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19/02/2012

Le souvenir de Louis de Frotté, à Verneuil-sur-Avre.

Samedi matin, j'étais à Verneuil-sur-Avre pour honorer la mémoire de Louis de Frotté, chef de la chouannerie normande fusillé il y a exactement 212 ans, le 18 février 1800 : ce chouan indomptable, arrêté en pleine négociation de paix entre les « Royaux » et la République et d'une manière fort inélégante, n'avait que 33 ans quand, avec ses six compagnons de combat et d'infortune, il fut fauché par les balles du peloton, après avoir juste le temps de crier « Vive le Roi ! » en guise de dernier souffle. L'un des fusillés, juste blessé, se releva en lançant, bravache, aux soldats éberlués : « Encore une balle... et vive le Roi ! » avant de retomber, mort cette fois, à la troisième salve.

 

C'est au pied du cénotaphe de M. de Frotté et de ses compagnons que j'ai déposé un bouquet de lys. L'église de la Madeleine qui l’accueille était glaciale et sombre, mais les petites flammes des cierges attestaient qu'elle reste un refuge et un lieu d'espérance, et je suis resté quelques minutes à méditer ainsi sur le sort du chouan et de son souvenir, aujourd'hui presque disparu, oublié de tous les habitants que j'ai croisé et avec lesquels je me suis entretenu dans la journée... Pourtant, ce souvenir si léger qu'un souffle de vent l'emporterait, semble-t-il, est-il encore trop compromettant pour certains ? Que dois-je penser de ces chaises placées ostensiblement devant le cénotaphe au point d'en empêcher tout hommage ? La dernière fois que j'étais venu « saluer » M. de Frotté, il y a trois semaines, elles n'étaient pas collées au monument comme ce samedi matin... Est-ce le simple lys déposé cette fois-là qui a réveillé des craintes chez certains paroissiens, soucieux d'oublier que, pour le meilleur comme pour le pire, l'Eglise et la Royauté furent jadis compagnes en l'histoire de France ? Est-ce pour cette raison que, parmi les cartes postales proposées dans l'église et sur la place, aucune ne reproduit ce beau cénotaphe ? J'avoue ne rien en savoir et j'éviterai donc d'accuser quiconque de négligence ou d'ingratitude... J'ai juste « fait de la place » et dégagé la base du cénotaphe pour y installer dignement mon bouquet de lys.

 

Le souvenir est fragile, et il lui faut des porteurs pour traverser le temps et l'indifférence... Mais le royalisme aurait tort de ne plus être que nostalgie d'un temps révolu et de grandes figures éteintes ! La nostalgie n'est, malgré ses odeurs à la fois aigres et douces d'automne, que la descente au tombeau des espérances...

 

Le meilleur moyen de rendre hommage à M. de Frotté et à ses compagnons c'est de poursuivre, avec les moyens du jour et sans pâle copie de l'hier, leur combat politique pour la Monarchie capétienne : aussi, durant une quarantaine de minutes, en arpentant le marché de Verneuil-sur-Avre, c'est par le tract et la discussion que j'évoquais les analyses et propositions des royalistes contemporains, tout simplement. Et je rajoutais malicieusement « je ne suis pas candidat », ce qui me valut quelques bruyantes et démonstratives approbations... Il est vrai que la campagne présidentielle actuelle agace parfois plus qu'elle ne suscite le débat, ou, plus exactement, aucun des grands candidats ne semble en mesure de soulever l'enthousiasme ou de redresser le pays : fatalisme et exaspération forment un couple qui, s'il se comprend et semble parfois légitime, peut s'avérer mortel pour la politique elle-même ! Il serait dommage que les tournois électoraux, par leur médiocrité actuelle, détournent les citoyens de la réflexion et de l'activité politiques.

 

En ce samedi 18 février, je n'ai pas oublié Louis de Frotté, figure du Panthéon royaliste, ce Panthéon qui ne doit pas être autre chose qu'un rappel des devoirs politiques de chaque royaliste, et non un simple monument commémoratif.

 

Oui, le royalisme est d'abord politique, et il serait bon qu'il soit de plus en plus visible, non comme un arbre mort dans la forêt de l'Histoire, mais comme le buisson ardent des espérances nécessaires de demain !

 

13/02/2012

Quand les grands candidats oublient les vrais problèmes...

Il reste 69 jours avant le premier tour, et les débats s'animent un peu, même si certains d'entre eux ressemblent plus à des diversions qu'à de vraies confrontations d'idées et de propositions sur les questions qui intéressent les Français et surtout l'avenir de la France, au-delà des simples désirs d'électeurs, parfois versatiles...

 

Je suis avec beaucoup d'attention les discours, déclarations et tribunes, et m'agace aussi énormément des « petites phrases », moi qui, pourtant, suis si sensible aux « bons mots » et à la polémique que j'ai tant aimée (cet amour est-il passé, lui aussi ?), en particulier au fil de la lecture de « L'idiot international » des années 1990 et des éditoriaux de Jean-Edern Hallier, et de mon attention amusée portée aux écrits de Léon Daudet, terrible bretteur fleur-de-lysé de la première moitié du XXe siècle. En fait, je crois que la polémique appartient plus au temps « non-électoral », celui où les débats comptent moins que les combats « du quotidien » destinés à influer sur les gouvernements en place ou à les renverser, hors du « temps démocratique ».

 

Il est des débats que je n'entends pas durant cette campagne présidentielle française, et je le regrette : aussi, ma petite campagne personnelle, libre de toute contrainte de temps et de parti, insistera naturellement sur ces « manques » des grands candidats à la magistrature suprême !

 

En ces jours de grand froid, on aurait pu ainsi attendre des prétendants à l'Elysée quelques mots bien choisis et des propositions autres que les habituelles banalités sur l'exclusion et les rituelles promesses de « ne plus la tolérer », antienne malheureusement sans conséquences concrètes depuis fort longtemps déjà. Il est vrai que l'enfarinage de M. Hollande alors qu'il allait signer le rapport sur le mal-logement de la Fondation Abbé Pierre a trop facilement détourné l'attention des médias de la cause qu'il venait, rapidement, évoquer avant de repartir vers d'autres horizons médiatiques !

 

La pauvreté, le mal-logement mais aussi la malnutrition, sont des thèmes « mineurs » dans la campagne actuelle, et je le regrette... Tout comme ceux de l'environnement, de la déprise rurale, de l'aménagement du territoire, de l'avenir de la pêche, mais aussi de... l'Europe, thème plutôt « dangereux » aujourd'hui que l'Union européenne valse au rythme de la crise et du couple Sarkozy-Merkel ! Il me semble tout de même étrange que les grands candidats ne citent jamais la Grèce et ce qui s'y passe, et semblent même détourner les yeux d'une tragédie qui touche un pays membre de la zone euro. Que pense M. Hollande des mesures rigoureuses imposées par l'Union et le FMI au peuple grec ? Mystère, jusque là bien entretenu, même si Vincent Peillon, l’un de ses proches, prône désormais ce que j’évoque depuis déjà quelques mois, c’est-à-dire l’annulation de la dette grecque, en somme la fameuse « Seisachtheia » de Solon, et que Ségolène Royal s’en prend aux dirigeants des institutions de l’Union européenne !

 

Il faudra bien, pourtant, que les candidats à la présidentielle eux-mêmes dont l'un (je parle au masculin car je n'ai guère de doute sur le sexe du futur magistrat suprême de la République...) assumera demain les plus hautes fonctions de notre pays, se prononcent sur ce qu'il faudra dire ou faire pour sortir la Grèce et les autres pays de la zone euro des difficultés dans lesquelles ils se trouvent... Car il n'y aura pas de miracle et la crise européenne ne se dissipera pas au soir du 6 mai, loin de là : certains mêmes murmurent qu'elle pourrait encore s'aggraver au lendemain du sacre électoral, histoire de bien montrer combien les Marchés se moquent allègrement des élections politiques et des Etats démocratiques (ou pas, d'ailleurs) !

 

 

12/02/2012

Le malheur grec.

La Grèce n'en finit pas d'agoniser sous nos yeux, et nous voilà étonnés de voir un pays de la zone euro s'effondrer comme un château de cartes, agacés aussi de ce mauvais exemple au sein de cette Union européenne qui devait être une « zone de prospérité et de paix » (sic !) comme nous l'annonçaient les prophètes de « l'Europe » dans les années 1990-2000... J'écris « nous » mais je ne me sens pas vraiment concerné par ce « nous » généraliste : ceux qui m'écoutent et me lisent depuis quelques temps déjà savent combien,  en Cassandre irréductible, je prône la vigilance en ce domaine et je refuse l'idéologie européiste et libérale qui brouille la vision de tant de nos contemporains, persuadés que l'Histoire est linéaire et à sens unique quand elle nous prouve, encore et toujours, qu'elle est plus vive et retorse que les préjugés qui, eux, ont la peau dure à défaut d'avoir la mémoire longue...

 

Encore un plan de rigueur, encore des baisses de salaires (y compris le « salaire minimum »), des coupes sur les retraites, des ventes (à perte ?) d'entreprises publiques, des suppressions d'emplois, etc. ! Au nom du sauvetage d'une monnaie unique qui devait « faire le bonheur général des Européens » (sic !), le couple Merkel-Sarkozy, la Commission européenne, la Banque Centrale européenne, mais aussi le FMI et les banques, y compris celles qui ont joué avec le feu et incité la Grèce à s'endetter, tous ces acteurs d'une scène économique devenue champ de bataille et champs de ruines se liguent contre un petit pays coupable d'avoir triché quand le principe même de la Société de consommation est la tricherie, en particulier sur les capacités de la planète à supporter éternellement le traitement actuel d'exploitation qui lui est imposée, au risque de la voir s'épuiser irrémédiablement et de plus en plus rapidement !

 

Je ne méconnais pas les défauts ni les manœuvres passées des Grecs mais j'affirme que les abus, les défauts, les vices inhérents même à ce système consumériste sont les véritables responsables de ce désastre social que vivent les Grecs, avant que cela soit le tour des Portugais, des Espagnols et peut-être des Français dans quelques années, peut-être moins dans le pire des cas qui, malheureusement, n'est pas toujours improbable... La Société de consommation repose sur le principe « Consommer pour produire » qui nécessite de vendre des produits parfois complètement inutiles, et qui se perpétue et se diffuse par la publicité (séduire le client…) et le crédit (tenir le client par la dette…) ! Est-ce si raisonnable que cela ?

 

Les Grecs ont cru que l’Union européenne allait les faire accéder au Paradis de la Consommation, de la Marchandise et du Désir toujours renouvelé et assouvi : fatale erreur ! Dans un pays qui n’avait pour richesses que le soleil, la mer et l’huile d’olive (je résume de façon un peu caricaturale, mais sans le mépris avec lequel les Allemands parlent des « cueilleurs d’olive »…), il était évident que la Société de consommation n’était pas vraiment possible sans bousculer dangereusement les équilibres locaux, au risque de catastrophes sociales futures, comme cela a aussi été le cas dans tant de sociétés africaines déstabilisées par la « première mondialisation » du XIXème siècle (c’est-à-dire une colonisation qui s’est d’abord faite pour des raisons économiques : trouver et ouvrir de nouveaux marchés, et s’ouvrir les ressources minières et énergétiques des terres et des sous-sols ainsi conquis…) : l’Histoire éternellement recommencée, dont les Grecs sont aujourd’hui les victimes pour l’avoir oubliée, aveuglés par les lumières de « l’Europe » !

 

Ainsi, pour que le Système continue à fonctionner, il lui faut des victimes solvables : les Grecs ne le sont plus ? Qu’importe ! « Ils doivent payer », rétorquent calmement les fonctionnaires de la Troïka UE-BCE-FMI, insensibles aux souffrances des petites gens, des travailleurs assommés et littéralement exploités pour « redevenir compétitifs » (sic !), alors même que le patronat grec s’oppose à la diminution du salaire minimum voulue par Bruxelles et Merkozy ! Comme le disait ironiquement un économiste hétérodoxe, pour sauver la monnaie unique, il ne faut pas hésiter à poursuivre la cure d’appauvrissement « jusqu’au dernier Grec vivant »… Triste ? Pas seulement ! Révoltant, aussi !

 

Je suis révolté par ce que l’on fait subir aux Grecs les plus pauvres et aux classes moyennes de la patrie de Périclès et de Socrate, tandis que les plus riches continuent, en toute impunité, à placer leur argent dans des paradis fiscaux, y compris au sein d’une Union européenne qui a, définitivement, renoncé à être sociale et juste pour ne plus être que rigoriste (façon Merkel) et égoïste !