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24/01/2016

Hommage au roi Louis XVI, et à son fils Louis XVII.

J’étais invité samedi 23 janvier à prendre la parole lors de la cérémonie d’hommage au roi Louis XVI organisée par l’Action Française au cœur de Paris, et j’ai ensuite suivi le cortège de fidèles monarchistes ralliant la chapelle expiatoire, bâtie sur l’emplacement du cimetière qui, au soir du 21 janvier 1793, avait recueilli les restes du monarque supplicié.

 

Voici le texte de ma courte intervention :

 

 

Déjà, il y avait eu ce procès unique et inique, cette condamnation à mort, ces adieux de la veille à ses proches, sa famille, son serviteur, ses geôliers…

Et puis, il y a ce parcours qui n’en finit pas, dans les rues d’un Paris brumeux et désert de peuple quand se dressent, tout au long de cette marche au martyre, les baïonnettes et les piques de la froide République…

Il y a ces marches à gravir, ces poignets que l’on offre aux liens, cette chemise que l’on délasse, ce cou que l’on dégage…

 

Qui est cet homme que l’on supplicie ?

Il est Capet pour les républicains amnésiques et hystériques, mais il est aussi Valois et Bourbon pour les hommes de longue mémoire ; il est Louis, et il est, par toutes les fibres de son corps, par tous les vaisseaux de son cœur, par tous les liens de sentiment, il est la France, il est Louis, roi de France, roi prisonnier, bientôt martyr ; il est ce lien vertical du temps, il est ce lien horizontal de l’espace français…

 

Il est aussi cet élan vers la foule de bonnets rouges sang, mais qui l’entendra ?

« Je meurs innocent des crimes dont on m’accuse ! Je prie Dieu pour que le sang que vous allez répandre ne retombe pas sur la France ! »

Il est le roi, il est encore le roi malgré la République qui le tue.

La lame, froide ; l’éclair, la tête qui tombe, la tête que l’on ramasse, que l’on brandit quand les hommes hurlent, d’un cri de haine, « Vive la République ! ».

 

Le roi est mort… Mais il n’y a plus de chancelier au plumet noir pour l’annoncer au balcon de Versailles, juste des corbeaux désolés qui volent au-dessus de la guillotine et du sang versé.

Le roi est mort… et ce sont les canons qui tonnent ; le roi, en ce sinistre jour de janvier, est mort !

 

Là-bas, dans un cachot sombre et humide, il est une famille qui se serre autour de la mère, il est des larmes qui coulent, des sanglots qui résonnent… Oui, le roi est bien mort… Et cette tête qui roule alors n’en finit pas de rouler tout au long de notre mémoire, de notre histoire…

Et pourtant, rien n’est fini !

 

Ici, dans ce cachot, la mère prend son enfant dans ses bras, le dépose sur le sol humide et verdâtre, puis, lentement, respectueusement, elle baisse la tête, elle s’incline devant l’enfant de sept ans, ce petit Louis, ce nouveau Louis…

Là-bas, le roi est mort, mais ici, entre les murs de la prison, le roi vit ; le roi est vivant, vive le roi, vive l’enfant-roi ! Vive Louis XVII, roi de France et de Navarre !

 

Il est une chose que jamais la République ne pourra comprendre, et que jamais, au cœur des hommes fidèles, elle ne pourra dénier : en France, le roi ne meurt jamais !

Mort en père, il renaît en fils… ou en frère…

Oui, quand le roi est mort, il est toujours vivant, à travers ses successeurs. Le roi est mort, vive le roi !

 

Bien sûr, le jeune Louis, XVIIème du nom, disparaît aux yeux des hommes, enfermé dans une prison dont jamais il ne sortira. Mais il est bien le roi, ce roi dont le nom brille sur les drapeaux de la Vendée catholique et royale, sur les poitrines des chouans de Normandie, du Maine et de Bretagne, sur les billets de la monnaie clandestine…

 

Ce roi n’a pas dix ans, mais la République en a une grande peur, et elle le tuera. Mais elle ne tuera pas le roi, l’idée, le nom, la réalité, la mémoire du roi…

 

Car aujourd’hui, en cette soirée humide, nous sommes là, et vous êtes là, fidèles, toujours fidèles, alors même que la République se termine en état d’urgence à défaut d’être un Etat tout court…

 

Alors, oui, le roi est mort, dix fois, vingt fois, quarante fois, mais « Ô Mort, où est ta victoire ? » Car toujours, nous chantons, nous clamons, cri de joie et d’espérance : « Vive le Roi ! ».

 

 

03/01/2016

Remplacer le président de la République par le Roi des provinces unies de France.

Ainsi, selon un sondage de ce début d’année, 74 % des Français ne veulent ni de M. Sarkozy ni de l’actuel président M. Hollande : pourtant, il y a quelques (mal)chances que l’un des deux soit élu ou réélu en 2017… Bienvenue en république d’Absurdie ! Le pays légal a tendance à se reproduire sans discontinuer, dans une tendance (presque) dynastique qui rappelle néanmoins plus l’empire romain que la monarchie capétienne : peut-on s’en satisfaire ?

 

Ma réponse est non, évidemment non ! Certes, je ne suis pas de ceux qui pensent qu’un échec politique doit forcément entraîner une mise à la retraite d’office comme je ne suis pas partisan d’une sorte de jeunisme qui voudrait que tous ceux qui ont dépassé la soixantaine devraient se taire définitivement et laisser la place à de jeunes loups aux dents encore plus longues que leurs prédécesseurs. Mais il me semble que les hommes politiques qui aspirent à exercer la magistrature suprême de l’Etat doivent entendre les doléances des citoyens et savoir, au moins pour un temps, s’extraire de leur bulle médiatique pour revenir aux réalités du moment sans négliger les perspectives de l’avenir.

 

Bien sûr, MM. Sarkozy et Hollande n’écouteront qu’eux-mêmes, persuadés de leur irremplaçable particularité, et, peut-être sinon sans doute, l’un des deux se trouvera confirmé dans cette impression par le verdict du second tour de l’élection présidentielle. Cela changera-t-il pour autant ce désagréable sentiment populaire que le vainqueur n’est là que par défaut, que par le « chantage au pire », comme on a pu le voir, dès 2002 à cette même élection, ou ces semaines dernières lors des élections régionales où les électeurs socialistes se trouvèrent acculés à mener campagne pour des listes de droite qu’ils n’aimaient pas vraiment ?

 

Les Français sont attachés à l’élection du président de la République au suffrage universel direct, c’est indéniable, mais ils en constatent pourtant de plus en plus les effets pervers sans pouvoir, pour l’heure, imaginer autre chose que cette magistrature suprême élective. Le royaliste que je suis le constate et le regrette, mais ne se contente pas de cette constatation et de ce regret : la proposition monarchique me semble le meilleur moyen de neutraliser les petits jeux de clientèles et de féodalités partisanes en arrachant la magistrature suprême à l’élection, fût-elle populaire chez nos concitoyens. Certains y verront un sacrifice de leur possibilité de choix qui, pourtant, est de moins en moins une liberté et un choix réel, si ce n’est entre deux « moins pires » (sic !), et qui ouvre plus à la frustration et à désillusion qu’à la joie et l’espérance…

 

D’autre part, laisser au hasard et à l’hérédité non choisie le soin de désigner le Chef de l’Etat permet l’indépendance de celui-ci et cette possibilité d’arbitrage au-dessus des partis et au-delà des différences et des diversités politiques sans pour autant les nier ou les écraser. Une possibilité d’arbitrage mais aussi de décentralisation (voire de fédéralisation) sans mettre en danger, pour la France, l’unité entre ses multiples parties historiques (et je ne parle pas de la caricature de régions créée par la récente réforme territoriale), le monarque incarnant cette unité à la fois historique et contemporaine, et « centrant » l’Etat sans pour autant centraliser tous les pouvoirs politiques dans le sein parisien.

 

Et les électeurs là-dedans ? Dans une Monarchie active et arbitrale telle que je la souhaite, il n’est pas impossible de leur donner le pouvoir concret, par le suffrage universel direct, de désigner, au-delà des députés et des élus régionaux, les présidents d’assemblée et, pourquoi pas, le premier ministre lui-même sur un programme gouvernemental qu’il lui appartiendra de mettre en œuvre ou, plutôt, sur une ligne d’objectifs qu’il lui reviendra de suivre ou de faire valider par le recours (alors plus fréquent) au référendum. Le roi, quant à lui Chef de l’Etat, fixerait le cap politique à long terme (en particulier dans les domaines sociaux et environnementaux) et aurait charge de représenter l’Etat à l’intérieur comme à l’extérieur, de mener la diplomatie française dans le monde et de négocier (et garantir) la parole de la France au sein des institutions internationales : en somme, à lui l’autorité et l’arbitrage ; aux ministres, députés et élus locaux, la gestion des affaires économiques dans leur cadre d’exercice et de pouvoir ; aux citoyens, les libertés d’expression et de désignation de leurs pouvoirs politiques de proximité et centraux, ainsi que la « démocratie directe » au sein de leurs cadres politiques et sociaux locaux et nationaux, voire européens… C’était, à peu de choses près, l’esprit du programme monarchique du marquis de La Tour du Pin, dès la fin du XIXème siècle : « l’autorité au sommet, les libertés à la base », pourrait-on dire. Un programme toujours d’actualité et de nécessité, ne serait-ce que pour rendre à nos concitoyens le goût de la politique et de l’action, contre le fatalisme et l’indifférence

 

 

07/10/2015

Le rôle historique des rois, d'Athènes à Paris.

Dans le cadre des cours de Seconde sur la citoyenneté et la démocratie dans l'Antiquité, j'évoque l'histoire politique d'Athènes, histoire passionnante et qui permet d'ouvrir encore de nombreux débats sur l'organisation de la cité, sur les institutions et sur les politiques menées ou possibles : de la monarchie de Cécrops, Égée ou Thésée, à la démocratie de Périclès, puis à la conquête de Philippe de Macédoine qui met un terme, non à l'histoire d'Athènes mais à son indépendance diplomatique et politique. Histoire passionnante et éminemment instructive, y compris pour notre temps !

 

Quelques remarques ou réflexions d'élèves méritent l'attention et peuvent ouvrir à la discussion, et j'essaye de les compléter, parfois de les nuancer, voire les démentir.

 

L'an dernier, un élève avait comparé l'histoire politique d'Athènes à celle de la France, en faisant remarquer que, dans la cité grecque comme dans notre nation, les rois avaient joué un rôle historique qui était celui de fondation et d'unification de l'ensemble civique national, et, qu'une fois cette tâche achevée, ils s’effaçaient devant d'autres formes de régime, de l'oligarchie à la démocratie, voire à une monocratie impériale ou républicaine. La remarque est intéressante même si, au regard d'un royaliste contemporain, elle peut paraître pécher par pessimisme pour la France d'aujourd'hui qui serait ainsi condamnée à la République à perpétuité ou à la perte de souveraineté inévitable.

 

Ce que je veux retenir, c’est ce rôle reconnu de la monarchie, d’Athènes à Paris : elle fonde autour de l’Etat, par l’Etat ajouteraient certains, la nation ou, plutôt, elle lui « permet d’exister », comme le souligne Gérard Leclerc dans un numéro des Cahiers de Royaliste d’octobre 1981. Si « l’Etat n’a pas de pouvoir ontogénique » (qui fait naître l’être) », selon le philosophe catholique Claude Bruaire (1932-1986), il « est la condition indispensable de l’apparition, de la persistance et du développement (…) de la nation, de la patrie et de notre être spirituel ». Ainsi, « L’Etat a un rôle prépondérant. Toute l’histoire de France est là pour nous le montrer. Sans la monarchie capétienne, il n’y aurait pas eu de France. Ce n’est pas l’Etat capétien qui fabrique la terre de France, qui fait les Français ou qui crée la langue française, mais c’est lui qui permet que tout cela s’épanouisse. »

 

Mais, comme à Athènes, c’est ensuite que cela peut paraître se gâter : les rois écartés, la cité est tentée par l’impérialisme, par cette sorte de fuite en avant vers la démesure politique comme territoriale.

 

Le principe royal, fondé sur le devoir, le service et la tempérance, ne serait-ce que pour permettre la survie de la dynastie (un « égoïsme familial » salvateur…), limitait les velléités bellicistes sans pour autant s’interdire de pratiquer la conquête quand elle pouvait servir l’ensemble national ou le protéger des appétits limitrophes. En ce sens, le règne de Louis XV peut sembler « conclure » l’effort commencé huit siècles auparavant, achevant l’hexagone français par la Lorraine (Napoléon III y adjoindra Nice et la Savoie un siècle plus tard), et laissant à son successeur une France que la Révolution et son « soldat » Napoléon épuiseront sans l’agrandir durablement, ces derniers mimant la grenouille qui se voulait aussi grosse que le bœuf de la fable de La Fontaine, avec les résultats malheureux que l’on sait.

 

Charles Maurras, l’esprit encore embué de quelques sentiments républicains au début des années 1890, avait définitivement déserté le camp de la Démocratie avec un grand D en se rendant à Athènes, à l’occasion des premiers jeux olympiques depuis l’Antiquité, et en constatant que le règne du Démos était « la consommation » des siècles précédents, de leurs efforts et de leurs richesses accumulées… Il est vrai que les citoyens libres d’Athènes n’ont pas toujours été à la hauteur, aveuglés par une puissance dont ils avaient héritée plus qu’ils ne l’avaient créée ! Cela se terminera mal, par une série de guerres qui, en définitive, entraîneront la ruine, puis la soumission de la cité à des conquérants plus forts qu’elle… La France, après la chute de la monarchie, connaîtra elle aussi, moins d’un quart de siècle après le 10 août, l’humiliation de la défaite et de l’occupation étrangère, les chevaux russes se désaltérant dans la Seine, avant que les Prussiens de l’empereur Guillaume Ier et les Allemands du IIIème Reich ne leur succèdent… Et il n’est pas certain que notre pays se soit vraiment remis du choc de la Révolution, recherchant désespérément, parfois sans se l’avouer, la « figure du roi » (ce qu’a bien compris Emmanuel Macron) à travers des présidents de moins en moins « monarchiques », en attendant (qui sait ?) « le roi » lui-même : retour vers le futur, d’une certaine manière ?

 

Le temps des rois est passé, et la France est faite, la Révolution ne pouvant être française que parce que la France lui préexistait, justement ! Mais, en ces temps de triste République, les rois ne sont pas dépassés : ils sont juste, pour l’instant, absents… et la France, du coup, semble en dormition, attendant le Prince qui la réveillera… L’histoire n’est pas finie, et la messe n’est pas dite !