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13/03/2015

Les départementales "nationales"...

 

L'actuelle campagne électorale pour les Départementales n'a rien de très local, au regard des déclarations politiques des uns et des autres, partis et médias : en fait, il n'est question que du Front National, de son possible score hexagonal, des réponses que les autres partis veulent lui apporter, mais aussi des intellectuels qui prépareraient le terrain à une présidence Marine Le Pen en 2017 ! En somme, c'est « pour ou contre le FN », et (presque) rien d'autre... Cela serait risible si ce n'était pas tristement révélateur de l'impasse démocratique d'une République qui, à force de se regarder dans un miroir qui lui répétait inlassablement « Tu es la plus belle », ne supporte pas l'idée qu'elle puisse être conquise par un parti qualifié de populiste et qui, pour être indéniablement républicain, n'en a pourtant pas tous les codes et toutes les habitudes.

 

En tout cas, les débats sur la réforme territoriale, sur les pouvoirs et possibilités des départements, sur leurs rapports avec les régions nouvellement (et souvent scandaleusement) découpées ou, plutôt, regroupées, sur les projets départementaux et les perspectives de ceux-ci, tous ces débats qui ne sont pas inutiles sont pourtant négligés des médias et des forums : or, ce sont ceux-ci qui mériteraient d'être abordés, discutés, disputés ! Mais ils ne se tiendront pas, et il faudra se contenter de slogans et de diatribes jusqu'au terme de cette sorte de mascarade électorale qui verra triompher l'abstention et le dégoût de la politique telle qu'elle se présente et représente aujourd'hui...

 

Je ne me réjouis pas de cette situation et je regrette que certains candidats, de droite comme de gauche (oui, de gauche aussi, car certains n'ont pas démérité en leur mandat de conseiller général), soient les victimes collatérales d'une situation dont ils ne sont pas vraiment responsables, mais que l'actuel locataire de Matignon a contribué à aggraver en véritable pyromane, tandis que, du coup, le président de la République apparaît comme un « modéré », comme un arbitre avant que d'apparaître, d'ici 2017, comme un recours, à la fois contre M. Valls (trop excité, et trop libéral...) et contre Marine Le Pen : en digne héritier du Florentin Mitterrand, M. Hollande a su jouer des forces et failles de ses adversaires et de ses partenaires, et il sait qu'il peut désormais envisager la prochaine élection présidentielle avec un certain optimisme, confirmant l'intuition de Michel Houellebecq qui, dans son dernier livre « Soumission », imagine (devine ?) un deuxième quinquennat hollandais, ce que personne ne lui a reproché ni n'a osé démentir d'un haussement d'épaules, preuve (s'il en fallait) que l'hypothèse est sérieuse et déjà intégrée dans les perspectives futures de la République pour de nombreux analystes, journalistes comme politiques.

 

En fait, la réforme territoriale engagée l'an dernier par le gouvernement, du simple fait qu'elle reste, en ce mois de mars, inachevée et, d'une certaine manière, encore peu lisible, décrédibilise tout débat sérieux sur ces questions départementales et régionales, ce qui explique, en partie, la porosité de ces élections de la fin du mois à d'autres thèmes, beaucoup plus nationaux et généraux, sans véritable rapport avec les enjeux départementaux.

 

Tout cela laisse dans les esprits une impression désastreuse et il n'est pas certain que, là encore, la République en sorte grandie malgré tous ses discours moralisateurs et annoncés « responsables » : décidément, il apparaît de plus en plus nécessaire de la remettre en cause pour mieux remettre le pays, à travers son organisation territoriale et son aménagement et par un nouveau statut de la magistrature suprême de l’État, en ordre...

 

 

 

 

 

 

 

09/03/2015

M. Valls poursuit sa chasse aux sorcières...

Le climat politique en France est véritablement délétère depuis quelques temps, et ce ne sont pas les propos dominicaux de M. Valls qui vont arranger les choses, lui qui, à défaut de bien gouverner, cherche, non à alerter mais à effrayer, et se fait imprécateur et inquisiteur, dénonçant le philosophe Michel Onfray comme un soutier de la Nouvelle Droite quand ce dernier se prétend, encore et toujours, de gauche : il est vrai que le penseur qui réside au cœur de la campagne normande n'appartient pas à la « gauche bobo » ou à celle (c'est parfois la même) qui se dit « pragmatique » pour mieux légitimer ses reniements et son ralliement à un libéralisme économique sans véritable retenue ! M. Valls n'aime guère que l'on s'en prenne à ses amis parmi lesquels Bernard-Henri Lévy, l'une des cibles privilégiées de Michel Onfray...

 

Fidèle à sa tradition clémenciste pour laquelle « la Révolution est un bloc » et la République intouchable à défaut d'être irréprochable, l'actuel locataire de l'hôtel Matignon dénonce l'impétrant qui ose égratigner le boutefeu de la gauche caviar, ce BHL qui, après avoir tant fait pour embraser la Libye d'un incendie qui ne s'éteint plus, aimerait bien voir l'Union européenne bombarder Moscou et renverser celui qui n'accepte pas l'ordre de Washington... M. BHL est un exalté, véritable Saint-Just de pacotille qui a trouvé en M. Valls son Robespierre, quand M. Onfray, de par ses racines normandes, se voit d'une certaine manière comparé à Charlotte Corday, ce « poignard de la Contre-révolution » !              

 

En tout cas, la liste des « proscrits de la République » s'allonge de jour en jour, toujours alimentée par une Gauche qui reconnaît ainsi qu'elle a perdu le combat des idées et se contente désormais de communicants et de quelques intellectuels souvent plus médiatiques que penseurs. Bien sûr, sur cette liste noire, on retrouve des intellectuels de droite ou conservateurs (Zemmour ou Finkielkraut), mais aussi des personnalités fortes et difficilement, à les lire précisément, inclassables (Houellebecq), mais encore (et de plus en plus) des hommes de gauche plus lecteurs de Camus ou de Proudhon que de Sartre... Après Jean-Claude Michéa, au tour de Michel Onfray d'être dénoncé et diabolisé, désormais par les plus hautes autorités gouvernementales elles-mêmes pour lesquelles il semble que « l'esprit du 11 janvier » se résume, en fait, à organiser une véritable chasse aux sorcières à « ceux qui pensent mal », c'est-à-dire à ceux qui ne pensent pas comme eux ! « Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté », proclamait Saint-Just : M. Valls, pour qui la France est « née en 1789 » (sic!), applique cette formule avec toute la rigueur et l'empressement républicains qu'on lui connaît et reconnaît. Mais il n'est pas sûr que cette République dont il se veut le défenseur « incorruptible » soit, désormais, l'avenir des idées...

 

 

 

 

28/02/2015

L'iconoclasme de "l'Etat islamique".

Lorsque j'étais enfant, j'étais passionné par l'archéologie et les civilisations anciennes, et je trouvais dans la bibliothèque familiale de quoi assouvir ma saine curiosité, en particulier dans les anciens manuels scolaires de 6ème que mes parents avaient reçus en « spécimen » lorsqu'ils étaient professeurs de lycée : il y était fait large étalage des pharaons de l’Égypte ancienne, des Hébreux et de leurs aventures bibliques, des Perses et de leurs « Immortels », mais aussi des civilisations et empires qui s'étaient succédé en Mésopotamie il y a plusieurs millénaires... Dans mon livre préféré de cette époque heureuse de mon enfance, intitulé « Aventure et découverte de l'archéologie » et richement illustré de dessins colorés, un livre que j'ai encore près de moi et que je feuillette tout en rédigeant cette note, je peux admirer « Nébo, l'une des quatre divinités assyriennes, la seule qui ait une figure humaine », comme le signale la légende de l'image : je reconnais là l'une des statues que les partisans de « l’État islamique » ont détruit à coup de masse et de marteau-piqueur ces jours derniers, devant leurs caméras et pour leurs clips de propagande !

 

Le sentiment que j'éprouve face à ces destructions est un mélange de tristesse et de colère : tristesse devant la disparition brutale d'un patrimoine (re)découvert au XIXème siècle (en particulier par l'explorateur anglais Austen Henry Layard) et dont, heureusement, une large part se trouve dans les musées européens, en particulier londonien et parisien ; colère devant cet iconoclasme qui peut aussi nous rappeler les pires heures de la Révolution française quand le marteau vengeur et républicain s'abattait sur les rois de Juda de la façade de Notre-Dame ou sur les tombeaux des rois de France à Saint-Denis, sur les statues des saints de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, au nom d'une « table rase » qui devait permettre à la République de s'établir et de se pérenniser...

 

Mais il faut aller au-delà de ce premier sentiment et saisir de quoi il retourne vraiment : en détruisant ces merveilles archéologiques d'un temps lointain et, surtout, anté-islamique, les islamistes poursuivent plusieurs objectifs : d'abord, détruire tout ce qui n'est pas « eux » et leurs conceptions religieuses, et déraciner toute autre forme de civilisation et de rapport au monde, ce qui est, en somme, classique au regard des enjeux idéologiques et de la volonté de créer un « ordre nouveau » et de l'imposer aux populations tombées sous leur coupe ; ensuite, prouver aux historiens et archéologues qu'ils n'hésitent pas à s'en prendre à « la mémoire des peuples » symbolisée par des statues ou des monuments anciens parfois uniques, pour imposer leur « seule histoire » en effaçant toute trace d'un « avant », impie selon eux : c'est aussi un moyen de chantage et de marchandage, car ils savent que, du coup, ces œuvres anciennes prennent une valeur d'autant plus importante aux yeux de ceux qui voudraient les sauver, de quoi les négocier au prix fort sur le marché des œuvres d'art, en particulier en son secteur clandestin, mais aussi sur le plan politique... De plus, les islamistes de Daech, qui tiennent le devant de la scène ce vendredi soir encore sur les médias, savent aussi que nos sociétés ont besoin d'un « spectacle quotidien » et toujours renouvelé et que la Terreur, fût-elle artistique ou archéologique, est le meilleur moyen pour eux d'effrayer leurs adversaires, surtout lointains, et de leur imposer une forme de dépendance en les plaçant sur le terrain que ces islamistes occupent déjà. D'ailleurs, au regard du nombre d'expositions de dessins de presse supprimées en Europe (en Belgique, en France, etc.), la dernière au Mémorial de Caen, toujours « au nom de la sécurité » ou du « risque de provocation », mais aussi des séances de présentation annulées (parfois sur « conseils » de la DCRI...) du film « l'Apôtre » (qui raconte l'histoire d'un jeune musulman qui se convertit au christianisme), on pourrait bien en conclure que les terroristes ont déjà remporté, sinon la guerre, au moins quelques batailles... Rien de très rassurant, en somme !

 

Cela nous rappelle que, pour vaincre, il faut être sûr de soi et de ses raisons, et que nos sociétés, en se transformant  en sociétés de consommation motivées par le « Time is money » de Benjamin Franklin, en ont oublié leurs racines, celles qui leur permettaient de résister aux tempêtes du monde et du temps... Il n'est pas trop tard pour les retrouver et refaire de notre mémoire, non un carcan de vieilleries, mais un moteur de notre volonté de vivre tels que nous sommes, héritiers d'un temps long et des générations qui nous ont précédées, non pour les imiter, mais pour suivre notre voie au fil de cette « étoile du nord » que l'on appelle la civilisation française, avec ses multiples formes sentimentales et ses diversités provinciales...

 

« L'avenir dure longtemps », disaient à leur tour le général de Gaulle et le comte de Paris : en être conscient, dans tous ses aspects, et le faire savoir, c'est encore le meilleur moyen intellectuel de combattre cet « État islamique » qui vit de nos faiblesses spirituelles et s'en nourrit pour grandir. Mais il faudra aussi le moyen du politique pour incarner au mieux cette formule et la rendre fatale à ceux qui haïssent ce que nous sommes, intimement, c'est-à-dire des « insoumis » à leur ordre maudit, des hommes de cette France qui signifie, depuis que le nom existe, « la terre des hommes libres », ou « la liberté » tout simplement...