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06/01/2015

Ecologie, 2015...

 

Ainsi, M. Hollande serait, sinon devenu écologiste, en tout cas désormais plus sensible aux questions environnementales : après tout, pourquoi pas, même si je reste sceptique… N’est-ce pas lui qui, il y a à peine quelques semaines, en novembre dernier, souhaitait que la France participe à l’exploitation des énergies fossiles en Alberta, au Canada ? A l’époque, son ancienne ministre de l’écologie Delphine Batho déclarait, grinçante : « (L’Alberta) est l’endroit où il y a une catastrophe écologique gigantesque, des destructions de la forêt boréale, des égouts à ciel ouvert et c’est le pétrole qui est le plus sale du monde ». Rien de très rassurant pour l’environnement, n’est-ce pas ?

 

Mais le président, désormais engagé dans ce qui ressemble à une campagne électorale présidentielle (deux ans et demi avant le terme de son premier mandat…), cherche à se parer des couleurs de l’écologie pour mieux désarmer d’éventuels concurrents venus des milieux Verts : d’ailleurs, à entendre lundi soir M. de Rugy, député de Loire-Atlantique prêt à assumer des responsabilités ministérielles dans le gouvernement de M. Valls, les sirènes hollandaises ont quelque charme… et quelque succès ! Quand le premier ministre assure que le chantier de l’aéroport annoncé à Notre-Dame-des-Landes démarrera dès la mi-2015, le président en exercice, lui, est moins catégorique, évoquant le début des travaux au terme des recours engagés, ce qui pourrait mener jusqu’en… 2017, après le 2ème tour de l’élection présidentielle ! On l’imagine mal, d’ailleurs, prendre le risque de nouveaux affrontements sur un site désormais symbolique des luttes contre les « grands travaux inutiles » et tenu par des militants déterminés à ne rien céder, confortés par l’échec des précédentes tentatives gouvernementales pour reprendre les lieux : malgré tous les moyens mis à la disposition d’une République habituée à avoir le dernier mot au nom d’une légalité qui, de plus en plus, est contestée par un « pays réel » multiforme,celle-ci ne semble plus en mesure de s’imposer, pour l’heure, face à des révoltes environnementales encore désordonnées mais qui, remplaçant des révoltes sociales désormais (et malheureusement, sans doute…) peu mobilisatrices, pourraient bien couver de nouvelles formes politiques périlleuses pour la partitocratie traditionnelle comme pour l’idéologie dominante elle-même…

 

En tout cas, l’écologie risque bien de devenir à la fois l’alibi et le cauchemar de M. Hollande et, au-delà, de ses concurrents/alliés Verts : il n’est pas certain que la République sorte intacte de cette configuration nouvelle de la question environnementale, moins consensuelle que les seules inquiétudes évoquées à l'égard d’un réchauffement climatique (mieux vaudrait, d’ailleurs, parler de « dérèglement climatique », ce qui serait plus exact et non moins inquiétant…) qui ne présage rien de bon pour les générations prochaines, qu’elles soient humaines, animales ou végétales. L’environnement n’est pas « un », mais « des » fronts nouveaux : la lutte contre la déforestation, celle contre la rurbanisation anarchique ou contre les grands équipements inutiles et destructeurs, celle-là encore pour la préservation des zones humides et de leurs richesses de biodiversité, la lutte contre l’artificialisation de la nature (par les OGM ou par le remembrement), celle pour une agriculture biologique et de proximité, à taille humaine et d’abord vivrière au lieu de n’être qu’industrielle, la promotion et la mise en pratique des énergies renouvelables (marines, hydraulique, éolienne, solaire, etc.), et tant d’autres contestations et propositions autour du souci environnemental… Que sur ces barricades de l’écologie réelle (qui n’est pas forcément « l’écologie légale »…), l’on y croise les royalistes n’a rien de surprenant : ils en ont parfois été les premiers bâtisseurs, de Chateaubriand à Bernanos, de Paul Bourget à Bertrand de Jouvenel ou à Gustave Thibon

 

« Sur le béton de la démesure urbaine et industrielle, nous planterons nos fleurs de lys, aux couleurs de la colère et de l’espérance ! »

 

 

 

 

 

15:14 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, luttes, bernanos, verts.

19/12/2014

Au Danemark, l'ouverture des magasins le dimanche a tué les petits commerces....

 

Les socialistes font preuve d'une grande schizophrénie dans l'affaire du « travail du dimanche » : opposés à son principe même quand ils étaient dans l'opposition, voici que c'est le Pouvoir socialiste qui, de MM. Macron et Fabius (les plus acharnés à l'ouverture dominicale et nocturne des magasins à Paris et dans les grandes villes) à MM. Valls et Hollande (les actuels « tauliers » de la République), décide de « libéraliser » les dimanches, au risque d'abîmer un peu plus les liens sociaux et familiaux déjà bien éprouvés par cet individualisme de masse qui est le meilleur moyen mais aussi fondement de la société de consommation. Bien sûr, il y a la résistance de nombreux socialistes dont certains issus d'une tradition catholique ou d'une tradition socialiste ouvriériste, voire proudhonienne, mais une résistance qui risque de s'effacer devant la peur de la déconvenue électorale en cas de dissolution de l'Assemblée, chantage d'un exécutif aux abois, soumis aux pressions de Bruxelles et de Berlin pour mener des réformes dites « nécessaires » et réduire un endettement public devenu un boulet pour tout gouvernement, mais aussi (et surtout ?) un argument pour tous ceux qui veulent réduire le politique à la soumission au seul domaine économique...

 

Or, il est quelque chose qui m'interpelle depuis un bon moment : comment se fait-il, au regard des discours « libéralisateurs » sur le travail dominical, que ceux qui les avancent oublient de rappeler que l'Allemagne, première puissance économique de l'Union européenne, n'use pas de cette ouverture des magasins le dimanche, comme on peut le constater en Bavière, première région économique du pays et au plus haut revenu moyen par habitant en Allemagne ? D'ailleurs, à lire et écouter Angela Merkel, ce n'est pas vraiment la réforme la plus immédiate qu'elle demande à la France ! Je me trompe peut-être, mais il ne me semble pas l'avoir entendu une seule fois évoquer cette question-là, alors que les changements qu'elle demande, parfois peu poliment au regard de notre fierté nationale (qui n'est rien d'autre qu'un amour-propre bien placé et raisonné qui ordonne un sentiment bien naturel), visent bien plutôt la Dépense publique !

 

De plus, les promoteurs du travail dominical oublient de regarder l'expérience récente du Danemark qui, depuis octobre 2012, a légalisé cette ouverture des magasins le dimanche : les résultats ne se sont pas faits attendre, et sont significatifs de ce qu'il adviendrait, concrètement, si la France cédait aux sirènes d'un libéralisme qui ne croit pas vraiment en la liberté mais aux profits que l'on peut en tirer, dans la seule logique franklinienne du « Time is money »... Le quotidien La Croix (mardi 2 décembre 2014) évoque cette expérience danoise sous le titre explicite « Place nette pour les enseignes à bas prix » : « Dans d'autres communes du royaume, petites ou grandes, bon nombre de boulangeries, épiceries, magasins de vêtements, d'électronique mettent la clé sous la porte. La concurrence est devenue trop rude face aux grandes structures qui, elles, peuvent se permettre d'embaucher du personnel pour profiter des possibilités données par la loi depuis le 1er octobre 2012.

 

« Auparavant, tous les magasins, hormis les boulangeries, devaient être fermés à la clientèle entre le samedi à 17 heures et le lundi matin à 6 heures. Cette limitation a désormais disparu. Seules exceptions : une bonne douzaine de jours fériés, y compris Noël, le 31 décembre (à partir de 15 heures) et le jour de l'An.

 

« Les principaux gagnants sont les chaînes de supermarché et les grands magasins discount. Le leader du secteur dans le pays, Dansk Supermarcked, a rapidement vu sa part de marché augmenter (à plus de 35%), grâce au succès de sa chaîne discount Netto : les magasins à l'enseigne jaune sont ouverts tous les jours de la semaine de 8 à 22 heures.

 

« Difficile de rivaliser pour les commerces de petite taille, qui avaient déjà fort à faire pour résister à la vente en ligne et à la crise, depuis 2008. Un an après l'entrée en vigueur de la loi, les boutiques et les supérettes de Copenhague et sa banlieue avaient déjà enregistré « une baisse de 30 % à 50 % de leurs chiffres d'affaires » (...) » Ainsi l'on constate que cette ouverture dominicale demandée à grands cris par quelques grandes enseignes et des consommateurs avides et impatients, désormais dépendants d'une immédiateté qui profite aussi, de plus en plus, aux boutiques en ligne telles Amazon au détriment des boutiques « réelles », ne profite guère, en revanche, aux « petits » commerces et entraîne, en fait, la dévitalisation des centres-villes et des faubourgs, et cela pour tous les jours de la semaine... Est-ce cela que l'on veut pour la France ? Et qui peut chiffrer les emplois ainsi perdus ?

 

En plus d'entraîner la désertification commerciale des centres-villes, le travail du dimanche précarise l'emploi : « Pour servir la clientèle le dimanche, mais aussi en soirée, les employeurs ont de plus en plus recours au temps partiel. Celui-ci représente 70 % des emplois du secteur, selon le syndicat HK Handel. « On ne pourra bientôt plus vivre de son travail dans cette branche, ce ne sera plus qu'un complément à autre chose », regrettait le président du syndicat, Per Tonnersen, dans le journal Berlingske du 28 novembre.

 

« D'autant qu'en 2007, neuf jeunes sur dix ayant choisi une formation aux métiers du commerce trouvaient un emploi dans les deux mois qui suivaient leur entrée sur le marché du travail. Désormais, ils ne sont que deux sur trois. »

 

L'expérience danoise, qui montre qu'il n'y a, en fait, aucune réelle et honnête concurrence entre petits magasins et grandes enseignes, mais juste l'écrasement des « indépendants » et des « petits » par la grande distribution, devrait être plus souvent citée et étudiée, y compris par les socialistes qui s'opposent à l'élargissement de l'ouverture des magasins le dimanche : ils y trouveraient nombre d'arguments à avancer face aux illusions et aux tentations « libéralistes » de MM. Macron et consorts...

 

 

 

 

 

16/12/2014

Quand le règne des robots arrivera...

 

Les robots m'inquiètent ou, plus exactement leur règne possible, ce « grand remplacement » des hommes par ces machines « presque » pensantes... Différentes études récentes évoquent la possibilité de ce remplacement, et cela dans des délais assez brefs (d'ici une dizaine d'années), y compris dans les emplois de services, que l'on disait, pour beaucoup, impossibles à délocaliser ou à dénaturer... Et ce n'est pas le récent dossier publié par Le Parisien Magazine qui va me rassurer, lui qui fait sa couverture sur l'image d'un robot triomphant avec ce titre révélateur encore plus que provocateur « Il va piquer votre job ! », avec ce sous-titre inquiétant : « 3 millions d'emplois sont menacés par les robots »... Joyeuse perspective à l'heure où près de 6 millions de nos compatriotes sont déjà au chômage, complet ou partiel !

 

Parmi les métiers menacés, celui de caissier : déjà, comme le rappelle l'hebdomadaire, ce sont de plus en plus « des caisses automatiques [qui] détectent et pèsent vos articles (…) dans les grandes surfaces ». En fait, la logique de remplacement dans les magasins des grandes enseignes et de celles à bas coût, est déjà engagée depuis quelques temps mais elle n'était, jusqu'à une période récente, pas assez rentable : elle l'est devenue... Ce qui décrédibilise le discours de ceux qui prétendent que l'ouverture dominicale des magasins va créer des emplois, alors qu'elle risque bien plutôt d'accélérer ce transfert des emplois de l'homme à la machine.

 

Même constat pour de multiples professions, comme guide touristique (déjà souvent remplacé par des « audioguides »), hôtesse d'accueil, facteur (les drones pouvant effectuer une tournée quatre fois plus rapidement qu'un facteur à vélo...), mais aussi professeur, comme on peut déjà le constater dans certains établissements scolaires aux États-Unis, qui ont remplacé les enseignants par des ordinateurs et les correcteurs par des logiciels d'exercices et de corrections automatiques... Et ce n'est pas l'abandon de l'apprentissage de l'écriture manuelle au profit de la frappe sur clavier, comme c'est déjà le cas dans 45 États des États-Unis et, désormais, en Finlande, qui peut démentir mes craintes.

 

Au même moment, l'on nous annonce que, pour équilibrer les comptes des caisses de retraite, il faudrait « travailler plus et plus longtemps », au moins jusqu'à 64 ans en France, tandis que les experts européens militent ardemment pour le relèvement de l'âge du départ en retraite à 67 ans, mesure adoptée en Belgique il y a peu et qui a motivée la grève générale de ce début de semaine... Cherchez l'erreur !

 

Et pourtant, il y a un monsieur qui, du haut de son expertise impeccable (je suis ironique, bien sûr...), déclare que « la robotisation c'est notre chance » (sic!) et, à bien le lire, il nous fait comprendre que, de toute façon, il n'y a pas le choix, c'est le progrès ! Charles-Edouard Bouée, car c'est son nom, nous annonce un avenir digne du « Meilleur des mondes » d'Aldous Huxley : à la question « Si les machines prennent nos emplois, à quoi allons-nous occuper nos journées ? », il répond : « Je pense que l'humanité se partagera en trois groupes. Avec d'un côté les « opérateurs », ceux qui écrivent les codes, qui commandent les robots. De l'autre, tous ceux qui, désormais sans travail, se consacreront aux loisirs ou se livreront à des activités nouvelles. » Peut-on rappeler à ce monsieur que, dans notre beau pays, six millions de Français sont « désormais sans travail », et qu'ils ont de moins en moins les moyens de s'adonner à des loisirs instructifs, simplement condamnés à la télévision ou à l'internet, tant qu'ils ont, en tout cas, les sommes suffisantes pour payer les notes d'électricité... Alors, qui, concrètement, pourra tirer profit de cette nouvelle donne ?

 

Je me souviens du témoignage d'un ancien mineur de Lewarde qui expliquait aux élèves de Première qui visitaient l'endroit que les machines mises à leur disposition n'étaient pas là, d'abord, pour améliorer leurs conditions de travail mais pour assurer plus de revenus aux patrons, par une extraction du charbon plus rapide et, donc, plus profitable : les emplois sacrifiés aux machines n'étaient, eux, pas une chance pour ceux qui étaient « désormais sans travail », mais nourrissaient juste... le chômage ! Ce qui confirme le propos de Jules Michelet, pour une fois bien inspiré, qui expliquait que la machine était, d'abord, « la machine du patron », sa propriété et non celle de celui, l'ouvrier salarié et toujours susceptible d'être « remercié », qui l'utilisait pour le compte de son propriétaire-investisseur... Le royaliste Bernanos ne dit pas autre chose, la colère en plus de voir les machines asservir l'homme et ce dernier (toujours à la grande fureur de l'écrivain) accepter, au nom de son confort individuel, cet asservissement qui en fera, peut-être, une victime en temps de guerre. « L'addictature », cette soumission volontaire à la Marchandise et à la Machine qui en est une des formes, subtile et perverse, a de beaux jours devant elle : il n'est pas sûr que la liberté de l'esprit et des corps, elle, y gagne...