économiques et financières grâce à des armées d’avocats, le terme « armées » étant, en fait, tout à fait approprié à la situation) au détriment du politique qui, désormais, risque de se voir dépossédé, au nom de ce fameux Droit divinisé, de toute possibilité d’agir et de décider de façon libre et « souveraine ». C’est là aussi un des risques de ce globalitarisme qui sait si bien, à travers les cours de justice, user des subtilités d’une « Loi » qui semble devoir plus à la jurisprudence qu’à l’exercice législatif des parlements et à la décision des gouvernements : la gouvernance économique (autre formule pour désigner le pouvoir des féodalités contemporaines) s’accompagne d’une gouvernance du Droit, ou plutôt de sa confiscation par des juges qui s’arrogent le droit de le fixer à travers leurs propres décisions. Les royalistes français qui se plaignaient hier de la République des Juges (mais bien souvent maîtrisée par la République tout court, au risque d’une impression… d’injustice, perceptible dans le « Pays réel ») peuvent légitimement (mais sans doute moins solitairement…) se plaindre d’une « Europe des Juges » qui apparaît trop souvent trahir l’Europe tout court (et je ne parle pas forcément de l’Union européenne…) !

 

Cela va-t-il ouvrir les yeux de ceux qui croient encore à une construction européenne « libérale et fédéraliste » capable de s’imposer aux puissances extérieures et aux féodalités de tout genre qui fondent le sens et la pratique de la mondialisation, une construction maladroite qui semble négliger la puissance du politique ou vouloir, à tout prix, la défaire en croyant que cela assurera la bien des citoyens ou, plutôt, des consommateurs ? La Croix, au-delà de sa déception face à la décision des juges européens, établit un constat qui paraît juste même s’il n’en est pas moins incomplet : « Les démocraties les plus perfectionnées fondent souvent leurs attentes sur le droit pour faire prévaloir le bien commun. Cette affaire démontre que ce n’est pas forcément le cas, surtout lorsque les parties prenantes ont les moyens de faire appel aux meilleurs juristes de la planète. Le droit, surtout dans le monde anglo-saxon, n’est pas extérieur aux rapports de force. » La dernière phrase est importante mais il est nécessaire de rappeler que, dans la tradition française, éminemment politique, l’autonomie du politique doit s’accompagner d’une force de celui-ci qui passe par la puissance de l’Etat et sa liberté ou, au moins, celle de sa magistrature suprême. Vous voulez une construction européenne indépendante des empires et des féodalités économiques et financières (voire communautaristes) ? Alors, vous ne pourrez faire l’économie d’une Monarchie royale en France ! En s’enracinant dans le temps long et en ne devant rien à la Finance comme aux partis politiques qui, trop souvent, en sont dépendants (ne serait-ce que pour payer leur accession au pouvoir, accession qui, en retour, se paye parfois de privautés particulières…), la Monarchie royale donne à la construction européenne une réalité politique sans renoncer à la souveraineté de chaque État mais en les conciliant plutôt qu’en leur imposant des compromis qui leur semblent (et surtout à leurs citoyens respectifs), et parfois à raison, n’être que des compromissions. « Vous voulez faire l’Europe ? Faîtes la Monarchie en France ! ». Car la restauration de l’État en France est surtout une restauration et un renforcement du politique, au-dessus des féodalités économiques qui, si elles peuvent exister, ne doivent pas s’imposer aux États et aux peuples ! Dans le même temps, cette incarnation royale de l’État en France est le meilleur moyen d’assurer une visibilité et une pérennité (qui ne sera pas forcément évidente dans les premiers temps de la Nouvelle Monarchie) à la France, à la fois comme puissance européenne et comme puissance médiatrice au sein d’un monde de plus en plus constitué d’empires, politiques ou économiques.

 

 

(à suivre)

 

 

28/06/2020

Plaidoyer pour une Monarchie royale. Partie 1 : Quand la légalité de la République ne satisfait plus le corps civique.

 

Les nouvelles économiques ne sont pas bonnes, et le chômage menace nombre de nos concitoyens quand, dans le même temps, le numérique et la robotisation accélérée sont présentés comme les cadres, quasiment obligatoires, du monde de demain, d’un proche lendemain qui semble s’annoncer et se déployer déjà en ce cruel aujourd’hui. Sans doute le principal choc social aura-t-il lieu à la rentrée de septembre prochain, quand plus de 700.000 jeunes arriveront sur le marché du travail et quand, dans le même temps, les entreprises et activités liées au tourisme, à la restauration et aux loisirs, feront leurs comptes qui pourraient, pour beaucoup, ne pas être bons. Mais c’est maintenant qu’il faut agir et prévenir, et c’est l’État qui devrait être le grand ordonnateur de la nécessaire réaction économique et sociale au choc, en se faisant le plus politique possible, non de manière étatiste, mais comme un stimulateur, un investisseur et un protecteur. En somme, « être l’État » et appliquer la maxime traditionnelle du « Gouverner c’est prévoir » qui n’est vraiment possible que quand l’État est conscient de sa force et décidé à l’utiliser face aux appétits des charognards économiques et aux événements, même contraires.

 

L’actuelle République a montré, dans les premières heures de la crise sanitaire, ses faiblesses et révélé ses carences : manque d’anticipation, absence de politique claire et efficace, sans oublier les vastes étendues de son incompétence, voire de ses fautes. Mais la révélation la plus inquiétante a été celle du désarmement de l’État face aux enjeux du temps long : la République, en ses dernières présidences et en ses derniers gouvernements, a préféré le court-terme économique et l’immédiateté électorale au long terme politique et à la durée sans lesquels il n’y a rien de solide qui puisse être établi et tenir face aux tempêtes contemporaines. L’affaire des masques, entre autres, a montré l’incapacité de la République actuelle à se projeter au-delà d’un simple calendrier électoral dont la présidentielle serait l’horizon ultime et, parfois, vain.

 

La politique erratique du gouvernement face à la crise sanitaire ne doit néanmoins pas cacher le fait que, au milieu de l’épreuve, l’État a su, en quelques occasions, apparaître comme le protecteur que les Français, inquiets ou angoissés, attendaient : cela peut expliquer que, malgré ses fautes avérées, la République, à travers son premier ministre plutôt que par son président, a vu sa côte de popularité remonter, dans une sorte de réflexe de peur et de reconnaissance mêlées, comme cela a pu arriver en d’autres temps et au profit d’autres personnes ou institutions. Certains y ont vu une sorte de rappel de 1940 qui avait, au cœur de la douloureuse défaite, vu les Français se regrouper autour des figures d’une nouvelle légalité qui remplaçait celle qui avait fait défaut face à l’invasion (mais, malgré le désir et l’illusion, le résultat ne fut, en définitive, guère heureux). En fait, là, en 2020, c’est comme si la République avait synthétisé un président Albert Lebrun avec un maréchal Philippe Pétain dans le même mouvement d’ensemble ! Ce qui est certain, c’est que nous avons assisté à la confirmation de Créon, de cette légalité dont il n’est pas sûr qu’elle soit entièrement légitime au regard de l’intérêt commun quand elle peut l’être, néanmoins, électoralement parlant…

 

« La République de la peur » : c’est ainsi qu’elle peut apparaître aux yeux de nos contemporains et des opposants, souvent démunis car incapables d’accéder aux médias qui font l’Opinion publique, « gros animal bête que l’on mène » à défaut de le préserver vraiment. Mais cette République-là tient bon, non aux événements mais à ses oppositions qui ne sont pas toujours sensées ni politiquement assurées : car, pour s’opposer efficacement à cette République de Créon, encore faut-il la conscience d’Antigone et sortir de cette pensée qui emprisonne la légitimité dans la légalité dite démocratique. Non, la légalité issue des urnes, si elle peut apparaître comme l’expression majoritaire des citoyens à un moment donné, n’est pas forcément la légitimité susceptible de donner du sens et de l’autorité aux institutions du pays et des peuples d’icelui. Une masse d’électeurs ne fait pas, seule, la légitimité d’un État et elle la fonde encore moins quand la démocratie présidentielle paraît ne plus être que le spectacle de l’affrontement entre deux « absurdités » : le choix se limite alors à l’élimination du « pire » sans satisfaire complètement une large partie du corps électoral « éliminée » dès le soir du premier tour de la présidentielle… Le résultat final accroît la frustration d’un électorat qui se croit privé de sa capacité d’intervenir vraiment, dans son identité politique (qu’elle soit de droite, de gauche, écologiste ou nationaliste, sociale ou morale), dans le choix de la direction de l’État.

 

Cette crise sanitaire est l’occasion de poser donc la question de l’État légitime, et d’envisager quelles pourraient être ses possibilités, autant face à une crise sanitaire ou économique que face à celle de la représentation civique, de ce que l’on nomme communément (et peut-être abusivement) « démocratie ». Tout d’abord, quelles institutions peuvent garantir l’inscription de la volonté politique dans la durée tout en assurant la possibilité de contestation de celle-ci et de remise en cause sans atteindre à la stratégie de long terme de l’État ? Pour assurer la continuité de l’État, le mieux semble bien de garantir celle de sa magistrature suprême et cela ne peut se faire, concrètement, que par la pratique du principe de succession dynastique : le Chef de l’État succède à celui d’une génération précédente, parce le fils succède au père. Au-delà du rajeunissement immédiat de la tête de l’État, qui n’est pas une mauvaise chose, ce système permet d’éviter le choc des ambitions partisanes pour sa conquête et, donc, la dépréciation de l’État lui-même.  La présidentielle, en effet, semble soustraire les voix (qu’il faut considérer comme « énergies civiques » permettant la reconnaissance et l’action de l’élu) du candidat battu au second tour des voix du gagnant, ce qui limite les marges de manœuvre du président élu, souvent de manière négative ces dernières décennies (1). Ce qui aurait pu permettre un « bain de légitimité » au-dessus des partis, comme le souhaitaient les fondateurs de la Cinquième République et le comte de Paris (1908-1999), est, très vite, devenu une désacralisation de la magistrature suprême, sans doute dès les années 1970, parce que l’élection présidentielle, au lieu d’être la rencontre d’un homme avec le peuple civique, s’est muée en « horizon ultime des ambitieux », ceux-ci affaiblissant par leurs stratégies électoralistes et leurs luttes politiciennes la tête de l’exécutif qu’ils semblaient vouloir couper avant que de l’incarner à leur tour… Chaque présidentielle depuis les années 1970 a affaibli la présidence, en particulier face aux féodalités économiques et financières de plus en plus nécessaires à l’ascension d’un candidat vers le Mont-Blanc élyséen ! Et, une fois élu, le nouveau souverain de la Cinquième est condamné à préparer sa réélection. Cette République est ainsi devenue, contre l’idée du général de Gaulle, une « présidentielle permanente ».

 

La transmission du père au fils, plus simple et, en définitive, plus humainement naturelle, ramène les appétits politiques à l’échelon inférieur, celui du gouvernement, qui n’est pas moins important sur le plan de l’exercice de l’État mais, du coup, cela libère la magistrature suprême de certaines pressions partisanes et lui permet de jouer un rôle d’arbitre suprême de la politique sans « abîmer » inutilement la figure de l’État, préservée des querelles, du moins dans le principe. « La première place est déjà prise », et cette règle simple établie, cela permet d’envisager la politique gouvernementale de façon aussi plus libre et moins obsédée par la conquête de l’échelon supérieur. En somme, le Roi assume, comme l’évoquait le républicain Régis Debray dans un écrit ancien préfaçant un ouvrage de réflexion royaliste (1), le « spectacle de l’État » et libère ainsi et aussi le gouvernement de cette fonction nécessaire de représentation étatique. N’est-ce pas le meilleur moyen d’assurer une plus grande efficacité au gouvernement lui-même, et cela quelle que soit sa couleur politique ?

 

 

(à suivre)

 

 

Notes :

 

(1) : 52 ou 66 % forment une majorité électorale, mais cela peut être calculé différemment dans une République « clivante », et si on pense en termes « d’énergies civiques », c’est plutôt par la soustraction qu’il faut penser les choses, ce qui donne alors un résultat moins beaucoup moins net : 52 % des partisans du gagnant moins les 48 % des perdants, ce qui donne alors juste un résultat de 4 % de « plus », que nous pourrions qualifier de solde énergétique civique positif, évidemment plus important quand c’est 34 % qu’il faut retirer de 66 %, mais constatons que l’énergie « minoritaire » (au regard du résultat de second tour de l’élection présidentielle de 2017) s’est muée en multiples oppositions extrêmement dynamiques et paralysantes, du moins un temps, des initiatives et actions de l’État, considérées comme légales et d’ailleurs inscrites dans la loi, mais de moins en moins acceptées et considérées, à tort ou à raison, comme « illégitimes », et cela malgré le « sacre électoral » dont l’onction semble ne plus satisfaire nombre de membres du corps civique français…

 

(2) Le livre « Monarchie et politique étrangère » d’Yves La Marck, publié en 1985 par la Nouvelle Action Royaliste, était préfacé par Régis Debray qui avait été un temps conseiller du président François Mitterrand.