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24/03/2009

Henri IV.

J’étais dimanche à Paris pour la commémoration de l’entrée du roi Henri IV, le 22 mars 1594, dans cette ville qui ne l’avait pas accepté naturellement et lui avait même fait la guerre, avant de se laisser séduire par ce monarque d’origine protestante qui avait été assez politique pour ne pas la brusquer.

 

Ainsi, nous étions une délégation d’une bonne vingtaine de monarchistes, drapeaux au vent, dont celui, nouveau, des Volontaires et Camelots du Roi, émanation du Groupe d’Action Royaliste auquel je participe depuis sa création, il y a quelques mois. Mon ami Frédéric, que je connais depuis 1981, a rappelé en quelques mots l’importance du roi Henri dans le processus de réconciliation des Français entre eux, au sortir de la pire des guerres qui soient, la guerre civile. Le Navarrais, surnommé aussi « le vert galant », aurait-il pu réussir s’il n’avait eu une haute idée et conscience de la fonction royale, de cette fonction d’arbitrage qui manque tant aujourd’hui à la tête de l’Etat ? C’est douteux.

 

Le mérite de l’institution royale est d’offrir, dans son principe de succession héréditaire à la magistrature suprême de l’Etat, la capacité d’un tel arbitrage car elle ne doit son pouvoir et sa légitimité que d’une naissance qui est le fait le plus naturel qui soit et le moins controversé, en définitive, si on le compare aux joutes électorales présidentielles. Une succession qui, comme dans la vie des familles, peut, à un moment de son histoire, être moins simple parce que le souverain régnant n’a pas de descendant direct : c’était le cas à la mort de ce roi tant diffamé (à tort, le plus souvent) que fut Henri III, le dernier des Valois. Mais, là encore, sur son lit de mort, le Valois a respecté la règle et a rappelé que son successeur, qu’il le veuille ou non, que cela plaise ou non, c’était celui qui, par les liens familiaux, était le plus proche, soit Henri de Navarre, un prince protestant, rescapé du massacre de la Saint-Barthélémy…

 

Ah, s’il y avait eu, alors, un vote parmi les Français, très majoritairement catholiques et hostiles au souverain assassiné par le poignard du moine fanatique Clément, Henri de Navarre n’aurait pas atteint le deuxième tour ! Et pourtant, c’est celui-là, qui a du conquérir et a conquis le cœur de ses sujets : j’en profite pour souligner combien ce terme de « sujets » me semble, en définitive, heureux malgré son ambiguïté apparente, parce qu’il rappelle que, pour faire une phrase complète, il faut généralement aussi un verbe, rôle que tient symboliquement le souverain et qui donne tout son sens à la phrase…

 

Mais cette conquête des cœurs et des esprits, cette popularité chèrement acquise et qui lui a même valu les éloges des « hussards noirs de la république », Henri IV n’a pu la gagner que parce qu’il avait totalement intégré l’esprit de la royauté et du service, voire des sacrifices, qu’elle impose : l’indépendance de la magistrature suprême, l’arbitrage concret qu’elle permet, les devoirs qu’il entraîne, même contre l’amour propre du roi en exercice… Etre celui qui oublie les injures de ceux qui l’ont affrontés en d’autres temps, au motif qu’il était huguenot, donc une sorte d’ « infidèle » ; être celui qui embrasse son ennemi de la veille parce que la Couronne (et j’entends par là, au-delà même de la royauté, l’Etat, au sens le plus complet du terme) a besoin de toutes les compétences, sans forcément regarder d’où elles viennent : en somme, être un politique, au sens fort du terme, et qui mieux que le roi peut incarner ce politique fort, libre, arbitral (et non arbitraire) ?

 

Si la personnalité du premier roi Bourbon a été assez forte pour supporter les épreuves, cette véritable initiation royale au Pouvoir, elle n’aurait pas suffi pour retisser le manteau de l’unité française : c’est l’institution royale qui a donné du sens et du poids à son action, et qui lui a permis, en définitive, d’incarner la France et son destin, et de l’inscrire dans la durée. Henri IV n’est devenu roi que parce que les règles de succession échappaient aux choix des hommes et même à son propre choix… Ne pas choisir d’être roi, mais assumer : c’est la charge, parfois fort lourde, des rois de France, et que le risque de l’assassinat ne dissuade pas de ceindre la couronne qui est aussi parfois d’épines…

 

Henri IV aurait dit que Paris valait bien une messe : mais Henri IV valait bien, malgré le froid qui battait les flancs de son cheval de bronze sur le Pont-Neuf, une commémoration, quelques mots d’hommage, les paroles de cette chanson qui lui est dédiée et qui fut, au XIXe siècle, le chant des royalistes fidèles aux princes en exil…

 

 

 

 

01/03/2009

Quelques réponses monarchistes.

Dans le cadre d’un débat sur les idées monarchistes qui s’est développé sur Dailymotion autour de la vidéo sur « les victimes de la République » (http://www.dailymotion.com/user/SACR_videos/video/x7v26o_les-victimes-de-la-republique_news ), j’ai répondu à quelques objections avancées par des internautes républicains. Voici, ci-dessous, quelques unes de mes réponses :

 

1. Monarchie, possibilités institutionnelles, principes de légitimité d’une instauration monarchique :

 

La Monarchie, aujourd'hui, a des possibilités institutionnelles que n'offre pas la République, coincée par son quinquennat et sa dépendance au Seigneur-Argent...
Au-delà des caricatures qu'en donnent ses adversaires, elle serait d'autant plus libre que cette Monarchie, par son principe de transmission héréditaire, ne doit rien aux puissances d'Argent ("le vil métal" disait Maurras comme Bernanos) ni aux opinions médiatiques.
Trois principes sont désormais à la base de la légitimité d'une instauration monarchique : l'unité nationale respectueuse des diversités locales ; la justice sociale face aux "Fouquet" de l'économie sauvage ; le souci environnemental.
Le philosophe Michel Serres disait, il y a peu, que ce qui manquait à l'Etat c'était la durée : la Monarchie la permet et l'inscrit dans le politique, par la formule : "le roi est mort, vive le roi", symbole d'un perpétuel rajeunissement du régime royal. A méditer !

 

2. Le roi, souverain et non suzerain :

 

L'histoire de France ne se limite pas, heureusement, à ce que les manuels scolaires en font... Evoquer la Cour [en parlant de la Monarchie, comme le font certains républicains…] aujourd'hui fait sourire, surtout quand on en voit ce que la République a su en faire avec ses jeux de clientèle permanents et ses courtisans empressés autour de l’élysée... Comprenez bien que la Cour sous Louis XIV a été le moyen de désarmer une noblesse qui se croyait encore à l'époque féodale.
Or, le roi ne se considère pas comme le premier des nobles, comme un suzerain suprême, mais bien comme un souverain, ce qui n'a ni le même sens, ni la même portée.
L'intérêt de l'hérédité est de libérer l'Etat, en sa magistrature suprême, du "choix électoral" c'est-à-dire du jeu des clientèles et de l'Argent-Seigneur qui fait les élections, et donc en République, le Pouvoir... De plus, le roi n'a pas à être le plus intelligent ni le plus compétent mais le plus libre, libre de choisir les plus intelligents et les plus compétents qui, dans nos démocraties, ont souvent du mal à être reconnus...

 

3. Le Pouvoir ne se « mérite » pas :

 

"Mériter le pouvoir"? L'expression n'est pas très heureuse, me semble-t-il... L'Etat, lorsqu'il est justement l'objet d'une querelle pour savoir "qui" le mérite, devient alors une sorte de privilège alors qu'il est d'abord une charge politique à assumer, non dans son intérêt particulier, "mérité" ou non, mais dans l'intérêt de tous...
D'où l'intérêt d'une Monarchie où le souverain assume le Pouvoir sans l'avoir ni demandé ni "mérité" : c'est ce qui fait son indépendance et la possibilité d'entendre tous les citoyens...

30/11/2008

Les partis et l'arbitre.

Sur ma précédente note a été déposé un commentaire qui me permet de préciser utilement mon point de vue sur les partis politiques :


je suis effectivement opposé, assez logiquement, au régime des partis qui fait de l'Etat une proie et l'empêche d'assumer complètement ses devoirs, responsabilités et droits régaliens.
Mais cela ne veut pas dire que je souhaite la fin ou la disparition des partis, je souhaite juste qu'ils ne monopolisent pas le Pouvoir dont ils ne doivent pas être les maîtres, mais les conseillers, les critiques aussi, etc.
Dans une Monarchie "à la française", la magistrature suprême de l'Etat échappe aux jeux des partis dans le sens où le souverain n'est pas leur élu et qu'il n'est pas le résultat d'un choix mais au contraire celui d'un "hasard" et de la transmission du Pouvoir par une dynastie de hasards...
Dans cette optique le roi est donc indépendant et libre des partis sans, pour autant négliger leur présence, leur importance, leur rôle au sein des assemblées, des institutions régionales, municipales ou nationales,voire européennes.
Le jeu politique n'est pas exactement déséquilibré, il repose juste sur une autre architecture des rapports politiques et des institutions de Pouvoir au sein du pays : provinces, communes, chambres syndicales, professionnelles, agricoles, etc., exercent des pouvoirs qui peuvent, par rapport au pouvoir central, apparaître comme des contre-pouvoirs, capables de représenter des opinions et idées diverses, et de gouverner les collectivités locales et régionales.

En somme, cette structuration institutionnelle peut se résumer par "les pouvoirs locaux à la base, aux citoyens ; l'autorité de l'arbitrage au sommet". Coordonnateur, arbitre, éventuellement à l'origine des grandes impulsions, le roi n'est pas "seul" au pays, il laisse les communautés locales se gouverner par elles-mêmes, dans le cadre et les limites de l'unité française.
Cette nouvelle structuration institutionnelle permet une redistribution concrète des pouvoirs, ce qui n'empêchera pas tous les conflits mais contribuera à les "amortir"...
En tout cas, la monarchie peut jouer, de par son indépendance statutaire et réelle, ce pour quoi elle est faite en priorité : son rôle d'arbitre.
Ainsi, la lutte des factions, si elle peut se poursuivre, est-elle toujours surplombée et limitée par l'autorité de "l'arbitre-roi".
Mais, là encore, n'imaginons pas un roi omniprésent et "big brother", mais bien plutôt un souverain (et non un suzerain) capable d'écouter et de trancher, de décider...