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30/12/2011

La frugalité plutôt que l'austérité.

La Grèce ne fait plus la une de l'actualité mais la tragédie continue, comme le signalent quelques journaux dans leurs pages intérieures : ainsi, « La Tribune » y consacre quelques lignes encore le mercredi 28 décembre sous le titre explicite « La tragédie grecque, symbole de l'impuissance de l'Union [européenne] » et un sous-titre non moins explicite : « En 2011, le pays est toujours en crise, et toujours plus exsangue. La possibilité d'une sortie de l'euro est envisagée. », ce dernier morceau de phrase s'appliquant plus, semble-t-il, aux craintes de l'automne qu'à la perspective de cet hiver... En tout cas, et malgré le remplacement d'un George Papandréou par un ancien banquier de Goldman Sachs, Lucas Papademos, rien n'est réglé à Athènes ! Et les Grecs commencent à se rappeler que ce nouveau premier ministre était gouverneur de la Banque centrale grecque au moment de l'entrée de la Grèce dans la zone euro, et qu'il n'a « rien vu » (sic !). Comme ils se rappellent aussi qu'il était banquier chez Goldman Sachs et, qu'à ce titre, il a sans doute participé à la sous-estimation du « risque grec » pour des raisons qui ne sont pas forcément honorables !

 

Ce qui est sûr, aussi, c’est que l'austérité à perpétuité, en Grèce ou ailleurs, ne peut être une politique crédible à long comme même à moyen terme : dans une société de consommation qui s'appuie sur le « désir suscité » et entretenu par la publicité et le crédit, les populations ne peuvent se contenter de lécher les vitrines... Bien sûr, la sobriété serait la meilleure solution et les idées pour une « société de frugalité » progressent, mais de façon encore trop lente pour pouvoir être rapidement effectives, ce que l'on peut regretter. De plus, que la frugalité soit juste la conséquence de la crise financière fragilise cette nécessaire sobriété à appliquer au quotidien pour être efficace car elle la réduit trop à une solution provisoire, en attendant « la fin de la crise »...

 

L'enjeu des prochaines années va être, justement, de distinguer entre austérité et frugalité, et de prôner la seconde pour éviter la première : alors que les Grecs se retrouvent dans la situation d'austérité intenable, car brutale et imposée au moment même où de grandes inégalités sociales se creusent et deviennent (ou, plutôt, le sont depuis fort longtemps) des injustices sociales profondément scandaleuses, il n'est pas encore trop tard pour la France et les Français de préparer l'entrée dans une société de frugalité, non pas de privations ou de pauvreté contrainte, mais de sobriété et de « meilleur usage du temps et des choses ». Cette mutation ne doit d'ailleurs pas s'interdire de s'en prendre aux injustices qui, par elles-mêmes, minent le « pacte social » au risque de fragiliser la cohésion de la société et la nécessaire solidarité nationale.

 

La frugalité plutôt que l'austérité, voici une formule qu'il faudra évidemment illustrer de propositions et d'exemples concrets pour être crédible : elle nécessite aussi une émancipation intellectuelle et spirituelle de l'actuelle Société de consommation, de ses gaspillages comme de ses propres principes, en particulier ceux du « Consommer pour produire » et de « l'avoir pour être »... La (re)lecture de Georges Bernanos ou de Jacques Ellul peut nous ouvrir quelques voies dans cette direction !

 

 

28/12/2011

Un chemin inondé...

Vendredi soir, ce 23 décembre jour de mes 49 ans, la tempête a soufflé fort sur la Côte d'émeraude, après une journée qui n'annonçait pas, pourtant, cette colère d'Eole ! La pluie s'en est mêlé, frappant avec violence la grande baie vitrée de la véranda et, surtout, inondant le court chemin qui mène à la maison familiale : or, ce dernier fait ne m'est pas apparu normal, ne serait-ce qu'au regard de mes souvenirs... Comment ce chemin, qui en a vu bien d'autres, pouvait-il se retrouver ainsi gorgé d'eau en quelques minutes et devenir une véritable mare aux canards (sans les volatiles, d'ailleurs...) ?

 

La réponse est toute simple et tristement contemporaine : l'artificialisation des terres ! Je m'explique : lorsque j'étais jeune, la propriété familiale était bordée par de vastes champs ou de grands jardins et, en face de l'entrée, au lieu d'un lotissement, de grandes prairies servaient de terrain de jeux à quelques bonnes vaches laitières... La pression touristique et résidentielle a transformé tout cela en pavillons ou en grandes maisons, avec piscine pour certaines, et la terre a disparu sous le bitume, le béton et le ciment, tandis que les fossés étaient irrémédiablement comblés : cette artificialisation empêche la terre de respirer et, surtout, l'eau de s'infiltrer rapidement, ce qui explique « l'inondation » désormais récurrente du chemin familial... Mais cette inondation est donc plus la conséquence de l'activité humaine que de la nature elle-même, et elle se « nourrit » régulièrement et « éternellement » de cette anthropisation... Plus de béton, plus d'inondation, dans ce cas-là !

 

Que peut-on faire à cela ? L'urbanisation des campagnes littorales de ces dernières décennies est un fait, ce n'est pas forcément un bienfait, et ce mouvement s'est accéléré ces dernières années avec plus de 82.000 hectares de terres agricoles disparus en moyenne entre 2006 et 2010, au moment même où la question alimentaire mais aussi la question énergétique nécessiteraient une mobilisation générale et organisée de toutes les possibilités de production agricoles nationales.

 

Il faut inverser le processus ou, au moins dans un premier temps, le freiner : pas facile dans une société de consommation toujours vorace de matières premières et d'espaces, et avec la logique libérale qui prévaut, car certains y verront une limitation de la liberté économique ou de la propriété privée, d'autres brandiront le spectre du chômage pour les entreprises du bâtiment...

 

Quelques pistes peuvent être creusées, comme celles de constructions moins individuelles, de « maisons communautaires » avec un mode de « propriété alternée » ou de petits immeubles de deux ou trois étages qui serviraient à plusieurs familles dans le même temps : l'avantage est de permettre une meilleure occupation du mètre carré et une moindre pression sur l'espace rural ou/et littoral. D'autre part, une réhabilitation du bâti rural dans des zones aujourd'hui en déshérence aurait le double avantage de loger des familles et de donner du travail aux entreprises du bâtiment et à leurs sous-traitants, et donc de redynamiser des espaces aujourd'hui sous-exploités et sous-valorisés. Bien sûr, il faut, au-delà des projets locaux, une véritable politique d'aménagement du territoire impulsée par l'Etat, et une volonté « en haut » pour la mettre en pratique.

 

A l'heure où « la Crise » frappe nos sociétés, c'est aussi par la réflexion et le travail sur l'organisation même de notre pays que l'on pourra trouver des solutions « proches » qui pourront redonner de l'espérance pour nos concitoyens et de la vitalité à la société française, mais aussi faire que l'anthropisation croissante de nos territoires ne soit pas synonyme de déshumanisation de ceux-ci...

 

 

24/12/2011

L'argent dans les actualités de la semaine...

 

Les vacances scolaires ne sont pas des vacances pour l'actualité, semble-t-il... Entre les 489 milliards d'euros avancés aux banques européennes par la Banque centrale européenne, les suppressions de poste dans l'Education nationale annoncées la veille des départs ou la grève des agents de sécurité dans les aéroports, pas le temps de s'ennuyer... Le point commun à ces trois informations, c'est l'argent : celui que l'on prête, celui que l'on économise, celui que l'on réclame...

 

 

 

L'argent que l'on prête : 489 milliards d'euros avancés à 523 banques européennes, à un taux d'intérêt de... 1 % par an ! Le but officiel de cette démarche est d'inciter les banques à prêter elles-mêmes aux petites et moyennes entreprises et certains souhaitent qu'elles rachètent aussi de la dette souveraine des États européens en difficulté, mais les banques vont-elles vraiment le faire ? Rien n'est sûr, loin de là... Ces milliards encore avancés aux banques laissent, il faut bien le dire, un goût amer aux citoyens qui se demandent si cet argent n'aurait pu être prêté directement, soit aux États soit aux entreprises et aux ménages... L'impression générale, sensible au comptoir des cafés (véritable thermomètre des opinions du moment, parfois aux températures plus élevées que dans les médias...), est que « l'on ne prête qu'aux riches », à ceux qui n'en ont pas forcément le plus besoin... Ce n'est pas le meilleur signal que l'Union européenne puisse envoyer à des populations qui ne croient déjà plus guère en elle !

 

 

 

L'argent que l'on économise : l'Education nationale a annoncé la suppression de plusieurs milliers de postes d'enseignants à peine quelques heures après une grève qui n'a eu aucun impact, sinon négatif sur l'impression que nos concitoyens ressentent à l'égard des professeurs... Ces milliers de postes supprimés vont-ils vraiment permettre des économies ? En fait, j'en doute, non par un simple réflexe « corporatiste », mais par une série d'observations faciles à faire : d'abord, le nombre d'élèves scolarisés continue à croître et le maintien d'un taux de fécondité plutôt élevé au regard des autres pays européens permet de prévoir des besoins persistants pour la formation, autant primaire que secondaire et supérieure ; ensuite, la rurbanisation et l'étalement urbain, s'ils sont bien maîtrisés (ce qui n'est pas forcément assuré, il faut bien le dire...), nécessitent des besoins scolaires supplémentaires ou, au moins, maintenus dans ces zones parfois de plus en plus éloignées des centres urbains, besoins principalement concentrés dans le primaire ; d'autre part, le nombre d'élèves par classe va logiquement augmenter sans que, pour autant, l'autorité et la crédibilité des enseignants soient renforcées, au risque ainsi de décourager un peu plus un corps professoral qui se plaint déjà de ne plus avoir l'écoute ni le respect de jeunes qui s'ennuient à l'école et qui, du coup, s'émancipent des règles de celle-ci et de la société... Du coup, les économies escomptées des réductions de postes d'enseignants risquent bien d'être annihilées par les conséquences mêmes de ces suppressions, mal venues aujourd'hui pour les raisons susdites...

 

 

 

L'argent que l'on réclame : la grève des agents de sûreté des aéroports français, dont le préavis a été déposé plus d'une semaine avant les départs en vacances, est un moyen utilisé par ce que l'on peut qualifier sans exagération de prolétariat (au regard de la situation sociale française et dans le cadre du monde du travail, hors chômage) pour obtenir des augmentations de salaires qui, en fait, sont plutôt légitimes et qui valent mieux que d'aléatoires primes. Que le gouvernement parle de « prise d'otages » est assez indigne, ne serait-ce que pour des raisons morales : peut-on ainsi comparer des vacanciers retardés dans leur départ à nos compatriotes retenus prisonniers de par le monde par des groupes terroristes ou des bandes de rançonneurs ? Cet abus de langage est tout aussi exagéré et illégitime que les propos de certains ministres étrangers accusant la France de « génocide » durant la guerre d'Algérie... « Savoir raison garder » est une vieille formule capétienne que les uns et les autres feraient bien de méditer avant de parler sans discernement !

 

 

 

Ce qui est certain, c'est que l'argent n'a pas la même signification ni le même « prix » selon le point de vue des uns ou des autres. Ce qui est non moins certain, c'est que nos sociétés ne doivent pas oublier que le partage est encore le meilleur moyen de faire que l'argent ne devienne pas un tyran, et que l'argent ne doit être qu'un moyen et non une finalité en soi...

 

 

 

Au-delà d'une philosophie de la vie qui remet l'argent à sa place, il n'est pas inutile de rappeler qu'il importe pour le politique et les institutions de retrouver ou de garder l'indépendance à l'égard des féodalités financières ou économiques, et qu'il n'est pas certain, au regard de l'histoire et de l'actualité, que la République à présidentielle quinquennale soit capable d'une telle liberté...