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13/11/2008

Monarchie durable.

Pour mener à bien une véritable politique écologique, encore faut-il l'inscrire dans la durée et ne pas dévier de sa route (fut-elle ardue et semée d’embûches) malgré les pressions des lobbies industriels ou consommateurs qui peuvent avoir tendance à ne penser qu’à leur intérêt immédiat et particulier, au détriment du long terme et des générations qui viennent et viendront… Pas sûr que la République prise éternellement entre 2 élections, véritables foires d’empoigne politiciennes où la communication remplace les idées et les débats, soit capable de relever le défi : une monarchie, alors ? Après tout, un roi a l'obligation, en France, de transmettre à son successeur un patrimoine préservé... Et la monarchie à transmission héréditaire est fort exigeante en ce domaine, par ce même principe, cette « obligation de résultat » à laquelle elle ne peut se soustraire, au risque de perdre une grande part de sa crédibilité et, pire, de sa légitimité même, largement fondée sur le service rendu.

Je pourrai donc résumer mes propos précédents en citant l’Italien A. De Gasperi, souvent considéré comme l’un des pères fondateurs de « l’Europe » : « l'homme d'Etat pense aux prochaines générations, le politicien pense aux prochaines élections ». En France, l’homme d’Etat, qui ne peut être l’actuel locataire de l’Elysée même s’il eut quelques prédécesseurs dont certains eurent le sens de l’Etat, de la « res publica » et de ses devoirs, existe d’autant moins en République contemporaine que le politique a laissé la place à la communication et à la courtisanerie, et que l’Etat a, d’une certaine façon, déchu…

Dans notre pays, il n’y a d’Etat durable que par la Monarchie : c’est, a contrario de la « République paradoxale » instituée par De Gaulle, la leçon de l’histoire des institutions. Mais cette leçon risque de n’être qu’une théorie déconnectée du réel (et donc inutile puisque destinée à ne pas être pratiquée) si les monarchistes et les princes oublient de s’affirmer sur le champ des possibles et du politique…

En somme, pour mon compte, pas le temps de s’ennuyer pour les prochaines décennies : pour ne pas mourir royaliste mais avoir une chance de vivre en monarchie, enfin !

 

18/10/2008

La Monarchie, mais comment ?

L’une des questions qui revient fréquemment chez mes interlocuteurs, c’est « Comment la Monarchie peut-elle advenir en France ? ». Il est vrai qu’au regard de l’état actuel du royalisme cette perspective institutionnelle monarchique apparaît fort lointaine, voire improbable. Si tel est peut-être le cas, cela, de toute façon, n’enlève rien à sa nécessité. Ce constat une fois établi, quelles sont les voies d’une instauration monarchique en France ? Ecartons, dans le cadre de notre « démocratie apaisée », l’idée d’un « coup d’Etat » qui délégitimerait, aujourd’hui, toute entreprise politique aux yeux de nos concitoyens désormais habitués aux règles électorales ou parlementaires. Cela étant, ce qui est vrai en 2008 ne l’a pas toujours été, et le « coup d’Etat » ou la « révolution par la rue » ont longtemps été des pratiques pensées, voire appliquées, par les mouvements républicains, autoritaires (bonapartistes) ou royalistes en France. Il n’est d’ailleurs pas écrit que les circonstances n’autorisent pas, en des temps futurs, le retour de ces perspectives brutales : il n’y a pas de « fin de l’Histoire » et cela serait insulter l’avenir que de croire que la violence va déserter à tout jamais le champ du politique dans notre pays…

Dans le cadre de la démocratie représentative actuelle, plusieurs voies sont possibles pour l’instauration, et la Constitution du 4 octobre 1958 elle-même n’empêche pas vraiment une telle perspective, malgré l’article 89 qui stipule que la forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l’objet d’une révision. C’est ce que signale et développe Daniel de Montplaisir, administrateur de l’Assemblée nationale, dans son livre intitulé « La Monarchie » et publié en 2003.

La Monarchie sera-t-elle établie par un processus électoral ou par une « nécessité » politique (le roi comme « recours » en cas de crise politique grave ou de blocage des institutions existantes) ? Rien n’est à exclure. Un comité s’est formé il y a quelques années pour un référendum institutionnel sur la forme de l’Etat qui poserait la question de la Monarchie ou, plutôt, l’introduirait comme « possibilité » face à l’actuelle République ou, même, dans la continuité, l’aboutissement « logique » de la Cinquième République. Ses travaux sont intéressants et montrent bien la perspective dans laquelle se placent de nombreux responsables royalistes, non pour seulement témoigner, mais pour proposer, agir, convaincre…

Néanmoins, d’autres pistes existent et méritent sans doute d’être elles aussi exploitées. Quoiqu’il en soit, la première étape vers la Monarchie c’est déjà de faire connaître et accepter la proposition monarchique, d’une part au sein de l’Opinion publique (la création d’un état d’esprit favorable ou « pas opposé » à la perspective monarchique, qui passe par la « dédramatisation » de l’idée royale), d’autre part au sein des « élites » politiques des partis de gouvernement qui peuvent jouer un rôle dans la crédibilisation de l’option royale et permettre sa concrétisation, par la voie parlementaire par exemple.

Il faut être clair : la Monarchie n’est pas faite, elle est à faire. Le chemin est forcément long et difficile, mais il me semble, en ce domaine comme en d’autres, qu’il vaut la peine d’être emprunté. A l’heure de certaines échéances, il appartiendra aux royalistes de « saisir la verte chance » : il n’est pas dit que ce soient eux qui établissent la Monarchie, mais ils auront préparé le terrain, psychologique et politique, pour que d’autres, ceux qui auront le pouvoir, la possibilité de le faire, pensent, au bon moment, à l’option institutionnelle monarchique…

08/10/2008

Nationalisme, au-delà de Barrès.

Lundi soir, j’étais invité à débattre du thème « Peut-on être royaliste en 2008 ? » sur Radio-Courtoisie, aux côtés de mon vieil ami Michel Fromentoux, rédacteur en chef de L’Action française. Apparemment, le thème a intéressé les auditeurs, si l’on en croit le nombre important de messages de ceux-ci, dont certains lus à l’antenne : parfois, on y retrouvait les arguments mille fois ressassés par les nationalistes républicains, abrités derrière la figure tutélaire de Maurice Barrès.  Cet écrivain de la fin du XIXe siècle, « inventeur » du mot de « nationalisme », est resté fidèle à l’institution républicaine malgré la forte dialectique maurrassienne,  et cela au nom d’un « réalisme » pourtant battu en brèche par la pratique et qui a permis au régime républicain de perdurer, parfois sans amour particulier des Français, résignés…

Depuis un siècle, l’Histoire a été cruelle pour ceux qui se veulent barrésiens et a, à l’envi, montré que les craintes de Maurras sur l’avenir de la nation en République, étaient malheureusement fondées : il suffit de constater comment, aujourd’hui, la France a perdu une grande part de son influence dans le monde, souvent chassée par les Anglo-Saxons ou par les Chinois (comme en  Afrique), et comme essoufflée de vivre. Or, elle aurait pu jouer un autre rôle en ce XXe siècle désormais de plus en plus lointain et elle aurait quelque chose à dire (et à faire !) dans ce grand remue-ménage de la mondialisation : d’ailleurs, le général de Gaulle, sans doute, assuma la tâche d’un « régent de France », mais qui n’aurait pas eu le temps ni réussi à rendre le Pouvoir à son légitime prince. Quand on voit comment la volonté d’un homme, attaché à l’héritage capétien, a réussi à changer le cours de l’Histoire et à rendre un visage à une France qui semblait condamnée à n’être plus qu’une « province européenne » ou une « colonie de l’américanosphère », on se dit que tout cela aurait pu s’enraciner s’il avait osé fonder une nouvelle Monarchie royale avec le comte de Paris. Mais, cela n’a pas été, et il ne sert à rien de rêver : la Monarchie n’est pas faite, le Roi reste « l’absent »…

Maurras avait qualifié la Monarchie qu’il souhaitait de « nationalisme intégral » par une curieuse référence aux mathématiques, en soulignant combien il était le moyen institutionnel nécessaire pour permettre à la France « de manœuvrer et grandir » : en somme, faire du nationalisme, réflexe souvent hâtif et désordonné, une forte raison qui appelait la condition, l’exigence monarchique. Mais Maurras n’a pas réussi à convaincre Barrès et les nationalistes républicains furent, finalement, peu nombreux à franchir le pas et à conclure à la Monarchie : les mêmes aujourd’hui, s’ils saluent Maurras, le font de loin, de plus en plus loin.

Pourtant, tout ce que veulent conserver les nationalistes (je parle des nationalistes politiques ou de ceux que Taguieff nomme, reprenant un terme créé par Pierre Boutang, le fils spirituel de Maurras, « les nationistes ») ne peut l’être par un système républicain qui, aujourd’hui, n’est même plus sûr de vouloir se défendre, et qui se réfugie dans une Union européenne confortable, sans ambition autre que de profiter du banquet économique et consumériste et de « sortir de l’Histoire ». C’est d’ailleurs assez normal, la République ayant longtemps vécu sur l’élan créé par la Monarchie des siècles passés, fondatrice des formes de l’Etat et de la nation en France : mais le carburant, amassé par les capétiens et consumé par les Républiques et autres Empires césariens, est en cours d’épuisement…

Du coup, les nationalistes républicains se crispent sur des attitudes et des réflexes qui ne sont pas toujours compris de nos contemporains et qui décrédibilisent toute velléité un peu farouche de défendre la nation : or, un nationalisme bien compris (mais peut-être le terme lui-même apparaît-il trop connoté aujourd’hui pour garder quelque efficacité que ce soit) doit se rappeler la fameuse formule de Jacques Bainville, si méconnue alors qu’elle mériterait de figurer sur les banderoles des nationalistes conséquents : « Le peuple français est un composé. C’est mieux qu’une race. C’est une nation. »

D’où ma défense des musulmans français qui, d’ailleurs, m’a été hier reprochée par l’animateur de l’émission comme une « naïveté » quand j’y vois, au contraire, une prise en compte des réalités françaises contemporaines et des traditions nationales capétiennes elles-mêmes.

Tout nationaliste conséquent, et je sais que je m’adresse alors à une petite part, peut-être fort réduite, du public nationaliste, doit « faire France » avec les habitants, anciens ou récents, de notre pays. Il ne s’agit pas d’ouvrir la France à tous les vents mais de la faire aimer à ceux qui, de par l’Histoire lointaine ou proche, s’y trouvent, et s’y trouvent bien. Le vrai nationalisme français est d’abord une déclaration d’amour à la France, une passion qui n’est pas jalousie mais envie de vivre en commun, de regarder dans la même direction… L’amour, un terme trop peu employé en politique, malheureusement… Il est, en tout cas, à la base de mon « nationalisme », et ne se conçoit, pour s’inscrire dans la durée, dans cet avenir que je souhaite à mon pays, que par la fidélité au Roi !