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27/07/2009

Le malaise du président Sarkozy.

J’ai roulé tout le dimanche après-midi vers Sauternes, la radio diffusant tout ce temps des nouvelles du Tour de France et du malaise « vagal » (sic !) du président Sarkozy, la dernière information prenant vite le pas sur la compétition et le spectacle cyclistes : ainsi, les personnalités présentes sur les Champs-élysées, politiques et sportives, y allaient toutes de leurs « vœux de bon rétablissement » pour le président Sarkozy ou de formules « rassurantes » sur la tête de l’Etat, assurée quoiqu’il en soit par la pratique constitutionnelle…

Dans cette affaire d’un malaise fortement médiatisé, la communication politique de l’Elysée et, en fait, les médias eux-mêmes ont accrédité l’image d’un président tellement actif que, tel un Molière contemporain, il s’effondre, au bord de la scène, comme foudroyé en pleine gloire ! Mais, miracle, il se remet vite sur ses pieds, il n’a jamais perdu connaissance, nous explique-t-on, et il tient bon la barre. En somme, c’est l’image d’un Chef d’Etat infatigable qui ne s’arrête, à peine, que contraint et forcé par un malaise lors d’une course à pied qui rappelle son côté sportif, moderne, jeune… Même RTL y consacre un débat, ce lundi 27 juillet, sur le thème « M. Sarkozy en fait-il trop ? », formulation qui, d’ailleurs, est plutôt « ambiguë » car elle peut être comprise de deux manières bien différentes :

  1. Il est « tellement actif » (comme déjà dit précédemment), il mène tambour battant les réformes, il est surmené par un travail de tous les instants, il devrait se reposer un peu, il a bien mérité des vacances… : communication impeccable qui en fait une « victime sympathique » du travail d’Etat, qui « ne demande pas qu’on le plaigne » comme le dit un partisan de l’UMP sur RTL. Tout bénéf’ pour M. Sarkozy et son image, tandis qu’il fait encore l’actualité, au moment où l’été tournait à la litanie des plans sociaux et des réactions de colère des ouvriers…
  2. Malgré son malaise, la communication élyséenne est trop pesante et monopolise beaucoup trop l’espace médiatique, au risque d’énerver les citoyens et les auditeurs : « Comment ? Encore Sarkozy ?! »…

En fait, dans cette « République du spectacle » contemporaine, ne sont-ce pas les médias eux-mêmes qui ont donné une telle importance à ce qui n’était sans doute pas préparé ni prévu (contrairement à ce que certains commencent à murmurer : toujours un complot à dénoncer…), qui peut arriver à tout le monde mais qui, évidemment, prend toujours une certaine tournure quand il s’agit d’un homme d’Etat, d’une personnalité institutionnelle et politique, d’un souverain (étranger puisque la France n’est plus, pour l’heure, une Monarchie), etc. ?

En tout cas, dans cette République qui ne vit qu’au rythme des élections présidentielles et des débats autour de celles-ci, le moindre « incident de santé » d’un président ou d’un prétendant à la présidence se pense en termes éminemment « électoraux » : il sera intéressant de regarder, à l’heure même où ils sont tant controversés, les sondages des semaines prochaines, à l’aube d’une rentrée politique qui s’annonce socialement chaude…

Quand un roi qui n’a pas, a priori, besoin de se constituer une « clientèle » en vue d’une prochaine réélection, tombe malade, ce sont les sentiments qui priment : en République, à entendre les uns et les autres au regard du malaise du président Sarkozy, ces mêmes sentiments, s’ils sont bien (et naturellement) présents (et c’est d’ailleurs tant mieux), n’empêchent pas que ce sont néanmoins les arrière-pensées qui semblent dominer…

19/07/2009

Le quinquennat présidentiel.

La France connaît, à l’instar des autres pays du monde, une crise économique qui a aussi des traductions financière et sociale, mais qui semble, étrangement, renforcer la monocratie républicaine si bien incarnée par l’actuel président, Nicolas Sarkozy ! Paradoxe qui n’est qu’apparent et qui démontre à la fois les complexités politiques françaises et les ambiguïtés d’une Cinquième République aux multiples couleurs et tentations, et qui singe, à défaut de pouvoir lui ressembler, l’ancienne et multiséculaire Monarchie fondatrice de la France : doit-on y voir là une marque d’un subconscient politique français qui survivrait au-delà des épreuves et des ruptures de l’Histoire nationale ? Sans doute…

 

En tout cas, l’année qui vient de s’écouler a vu la mise en pratique de la réforme constitutionnelle votée en l’été 2008, et les atermoiements, voire les déchirures profondes, de l’opposition officielle au Chef de l’Etat ont aidé grandement ce dernier à passer sans trop de dommage politique les douze derniers mois, de la présidence française de l’Union européenne aux élections au Parlement européen de Strasbourg-Bruxelles… En somme, le président de la République, fort de ses succès et surtout des échecs de ses adversaires tétanisés par son activisme et sa capacité de récupération des personnalités des autres camps que le sien propre (capacité digne d’un François Mitterrand, diraient certains…), pense déjà à son prochain quinquennat : l’élection présidentielle de 2012 peut lui apparaître comme une simple formalité, si l’on s’en tient à la situation présente. S’il semble d’ailleurs si peu s’en préoccuper, c’est aussi sans doute pour marquer sa différence avec tous ceux qui, antisarkozystes bruyants, ne pensent et ne parlent, en définitive, qu’en fonction de cette échéance, comme si nous étions dans une « présidentielle permanente »…

 

Ce dernier trait est d’ailleurs un des vices de la République qui s’est véritablement aggravé depuis l’adoption, par référendum (septembre 2000), du quinquennat : en réduisant le temps accordé à un président élu, il soumet également le calendrier politique à une pression plus forte de la part des prétendants à la magistrature suprême de l’Etat qui, lorsqu’ils ne sont pas déjà en place, à l’Elysée, ne pensent plus et n’agissent plus que par rapport à cette échéance. Celle-ci apparaît être et, en fait, est le véritable enjeu de la vie politique française, particularité que l’on ne retrouve pas avec une telle prégnance chez nos voisins européens, en particulier dans les Etats monarchiques (au nombre d’une dizaine en Europe) : chez ces derniers, il est vrai que, selon le mot célèbre, « la première place est prise », ce qui, à défaut d’empêcher les ambitions (ce qui ne serait pas vraiment politique, d’ailleurs, et peu souhaitable), les limite « par le haut », et en préserve la magistrature suprême, dans sa dignité comme dans son indépendance.

06/07/2009

Le président Sarkozy, Michelle Obama et le travail du dimanche.

Et revoilà la question du travail du dimanche ! Mardi 7 juillet, alors que les vacances scolaires sont engagées et que de nombreux Français se sont déjà transformés en touristes tandis que les autres attendent avec impatience leur tour de déposer « pioche et sacoche » (en fait, aujourd’hui, d’éteindre leur ordinateur et la lumière dans leur bureau…), les députés vont à nouveau plancher sur la question de l’ouverture des commerces le dimanche, véritable obsession du président Sarkozy.

 

Le dernier argument utilisé par le président me navre et est véritablement révélateur de son état d’esprit : « Nous sommes le pays au monde qui reçoit le plus de touristes, 80 millions de touristes à l’année. Est-ce qu’il est normal que le dimanche, quand Mme Obama veut avec ses filles visiter les magasins parisiens, je dois passer un coup de téléphone pour les faire ouvrir ? » Ainsi, le tourisme serait juste une activité commerciale, en particulier d’achats… J’avais l’idée que cela pouvait être l’occasion de se promener, de découvrir le patrimoine (et Paris, me semble-t-il, ne manque pas de musées, monuments, parcs, etc., sans compter les nombreuses animations artistiques, picturales ou musicales) et que, ma foi, les grands magasins pouvaient, ce jour-là, faire « relâche », donnant ainsi aux gens l’occasion de reposer leur porte-monnaie. Que soient ouverts, comme le prévoit la loi du 13 juillet 1906 sur le repos dominical (car, après tout, n’était-ce pas l’un des objectifs de cette loi, de rendre un peu de temps libre aux travailleurs, de « temps libre commun au plus grand nombre » plus exactement ?), un certain nombre de commerces des métiers de bouche, d’activités de tourisme patrimonial ou de services publics (de transports, policiers ou médicaux), n’est pas en soi une mauvaise chose, mais il est bon que cela reste des « exceptions » et non la règle : « banaliser le dimanche », en faire un jour comme un autre n’est pas sain ni juste, comme le rappellent dans le même mouvement le Prince Jean de France, la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens), mais aussi les socialistes et… les communistes !

 

D’autre part, je croyais que les lois s’appliquaient, en cette République cinquième du nom, à tous, y compris au Chef de l’Etat : mais apparemment, « un coup de téléphone » peut passer par-dessus les lois, et « le fait du prince » (pour autant que l’on puisse comparer M. Sarkozy à un « prince »… Bon, d’accord, je suis un peu  caustique…) semble indiquer que la séparation des pouvoirs, tant vantée (à tort, d’ailleurs) comme une marque de la démocratie, n’est qu’une formule facile et pas exactement appliquée, au grand dam des disciples de Montesquieu sans doute (dont je ne suis pas, je le rappelle).

 

Dernier point : que les centres commerciaux ou les magasins de luxe que Mme Obama voulait « visiter » (sic !) soient devenus les exemples mis en avant par le président Sarkozy me semble tout à fait révélateur de ce « pouvoir de classe » qu’est « devenue » (re-sic !) la République. Nulle démagogie ou gauchisme dans mon propos, mais une certaine colère devant ce triomphe visible des puissances économiques et ce règne de l’Argent et de la Consommation : il me semble que la vie ne peut se résumer à cela, ne doit pas se plier à cela, et que les vraies valeurs ne sont pas celles que l’on compte

 

Le temps où le dimanche ne sera plus qu’un jour ordinaire supplémentaire, il manquera à notre société cette pause qui permet de faire la différence entre une semaine et la suivante, tout simplement…