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03/03/2012

Le temps et la politique.

Le jeudi 1er mars, j'étais à Rennes, ma ville natale, pour évoquer ce débat institutionnel qui, s'il n'est pas évoqué comme déterminant dans l'actuelle campagne présidentielle, n'en est pas moins intéressant pour autant : « République ou Monarchie ? » : il est vrai que l'actualité du moment sert largement mon argumentaire...

 

D'ailleurs, le spectacle présenté aujourd'hui par les candidats à la magistrature suprême de l'Etat n'est guère enthousiasmant, tout comme celui du quinquennat qui s'achève dans une certaine confusion : les oeufs et les banderilles qui fusent de part et d'autre, à Bayonne ou ailleurs, les bons mots et les promesses que l'on avance en étant bien certain de ne pouvoir les tenir, les ralliements et les trahisons..., tout cela donne une image peu honorable de la politique mais qui est assez révélatrice d'une démocratie émotionnelle et communicationnelle dans laquelle les effets de manche et les mouvements de menton comptent plus que les débats d'idées et les propositions concrètes.

 

Lors de cette conférence rennaise, j'ai insisté sur le grand impensé de cette campagne électorale et des institutions de la Cinquième République mais qui, pourtant, revient régulièrement, sous des formes (ou des camouflages) divers : le temps !

 

Ainsi, dans l'émission « Les Grandes Gueules » (sur RMC, en semaine du lundi au vendredi) du 28 février dernier, l'un des débats tournait sur la question de l'essence et de son coût et, au-delà, sur celle d'une société de plus en plus métropolisée et rurbanisée à la fois, et sur les perspectives délicates des prochaines décennies. « Comment va-t-on faire dans les dix-vingt prochaines années ? Voilà des questions sur lesquelles on attend les propositions des politiques », disait l'un tandis qu'un autre (ou le même, peut-être : difficile parfois de savoir dans le feu du débat...) rajoutait qu'il fallait « une intervention conjoncturelle sur le court terme, structurelle sur le long terme ». Or, il est difficile de penser le long terme en période électorale mais aussi, plus systémiquement, dans une République fondée sur l'élection de son chef de l'Etat même : il est frappant de constater que, depuis la fin de l'ère gaullienne (qui se poursuit encore un peu avec Pompidou), il n'y a plus de grands projets ni de grandes ambitions, et que « l'Europe » a joué un rôle profondément démobilisateur, les hommes politiques se réfugiant derrière une « construction » qui les incitait à ne plus se charger de grandes initiatives nationales, cette « construction européenne » leur suffisant largement comme « projet » alors qu'elle n'aurait dû être qu'un moyen ou, mieux, un incitateur... Cette paresse politique perdure depuis les années 70, au grand dam de ceux qui voudraient aller de l'avant et qui rêvent d'une ambition française digne de ce nom et de l'histoire française.

 

La République est prisonnière du temps électoral dans notre pays, d'autant plus que ce repli européen, désormais, prend la forme d'une véritable prison administrative et réglementaire, au nom de la lutte contre une Dette qui, justement, détruit de plus en plus rapidement la maîtrise des Etats sur eux-mêmes et les enferme dans une spirale infernale, les empêchant de faire du temps un allié...

 

Redonner du temps à l'Etat passe nécessairement par l'inscription de la magistrature suprême de l'Etat dans la durée, et la transmission héréditaire, dynastique en est le meilleur moyen, le plus simple et le plus naturel aussi : c'est un des arguments forts qui militent pour l'instauration d'une monarchie en France, non pour défaire par principe ce qui a été fait par les régimes précédents mais pour initier et impulser les politiques et les stratégies utiles à la pérennité de l'ensemble national et à la présence de la France sur la scène internationale, quels que soient le gouvernement de passage et la crédibilité ou la popularité de celui-ci...

 

 

24/02/2012

Au-delà des querelles électorales...

J'étais l'autre jour à Versailles, profitant du beau soleil d'hiver pour me promener dans le parc, longeant le canal totalement glacé sur lequel cygnes et canards glissaient à défaut de nager, et lisant, au fil des allées, un vieil ouvrage d'écrits politiques de Chateaubriand reçu le matin même. Aux grilles du château, des centaines de touristes se pressaient, se photographiant les uns les autres devant le symbole de l'ancienne puissance monarchique... Le palais de l'Elysée ne connaît pas un tel succès !

 

Des enfants se chamaillaient gentiment, au grand dam des oreilles voisines. La maman eut, alors que je passais près de la scène de la dispute, une phrase définitive qui ramena tout de suite le calme : « Arrêtez de vous disputer, ça ne va pas plaire à Louis XIV », dont elle montrait aux querelleurs la statue toute proche. L'effet fut immédiat : les bambins se turent, comme impressionnés par l'appel au monarque cavalier !

 

Ah, si tout était aussi facile en politique, surtout en période électorale !

 

Les actuelles joutes électorales donnent lieu à de grandes agitations et à de basses polémiques, mais aussi à quelques (trop rares) débats de fond, comme je m'en suis déjà plaint. Que cela soit le jeu démocratique normal ou, plutôt, habituel, soit ! Et, après tout, pourquoi pas ? La nature humaine n'est pas de rester silencieux dans toutes les occasions, et lorsque des décisions qui engagent le corps social doivent être prises, il n'est pas forcément choquant de demander leur avis, fût-il peu avisé, aux personnes qui participent à la Cité.

 

Mais lorsque les querelles s'enveniment au point de risquer le « désordre fatal », il est bon qu'il y ait une institution qui rappelle à l'ordre et qui soit au-dessus des querelleurs, qui ne leur doive rien, et qui incarne l'unité supérieure de l'ensemble social et communautaire le plus vaste et le plus légitime à l'échelle humaine, c'est-à-dire la nation, fruit de l'histoire et des volontés renouvelées « d'être-ensemble ».

 

La « disputation démocratique », si elle veut être utile et ne pas risquer d'ébranler l'édifice qu'elle est censée servir ou vouloir servir au gouvernement, aurait tout à gagner à cette magistrature suprême de l'Etat, indépendante des partis et des groupes de pression, indépendante de par sa propre nature, de par la naissance que l'on ne peut, Dieu merci, acheter : la Monarchie, puisque c'est d'elle dont je parle comme institution transcendant les débats polémiques pour la conquête gouvernementale, a une légitimité assez forte, une fois installée, pour limiter les excès des candidats politiques à la fonction gouvernementale ou ministérielle.

 

Le souvenir de Louis XIV, encore efficace pour calmer les ardeurs enfantines, mériterait d'être renouvelé par l'incarnation royale « au présent » : sans enlever à la liberté de débats et de querelles qui est essentielle à l'exercice de la citoyenneté, elle aurait l'immense mérite de préserver l'image et l'unité de la France, à l'intérieur comme pour l'extérieur...

 

30/11/2011

La suppression souhaitable des départements.

L'OCDE annonce à la France que sa croissance économique ne sera que de 0,3 % en 2012 et que de nouveaux efforts budgétaires nécessiteraient rapidement un 3ème plan de rigueur pour économiser 8 milliards d'euros... Décidément, on n'en sort pas !

 

Néanmoins, parmi les propositions de l'OCDE, si certaines font preuve d'un dogmatisme libéral sans imagination, l'une d'entre elles me paraît pourtant intéressante et serait, si la République n'était pas en pleine campagne présidentielle (c'est-à-dire en état de faiblesse...), applicable dans un bref délai : celle de la suppression des départements, ces cadres artificiels créés en 1789 pour permettre, non une fédéralisation, mais bien une véritable centralisation au profit de Paris (les départements n'étant que les relais locaux de la politique faite à Paris, au nom de la sacro-sainte volonté générale, « une et indivisible »...).

 

Cette mesure aurait le mérite de simplifier le « mille-feuilles administratif » fort coûteux et trop complexe, avec de multiples chevauchements de compétences. Les départements n'ont plus de raison d'être, à l'heure où communes et régions sont désormais les vrais pouvoirs locaux (parfois, d'ailleurs, de façon quasi médiévale...), et d'autant plus que nous sommes en période de difficultés budgétaires et qu'il s'agit d'en finir avec les multiples gaspillages qui, aujourd'hui, creusent le trou des dettes publiques.

 

Mais, qui osera supprimer les départements qui font vivre tant de petits notables politiciens, plus attachés souvent à leurs prébendes qu’à l’intérêt général ? Si la République n’ose pas, soyons certains qu’une Monarchie, à la fois centrale et fédérale, n’aurait pas de ces timidités, quitte, d’ailleurs, à repenser l’organisation territoriale générale dans le respect des identités locales et des réalités économiques : « le roi des provinces unies de France », disait Maurras pour désigner celui qui pourrait engager et assumer une telle réforme d’ensemble, non pour imposer en tant que tel mais pour susciter un nouveau dynamisme régional et national !

 

Je conseille à l’OCDE de rajouter « l’instauration de la monarchie fédérale » dans son prochain rapport, cela serait de (très) bon aloi…