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20/05/2015

Louis XVI, monarque constitutionnel.

Dans la récente édition de l'émission de « secrets d'histoire » consacrée au roi Louis XVI, j'ai été un peu surpris de constater que la fête de la Fédération n'était pas évoquée alors qu'elle est, sans doute, l'un des moments de la plus grande popularité du roi et qu'elle est devenue, dans le calendrier, jour de fête nationale (même si nombre de nos concitoyens y voient d'abord la prise de la Bastille). Marc Bloch lui-même, ce républicain exigeant, la plaçait très haut dans son Panthéon personnel. Bien sûr, c'était une sorte de « grande illusion », et le roi Louis XVI en sera la victime tout autant que La Fayette, ce libéral gonflé de lui-même mais sincère : malgré la bonne volonté de l'un et de l'autre, la monarchie constitutionnelle ne résistera pas aux tourmentes soulevées par la Révolution qui, fidèle à son principe historique, mangera ses enfants et un peu plus encore, pour le plus grand malheur de la France...

 

Etait-ce écrit en ce 14 juillet 1790 ? Je n'en suis pas certain : au-delà de l'indécision tragique du roi, c'est bien plutôt la disparition précoce de Mirabeau qui désorientera le souverain et lui fera commettre l'erreur d'un départ précipité vers l'est du pays, qui s'achèvera dans la confusion à Varennes. A ce moment-là, la monarchie semble se disjoindre d'une « souveraineté nationale » qui, en l'année 1791, ne lui est pas encore hostile sans, pour autant, lui être complètement favorable : ce sera l'occasion pour les plus ardents révolutionnaires de basculer dans un républicanisme politique qui incarne, mieux que la monarchie, leur idéologie jacobine.

 

 

La monarchie constitutionnelle façon 1791 n'est pas mon idéal monarchique : je suis plutôt partisan d'une monarchie active, fédérative et fédérale, éminemment politique sans être bureaucratique ou omniprésente, véritablement sociale sans être étatiste, d'abord arbitrale plutôt qu'arbitraire... Mais l'expérience (malheureuse en fin de compte) de la monarchie de 1791 n'était pas inutile et a, au moins, posé les bases d'une démocratie parlementaire qui, si elle me semble parfois fort périlleuse (et l'histoire de la IIIe République l'a tristement prouvé à l'envi et pour la plus grande honte de la France...), permet l'expression (plus ou moins...) apaisée des opinions et des grandes tendances intellectuelles et politiques  de notre pays.

 

 

En fait, la démocratie représentative ne me semble pas aller assez loin dans cette expression politique des peuples et de leurs cadres sociaux, de la famille à la nation, voire à l'Union européenne : sans tomber dans une démagogie « démophilique » qui ne serait que la caricature de la véritable démophilie, éminemment nécessaire à mes yeux, il ne me paraîtrait pas choquant de donner de véritables pouvoirs aux communes et aux provinces, aux professions et aux établissements scolaires (par exemple), pouvoirs qui seraient confirmés ou légitimés par les électeurs locaux ou les travailleurs concernés. Dans les années soixante-dix, la Nouvelle Action Française prônait la « sociogestion » et une « nouvelle citoyenneté » active : ce sont des pistes intéressantes que les royalistes se doivent de préciser encore, pour concilier « les libertés à la base » et « l'autorité au sommet »... N'était-ce pas, d'une certaine manière, la problématique de Louis XVI, malgré les pressions d'une Assemblée qui ne jurait que par une « démocratie représentative », en définitive si mal adaptée à notre histoire et à nos « passions populaires » ?

 

 

 

 

18/05/2015

Le Groupe d'Action Royaliste, en quelques lignes.

Avant le colloque « Dessine-moi un roi » organisé par l’Action Française le 9 mai dernier, j’ai répondu à quelques questions : la dernière d’entre elles s’adressait au vice-président du Groupe d’Action Royaliste que je suis depuis sa fondation, et portait sur sa nature et ses activités. Ce ne sont que quelques lignes, et elles ne sont en rien exhaustives, évidemment, des actions et des moyens mis par le GAR à la disposition des royalistes, de tous les royalistes… D’ailleurs, en se promenant sur les sites du GAR, en regardant les vidéos du SACR (la branche audiovisuelle du GAR animée par l’ami Kdou), ou en lisant les publications écrites aussi disponibles sur la toile, chacun pourra constater que, depuis quelques années qu’existe notre Groupe, celui-ci n’a pas chômé et continue, contre vents et marées, de diffuser idées et propositions royalistes… Je dois avouer que je suis très fier d’en faire partie !

 

3. Comment le Groupe d’Action Royaliste conçoit-il son rôle et de quelle manière participe-t-il à l’entretien et à l’essor de l’espérance royale ?

 

Le Groupe d’Action Royaliste, qui n’est ni un  mouvement ni un parti, est une structure qui a pour vocation de diffuser les idées royalistes dans le pays, mais aussi de réfléchir à des propositions dans le domaine social, économique, environnemental, institutionnel, et de transmettre le patrimoine royaliste des générations passées, « dans la tradition et l’esprit des Camelots du Roi ». Il intervient aussi et de manière circonstanciée dans certains débats politiques et dans des luttes sociales, régionalistes ou environnementales (Notre-Dame-des-Landes ; PSA-La Janais, à Rennes ; lutte contre la retraite à 67 ans ; etc.).

Pour cela, le GAR édite affiches, autocollants, brochures et livres, ainsi qu’une revue, « Libertés », qui prend la suite de « Action Sociale Corporative » (ou « ASC »). Mais il diffuse également de nombreuses vidéos sur la toile, vidéos qui abordent autant les sujets historiques que les questions sociales ou politiques.

De plus, le GAR soutient toutes les initiatives royalistes, d’où qu’elles viennent, qui peuvent aider au développement crédible du royalisme en France, à Paris comme dans les provinces.

Dans le même temps, chaque année, le GAR organise l’hommage des royalistes au roi Henri IV, et des banquets monarchistes bimestriels.

 

 

 

 

17/05/2015

L'égalité, escroquerie républicaine...

La fin d'année scolaire approche et c'est le temps de la préparation des derniers cours de Seconde : entre deux paquets de copies et quelques lectures des journaux du jour, je suis en train de compléter ceux qui porteront sur la Révolution française. Autant dire que je me régale, même si la période n'est pas forcément la plus heureuse de l'histoire de France... En fait, elle est l'une des plus denses et des plus agitées, et m'apparaît de plus en plus comme la trahison des espérances populaires et la prise de pouvoir d'une « classe », d'ailleurs pas du tout homogène, ni dans ses formes ni dans ses idées, que l'on pourrait qualifier, par facilité plus que par réel discernement, de « bourgeoise », à rebours de ce que pensait Maurras (et tant de conservateurs de son temps), qui voulait sauver la bourgeoisie de cette sorte de péché originel révolutionnaire : il y voyait plutôt le fait de déclassés et d'esprits rousseauistes, sans convaincre totalement. Bernanos était plus sévère, et plus lucide, sans doute, sur cette question.

 

Je me souviens d'une préface de Pierre Chaunu au livre magistral de Victor Nguyen intitulé « Aux origines de l'Action française » dans laquelle il chiffrait aux alentours de « 80.000 » les personnes ayant tiré un profit économique et financier de la Révolution française, ce qui, en définitive, n'est pas beaucoup au regard du sang versé et des souffrances endurées jusqu'au retour des Bourbons sur le trône, en 1814 puis 1815, et cela « sans que 20 millions de paysans ne récoltent mieux qu'une broutille ». Pour une Révolution qui se voulait égalitaire, quel drôle de bilan !

 

En fait, l'égalité proclamée par les révolutionnaires de 1789 et « appliquée » durant la Terreur de 1793, n'était pas celle des fortunes ni celle des conditions mais devait se comprendre comme, d'une part un grand mouvement d'unification (d'uniformisation ?) au sein de la Nation (celle qui se voulait « Une et indivisible ») qui en finissait avec les « privilèges » provinciaux ou professionnels, d'autre part un mouvement visant à l'égalité de traitement des individus, en particulier par -et devant- la loi, ce qui, pour ce dernier, n'a rien pour me choquer, même si la réalité sera, en ces temps-là, beaucoup moins favorable...

 

Là où je considère qu'il y a escroquerie, c'est que cet idéal d'égalité cache, le plus souvent, une forme malsaine et détestable de jalousie sociale, et qui pourra se traduire par une terreur (avant même qu'elle ne devienne majusculaire), un vandalisme et un brutalisme (dans le sens que lui donne, sur le plan architectural, le prince Charles d'Angleterre) sans égale mesure dans l'histoire de notre pays jusqu'alors, sauf peut-être au moment des guerres de religion. Il suffit de se promener en France et de constater que, lors des visites de monastères ou de cathédrales, de châteaux ou de beffrois, l'on n'échappe pas à une évocation, parfois discrète et un peu gênée, des « destructions de la période révolutionnaire », quand il serait plus simple et historiquement plus juste de parler des « destructions de la Révolution » elle-même ! La rage égalitaire qui motivait les saccages et les pillages au nom d'une « table rase » qualifiée de « républicaine » m'a toujours effrayé, et je suis d'autant plus sensible aux massacres archéologiques actuels qui ravagent le patrimoine de la Syrie et de l'Irak, que j'y aperçois, à deux siècles de distance, la même fureur contre un passé pourtant millénaire, la même détestation de ce qui n'est pas « l'ordre nouveau » du moment, républicain ou islamiste, la même haine contre les « inégalités protectrices » que sont les diversités familiales, sociales, religieuses ou communautaires.

 

L'égalité est trop souvent la négation des différences, de l'altérité et des libertés, et non la correction des injustices qu'elle se prétend être, ou que prétendent ceux qui parlent pour elle. Durant la période révolutionnaire, elle fut aussi le paravent d'une confiscation et d'un détournement des fortunes, non pour le partage mais pour la rapine de quelques uns. Quand Balzac s'écriait que « derrière chaque grande fortune, il y a un grand crime », sans doute avait-il à l'esprit ce qui s'était passé dans les années 1790, et que dénonçait Pierre Chaunu : « La Révolution, c'est la distribution d'une bonne partie de la propriété noble (…) à un taux truqué (entre 7,5 et 12,5 % de la valeur du marché de 1789) à 80.000 apparatchiks et affidés. (…) La Révolution c'est aussi le vol ! Et le non-dit. La redistribution au profit d'une nouvelle couche dirigeante d'une catégorie de notables qui comprend les anciens et majoritairement des nouveaux (…). » L'on sait aussi que les grands hommes de la Révolution (hormis les incorruptibles de la Terreur, du moins ceux qui disparurent brutalement de la scène politique en Thermidor) aimaient l'argent, comme Danton qui passe désormais pour le modèle-type du corrompu, ou Fouché, et quelques autres au républicanisme si bien avéré qu'on les vantait jadis dans les manuels d'histoire de la IIIe République...

 

Deux siècles après, l'on mesure mieux, sans doute, l'imposture égalitaire de la Révolution : l'égalité a beau être inscrite au fronton des mairies et des écoles primaires, il n'y jamais eu autant d'injustices, en particulier sociales, et les citoyens, se sentant trahis, désertent les partis qui se réclament trop bruyamment d'une République qui, en définitive, n'a pas su répondre aux intérêts de tous, une République prisonnière des féodalités de l'Argent qui, désormais, font les élections présidentielles...

 

Dans le même temps, à défaut de favoriser une certaine et nécessaire justice sociale, la République pratique un égalitarisme niveleur des intelligences, non pour assurer l'égalité des chances mais pour « égaliser » des élèves qui, pourtant, ne demanderaient pas mieux, au moins pour une partie d'entre eux, d'aller plus loin dans l'acquisition de nouvelles connaissances ou dans la curiosité intellectuelle : alors qu'il faudrait se mettre à la portée des élèves et leur donner à la fois l'envie et les moyens de s'élever, l’Éducation nationale, par ses réformes « néopédagogistes » préfère que les professeurs se mettent à leur niveau (ce qui n'est pas du tout la même chose) par des pédagogies « ludiques » ou « informatiques » qui négligent l'effort et la réflexion personnels... Là encore, l'égalité sera un leurre pour les générations futures, juste une « valeur de la République » que l'on apprendra en « éducation à la citoyenneté » (ou « à la laïcité », selon la titulature du moment...), et qui tentera de cacher l'échec d'un système éducatif déjà bien malade...

 

A moins que... Mais cela, c'est déjà, au double sens du terme, une autre histoire !